Du caractère rationnel de la religion locale en Chine - article ; n°1 ; vol.87, pg 301-315
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Description

Bulletin de l'Ecole française d'Extrême-Orient - Année 2000 - Volume 87 - Numéro 1 - Pages 301-315
15 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 2000
Nombre de lectures 19
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

John Lagerwey
Du caractère rationnel de la religion locale en Chine
In: Bulletin de l'Ecole française d'Extrême-Orient. Tome 87 N°1, 2000. pp. 301-315.
Citer ce document / Cite this document :
Lagerwey John. Du caractère rationnel de la religion locale en Chine. In: Bulletin de l'Ecole française d'Extrême-Orient. Tome
87 N°1, 2000. pp. 301-315.
doi : 10.3406/befeo.2000.3481
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/befeo_0336-1519_2000_num_87_1_3481Abstract
Christian Lamouroux
Military and financial officials in Song China
Accounting institutions at the end of the tenth century
This paper deals with the different ways of financial centralisation used to consolidate the power of the
early Song rulers. Biographical sources available about some military officials in charge of the financial
administration during the period are presented here, in order to shed light on the struggles amongst
officials who had great influence on Taizu's and Taizong's politics. Following these struggles, several
accounting offices were set up, with the result that Taizong was able to strengthen his power thanks to
the petty civil servants, who are frequently praised for their professional skills in managing these offices.
This marked the beginning of a new kind of political power, based on « prescriptions » made by these
officials, whose administrative skills provided them with control both over the finances and over
information related to financial matters.
Résumé
John Lagerwey
Du caractère rationnel de la religion chinoise
La thèse soutenue dans cet article est que le comportement religieux chinois, tel qu'on l'observe à
l'échelon local, suppose un système symbolique commun qui est « approprié à la situation
socioéconomique ». Basé sur un travail de terrain dans les parties habitées par les Hakka du Nord-Est
de la province de Guangdong, il examine une vallée « idéaltypique » coupée par une rivière qui divise
un village monolignager d'un village plurilignager. Il y a une « logique profonde de l'occupation lignagère
de l'espace », qui est fondamentalement monopolistique et conduit, si le lignage arrive à ses fins, d'un
ancêtre fondateur unique à un lignage dominant qui a chassé tous les rivaux de l'écosystème que
constitue la vallée. C'est dans ce contexte que le souci intense, lors de la construction d'une maison ou
d'une tombe, de la captation symbolique du pouvoir spirituel du paysage au moyen de la géomancie
prend tout son sens. Si les ancêtres représentent le lignage comme entité « publique », sociale, ce sont
les dieux qui représentent la vallée comme un tout, c'est-à-dire comme un écosystème social partagé.
Les dieux les plus importants sont les dieux villageois du sol, qui protègent le village des envahisseurs
surnaturels. Il arrive souvent que des villages, représentés par leurs dieux du sol, appartiennent à des
alliances plus larges formées autour de divinités hébergées dans des temples. Les processions à
travers le territoire du dieu font partie intégrante des célébrations communautaires. Les démons, enfin,
sont des puissances spirituelles qui, contrairement aux dieux, ne sont pas attachées à un lieu précis et
doivent être régulièrement « invitées », nourries, et chassées en des lieux rituels en aval du village. Cet
espace religieux surpeuplé reflétait un espace socioéconomique surpeuplé, situation qui engendrait
«une approche stratégique et opportuniste de la survie ».Du caractère rationnel de la religion locale en Chine
John Lagerwey
Pendant le dernier millénaire les lettrés chinois ont petit à petit développé une image
stéréotypée d'eux-mêmes qui impliquait souvent, à partir de la fin des Ming (1368-1644)
surtout, le rejet des deux « doctrines » devenues rivales, le bouddhisme et le taoïsme '.
Cette image impliquait en général aussi l'une de deux approches typiques à l'égard de la
« religion populaire », et ceci au moins depuis l'époque Han (206 avant à 220 de notre
ère) : soit un intérêt condescendant envers les « coutumes » (fengsu Щ f£), soit la
répression des « cultes illicites » (yinsi fë |E). Encouragée par la fascination des
Occidentaux au dix-neuvième siècle pour le « folklore », la première attitude a donné lieu
au vingtième siècle en Chine à l'étude des « coutumes populaires » {minsu ШЮ \ la
seconde, renforcée par le rationalisme hérité du Siècle des lumières, que ce soit sous sa
forme protestante ou marxiste, a engendré les campagnes contre les « superstitions »
{mixin ШШ)- En parlant ici «du caractère rationnel de la religion chinoise», j'écarte
d'emblée l'approche répressive. Mais en utilisant le vocable « chinoise » plutôt
que «religion populaire», j'entends dire que même l'attitude condescendante
caractéristique de la minorité des lettrés constituait une attitude élitiste qui les empêchait
de voir qu'ils participaient au même système symbolique que « le peuple ». À l'intérieur
du système commun à tous, il y avait des styles de pratique contrastés et des débats
herméneutiques, mais ces différences de style et d'interprétation n'entamaient pas l'unité
de fond2.
C'est de cette unité de fond que je voudrais traiter ici en portant un regard sur un
village imaginaire. Si je choisis un village, c'est parce que plus de 90 % de la population
vivait dans des villages jusqu'à une date très récente (aujourd'hui encore on avance le
chiffre de 70 %). Notre village est imaginaire en ce sens qu'il est l'image composite des
centaines de villages que j'ai étudiés, principalement dans le sud-est de la Chine, dans les
parties habitées par les Hakka des provinces du Fujian, du Guangdong et du Jiangxi.
Mais avant d'entreprendre notre exploration de ce village, je voudrais dire clairement
ce que j'entends par « rationnel » et par « religion ». Par « rationnel », je veux dire que le
comportement religieux typique que nous allons examiner était approprié à la situation
socioéconomique de la vaste majorité du peuple chinois3. Il s'agit d'un système complexe
1. Le philosophe Wang Fuzhi zE^c^l est un exemple typique de ce raidissement des lettrés à l'égard
des « deux doctrines ».
2. Marcel Granet fut sans doute le pionnier de cette approche de la religion chinoise.
3. Si les aspects mantiques, rituels et théologiques du système symbolique ont chacun une histoire
que l'on peut suivre à la trace jusqu'à l'époque pré-impériale, voire jusque dans la préhistoire, le point de
Bulletin de l'École française d'Extrême-Orient, 87 (2000), p. 301-315 302 John Lagerwey
d'actes symboliques qui permettaient aux acteurs de maximaliser leurs chances de survie
en même temps qu'ils exprimaient leur adhésion à des valeurs fondamentales telles la
justice, l'équité, l'égalité et la chance. Par «religion», j'entends ce système de compor
tement symbolique. En Chine, cela comprenait les rituels des spécialistes confucéens,
bouddhistes, taoïstes et chamaniques, ainsi que les divers systèmes mantiques de lecture
du paysage, de la figure, des mains et du temps, pour ne nommer que les plus importants.
Refuser de comprendre et d'apprécier ce système symbolique, c'est refuser de comprendre
la Chine, ce qui pour les Occidentaux n'est que malheureux, mais pour les Chinois eux-
mêmes doit être qualifié de tragique. C'est ce qui explique que la Chine, au vingtième
siècle surtout, a connu vague sur vague ď autodestruction et qu'elle a oscillé de manière
presque incontrôlable entre le mépris de soi excessif et la valorisation de soi exagérée.
Cette méprise a également eu pour résultat leur incapacité quasi constitutive de faire la
paix avec leur passé, sans parler de créer une société nouvelle dans laquelle la science et la
démocratie prenaient racine dans des valeurs et des formes comportementales indigènes.
Arriver à une juste appréciation de ce qui a été rejeté tout en étant pratiqué depuis des
siècles est la seule voie à suivre pour que le peuple chinois se réconcilie avec son passé tel
qu'il a été réellement et non pas tel que certains auraient aimé qu&

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