Épisodes de l invasion anglaise. La guerre de partisans dans la Haute Normandie, 1424-1429 (suite). - article ; n°1 ; vol.57, pg 5-54
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Épisodes de l'invasion anglaise. La guerre de partisans dans la Haute Normandie, 1424-1429 (suite). - article ; n°1 ; vol.57, pg 5-54

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Description

Bibliothèque de l'école des chartes - Année 1896 - Volume 57 - Numéro 1 - Pages 5-54
50 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

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Publié par
Publié le 01 janvier 1896
Nombre de lectures 31
Langue Français
Poids de l'ouvrage 3 Mo

Extrait

Germain Lefevre-Pontalis
Épisodes de l'invasion anglaise. La guerre de partisans dans la
Haute Normandie, 1424-1429 (suite).
In: Bibliothèque de l'école des chartes. 1896, tome 57. pp. 5-54.
Citer ce document / Cite this document :
Lefevre-Pontalis Germain. Épisodes de l'invasion anglaise. La guerre de partisans dans la Haute Normandie, 1424-1429 (suite).
In: Bibliothèque de l'école des chartes. 1896, tome 57. pp. 5-54.
doi : 10.3406/bec.1896.447846
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/bec_0373-6237_1896_num_57_1_447846i
EPISODES DE L'INVASION ANGLAISE
LA GUERRE DE PARTISANS
DANS
LA HAUTE NORMANDIE
(1424-1429.)
(SuiteK)
Í
LES ROUENNÀÏS.
Les attaches subtiles et profondes, les intelligences singulières
et tenaces, dont on vient de saisir tant d'éloquents indices, ne
lient pas seulement les insurgés en armes aux corps de troupes
réguliers des frontières, les combattants des campagnes et des
bois aux derniers postes français encore en ligne. Les bandes de
partisans du pays d'Auge et du Yexin ne communiquent pas seu
lement, comme on vient de le prendre sur le fait, avec les solides
garnisons qui disputent à l'invasion les lieux forts démantelés du
Perche, de la Beauce et des approches de la Loire. Toute une
affiliation de même ordre les joint et les soude aux derniers él
éments de résistance , bourgeoise ou populaire , qui subsistent
encore dans les places soumises à l'étranger8.
A l'intérieur des cités conquises, occupées et pacifiées, les sen
timents sont plus dissimulés sans doute, astreints à plus de ruse
1. Voir le tome précédent, p. 433, le tome LV, p. 259, et le tome LIV, p. 475.
2. La plupart des documents inédits, cités au cours de cette étude comme
des trois précédentes, font partie de Pièces justificatives destinées à être
publiées en leur lieu. LA GUEEEE DE PARTISANS 6
et d'apparente résignation que dans les bourgs ouverts, les vil
lages clairsemés, les hameaux en bordure de lande ou de forêt, où
se recrutent, où s'abritent les irréguliers qui courent en liberté le
plat pays. Cependant, l'esprit d'indépendance y subsiste aussi
vivace, aussi infatigable, également prêt à tous les risques, à
tous les degrés de l'action. Les insurgés qui tiennent la campagne,
qui s'y installent, s'y cantonnent en maîtres, s'interposent ainsi
entre les hardis conspirateurs des villes, dont l'espoir en éveil ne
désarme pas, et les chefs de corps français qui rôdent sur les fron
tières, chercheurs d'aventures et d'escalades, que de légendaires
exemples, entretenus et continués, engagent à se lancer dans
quelque coup de force contre une enceinte mal gardée, épiée de
longue date et âprement convoitée.
Richard Mittes et ses compagnons.
í
Dans l'intérieur de Rouen, le parti national conserve des comp
licités puissantes, toute une cohésion persistante aussi insoup
çonnée que redoutable. Un petit groupe d'hommes décidés, sur
veillés peut-être, mais résolus dans leur œuvre, garde intact le
dépôt de l'idée nationale et de l'esprit de sacrifice. La surprise
d'un coin de rempart, le coup de main combiné au dedans, appuyé
au dehors, le coup de force, de calcul précis, d'exécution brusque
et brutale qui saisit une porte, égorge un poste, désarme ou ren
ferme la garnison démoralisée pour introduire dans la place le
corps de troupes régulier, arrivé de loin par les chemins de tra
verse et dissimulé près de l'entrée conquise pour un quart d'heure,
telle est , selon la classique et traditionnelle méthode alors en
cours, le rêve qu'ils abritent et qu'ils défendent contre le décou
ragement, l'abandon, l'affaissement universels.
A Rouen, en particulier, le procédé a pour lui l'expérience, la
pratique et la chance.
C'est par soulèvement spontané, il est vrai, et non par surprise
extérieure, qu'en juillet 1417 i, l'émeute bourguignonne a cerné
dans son hôtel le bailli Raoul de Gaucourt, otage imminent de
la révolte, et bloqué dans le château les trois commissaires
royaux du parti d'Armagnac, réduits à l'inaction devant l'insur-
1. Sur ces faits, Chéruel, Hist, de Rouen, p. 23-31. DANS LA HAUTE NORMANDIE. 7
rection, maîtresse pour quelques semaines de la ville, de ses rues
et de ses remparts. L'effort, il est vrai, serait aujourd'hui ch
imérique à tenter de cette sorte, et la faible secousse que provoq
uerait, à l'heure qu'il est, un appel public au sentiment national,
décomposé par quinze ans de guerre civile, ne rappellerait plus
que de loin l'énergie furieuse naguères mise en jeu par la pas
sion politique. Mais, plus prochain, plus tentant, plus achevé,
demeure certes, pour les Rouennais en éveil, l'exemple de cette
seconde surprise du 12 janvier 1418 i, — modèle remarquable de
l'enlèvement de Paris réalisé quelques mois plus tard, — surprise
ingénieusement conçue, hardiment exécutée, qui avait livré la cité
aux cavaliers bourguignons, secrètement appelés de Dieppe et
dissimulés à bonne portée, au revers des fossés de la place. Les
souvenirs des événements d'alors, l'ouverture de la porte Saint-
Hilaire aux audacieux officiers du duc de Bourgogne, l'effarement
des maîtres de la ville, leur retraite en désarroi dans le château,
qu'ils abandonnaient cinq jours plus tard au parti victorieux,
étaient encore présents dans plus d'un esprit et devaient hanter
bien des mémoires. Dans les Bourguignons furieux d'alors, tous
ne s'étaient pas faits Anglais de cœur et d'âme. Bien peu, parmi
les meneurs même, ont partagé la défection de Guy Le Bouteiller,
lieutenant de Jean Sans-Peur en Normandie, le conducteur de
cette brillante entreprise d'autrefois, passé depuis, par calcul per
sonnel, dans les rangs de l'étranger et sorti le premier de son
parti politique, en volontaire intéressé, pour entrer à la solde d'un
ennemi qui demeurait encore, à cette minute du siècle, l'adversaire
national de tous les Français2. Et, quant à la masse flottante qui,
depuis le traité de Troyes, a ratifié la fusion de l'ancien parti de
Bourgogne avec la domination étrangère aujourd'hui triomphante,
elle compte, malgré tout, plus d'un patriote chez qui la haine des
envahisseurs vient primer toute aversion politique. L'antique res
sentiment conservé contre la faction d'Armagnac, pour ceux-là,
s'est absorbé depuis longtemps dans la grande cause de la défense
du sol et de la reprise nationale. Chez eux, le rêve de rendre leur
1. Sur ces faits, Chéruel, Hist, de Rouen, p. 31-33.
2. La reddition de Rouen entre les mains de Henry V a lieu, comme on sait,
le 19 janvier 1419. Le premier acte constatant l'entrée de Guy Le Bouteiller
au service du roi d'Angleterre est du 16 mars 1419. {Rôles norm, et franc.,
n° 329.) La concession à lui faite de la seigneurie de la Roche-Guyon, confis
quée sur l'héroïque Perrette Bureau de la Rivière, veuve de Guy VI de la Roche,
est datée du 20 mars 1420. (Ibid., n» 783.) LA GUERRE DE PARTISANS 8
cité natale au parti français se maintient et s'exalte. On va les
voir à l'œuvre et compter leurs ressources.
Les faits déjà classés, et ceux que ces présentes recherches ont
pu amener à reconnaître, décèlent unanimement, comme le chef,
comme l'âme de ce petit groupe, le Rouennais Richard Mittes,
dont le nom mérite de survivre, d'occuper désormais la place et
le culte qui lui sont dus1.
1. La concordance de la majorité des textes originaux, trop rares, où se ren
contre son nom, a fait préférer cette forme de « Mittes » aux autres, telles que
« Mites » ou « Mitte. »
Le texte latin de la capitulation de Rouen en 1419, imprimé par Rymer,
porte : « Mytes. » (Rymer, Fœdera, t. IV, part, ш, p. 82.) — Le texte fran
çais de la même capitulation, contenu dans un vidimus du bailli John Salvayn,
dressé par conséquent pendant la durée des fonctions de ce dernier (ci-dessus,
Préface), entre 1422 et 1447, et transcrit au xvie siècle, porte, dans l'impres
sion de Farin, et depuis, de Chéruel, la forme « Mites. » (Farin, Hist, de Rouen,
éd. de 1731,

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