Encore Taprobane. Giovanni Battista Ramusio y voit Sumatra et Immanuel Kant Madagascar - article ; n°1 ; vol.56, pg 199-230
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Description

Archipel - Année 1998 - Volume 56 - Numéro 1 - Pages 199-230
32 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1998
Nombre de lectures 34
Langue Français
Poids de l'ouvrage 3 Mo

Extrait

Ananda Abeydeera
Encore Taprobane. Giovanni Battista Ramusio y voit Sumatra et
Immanuel Kant Madagascar
In: Archipel. Volume 56, 1998. pp. 199-230.
Citer ce document / Cite this document :
Abeydeera Ananda. Encore Taprobane. Giovanni Battista Ramusio y voit Sumatra et Immanuel Kant Madagascar. In: Archipel.
Volume 56, 1998. pp. 199-230.
doi : 10.3406/arch.1998.3486
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/arch_0044-8613_1998_num_56_1_3486Ananda ABEYDEERA
Encore Taprobane. Giovanni Battista Ramusio y voit
Sumatra et Immanuel Kant Madagascar
Établissant la chronologie du dédoublement de l'antique Taprobane entre
l'île de Ceylan 0) et la lointaine Sumatra, nous avons essayé de montrer dans
un récent travail (2), comment le remplacement d'un terme vernaculaire par
un autre avait été au départ source de confusion sur le plan de la toponymie.
Par la suite, nous avons donné la traduction du texte d'un cosmographe ita
lien (3), pour montrer comment l'enchevêtrement des différents noms en usa
ge aux diverses époques pour désigner une seule et même île avait conduit
Porcacchi à élaborer une composition descriptive mais aberrante à partir de
renseignements relevant à la fois de Ceylan, de Sumatra et d'une île préte
ndument découverte par un marchand grec de l'Antiquité. Comme contribu
tion à cette discussion nous proposons ici la traduction de deux autres textes
pour mieux montrer comment l'identification de Taprobane a retenu l'atten
tion des savants occidentaux non seulement dans le domaine géographique
mais aussi sur le plan de la pure logique.
Plus de deux siècles séparent les deux textes qui nous intéressent ici.
Chacune des éditions qui les contiennent ont connu leur heure de célébrité, et
1. Nous conservons tout au long de cette étude la dénomination de^ Ceylan pour désigner Sri Lanka,
conformément à l'usage des voyageurs et des cartographes du Moyen-Âge et des Temps modernes.
2. «Taprobane, Ceylan ou Sumatra? Une confusion féconde», Archipel 47, 1994, pp. 87-123.
3. « Encore Taprobane. À propos du témoignage tardif de Thomaso Porcacchi (1576) », Archipel 49, 1995,
pp. 125-136.
Archipel 56, Paris, 1998, pp. 199-230 Ananda Abeydeera 200
ont laissé des traces durables dans la tradition géographique (4). Le premier
texte est dû à Ramusio (1485-1557) personnage représentatif de l'humanis
me de la Renaissance et le second à Kant (1724-1804) figure par excellence
du savoir philosophique et logique au XVIIIe siècle.
En développant un argument fondé sur les données géographiques et
astronomiques et en s 'appuyant sur le témoignage d'un gentilhomme portu
gais, Ramusio rédigea une très longue dissertation (5) dans le but d'établir
que Taprobane désignait Sumatra. Il cherchait ainsi à montrer la véracité du
prétendu voyage d'un auteur de l'Antiquité nommé IambuleC6), et s'opposait
à l'interprétation de Barros qui avait su établir une transition décisive en pas
sant de la représentation ptoléméenne de Taprobane à celle de CeilâoC7). En
revanche Kant, se fiant à un raisonnement purement logique au lieu de se
livrer à une enquête empirique, identifiait à Madagascar.
L'édition dans laquelle figure le second texte, celui de Kant que nous pré
sentons ici, a suscité beaucoup de controverses au moment de sa parution, en
raison notamment de l'autorité que chacun des deux éditeurs, J. J. W.
Vollmer et F. T. Rink revendiquait pour son édition propre. Kant vieillissant,
il avait alors 78 ans, était incapable d'intervenir de façon décisive dans la
polémique que Rink et Vollmer ont fait durer pour leur plus grand profit en
raison même de la renommée dont jouissait le philosophe à Kônigsberg (8).
Pendant près de quarante ans, nombre d'étudiants et d'auditeurs avaient
pris en notes les cours de Kant et ces cahiers de notes étaient devenus acces
sibles à ceux qui souhaitaient les acquérir (9). Vollmer, qui prétendait avoir
possédé trois cahiers de notes (1778, 1782 et 1794) (io) affirmait que le texte
4. Richard Hartshorne, «The Concept of Geography as a Science of Space, from Kant and Humboldt to
Hettner», Annals of the Association of American Geographers, Vol. 48, Juin 1958, Number 2, pp. 97-108.
5. « Discorso sopra la navigatione Di Iambolo Mercatante antichissimo », Primo volume, & Seconda edi-
tione Navigationi et Viaggi, Venise, Giunti, 1564, f° 191 v° à 193 r°.
6. Déjà au IIe siècle, l'écrivain satirique de la Basse Antiquité, Lucien de Samosate dans son Histoire
vraie vouait Iambule au pilori, en compagnie de Ctêsias, en les considérant tous deux comme colporteurs
de fariboles. Cf. Lucian, tr. par A. M. Harmon, Cambridge, Massachusetts, Harvard University Press,
1979, p. 251.
7. Joâo de Barros, Da Asia, Lisbonne, Na Regia Officina Typografia, 1777, Decada Terceira, Parte pri-
meira, p. 109. Réimpression de l'édition de 1563. Cf. «Taprobane, Ceylan ou Sumatra? Une confusion
féconde», art. cit., p. 109.
8. Après six ans de mauvaise santé chronique, il mourut à Kônigsberg en 1804.
9. Adickes indique que cette commercialisation des notes de cours de Kant donnait lieu à une véritable
activité industrielle à Kônigsberg. Voir Richard Hartshorne, The Nature of Geography. A Critical Survey
of Current Thought in the Light of the Past, Annals of the Association of American Geographers, Vol.
XXIX, Juin 1939, Numbers 3 and 4, p. 39, n. 3.
10. « Schon lângst besaB ich drei Abschriften von den Vorlesungen des Herrn Professor Kant iiber die
Géographie; die eine vom Jahre 1793 ; die andere vom Jahre 1782; und die àlteste vom Jahre 1778. Allé
drei waren von vorziiglichen Kopfen geschrieben», Immanuel Kants physische Géographie, éd. Johann
Archipel 56, Paris, 1998 Encore Taprobane 201
de son édition avait été établi d'après les notes des cours mêmes de Kant.
Presque simultanément est apparue, donnée par Rink, une autre édition(n),
qui se réclamait de l'approbation de Kant. C'est cette dernière édition qui fut
reprise par Friedr. Wilh. Schubert (12) et dans l'édition par l'Académie des
Sciences de Berlin (13> des œuvres complètes de Kant qui a fait par la suite
autorité. En effet, parmi les diverses éditions (14) des cours donnés par Kant à
l'université de Kônigsberg entre 1756 et 1796 sur la géographie physique,
seule l'édition de Vollmer (on trouve aussi une traduction italienne) (15)
contient la polémique de Kant contre le géographe français, Gossellin (16>.
Pour expliquer l'absence de la péninsule méridionale de l'Inde et l'étendue
démesurée de Taprobane sur les cartes de Ptolémée (Fig. I), Gossellin avait
émis l'hypothèse selon laquelle les anciens navigateurs occidentaux avaient
pris le golfe de Cambaie pour l'entrée du détroit séparant la terre ferme de
l'Inde de l'île de Ceylan (appelé depuis Palk Straits) (17), et considéraient la
terre située plus au sud, c'est-à-dire le Deccan comme faisant partie de
l'immense Taprobane (Fig. 2). Pour réfuter l'argument de Gossellin, Kant en
vient à une conclusion aussi peu fondée que celle du géographe français.
Jakob Wilhelm Vollmer, Mayence et Hambourg, Gottfried Vollmer, 1801, t. I, part. I, p. iii. Ce que dit
Vollmer est contesté par Adickes qui estime que l'argument présenté ne vaut rien et n'est donc pas rece-
vable : «L'affirmation de Vollmer que ses trois cahiers avaient été écrits "par des esprits de premier
ordre" ne peut évidemment pas avoir valeur de réfutation», «Vollmers Behauptung, daB aile seine drei
Hefte "von vorziiglichen Kôpfen geschrieben waren" (Bd.I Abt.1 S. III), kann selbstverstàndlich nicht als
Gegengrund geltend gemacht werden», Erich Adickes, Untersuchungen zu Kants physischer Géographie,
Tubingen, J. C. B. Mohr, 1911, p. 162.
11. Immanuel Kant's physische Géographie. Auf Verlangen des Verfassers, aus seiner Handschrift heraus-
gegeben undzum Theil bearbeitet, éd. Friedrich Theodor Rink, Kônigsberg, Gôbbels und Unzer, 1802.
12. Immanuel Kant's Schriften zur physischen Géographie, Leipzig, Leopold Voss, 1839, constituant le
tome 6 d! 'Immanuel Kant's sàmmtliche Werke, éd. par Karl Rosenkrantz et Friedr. Wilh. Schubert.
13. Gesammelte Schriften, Bd. IX (1923), pp. 151-436 annoté par Paul Gedan pp. 509-568. Pou

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