Etienne de Mornay, chancelier de France sous Louis Hutin. - article ; n°1 ; vol.5, pg 373-396
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Description

Bibliothèque de l'école des chartes - Année 1844 - Volume 5 - Numéro 1 - Pages 373-396
24 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1844
Nombre de lectures 17
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

Francis Guessard
Etienne de Mornay, chancelier de France sous Louis Hutin.
In: Bibliothèque de l'école des chartes. 1844, tome 5. pp. 373-396.
Citer ce document / Cite this document :
Guessard Francis. Etienne de Mornay, chancelier de France sous Louis Hutin. In: Bibliothèque de l'école des chartes. 1844,
tome 5. pp. 373-396.
doi : 10.3406/bec.1844.451777
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/bec_0373-6237_1844_num_5_1_451777ETIENNE DE MORNAY
CHANCELIER DE FRANCE SOUS LOUIS ЕГОТШ.
Etienne de Mornay était l'un des neveux de ce prélat ,
conseiller de Philippe le Bel, dont nous avons esquissé la bio
graphie (1). Il suivit de très-près les traces de son oncle , et
fut l'un de ses successeurs dans l'office de chancelier de France ;
c'est dire assez que son nom méritait de fixer un instant l'atten
tion des éditeurs ou des historiens qui l'ont rencontré sous lent-
plume; mais le hasard en a décidé autrement, et Etienne de
Mornay figure aujourd'hui dans l'histoire sous plusieurs noms de
fantaisie , qui en font un véritable Protée. Pour ceux qui con
sultent la chronique de Guillaume de Nangis dans les éditions
de D. Luc d'Achery et de la Barre , il s'appelle , en latin ,
Stephanns de Marugo ; ce nom , traduit en français dans la table
de la collection publiée par M. Guizot, a produit Etienne de Ma-
ruges, et , ainsi transformé , il s'est glissé dans un livre classi
que tiré à plusieurs milliers d'exemplaires ; en sorte que les ar
rière-petits-neveux d'Etienne de Mornay seront fort en peine de
reconnaître leur grand-oncle, en lisant, sur les bancs du collège,
dans le Précis d'histoire de France de MM. Cayx et Poirson,
qu'en 1 3 1 6 « Pierre de Latilly perdit les sceaux , qui furent donnés
à Etienne de Marwjes (2). » Si vous préférez étudier Guillaume
de Nangis et ses continuateurs dans le tome XX des Historiens
de France, récemment publié par l'Académie des inscriptions
et belles-lettres, Etienne de Mornay aura nom pour vous Sle-
phanus de Marneyo ou de Marmajio , au choix ; mais vous ne
serez pas peu surpris, en recourant à la table du même volume,
(1) Voyez ci-dessus, p. 143, l'article sur Pieuf.ï. de Mohnav.
(2) Page 284. 374
de trouver votre Stephanus de Martieyo métamorphosé en Etienne
de Mereloy. La faute en est sans doute au copiste du manuscrit de
la Chronique de Saint-Denis, qui a servi à l'édition de l'Acadé
mie ; cependant le simple rapprochement des mots Marneyo et
Mereloy aurait dû peut-être éveiller quelques scrupules dans
l'esprit des savants éditeurs. Toujours est-il que ce personnage
multiple a grand besoin d'être ramené à l'unité, et c'est l'objet
de cette biographie.
On ne sait rien de sa vie avant 1314, époque à laquelle on le
trouve déjà dans une position élevée, clerc et chancelier du frère
de Philippe le Bel , de Charles , comte de Valois , d'Alençon, de
Chartres, d'Anjou et du Maine. "Remuant et entreprenant comme
il l'était , Charles de Valois avait besoin d'un homme de conseil
pour diriger ses nombreuses affaires et veiller à l'administration
de ses cinq comtés , et il avait confié cette direction à Etienne
de Mornay , qui sans doute avait été introduit auprès de lui par
son oncle, l'évêque ď Aux erre, et qui d'ailleurs se recommandait
lui-même par sa science en droit civil (1).
C'est par erreur que le continuateur de Guillaume de Nangislui
attribue le titre de chambellan du comte(2) ; plusieurs acteslui ass
ignent celui de chancelier, et un, entre autres, dont le texte et l'ob
jet ne laissent aucun doute à cet égard. Suivant cet acte, Etienne
de Mornay fut chargé d'aller en personne faire une enquête dans
les comtés d'Anjou et du Maine, et de vider un débat fiscal qui
s'était élevé entre Charles de Valois et ses sujets. Il s'agissait de
plusieurs aides réclamées par le comte , tant en son nom. qu'au
nom de son père, С halle le segont , jadiz roy de Cezille , et
refusées par les barons et les ecclésiastiques des deux provinces.
La contestation était vive et durait depuis longtemps ; il y avait
eu appel de la cour du comte à la cour du roi ; mais, finalement,
les appelants s'étaient désistés de gré ou de force, et s'en étaient
remis à la décision de leur seigneur (3) , qui donna plein pou
voir à « Maistre Estienne de Mornay , son clerc et chancelier , et
à Mons. Pierre de Bieno , chevalier, « pour instruire et juger
définitivement cette affaire (4).
(1) Stephanum de Morneyo, in jure civili expertům. (Continuât, de Guillaume de
Namjis, t I, p. 415, édit. de M. H. Géraud.)
(2) Ibid.
(3) Malienne, Thés. nov. anecd. , t. I, col, 1345-Í347.
(4) Arch. du royaume, J. 179, pièce 84. 375
C'était au mois d'avril 1314 qu'Etienne de Mornay recevait
cette commission, et , six mois après, de chancelier du comte
de Valois il était devenu chancelier de France. Que s'était-il
passé dans l'intervalle , et quels événements politiques l'avaient
porté là? On le devine sans peine. Philippe le Bel était mort (1),
laissant à son fils , Louis Hutin, un glorieux mais pesant far
deau , si pesant que le jeune roi , suivant les derniers conseils de
son père , s'en était déchargé sur son oncle, Charles de Valois ,
auquel il avait remis la suprême direction des affaires ; et la
fortune d'Etienne de Mornay avait suivi celle du prince.
La mort avait tiré Philippe le Bel d'un grand embarras ; les
seigneurs d'une partie delà France s'étaient ligués contre lui,
« pour avoir fait et relevé plusieurs tailles, subventions, exactions
non deues, changemens de monnoyes et plusieurs aultres choses
qu'ils ne pouvoient souffrir ne soutenir en bonne conscience. »
ils avaient senti , mais un peu tard , que tous leurs privilèges
s'en allaient un à un , tandis que la royauté s'élevait sur les rai
nes du gouvernement féodal, et ils avaient tenté un effort déses
péré pour rentrer dans leurs anciens droits. Le peuple ou le
commun, de son côté, n'était guère plus satisfait que la noblesse ;
lui aussi avait été taillé, pressuré ; il criait misère et s'associait
aux réclamations de l'aristocratie, en vertu de cette affinité du
mécontentement qui réunit si vite les éléments les plus di
vers (2).
La situation de Louis Hutin et de son oncle était difficile ; il
fallait , de gré ou de force, lâcher un peu les rênes à toute cette
noblesse qui se cabrait, et à l'opinion qui grondait sacrifier quel
ques victimes politiques. On a dit que Charles de Valois était à
la tête des barons , qu'il dirigeait la réaction , et contraignit son
neveu à céder aux exigences du parti féodal. Bien n'est moins
vraisemblable. Charles de Valois avait toujours eu la confiance
de son frère ; après sa mort , il devint roi , pour ainsi dire. Le
moment eût été bien mal choisi pour arracher des concessions
à la royauté. C'eût été en quelque sorte un suicide politique.
Ce qui paraît plus vrai, c'est qu'en cédant malgré lui sur les prin-
(1) Le 29 novembre 1314.
(2) Linobles et li communs de Champagne. (Boulaiinrilliers, Lettres sur les anciens
parlements , t. HT.) 376
cipes, le comte de Valois sacrifia de grand cœur les personnes.
L'une des premières victimes de la réaction , mais non
la plus illustre, fut l'évèque de Chàlons-sur-Marne , Pierre
de Latilly, qui était chancelier à la mort de Philippe le Bel. Il
fut destitué et incarcéré pour avoir causé, par ses maléfices , la
mort de son prédécesseur sur le siège de Chalons , et la mort de
Philippe Je Bel. Il fallait quelque résolution pour entrer dans
une place aussi exposée, et dont on pouvait sortir par la même
porte. Etienne de Mornay accepta l'héritage du prélat, et le grand
sceau, de France lui fut remis le 1er janvier 1315, comme l'i
ndique une note placée par sou clerc au folio 66 du cinquantième
registre de la chancellerie, et qui est ainsi conçue : « Le premier
jour de janvier, l'an 1.314 ( 1315 nouv. style) , après-dîner, le
sceau de notre sire le roi a été remis à messire Etienne de Mornay.
Les lettres écrites ou enregistrées ci-après ont été scel

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