Ethnozoonymes indo-européens - article ; n°2 ; vol.17, pg 9-55
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Ethnozoonymes indo-européens - article ; n°2 ; vol.17, pg 9-55

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Description

Dialogues d'histoire ancienne - Année 1991 - Volume 17 - Numéro 2 - Pages 9-55
47 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1991
Nombre de lectures 10
Langue Français
Poids de l'ouvrage 2 Mo

Extrait

Monsieur Bernard Sergent
Ethnozoonymes indo-européens
In: Dialogues d'histoire ancienne. Vol. 17 N°2, 1991. pp. 9-55.
Citer ce document / Cite this document :
Sergent Bernard. Ethnozoonymes indo-européens. In: Dialogues d'histoire ancienne. Vol. 17 N°2, 1991. pp. 9-55.
doi : 10.3406/dha.1991.1932
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/dha_0755-7256_1991_num_17_2_1932DHA 17,2 1991 9-55
ETHNOZOONYMES INDO-EUROPEENS
Bernard SERGENT
CNRS-URA 390
Un certain nombre de noms de peuples indo-européens sont tirés
de, ou sont identiques à des, noms d'animaux. Ces ethnonymes sont
souvent allégués à l'appui de différentes thèses que je veux ici
examiner, et qu'on peut appeler celle du "totémisme" et, plus ou
moins corrélativement, celle de "l'animisme", les deux ne faisant
bien souvent qu'une aux yeux de ceux qui en font état.
Curieusement, ces noms sont relativement peu nombreux : le
tour en sera assez vite fait. Bien entendu, je ne tiens compte que des
etymologies à peu près assurées : d'autres ont été proposées, en très
grande quantité, mais n'ont pas résisté à un examen critique 1. On
avancera ainsi en terrain à peu près solide. Je procéderai d'ouest en
est, des Celtes aux Indiens. - Ma liste n'est certainement pas
complète ; elle le sera davantage pour les Celtes, Germains,
Italiques, Grecs, que pour les Slaves, Baltes, Indo-Iraniens. Mais je ne
1. V. principalement KIENLE, 1932. - Je n'ai pas pu consulter
M. GYSSELING, Indo-Europáe Volksnamen in West-Europa, dans
Bull, de la Commission Royale de Toponyme et de Dialectologie,
Bruxelles, 54, 1980, p. 29-40. 10 Bernard Sergent
pense pas qu'il y ait beaucoup d'ajouts à lui faire ; elle devrait
garder une valeur statistique.
1. Ethnozoonymes celtiques
- les Bibroct du Surrey-Sussex et les anciens Bébrukes des
Pyrénées tirent manifestement leur nom de celui du "castor", celtique
*bibros, bibrus, d'un i.e. *bhe-bhros 2.
- les Brannovii et les Brannovices, localisés dans l'actuelle
Saône-et-Loire, ont des noms apparemment tirés de celui du
"corbeau", brannos 3, mais le second n'est pas exactement un
ethnozoonyme : il signifie "ceux qui combattent par (ou comme) le
corbeau". Ils ne sont donc nullement eux-mêmes des "Corbeaux".
- pour le nom des Cadurci de la région de Cahors, Pierre-Yves
Lambert propose de voir dans le -d- une géminée -if- : ce seraient
alors les *Catu-turci, "Porcs de combat" 4.
- une monnaie celtibère livre un ethnique roTurcon 5, c'est-à-
dire des Roturci, textuellement "Grands Porcs", avec le suffixe
intensif ro- (i.e. *pro) 6, et le même radical que dans le nom
précédent.
- les Caeracates sont l'une de ces tribus tenues pour
germaniques par les anciens, mais à la fois de civilisation 7 et
d'ethnique celtiques. Depuis J.-C. Zeuss et Ch.-W. Gluck, les auteurs
s'accordent à y reconnaître l'irl. caera, gén. caerach, "mouton", soit
donc un radical *caerac- et le suffixe - aies d'Atrebates, Galates,
Gaisates, Nantuates... 8. Le même radical paraît se retrouver dans le
2 Cf. HOLDER, 1896, col. 416 ; SOLMSEN et FRAENKEL, 1922, p. 107 ;
POKORNÝ, 1959, p. 136 ; GUYONVARC'H, 1969, p. 343 ; BIRKHAN,
1970, p. 469.
3. HOLDER, 1896, с. 144 ; 1969, p. 343 ; LE ROUX et
GUYONVARC'H, 1983, p. 150, qui proposent comme hypothèse
alternative un theonyme. Mais cf. ci-dessous. Et BIRKHAN, 1970,
p. 362, 478.
4 Pierre-Yves LAMBERT, cours d'irlandais du 5 janvier 1990, Ecole des
Hautes Etudes, IVe Section.
5. LEJEUNE, 1955, p. 97, Monnaie n° 105. Pas d'indication de provenance.
6. VENDRYéS, DICT., s.v. ro-, R-35.
7. Cf. sur ce HACHMANN, 1971, p. 45-67.
8. ZEUSS, 1853, II, p. 771 ; GLUCK, 1875, p. 41 ; THURNEYSEN, 1909,
p. 196 ; PEDERSEN, 1908, II, p. 99 ; SOLMSEN et FRAENKEL, 1922,
p. 107 ; BAADER, 1929, p. 44, cités par KIENLE, 1932, p. 57-58 ; ZEUSS, DIALOGUES D'HISTOIRE ANCIENNE 11
nom des Caeroesi, tribu belge de la région ardennaise ("les moutons"
ou "les béliers" 9, eu encore "riches en brebis" 10 ?), et dans celui de la
tribu picte des Kairènoi u.
- les Carvetii sont une de ces minuscules entités ethniques
connues par un seul et unique texte, ici une inscription de Grande-
Bretagne 12. Le suffixe paraît le même que dans Helvetii. Le radical
est alors celui du breton carv, irl. carow, "cerf" ; et Richard von
Kienle propose de traduire : "Ceux qui appartiennent au cerf" 13.
- les Sunuci sont un peuple belge nommé par Pline 14 ; avec le
même suffixe que dans Aduatuci (et cf. ci-dessous Breuci, Luperci,
Daci), le radical peut être celui de i.-e. *sus, *suwos, "porc" ; ou bien
correspondre à *sunus, "fils", et ces "Fils" évoqueraient la coutume du
ver sacrum 15.
- on admet généralement que le nom des Concernes, une tribu
cantabre, s'explique par une forme *konko-, correspondant celtique du
"cheval" 16. En effet, selon les auteurs germanique commun *kanka-,
qui les mentionnent 17, ils sacrifiaient des chevaux et en buvaient le
sang. Un peuple de la même région, appartenant au groupe des
Celtici, et nommé par Pline, s'appelait les Praestamarci : ce que
cité par HOLDER, I, с. 677 ; BIRKHAN, 1970, p. 200, 465, qui compare
l'irl. cáirchuide, issu de *kairakatyos.
9. SOLMSEN et FRAENKEL, 1922, p. 107 ; GUYONVARC'H, 1969, p. 343.
10. BIRKHAN, 1970, p. 200-201.
11. Ptol, II, 3, 11 ; ils sont ocalisés dans l'ouest du Sutherland. BIRKHAN,
1970, p. 200-201. Il faudrait peut-être ajouter encore les Caruces de
CIL, VII, 247. Cf. irl. caer, n. irl. caor, "mouton", GLUCK, I.e. - Une
difficulté se présente sur cette etymologie, à savoir que le terme
irlandais peut dériver de caer, "baie, boule", l'animal étant désigné à
partir de ses excréments (Vendryés, Bachellery et Lambert, s.v.
caerca, C-9). Pourtant, THURNEYSEN, l'inventeur de cette
etymologic, admet le rapprochement avec Caeracates (cité ibid.), ce
qui peut laisser supposer que le dérivé était déjà d'âge gaulois.
12. CIL, VII, 325.
13. KIENLE, 1932, p. 45 ; BIRKHAN, 1970, p. 452.
14. Pline, Hist. Nat., IV, 1 7, 106.
15. BIRKHAN, 1970, p. 192.
16. Etymologie d'A. SCHERER ; BIRKHAN, 1970, p. 488-489 ; POLOME,
1984.
17. Horace, Odes, III, 3, 34 ; Silius Italicus, III, 361. 12 Bernard Sergent
Pokorny explique par le celtique mark, "cheval", et un préfixe
identique au védique prâïstha-, "aimé, fidèle" 18.
- le nom des Kunètes du sud du Portugal, latin Conii 19 dérive
vraisemblablement de celui du "chien", attesté dans tant
d'anthroponymes, tels que Cunobelinus, Cunedda, etc. 20.
- Ptolémée situe dans le nord de la Bohême un peuple des
Korkontoi : Pokorny en a rapproché divers termes (de toponymie
"illyrienne"), et, au-delà, tout un groupe de mots désignant des
espèces d'oiseaux : korkoras, un certain oiseau, dans la langue de
Pergè en pamphylie, selon Hésychios 21, d'où la famille de grec
kerkás, kréx ("râle des genets" ? 22, ssk. kçkara-, une espèce de
perdrix, v. pruss. kerko, "plongeon", russe krečet, faucon", et en
celtique même moyen irl. cercc, "poule" 23. Pokorny pensait
naturellement à un terme illyrien. Mais les Korkontoi sont
vraisemblablement, comme d'autres peuples assez obscurs de la
région, des débris de l'ancien peuple des Boiens, détruit par les
Daces.
- plusieurs discussions ont porté sur le rapport entre les
différentes formes du nom du grand peuple celtique de Norique, les
Taurisci, ou Tauristi, ou Teuristi 24, et celui du taureau (gaul. tarvos).
Rudolf Much, dans un premier temps, avait adopté cette etymologie,
puis l'a rejetée pour préférer le sens de "montagnards", cf. germ.
веига, "montagne" ; Kienle l'approuvait 25. K. Finsterwalder
montra ultérieurement que le nom du peuple celtique n'avait pas été
tiré de celui de la montagne près de laquelle il vivait (lat. Taurus,
mod. Tauern) 26, et en dernier lieu Helmut Birkhan adopte la
dérivation de l'ethnique à partir du nom du taureau 27.
18. POKORNY, 1948-1949, p. 228; 1959, p. 844.
19. Polybe, X,2, 7 ; Hérodote, II, 33 ; Avicnus, Ora Maritima, 194 ; Appicn,
Bell. Hisp., 239 ; Hérodoros d'Hèrakleia, dans Constantin Porph., Adm.
Imp., 23, = Stcph. Byz., s.v. Ithèriai.
20. BIRKHAN, 1970, p.

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