Émile Littré et la langue française - article ; n°4 ; vol.125, pg 616-636
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Description

Comptes-rendus des séances de l'Académie des Inscriptions et Belles-Lettres - Année 1981 - Volume 125 - Numéro 4 - Pages 616-636
21 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1981
Nombre de lectures 37
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

Monsieur Paul Imbs
Émile Littré et la langue française
In: Comptes-rendus des séances de l'Académie des Inscriptions et Belles-Lettres, 125e année, N. 4, 1981. pp. 616-
636.
Citer ce document / Cite this document :
Imbs Paul. Émile Littré et la langue française. In: Comptes-rendus des séances de l'Académie des Inscriptions et Belles-Lettres,
125e année, N. 4, 1981. pp. 616-636.
doi : 10.3406/crai.1981.13891
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/crai_0065-0536_1981_num_125_4_13891LITTRÉ ET LA LANGUE FRANÇAISE EMILE
PAR
M. PAUL IMBS
MEMBRE DE L'ACADÉMIE DES INSCRIPTIONS ET BELLES-LETTRES.
Mes chers Confrères,
Mesdames et Messieurs,
Si avant la célébration du centenaire de sa mort quelque sondage
avait interrogé l'opinion sur l'écho que le nom de Littré éveillait
dans les esprits, il est probable que les réponses, plus souvent qu'une
personne, eussent désigné une œuvre. Non pas la personne Emile
Littré, — de ses prénoms complets, Maximilien-Paul-Émile, que
ses parents lui avaient donnés en raison de leur commune admiration
pour les héros de la jeune République française et les vertus de
l'antique République romaine1 ; non pas cet enfant, moyennement
doué, comme il semblait à ses premiers maîtres, mais à qui son père,
modeste chef de bureau au ministère des finances, mais ardent
autodidacte, communiqua sa soif de savoir ; ni non plus ce brillant
adolescent qui, à la fin de sa scolarité à Louis-le-Grand, rapporta
de la distribution des prix une brassée de plus de 100 volumes, nous
dit la chronique — et le chroniqueur est Sainte-Beuve qui tenait
le renseignement des camarades de classe de Littré ; pas même
ce jeune étudiant en médecine qui avait fait le tour des connais
sances théoriques et pratiques de cette discipline auprès de maîtres
renommés, mais qui ne devint, de par sa volonté propre, que simple
officier de santé ; bref, non pas le zélé et pur enfant, ni l'adolescent
athlétique et qu'on disait boute-en-train à l'occasion, ni non plus
la personnalité adulte du militant politique inspirateur reconnu du
1. Maximilien, prénom de Robespierre ; Paul-Émile, nom du célèbre général
romain, qui en 168 battit Persée à Pydna. Tite-Live (Livre 45, chap. 41) rapporte
le discours que Paul-Émile tint au peuple romain le jour de son triomphe, qui
coïncidait avec la mort de deux de ses fils : il n'a pas voulu que ce grand deuil
privé le détournât de l'obligation de partager la joie du peuple pour la capture
de Persée et la conquête d'une nouvelle province. LITTRÉ ET LA LANGUE FRANÇAISE 617 EMILE
parti républicain : mais cette œuvre, sommairement dénommée
le Littré, dont au surplus peu de gens connaissent le titre complet :
Dictionnaire de la langue française, contenant..., et suit alors, sur la
page de titre même, selon une tradition lexicographique aujourd'hui
perdue, le dénombrement des richesses de l'ouvrage sous le rapport
de la nomenclature (c'est-à-dire de la liste des mots admis), de la
grammaire, de la signification des mots, de leur histoire et enfin de
leur étymologie*.
Certes, quand elle procède à ce choix dans les très nombreuses
publications d'Emile Littré, l'opinion ne fait pas erreur, comme en
témoigne le zèle des éditeurs d'aujourd'hui à publier à nouveau le
grand dictionnaire et parfois son abrégé couramment appelé le
Petit Littré (rédigé par A. Beaujean, ancien et principal collaborateur
de Littré), et s'il est vrai qu'aux yeux mêmes de Littré l'œuvre
intellectuelle qui domine la seconde moitié de sa vie d'adulte a été
son dictionnaire, mon dictionnaire, comme il dira dans la célèbre
causerie3 datée du 1er mars 1880 et précisément intitulée « Comment
j'ai fait mon dictionnaire ».
Parmi ses livres, plusieurs fois réédités de son vivant et encore au
lendemain de sa mort, un autre a trouvé récemment un éditeur, les
deux volumes un peu hyperboliquement intitulés par Littré : Histoire
de la langue française^, et qui sont en réalité un recueil — je cite —
d' « études sur les origines, l'étymologie, la grammaire, les dialectes,
la versification et les lettres au Moyen Âge » ; études successivement
parues au Journal des savants, dans la Revue des deux Mondes et au
2. Il vaut la peine de reproduire toute la page de titre : Dictionnaire de la
langue française contenant 1° Pour la nomenclature : Tous les mots qui se trouvent
dans le Dictionnaire de l'Académie française et tous les termes usuels des sciences,
des arts, des métiers et de la vie pratique ; — 2° Pour la grammaire : la prononciation
de chaque mot figurée et, quand il y a lieu, discutée ; l'examen des locutions, des
idiotismes, des exceptions et, en certains cas, de l'orthographe actuelle, avec des
remarques critiques sur les difficultés et les irrégularités de la langue ; — 3° Pour
la signification des mots : Les définitions, les diverses acceptions rangées dans leur
ordre logique, avec de nombreux exemples tirés des auteurs classiques et autres ; les
synonymes principalement considérés dans leurs relations avec les définitions ; —
4° Pour la partie historique : Une collection de phrases appartenant aux anciens
écrivains depuis les premiers temps de la langue française jusqu'au seizième siècle,
et disposées dans l'ordre chronologique à la suite des mots auxquels elles se rap
portent ; — 5° Pour l'étymologie : La détermination ou du moins la discussion de
l'origine de chaque mot établie par la comparaison des mêmes formes dans le français,
dans les patois et dans l'espagnol, l'italien et le provençal ou langue d'oc ; par
É. Littré, de V Institut- Académie des Inscriptions et Belles-Lettres (A partir de
1873, Littré ne fera plus suivre son nom que de la mention : de l'Académie fran
çaise). — Tome premier A-H. Librairie Hachette et Cie, Paris, 97, boulevard Saint-
Germain, 1863.
3. Que la maladie empêcha Littré de tenir, mais qu'il publia, la même année,
dans le recueil Études et Glanures (elle a été réimprimée en tête du tome I de
l'édition Gallimard-Hachette en 7 volumes du Dictionnaire).
4. Paris, Didier, 1862. L'importante introduction (59 pages) était inédite ;
c'est elle qui justifie principalement le titre du recueil. COMPTES RENDUS DE L* ACADÉMIE DES INSCRIPTIONS 618
Journal des Débats, et qui témoignent à la fois de la place centrale
que le Moyen Âge a tenue dans la pensée de Littré et du renouveau
d'intérêt que cette longue période de notre histoire rencontre à nou
veau auprès du public cultivé d'aujourd'hui.
Littré s'est beaucoup confessé, sans ostentation certes, mais sans
fausse pudeur, dans les préfaces de ses ouvrages et dans la causerie
déjà mentionnée, où il parle de lui, des circonstances qui ont entouré
et parfois inspiré ses travaux. Si bien que nous aurions pu concevoir
la célébration de ce jour comme une simple lecture publique, à la
mode antique, de cette prose abondante, « exacte, saine », pleine
de « talent », mais « sans la montre et l'emphase du talent », passant
tout près de 1' « éclat » de l'écriture, que cependant Littré fuit pour
« ne pas excéder d'une ligne la limite du vrai » — c'est Sainte-Beuve
qui s'exprime en ces termes bien pesés dans une étude qu'il a consa
crée à Littré au lendemain de l'échec retentissant de la première
candidature de celui-ci à l'Académie française5.
Les usages, et sans doute aussi un juste égard à l'humanisme de
Littré, veulent que ce soit par un discours en trois points que le
représentant de la première Académie où, jeune encore, Littré était
entré, traduise l'hommage de celle-ci à son aîné. Puisant largement
aux textes de notre illustre confrère, nous rappellerons donc d'abord
ce que fut son œuvre avant qu'il entreprît son Dictionnaire et nous
essaierons de montrer comment ceci était comme préparé et rendu
possible par cela ; puis nous tâcherons d'apprécier le Littré lui-même,
sa visée, sa méthode, la valeur durable d'un tra

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