Du malthusianisme ascétique à l économie familiale (1680-1914) - article ; n°1 ; vol.44, pg 71-85
16 pages
Français

Découvre YouScribe en t'inscrivant gratuitement

Je m'inscris

Du malthusianisme ascétique à l'économie familiale (1680-1914) - article ; n°1 ; vol.44, pg 71-85

-

Découvre YouScribe en t'inscrivant gratuitement

Je m'inscris
Obtenez un accès à la bibliothèque pour le consulter en ligne
En savoir plus
16 pages
Français
Obtenez un accès à la bibliothèque pour le consulter en ligne
En savoir plus

Description

Communications - Année 1986 - Volume 44 - Numéro 1 - Pages 71-85
15 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1986
Nombre de lectures 22
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

Madame Marie-Christine
Challier
Du malthusianisme ascétique à l'économie familiale (1680-1914)
In: Communications, 44, 1986. pp. 71-85.
Citer ce document / Cite this document :
Challier Marie-Christine. Du malthusianisme ascétique à l'économie familiale (1680-1914). In: Communications, 44, 1986. pp.
71-85.
doi : 10.3406/comm.1986.1655
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/comm_0588-8018_1986_num_44_1_1655Marie-Christine Challier
Du malthusianisme ascétique l'économie"
à- familiale (1680-1914)
qui cette tant d'éclaircir de « majeure du permettront rationalisé. le 1740, malthusianisme L'analyse Les Le déterminisme XVIIIe son commandent que recherche. processus s'est comportements malthusianisme. partie siècle limitation la Néanmoins, effondrée dynamique de transition des n'est de clarifier de le hédoniste couples. procréation volontaire niveau pas la lors envers fécondité retracée la un les entre La On baisse de » événement raisons l'argent, fécondité * peut la des est et le a Ve de fécondité. en conceptions, l'économie dès pour certes « République. la de malthusianisme France le lors fécondité fortuit; l'adoption française, objectif temps, trop s'interroger ainsi familiale émotionnel était la l'incertain C'est perçue de contraception, successive en que tenter pratiquée ascétique dans baisse sur que depuis la pour d'éclairer les précocité et le se de depuis autrui motifs par la souci situe », être diffin en la le
férentes formes de malthusianisme. La transition démographique
fut en effet induite par les changements de mentalités et les trans
formations économiques qui mirent fin à la sédimentation histo
rique des comportements locaux d'activité et de reproduction si
différents selon les provinces et les structures familiales jusqu'à la
fin du second Empire. On insistera donc sur la balkanisation des
formes familiales et sur la myriade des comportements régionalistes
en matière de fécondité jusqu'à 1870 et sur leur effacement pro
gressif depuis le début de la IIIe République. Lorsque la contrainte
économique ne s'est plus exprimée au niveau collectif (social, vil
lageois) mais de manière individuelle, s'est diffusée la restriction
volontaire des naissances.
La contraception, une invention de quelques terroirs français éparp
illés, était déjà adoptée par la France entière lorsque la fécondité
commença à baisser dans les pays voisins.
71 ,
,


;

"

.
Marie-Christine Challier
I. Le malthusianisme ascétique.
L'analyse de la fécondité sous l'Ancien Régime exige que l'on s'in
téresse à la structure des familles dont elle est, à l'évidence, indis
sociable. La famille est l'ensemble des personnes liées par le mariage
et la procréation. Selon l'étendue ou l'étroitesse des relations de
parenté, l'on discerne la famille élargie de la famille conjugale; en
effet, tandis que la famille conjugale réunit sous le même toit le père,
la mère et les enfants non encore mariés, la famille élargie rassemble
au même feu un groupe familial plus épars qui peut être une famille
souche, une famille indivise (ou polynucléaire) ou une frérêche 2.
H. Le Bras et E. Todd (28) avancent une typologie des provinces selon
les structures familiales. La famille conjugale ou nucléaire se ren
contre en Normandie, dans les pays de la Loire (Anjou, Maine, Orléa
nais), en Bourgogne et en Franche-Comté. La famille indivise réside
en Aquitaine, en Provence, dans l'extrême Nord, la famille souche
en Bretagne, au Pays basque, dans le Limousin, en Auvergne;
J. Dupâquier ([16], p. 83) précise que les frérêches s'éparpillent en
Corse et en Languedoc. La France se singularisait donc par la se
gmentation de la structure familiale, ce qui a induit une balkanisation
dans les comportements de fécondité. . , -,
1. La balkanisation des comportements de fécondité.
La myriade des modèles familiaux dans la France de l'Ancien
Régime s'accompagne de comportements régionaux en matière de
fécondité qui diffèrent selon la nuptialité et le rythme de constitution
des familles. La famille nucléaire, très implantée dans la moitié nord
de la France, connaît à la fois des noces tardives et un calendrier
des naissances très étiré dans le temps. Il en résulte une faible pro
babilité de survie des parents quelques années après la naissance de
leur dernier enfant 3. L'effet conjugué de ces deux phénomènes : retard
de l'âge au mariage et fécondité prolongée dans le temps, éclaire le
pourquoi d'une cohabitation réduite à deux générations. Au sud, en
revanche, la famille élargie, plus précoce en matière de nuptialité et
de fécondité 4 regroupe de ce fait plusieurs relations de parenté dont
les membres sont soudés par le mécanisme de la transmission du
patrimoine, ce qui se traduit, surtout chez la famille souche, par un
taux de célibat définitif élevé. Les mariages tardifs de la famille
conjugale et la fréquence du célibat féminin de la famille souche
témoignent d'un malthusianisme ascétique caractérisé par une bal-
* . ' ■ ■ • i ' ■ ■ *■ "" " ' • ■• . 72 .Du malthusianisme ascétique à V économie familiale (1680-1914)
kanisation dans les comportements de reproduction et dans les pra
tiques de maternage.
La famille conjugale soutient un rythme des naissances plus élevé
que celui de la famille élargie à cause de la mort plus fréquente
de ses enfants en bas âge ([10], p. 130).
Déchirée par la lutte amère pour la survie, la famille conjugale néglige
les soins nécessités par le petit enfant 5. Au contraire, dans la famille
élargie, les plus âgés s'occupent des plus jeunes du fait de la conviv
ialité de plusieurs générations; grâce à son appartenance à un groupe
familial étendu et solidaire, la mère peut se soustraire momentané
ment à certaines tâches, afin d'allaiter son enfant, ce qui diminue
tant ses risques de conception (puisque la pratique de l'allaitement,
en prolongeant la période de stérilité postnatale, retarde la naissance
du prochain enfant) que les probabilités de décès pour son enfant.
Les calendriers de la fécondité subissent donc l'empreinte de la vie
familiale.
A l'origine de cette segmentation : la reproduction économique et
sociale (les modes de production et d'exploitation et leur conséquence
sur la croissance de l'économie, les lois sur l'héritage). Ordonnons
ces cléments. .
2. La reproduction économique et sociale. ,
a) Une première explication tient aux modes de production. Le
Sud était libéré de toute sujétion féodale, les paysans étaient en
général propriétaires de leurs moyens de production, comme les
laboureurs et la paysannerie moyenne que l'on trouvait autour des
villes (vignerons, jardiniers...), ou actifs pour le compte de leur
famille 6. La famille élargie était la famille de la transmission inter-
générationnelle du patrimoine, néanmoins assujettie à la taille royale,
à la dîme prélevée par l'Église sur les récoltes et à des impôts indirects
comme la gabelle, les aides...
Au nord, la domination seigneuriale qui se faisait encore sentir
durant la période 1680-1740 témoignait d'un mode de production
différent. Celui-ci prenait la forme d'un rapport d'extorsion du tra
vail, les corvées 7, et s'exerçait par des droits féodaux, les droits pour
l'usage du moulin, du four, du pressoir seigneuriaux. En outre, les
paysans étaient redevables des impôts directs sur la terre (les tailles
royale et seigneuriale payées par les serfs et les roturiers), sur les
récoltes (la dîme et le champart), en sus des impôts indirects précités.
73 Marie-Christine Challier
Le travail des paysans était rendu aléatoire car, à tout cela, s'ajou
taient parfois les mauvaises conditions climatiques et les rivalités
seigneuriales qui ravageaient les campagnes et détruisaient les récoltes.
Les crises de subsistance, les famines, les épidémies fragilisaient la
France rurale, dans laquelle le

  • Univers Univers
  • Ebooks Ebooks
  • Livres audio Livres audio
  • Presse Presse
  • Podcasts Podcasts
  • BD BD
  • Documents Documents