Étude sémantique du préfixe RE en français contemporain : à propos de plusieurs débats actuels en morphologie dérivationnelle - article ; n°1 ; vol.133, pg 74-90
18 pages
Français

Découvre YouScribe en t'inscrivant gratuitement

Je m'inscris

Étude sémantique du préfixe RE en français contemporain : à propos de plusieurs débats actuels en morphologie dérivationnelle - article ; n°1 ; vol.133, pg 74-90

-

Découvre YouScribe en t'inscrivant gratuitement

Je m'inscris
Obtenez un accès à la bibliothèque pour le consulter en ligne
En savoir plus
18 pages
Français
Obtenez un accès à la bibliothèque pour le consulter en ligne
En savoir plus

Description

Langue française - Année 2002 - Volume 133 - Numéro 1 - Pages 74-90
Pierre JALENQUES : Etude sémantique du préfixe RE en français contemporain : à propos de plusieurs débats actuels en morphologie dérivationnelle In this article, we study the semantic properties of the French prefix RE used with verbs. We are mainly dealing with two issues 1) what status should be granted to the intuition of native speakers, about the polysemy and the idiomaticity of such verbs as reconnaître, remarquer, regarder? We argue that these verbs should not be submitted to intuition but within utterances; 2) how can we account for the polysemy and the idiomaticity of verbs prefixed with RE, from a synchronical point of view? We argue that a dynamic analysis of the semantic relations between the prefix, the stem of the verbs and also the argument structure of the verbs can account for those data.
17 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 2002
Nombre de lectures 86
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

M. Pierre Jalenques
Étude sémantique du préfixe RE en français contemporain : à
propos de plusieurs débats actuels en morphologie
dérivationnelle
In: Langue française. N°133, 2002. pp. 74-90.
Abstract
Pierre Jalenques : Étude sémantique du préfixe RE en français contemporain : à propos de plusieurs débats actuels en
morphologie dérivationnelle
In this article, we study the semantic properties of the French prefix RE used with verbs. We are mainly dealing with two issues 1)
what status should be granted to the intuition of native speakers, about the polysemy and the idiomaticity of such verbs as
reconnaître, remarquer, regarder? We argue that these verbs should not be submitted to intuition but within utterances; 2) how
can we account for the polysemy and the idiomaticity of verbs prefixed with RE, from a synchronical point of view? We argue that
a dynamic analysis of the semantic relations between the prefix, the stem of the verbs and also the argument structure of the
verbs can account for those data.
Citer ce document / Cite this document :
Jalenques Pierre. Étude sémantique du préfixe RE en français contemporain : à propos de plusieurs débats actuels en
morphologie dérivationnelle. In: Langue française. N°133, 2002. pp. 74-90.
doi : 10.3406/lfr.2002.1048
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/lfr_0023-8368_2002_num_133_1_1048Pierre Jalenques
Université de Rouen
ETUDE SEMANTIQUE DU PREFIXE RE
EN FRANÇAIS CONTEMPORAIN :
À PROPOS DE PLUSIEURS DÉBATS ACTUELS
EN MORPHOLOGIE DÉRIVATIONNELLE
II s'agira ici de s'intéresser aux propriétés sémantiques du préfixe RE1 en
français contemporain. Nous n'en proposerons pas une étude complète dans
la mesure où l'ensemble des faits empiriques dont il faudrait rendre compte
excède largement le cadre d'un article.
Dans une première partie, nous prendrons position par rapport à plusieurs
débats actuels en morphologie dérivationnelle. Nous insisterons notamment
sur les deux questions suivantes : quel statut donner au concept « d'irré
gularité », sur le plan sémantique, en morphologie dérivationnelle ? Doit-on
ou peut-on étudier les propriétés sémantiques des mots affixes d'un point de
vue « interne » ou « externe » (nous explicitons ci-après ces termes) ?
Dans une deuxième partie, nous esquisserons une analyse sémantique du
préfixe RE ; enfin, dans une troisième partie, nous présenterons brièvement les
principes d'une analyse synchronique des emplois de RE perçus comme idioma
tiques (par exemple repousser un assaut). À travers cette analyse sémantique de
RE, nous prendrons position par rapport aux débats soulevés en première partie.
1 . Plusieurs débats en morphologie dérivationnelle
Selon D. Corbin (1991), les approches théoriques actuelles en morphologie
dérivationnelle peuvent être caractérisées à partir de leurs prises de position
dans quatre débats, que nous allons expliciter ci-après :
1) entre une conception associative ou dissociative de la morphologie
dérivationnelle ;
2) sur la question de l'autonomie de la morphologie dérivationnelle ;
1. Notation: RE en majuscule, renvoie globalement, à la suite de Mok (1964), aux trois allo-
morphes du préfixe : re-, r- et ré- (par exemple dans refaire, racheter et réorganiser) ; VRE désignera
toute forme verbale présentant à l'initiale un des trois allomorphes du préfixe RE.
74 entre une approche stratifiée (au sens de Corbin 1991) ou non stratifiée de 3)
la morphologie dérivationnelle ;
4) entre une approche « interne » et « externe » de la morphologie dérivationn
elle.
Ces quatre débats renvoient à des problématiques ayant émergé au sein du
paradigme générativiste, cadre général adopté, à notre connaissance, par la
plupart des modèles de morphologie dérivationnelle actuels, dont Corbin
(1987), Lieber (1992), Anderson (1992), Aronoff (1994), approche distincte de
celle dans laquelle nous nous situons. Dans la mesure où le cadre développé
par D. Corbin constitue, à notre connaissance, le principal modèle de morphol
ogie dérivationnelle sur le français, c'est par rapport à lui que nous nous
situerons dans la section 1. À la suite des chercheurs travaillant dans ce
modèle, nous le désignerons par l'expression « modèle SILEX ». Corbin définit
ainsi son modèle comme correspondant à une approche associative, stratifiée,
autonome et interne (cf. Corbin, 1991 : 36).
Dans le cadre de cet article, nous n'aborderons que le débat (3), dans la
section 1.1., et le débat (4) dans la section 1.2. Dans la section 1.З., nous débat
trons sur la place à donner à l'intuition du locuteur en morphologie dériva
tionnelle. Le débat (1) a déjà fait l'objet d'une longue argumentation par
D. Corbin, en faveur de la conception associative, conception à laquelle nous
souscrivons2. Les termes du débat (2) sont quant à eux difficilement tradui-
sibles dans notre approche3.
T. T. Le problème de la stratification des données observables
Corbin considère qu'un modèle de morphologie dérivationnelle est strati
fié lorsqu'il met en jeu trois types de stratifications (ou hiérarchisations) :
i) hiérarchisation des différents types d'irrégularités, qui implique notamment de
prendre comme objet le lexique possible, au delà du lexique observable ;
ii) des niveaux d'analyse des régularités ;
2. Rappelons brièvement que l'opposition entre les approches associative et dissociative concerne
le point de savoir si l'interprétation et la structure morphologique des mots affixes doivent être
considérées comme indépendantes l'une de l'autre (point de vue dissociatif) ou bien au contraire corrélées (point de vue associatif). Notre approche adopte le point de vue
associatif et rejoint en cela le point de vue défendu dans le modèle SILEX de D. Corbin {cf. Corbin
(1987 : 208-260) et Temple (1996 : 97-108).
3. Dans le cadre générativiste, il s'agit de déterminer si une seule théorie (approche non auto
nome, défendue par Lieber, 1992) permet de rendre compte à la fois de la structure des syn-
tagmes et de la structure des mots affixes, ou bien si l'on doit construire une théorie distincte de
la théorie syntaxique pour rendre compte des phénomènes d'affixation (approche autonome,
défendue par Corbin, 1987, maintenue dans Corbin, 1991). Notre approche ne postulant pas
l'existence de structures syntaxiques autonomes par rapport aux termes constitutifs d'un énoncé,
le débat ne peut pas être posé dans les mêmes termes.
75 hiérarchisation des différents types d'opérations concourant au traitement des propriétiii)
és observables des mots construits (Corbin, 1991 : 35; repris dans Temple, 1996 : 292).
Nous ne discuterons ici que du premier type de stratification, à savoir la
hiérarchisation des données observables en différents types d'irrégularités.
7.7.7. Structuration des données dans le modèle SILEX
À une simple dichotomie entre données régulières et irrégulières, Corbin
oppose une classification plus complexe identifiant plusieurs types d'irrégular
ités. Nous illustrerons cette classification principalement à partir des verbes
préfixés en pré-, tels qu'ils sont présentés dans Amiot (1995). Relativement au
domaine de la morphologie dérivationnelle, D. Corbin (1987) envisage trois
types de mots : les mots construits ; les mots complexes non construits ; les
mots non construits
Les mots sont ceux qui relèvent de plein droit du domaine de la
morphologie dérivationnelle, c'est-à-dire les mots pour lesquels un affixe et
une base sont clairement identifiables, autant sur les plans morphophonolo-
giques que sémantiques. On aura par exemple des verbes comme préemballer
ou précuire. Dans ces deux verbes, le préfixe pré- a un sens d'antériorité temp
orelle. Les propriétés de ces verbes sont déductibles à partir de la règle déri
vationnelle associée au préfixe pré-.
Les mots complexes non construits sont ceux pour lesquels un seul compos
ant est identifiable, soit la base, soit l'affixe. Par exemple, dans le mot cabos
ser, on peut identifier, morphologiquement et sémantiquement, une base
bosse; par contre, le segment ca- ne correspond pas à un préfixe du français.

  • Univers Univers
  • Ebooks Ebooks
  • Livres audio Livres audio
  • Presse Presse
  • Podcasts Podcasts
  • BD BD
  • Documents Documents