Espaces des séquences. Approche topologique et informatique de la séquence - article ; n°81 ; vol.21, pg 91-109
20 pages
Français

Découvre YouScribe en t'inscrivant gratuitement

Je m'inscris

Espaces des séquences. Approche topologique et informatique de la séquence - article ; n°81 ; vol.21, pg 91-109

-

Découvre YouScribe en t'inscrivant gratuitement

Je m'inscris
Obtenez un accès à la bibliothèque pour le consulter en ligne
En savoir plus
20 pages
Français
Obtenez un accès à la bibliothèque pour le consulter en ligne
En savoir plus

Description

Langages - Année 1986 - Volume 21 - Numéro 81 - Pages 91-109
19 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1986
Nombre de lectures 17
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

Alain Lecomte
Espaces des séquences. Approche topologique et informatique
de la séquence
In: Langages, 21e année, n°81, 1986. pp. 91-109.
Citer ce document / Cite this document :
Lecomte Alain. Espaces des séquences. Approche topologique et informatique de la séquence. In: Langages, 21e année, n°81,
1986. pp. 91-109.
doi : 10.3406/lgge.1986.2480
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/lgge_0458-726X_1986_num_21_81_2480Alain LECOMTE
avec la collaboration, pour les algorithmes, de
Pierre PLANTE (*)
Grenoble II / Centre d'Ato-Uqam - Montréal
ESPACES DES SÉQUENCES
approche topologique et informatique de la séquence.
1. Informatique et analyse du discours : une perspective d'expérimentation
L'Analyse de Discours, en France, a parfois poursuivi un objectif d'algorithmisa-
tion de ses procédures (cf. Pêcheux, [1969]).
Le but d'une telle démarche était le suivant : s'il faut tenter d'opérer sur les tex
tes une lecture « désubjectivisée » (Pêcheux [1975] parle à maintes reprises d'éviter
de « faire intervenir des considérations sémantiques incontrôlées », ce qui serait
« retomber dans l'effet subjectif de lecture »), alors on doit définir de la façon la plus
formellement rigoureuse les différentes étapes de l'analyse.
L'aboutissement de cette rigueur formelle se trouve dans l'utilisation d'un langage
à la syntaxe étroitement spécifiée, comme peut l'être un langage informatique.
L'« algorithme » informel conçu en Analyse de Discours devient un algorithme au
sens informatique du terme, c'est-à-dire une suite hiérarchiquement organisée et
composée d'un nombre fini d'opérations élémentaires, susceptible de s'appliquer à
une donnée d'entrée mise sous forme convenable et produisant un résultat au bout
d'un temps fini. Autrement dit, on présume que la rigueur de la démarche analyti
que est garantie par la traductibilité de cette dernière en un calcul, on rend implicite
également l'idée que le caractère « désubjectivisé » de la lecture est fondé par le
recours à un artefact « objectif » : la machine.
Nous ne nous étendrons pas ici sur les limites et les contradictions que rencontre
nécessairement (et qu'a en effet rencontrées) une telle conception de l'analyse, tra
duite sous le terme d'Analyse Automatique du Discours. Les critiques, opérées de
l'intérieur même de ce courant, furent nombreuses (c/. Pêcheux [1975], Guilhaumou-
Maldidier [1979], Courtine-Marandin [1980]). Notamment, la méthode d'analyse auto
matique présuppose logiquement un état d'achèvement de la théorie linguistique.
Or, cet état ne peut sans doute être trouvé, ni même défini : à partir de quel
moment jugera-t-on que l'on a codifié suffisamment de phénomènes linguistiques per
tinents pour les intégrer à sa démarche ? Un autre point d'achoppement fut le pro
blème de l'interprétation des résultats. La subjectivité que l'algorithme met entre
parenthèses ne réapparaît-elle pas au moment de la lecture des produits du calcul
(domaines sémantiques, classes d'équivalence...) ? Enfin, on insista souvent sur
l'excessif privilège accordé par la méthode aux phénomènes de répétabilité et plus
généralement, de stabilité dans la reproduction.
La façon dont ces contradictions se sont emparées quasi-immédiatement de
l 'objet-même de l'Analyse du Discours a conduit à un travail constant de modificat
ion et de réajustement de la démarche et plus particulièrement de sa composante liée
(*) Toutes les procédures mentionnées dans cet article sont en voie d 'algorithmisation info
rmatique. Pour certaines d'entre elles, ce travail est achevé, grâce à la collaboration de
P. Plante.
Par ailleurs, je remercie J.-M. Marandin et C. Péquégnat pour leur aide, leurs avis et leur
collaboration.
91 l'informatique. De nouveaux objets ont été mis en jeu : « verticalité » et « séquen- à
tialité » par exemple ; verticalité pour désigner un ensemble d'algorithmes visant à
mettre en rapport des séquences de discours différents (en jouant sur la variation des
définitions syntaxiques des items lexicaux par exemple) * et séquentialité pour signi
fier d'autres algorithmes qui, au contraire des précédents, viseraient à opérer une
mise en rapport de séquences à l'intérieur d'un même discours. De nouveaux angles
d'attaque ont été privilégiés : ainsi désormais, on ne saurait concevoir un algorithme
d'analyse de discours sans qu'il soit traversé par une prise en compte de la matérial
ité linguistique. Certes, cette prise en compte existait auparavant, mais elle se situait
en amont de l'application des algorithmes (dans le codage préalable qui, selon des
méthodes transformationnelles empruntées à Harris, réduisait le texte à une collec
tion d'énoncés élémentaires). L'avantage de cette conception est de contraindre
l'analyste à définir en même temps que ses objectifs les matériaux linguistiques néces
saires à leur atteinte. La démarche possède ainsi comme une de ses composantes fon
damentales un moment où elle se donne ses observables linguistiques et les outils
dont elle a besoin pour les traiter. À terme, elle se mue en une démarche d'expéri
mentation dont le but est la mise à l'épreuve sur des textes, d'une hypothèse linguis
tique ou discursive que se définit l'analyste.
Mettre en application ces nouveaux objets et angles d'attaque nécessitait l'exi
stence et le développement de moyens informatiques eux-mêmes nouveaux, suscepti
bles, entre autres choses, de permettre une interaction permanente entre l'analyste et
sa procédure algorithmique. Les langages classiques (Fortran, Pascal, ...) rendent
une telle interaction malaisée, voire impossible : on ne peut pas, par exemple, modif
ier une procédure en cours d'exécution. Des langages interprétés tels que LISP le
permettent : il devient possible, en cours d'exécution, d'adapter les algorithmes (chan
gement de paramètres, redéfinition de certaines catégories...) aux textes traités par
eux.
LISP permettait donc l'écriture de systèmes de programmation adaptés à cette
démarche d'Analyse du Discours. L'écriture d'un tel système, sa réalisation et son
implantation ont été menées à bien indépendamment des travaux effectués en France
par P. Plante de l'Université du Québec à Montréal. Son logiciel, baptisé DERE-
DEC, a donc été le principal vecteur informatique de nos recherches depuis plusieurs
années.
2. Une approche morphologique des discours
Par ailleurs, cette mise à contribution d'un appareillage informatique ne pouvait
se faire sans la définition d'une certaine optique globale d'approche des faits discurs
ifs qui a été résumée sous la dénomination de « morphologie discursive ». Morpho-
lologie est ici à prendre dans son acception quasi-naturaliste : il s'agit de repérer,
d'observer, de classifier une pluralité de « formes » en tant que « faisceaux de
traits » qui permettent d'isoler et de reconnaître non pas ici des « espèces », mais des
fonctionnements discursifs discriminants. Dans son travail sur « Le Discours français
sur la Chine », par exemple, J.-M. Marandin traduisait par le terme « opération de
formulation » le type de régularités qui résultait de la séquentialisation d'un ensemb
le d'« éléments de savoir » (la notion de « savoir » étant reprise à M. Foucault).
L'idée-force était que ce savoir — en tant que système déterminant des relations de
co-possibilité entre des énoncés — dirigeait étroitement la mise en séquence. C'est lui
qui, par exemple, impliquait l'occurrence dans certains passages des textes examinés
de tel ou tel type de chaînage anaphorique ou de telle ou telle répétition de marques
portées par les verbes. Ainsi, à partir d'observations sur ces phénomènes de chaînage
ou de répétition, on pouvait, moyennant des hypothèses sur leur fonction

  • Univers Univers
  • Ebooks Ebooks
  • Livres audio Livres audio
  • Presse Presse
  • Podcasts Podcasts
  • BD BD
  • Documents Documents