Esquisse d une histoire de l atomisme en biologie - article ; n°3 ; vol.2, pg 241-265
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Esquisse d'une histoire de l'atomisme en biologie - article ; n°3 ; vol.2, pg 241-265

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Description

Revue d'histoire des sciences et de leurs applications - Année 1949 - Volume 2 - Numéro 3 - Pages 241-265
25 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1949
Nombre de lectures 25
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

M Jean Rostand
Esquisse d'une histoire de l'atomisme en biologie
In: Revue d'histoire des sciences et de leurs applications. 1949, Tome 2 n°3. pp. 241-265.
Citer ce document / Cite this document :
Rostand Jean. Esquisse d'une histoire de l'atomisme en biologie. In: Revue d'histoire des sciences et de leurs applications.
1949, Tome 2 n°3. pp. 241-265.
doi : 10.3406/rhs.1949.2706
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/rhs_0048-7996_1949_num_2_3_2706d'une histoire Esquisse
de ratomismeen biologie
l'entrée biologie. Le mendélisme de l'ato (Haldane) misme a marqué en
Depuis que l'homme réfléchit sérieusement sur le grand pro
blème de l'hérédité, nombreux sont les esprits qui, pour expliquer la
transmission des caractères organiques, ont fait appel à une trans
mission de particules microscopiques passant de l'ascendant au
descendant par le moyen des cellules germinales. Ce sont ces
théories qu'Yves Delage englobe sous le terme de microméristes
(du grec, micros, petit ; merisies, qui partage), pour les opposer aux
théories organicisies qui considèrent l'hérédité comme un phéno
mène glo#bal et unitaire.
A présent que la biologie, grâce aux découvertes mendéliennes,
interprétées par la théorie chromosomique de l'hérédité, a pu établir
le bien fondé de la thèse micromériste dans son ensemble, il nous
paraît intéressant de retracer brièvement la suite des idées qui ont
abouti à notre conception actuelle de l'élément héréditaire ou gène.
C'est, en somme, une histoire de Yalomisme en biologie que nous
nous proposons d'esquisser.
Sans doute la notion même du gène est-elle encore maintenant
en pleine évolution. On ignore ce qu'il est au juste, on hésite à
définir ses véritables rapports avec le chromosome ; certains vont
même jusqu'à lui contester l'individualité, l'indépendance ; mais
ces débats, si importants qu'ils soient du point de vue théorique, ne
touchent pas à la question fondamentale, qui est celle de la nature
discontinue du patrimoine héréditaire. Il est désormais bien acquis,
d'une part, que la majeure partie de celui-ci est distribuée entre
des éléments permanents et dénombrables du noyau, les chromo
somes, et, d'autre part, que chaque chromosome présente une difïé- 242 revue d'histoire des sciences
renciation structurale qui est en rapport avec une différenciation
des propriétés héréditaires. Comme dit le célèbre généticien
H. J. Muller, le résultat le plus important des recherches sur l'héré
dité a été « de fournir la preuve incontestable qu'il existe un matériel
génétique défini, de nature parliculaire, et dont chaque partie a la
propriété de commander à sa propre duplication... ».
Ces parties, on les désigne sous le nom de gènes, sans rien pré
juger de leur nature ni des relations qu'elles peuvent avoir les unes
avec les autres.
I. — La période pré-expérimentale
Les particules séminales de Mauperluis (1745)
« Le micromérisme, dit Delage, commence dans l'antiquité par
un faible ruisselet qui se réduit à presque rien les déserts du
Moyen-Age, traverse la Renaissance sans se grossir des pluies
bienfaisantes qui fertilisent alors les sciences et les arts, et arrive
aux temps modernes, où, à partir de Bufïon, il se dilate en un
immense delta (1). »
Sans nous attarder aux « homéoméries » d'Anaxagore, ni aux
conceptions « atomistes » de Démocrite, où l'on peut, avec beaucoup
de bon vouloir, retrouver l'origine de l'idée micromériste, nous
passerons aussitôt à Lucrèce (95-53), dont on a mainte fois cité le
passage suivant :
« Parfois aussi, il peut se faire que les enfants ressemblent à un
aïeul, parfois même ils reproduisent les traits d'un bisaïeul, car le
corps des parents renferme une quantité de principes (primordia)
mélangés de façons diverses (2). »
Pour trouver une expression assez nette de l'idée micromériste,
il faut atteindre le xvine siècle, où elle fut donnée d'abord, non par
Buffon, mais par le philosophe Maupertuis, qui, sur ce point comme
sup bien d'autres, se montra un véritable précurseur (3).
Dans un petit ouvrage intitulé la Vénus physique (1745), il
rejette délibérément l'idée, qui avait cours à son époque, de la
préformation germinale. Supposant tout à la fois aux ovistes, qui
plaçaient le germe dans la femelle, et aux animalculistes, qui le
(1) L' Hérédité ei ks, grands problèmes de la ЫФдк géttémk. Schleícher, I9Q3.
(2) De Naiurq rerum.
(3) Voir J. Rostand, L'Évolution de& espèces et La Formation de l'Être, Hachette, et
aussi P. Brunet, Maupertuis, ïl, Blanchard. D'UNE HISTOIRE DE l'aTOMISME EN BIOLOGIE 243 ESQUISSE
plaçaient dans le mâle, Maupertuis soutient que les deux parents
coopèrent également à la génération ; il renoue, à cet égard, avec la
thèse des anciens, qui faisaient dériver le nouvel être d'un mélange
de semences, respectivement émises par le père et par la mère.
Des raisons très fortes, dit Maupertuis, plaident en faveur d'une
contribution égale de chaque sexe. « L'enfant naît tantôt avec les
traits du père, tantôt avec ceux de la mère ; il naît avec leurs défauts
et leurs habitudes, et paraît tenir d'eux jusqu'aux inclinations et
aux qualités de l'esprit. Quoique ces ressemblances ne s'observent
pas toujours, elles s'observent trop souvent pour qu'on puisse les
attribuer à un effet du hasard ; et sans doute elles ont lieu plus
souvent qu'on ne peut le remarquer. »
En outre, l'union d'un homme noir et d'une femme blanche
produit un enfant olivâtre, « mi-partie avec les traits de la mère et
ceux du père » ; l'union de l'âne et de la jument produit un animal
qui n'est ni cheval ni âne, <* mais qui est visiblement un composé
des deux ». Tout concourt donc à nous faire penser que « l'animal
qui naît est un composé des deux semences parentales ».
Dans chaque semence se trouvent une multitude innombrable
de particules, sortes de « germes d'organes », capables de former,
par leur assemblage, l'embryon du nouvel être.
Il y a des particules destinées à former le cœur ; il y en a d'autres
pour la tête, les entrailles, les bras, les jambes, etc. ; « toutes ces
particules présentent, les unes à l'égard des autres, un certain
degré ď affinité », chacune d'elles ayant « un plus grand rapport
d'union avec celle qui, pour la formation de l'animal, doit être sa
voisine qu'avec toute autre ».
Cette affinité n'est chose que la force d'attraction, révélée
parles physiciens et les astronomes, et dont les chimistes eux-mêmes
(M. Geoffroy) commencent à faire usage pour expliquer les combi
naisons de substances. L'attraction se manifeste, en effet, jusque
dans les phénomènes de « végétation chimique », découverts en 1706
(Mémoires de Г Académie Royale des Sciences, p. 415) : quand on
mélange de l'argent et de l'esprit de nitre avec du mercure et de
l'eau, il en résulte une sorte de végétation, « si semblable à un
arbre qu'on n'a pu lui en refuser le nom » (arbre de Diane). Sans
doute une telle production — qui passerait pour un miracle si nous
n'en connaissions pas les causes — est-elle moins « organisée » que
les corps des animaux, mais ne peut-on supposer aveo quelque vrai
semblance que des lois analogues président à la genèse de ceux-ci ? 244 REVUE D'HISTOIRE DES SCIENCES
Si l'attraction existe dans la nature, pourquoi ne se manifesterait-
elle pas dans la formation des êtres, et ne suffirait-elle à l'expliquer,
fussent-ils encore mille fois plus organisés qu'ils ne le sont ?
A l'aide des « parties séminales », Maupertuis s'efforcera donc
d'interpréter les faits d'hérédité.
Chaque parent, suppose-t-il, fournit par sa semence beaucoup
plus de particules qu'il n'en est besoin pour former l'enfant. « Mais
les deux parties qui doiven

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