Etudes sur le drame lyrique japonais nō. II. Le nō d Oimatsu - article ; n°1 ; vol.11, pg 111-151
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Etudes sur le drame lyrique japonais nō. II. Le nō d'Oimatsu - article ; n°1 ; vol.11, pg 111-151

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Description

Bulletin de l'Ecole française d'Extrême-Orient - Année 1911 - Volume 11 - Numéro 1 - Pages 111-151
41 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1911
Nombre de lectures 20
Langue Français
Poids de l'ouvrage 2 Mo

Extrait

Nöel Péri
Etudes sur le drame lyrique japonais nō. II. Le nō d'Oimatsu
In: Bulletin de l'Ecole française d'Extrême-Orient. Tome 11, 1911. pp. 111-151.
Citer ce document / Cite this document :
Péri Nöel. Etudes sur le drame lyrique japonais nō. II. Le nō d'Oimatsu. In: Bulletin de l'Ecole française d'Extrême-Orient. Tome
11, 1911. pp. 111-151.
doi : 10.3406/befeo.1911.2677
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/befeo_0336-1519_1911_num_11_1_2677ÉTUDES
SUR LE DRAME LYRIQUE JAPONAIS NÔ (fÈ) (')•
II. — LE NÔ D'OIMATSU.
Par M. Noël Péri,
Pensionnaire de l'Ecole française d'Extrême-Orient.
Pour faire suite à l'Introduction et à l'étude générale qui ont paru ici même,
et pour montrer en action les rôles, et dans leur utilisation pratique les formes
diverses dont il a été question au cours de cette étude, nous allons donner
maintenant le texte et la traduction de quelques pièces, dans l'ordre même
qu'elles suivraient sur les programmes des représentations. On se rendra
compte ainsi, mieux que par tout ce que nous pourrions dire, de l'originalité
de cet art et de l'intérêt qu'il présente au point de vue littéraire. Nous com
mencerons parle nô ďOimatsu.
A n'en juger que d'après son titre, le sujet de ce nô est un arbre séculaire,
le Vieux-Pin, Oimatsu fê $£, vénéré comme arbre sacré dans l'enceinte du
temple d'Anraku $Z Щ h Dazaifu -fc ^ j|f, province de Chikuzen 3jq[ "ffî
(Kyushû) (2). En fait, il dépasse de beaucoup cette faible donnée. La première
partie de la pièce mêle à l'éloge de ce pin celui du Prunier-Volant, Tobi-ume
f}| $§, autre arbre sacré du même temple, et finalement l'éloge du temple lui-
même ; dans la seconde partie, le dieu ou génie du Vieux-Pin apparaissant dans
sa gloire et accompagné, au moins dans l'intention primitive de l'auteur, de celui
du Prunier-Volant, vient promettre à l'Empereur longue vie et prospérité. Mais
nous n'avons là, pour ainsi dire, que la contexture extérieure de la pièce. C'est
à Dazaifu que fut exilé et mourut le célèbre Sugawara no Michizane Щ fâ
зЦ Л| (3), ministre des empereurs Uda et Daigo, déifié depuis sous le nom de
(1) Cf. BEFEO., IX (1909)» 251-284, et 707-738.
(2) Ce temple existe encore, mais il a été enlevé au bouddhisme et attribué au shin-
toïsme, et porte aujourd'hui le nom de Dazaifu-Tenjin-ja ^ Щ Щ- ^ Щ jjtfc .
(3j On écrit aussi iff au lieu de A ; la prononciation est la même. — - 112
Temman Tenjin 5c Ш] 5c i$> et l'Anraku-ji fut élevé sur sa tombe ; c'est de sa
légende que le Vieux-Pin et le Prunier- Volant tirent leur caractère sacré. Et
c'est de lui en réalité qu'il s'agit, directement ou indirectement, tout le long de
la pièce, sur laquelle son ombre, tour à tour triste et glorieuse, semble planer.
A chaque instant un mot, une allusion, qui n'échappent point à l'auditoire
averti, la rappellent, la font apparaître sous les branches et les fleurs- des arbres
sacrés ; les plaintes du vieux jardinier du temple sont les siennes, et c'est à
son esprit accueilli parmi elles que les puissances célestes ont commis la pro
tection de l'empereur et du pays. L'art des nô excelle à superposer ainsi les
idées et les sujets ; mais nulle part peut-être il n'y a mieux réussi que dans
Oimatsu.
Il paraît difficile de bien comprendre cette pièce et d'en apprécier suffisa
mment le charme — celui surtout qu'y goûte le public pour lequel elle fut écrite
— sans quelque connaissance du personnage qui en est le centre et le rôle
principal en quelque sorte encore qu'invisible, et des légendes formées autour
de son nom, qui ont tant contribué à la popularité de son culte.
Sugawara no Michizane (845-903), connu aussi sous les noms de Kwan-kô
>§? 5>, et de Kwan-shôjô ~Щ yfc /fg (*), est l'une des figures les plus populaires
de l'histoire du Japon. Sa famille, sans être des plus illustres, descendait pourt
ant du fameux Nomi no Sukune Щ* й Ш ]Ц, et par lui prétendait remonter
jusqu'à Ame no hohi no mikoto 5c |f В М-* un des compagnons de Ninigi no
mikoto. Chargée depuis le règne de l'empereur Suinin et la mort de l'impérat
rice Hihasu-hime (3 ap. J.-C.) (2) de la fabrication des haniwa fet Ц (3), elle
porta d'abord le nom de Hanishi ou plutôt Haji ^ gjjj. A l'époque de Nara,
l'usage des haniwa s'étant perdu, ce nom ne répondait plus à rien ; la Ге année
Tempyô 5c Щ (729)i sur la demande du chef du clan, Furundo ■£ A, et de
quinze de ses membres, l'empereur Shomu le changea en celui de Sugawara,
nom de l'emplacement qu'elle occupait (4). Dès ce moment la famille s'occupait
(*) Kwan est la prononciation sino-japonaise du premier caractère f? du nom de
Sugawara; kó Q est le titre donné à tous les grands personnages; shôjô Щ. 4й est le
titre donné aux ministres, daijin ^C |Е&-
(2) D'après la chronologie officielle.
(3) Les haniwa sont des statuettes de terre qu'on enterrait jusqu'au cou, autour des
tombeaux des grands personnages. Antérieurement, l'usage existait d'enterrer ainsi tout
vivants quelques-uns des serviteurs et esclaves du défunt. Sur les conseils de Nomi no
Sukune, cet usage fut supprimé, et les malheureuses victimes remplacées par des sta
tuettes qu'il se chargea de faire fabriquer par des gens de son pays (Izumo). Il reçut
pour cela le titre de chef de la corporation des potiers, hanibe no omi H^ pfr Ě«
(41 II existe encore un village de ce nom sur l'emplacement de l'ancienne capitale,
à une lieue environ à l'Ouest de la ville actuelle. Un petit temple a été élevé à la place
qu'occupait la maison de Furundo. Sous les règnes suivants, d'autres membres du clan
reçurent aussi le nom de Sugawara. — - из
Furun- de littérature, et avait acquis une position marquante dans la sinologie ;
do avait écrit quelques ouvrages, et rempli quelques fonctions administratives.
Son fils Kiyogimi ýff Q et son petit-fils Koreyoshi -^ Щ, par leurs travaux li
ttéraires, par la fondation d'une école célèbre, le Monjô-in 3t M. f^, par les
fonctions publiques qu'ils exercèrent (*), accrurent le remom de leur maison.
Mais c'est de Michizane, de ses talents littéraires, de son rôle politique et plus
encore de ses malheurs et de la glorification incomparable qui les suivit, qu'elle
allait tirer son plus grand lustre.
Il n'était que le troisième fils de Koreyoshi (2), et fut pourtant l'héritier de
la maison ; on ne connaît que le nom de ses deux frères qui semblent n'avoir
joué aucun rôle. De très bonne heure, il fit preuve de talents extraordinaires et
acquit rapidement la réputation du meilleur littérateur de son temps. Comme il
était d'usage alors, il fut pourvu d'un emploi administratif et parvint progress
ivement au rang de gouverneur de province. Son intervention heureuse dans la
difficile affaire de Vakô Щ Щ (3), attira sur lui l'attention «-du jeune empereur
Uda, qui l'appela à la cour, lui confia des fonctions importantes, et ne tarda
pas à en faire son confident et son conseiller. Une amitié véritable semble avoir
uni ces deux hommes (4), et l'entrée de la fille aînée de Michizane, Hiro-ko
ffî -F» au palais en qualité de nyôgo ^ Щ (5), ne put que rendre leurs relations
plus intimes. L'influence de Michizane était considérable sur l'esprit de l'em
pereur, et on peut croire que peu de décisions de quelque importance furent
prises sans son concours. Il fut seul consulté sur le choix du prince héritier et
(1) Koreyoshi notamment fut ministre des peines, keibu-kyo ?PJ % Щ, et l'un des
rédacteurs du Montoku jitsuroku ~tC Щ jf Ш-
(2) C'est du moins l'opinion que le Dai Nihon shi "ft Q ~fc $* juge la plus sérieuse
et qu'il adopte. La généalogie de la famille, Sugawara uji kei^u 'Ш ffî, R fë Щ
(Gunsho ruijd, 1. 64) donne trois fils à Koreyoshi; elle met Michizane en premier lieu,
sans doute à cause de l'importance du personnage. D'après le Kitano engi îJu Ш* Ш
i\\L et YEgara Tenjin engi ШШ ?C % Ф Ш fë, Michizane n'aurait été que fils adoptif
de Koreyoshi. Orphelin, abandonné, il aurait été recueilli par celui-ci, qui, émerveillé
de son intelligence e

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