Étude archéologique - article ; n°1 ; vol.29, pg 173-186

Lucien Rigaud, Jean Vaquer

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Gallia préhistoire - Année 1986 - Volume 29 - Numéro 1 - Pages 173-186
14 pages

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• Publié le: 01 janvier 1986
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Extrait

Jean Vaquer
Lucien Rigaud
I. Étude archéologique
In: Gallia préhistoire. Tome 29 fascicule 1, 1986. pp. 173-186.
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Vaquer Jean, Rigaud Lucien. I. Étude archéologique. In: Gallia préhistoire. Tome 29 fascicule 1, 1986. pp. 173-186.
doi : 10.3406/galip.1986.2245
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/galip_0016-4127_1986_num_29_1_2245LE GISEMENT CHASSÉEN DE LA FOSSE DE LA TORONDE
À CAVANAC (AUDE)
i
ÉTUDE ARCHÉOLOGIQUE
par Jean VAQUER et Lucien RIGAUD
Le terroir de la commune de Gavanac recèle de être suggérée sur les éperons d'Auriac et de La
très nombreux gisements néolithiques qui s'organisent Farguette. Ce dernier site recèle aussi de petites
en deux sites majeurs : celui de Maran, Pont-des- fosses creusées dans le limon ou les graviers qui ont dû
Salles, Les Aurioles, établi dans une dépression, faire office de silos comme le suggère leur forme
il a été repéré et prospecté dès le début du siècle rétrécie vers le haut. De telles structures ont été
(Fages, 1906) et celui du plateau de Pébril, La repérées dans des coupes de terrain en bordure de la
Gravette englobant les tenements de La Farguette, route départementale 104 ainsi que dans la parcelle
Goustou, Pérairol, La Toronde qui occupe toute la D 49. C'est probablement une structure de ce genre
surface d'un remarquable site en éperon dégagé dans qui a été détruite par un défonçage agricole dans la
la basse terrasse par la confluence de l'Aude et du parcelle G 88 au lieu-dit La Toronde (fig. 1).
Toron ; il a été prospecté par L. Rigaud à l'occasion L'abondance du matériel recueilli par L. Rigaud
de nombreux travaux de plantations de vignes. Ces sur quelques mètres carrés dans un sédiment noirâtre
deux grands établissements se poursuivent au nord, soulevé par la charrue suggère que cette fosse avait
dans la commune de Carcassonne par le site d'Auriac servi de dépotoir comme c'est la règle générale pour
qui présente lui aussi la configuration classique d'un les structures de ce genre dans le Ghasséen méridional.
éperon dégagé par la confluence de l'Aude et du Le remaniement total du remplissage de la fosse
ruisseau de Jean (Guilaine et Vaquer, 1973). n'a pas permis d'en connaître la forme et a très
sérieusement mutilé une bonne partie du matériel Ces trois sites qui s'étendent sur environ 250 hec
récupéré. Malgré ces conditions de découverte très tares constituent l'une des plus grandes agglomérat
défavorables, un patient travail de remontage et ions chasséennes connues dans le Midi de la France.
de reconstitution nous a permis d'identifier une La mise au jour des vestiges céramiques, lithiques et
remarquable série tout à fait caractéristique du osseux dans les parcelles de vignes est en général
faciès chasséen représenté sur les divers autres points liée aux travaux de défonçage qui soulèvent des
du plateau de La Farguette, La Gravette. sédiments anthropisés noirâtres, restes probables de
sols d'habitat, de fossés et de fosses dont la
délimitation est parfois visible sur les photographies
INDUSTRIE LITHIQUE aériennes verticales de l'Institut Géographique
National. C'est grâce à ces clichés et aux diverses Industrie de la pierre taillée observations et relevés de terrain exécutés par
L. Rigaud depuis une vingtaine d'années que Elle comporte 25 pièces en silex. La matière
l'existence de vestiges d'enceinte à fossés a pu première utilisée est de nature et probablement
Gallia Préhistoire, Tome 29, 1986, 1, p. 173-192. 174 JEAN VAQUER ET LUCIEN RIGAUD
3 lamelles (fig. 2, n° 4) et 2 éclats de silex blond ;
dans le lot de silex local, 1 seul éclat de silex noir
(genre silex lacustre de Peyriac-de-Mer) porte
quelques retouches.
L'outillage de silex taillé comporte 10 pièces :
1 grattoir en bout de lamelle partiellement
retouchée avec une troncature et un amincissement
destiné à supprimer le bulbe de percussion pour
faciliter l'emmanchement (fîg. 2, n° 7) ;
2 pièces esquillées, une sur éclat retouché, l'autre
cassée sur débris ;
1 burin d'angle sur cassure, transversal, sur éclat ;
1 armature tranchante trapézoïdale obtenue par
retouches obliques bifaciales (fig. 2, n° 2) ;
1 armature tranchante trapézoïdale dont un bord
est façonné par retouches obliques bifaciales tandis
que l'autre, moins épais est façonné par des retouches
semi-abruptes inverses. Le bulbe de l'éclat initial a
été aminci par des retouches couvrantes inverses
probablement réalisées par pression (fig. 2, n° 3) ;
1 lamelle brute avec une petite encoche latérale
peut-être destinée à faciliter une éventuelle fixation
(fig. 2, no 9) ;
3 lamelles épaisses à retouches semi-abruptes
Fig. 1. — La Toronde, Cavanac (Aude). Plan de localisa bilatérales : la première comporte un grattoir en bout
tion de la fosse. et un burin dièdre réavivé à l'autre extrémité (fig. 2,
n° 5) ; la seconde comporte un micro-grattoir à un
bout et une sorte de pointe à l'autre extrémité.
Cette partie a pu être destinée à assurer la fixation sur d'origine variées. 16 pièces peuvent être classées dans
la catégorie du silex blond chasséen dont la source un manche (fig. 2, n° 8) ; enfin, la troisième, cassée, se
termine par un grattoir mais un bord présente une n'est pas locale et pourrait se situer dans la basse
vallée du Rhône. Ce silex d'excellente qualité ne se plage lustrée, ce qui incite à penser que la pièce a pu
servir de lame de faucille (fig. 2, n° 10). présente que très rarement sous son aspect brut.
Quelques pièces sont patinées et ont un aspect Le macro-outillage est représenté par un gros galet
superficiel blanc brillant. La grande majorité présente de micaschiste à tourmaline et amphibole dont une
des stigmates évidents d'un traitement thermique extrémité est taillée en pointe. Il pourrait s'agir d'un
des blocs avant débitage : aspect luisant, coloration pic très grossier, à moins de considérer cette pièce
grise ou rose. Les pièces en silex grossier ou chert comme une ébauche de hache abandonnée à un stade
sont pour la plupart patinées et proviennent des initial de la chaîne opératoire.
affleurements locaux de la Montagne Noire ou des
Corbières. Les techniques de débitage sont en grande Industrie de la pierre polie partie régies par la qualité des matériaux employés :
les produits de débitage en silex blond comportent Elle comporte 4 pièces et 1 polissoir.
6 éclats et 10 lamelles tandis que les produits en silex La pièce la plus petite est un éclat tiré d'un galet de
grossier comportent 2 débris et 7 éclats (dont schiste à staurotide qui présente des facettes polies.
1 thermique). Les produits de débitage restés bruts Il s'agit d'une ébauche de petite lame de ciseau
sont rares dans le lot de silex blond (1 éclat et (fig. 2, no 11).
2 fragments de lamelles) et plus nombreux dans le lot Une autre pièce en schiste à staurotide présente un
de silex local (5 éclats et 1 débris). Les produits tranchant convexe dont l'axe est perpendiculaire à
utilisés sans modification morphologique présentent celui du corps. Il peut s'agir tout aussi bien d'une
des micro-retouches sur leurs parties tranchantes. armature de ciseau que d'une lame de hache (fig. 2,
Ces stigmates d'utilisation sont nets et continus sur n° 6). GHASSÉEN DE LA TORONDE 175 GISEMENT
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Fig. 2. — La Toronde, Cavanac (Aude). 1, tesson à décor interne pointillé; 2-5, 7-10, industrie en silex; 6, 11, 12, industrie
en pierre polie.
Un outil en roche verte (amphibolite) présente un piqueté d'un grand outil à tranchant poli en quartzite
dont la longueur était supérieure à 12 cm. corps piqueté et un tranchant poli rectiligne dont
l'axe est nettement oblique, il s'agit donc d'une lame Le polissoir en grès fin à ciment calcaire de couleur
de hache (fig. 2, n° 12). jaune est cassé en trois fragments. Il présente une
cuvette polie de forme ovalaire mesurant 16 cm sur La dernière pièce est cassée. Il s'agit du corps 176 JEAN VAQUE