Études sur les Tonkinois - article ; n°1 ; vol.1, pg 81-98
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Description

Bulletin de l'Ecole française d'Extrême-Orient - Année 1901 - Volume 1 - Numéro 1 - Pages 81-98
18 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1901
Nombre de lectures 16
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

M.G. Dumoutier
Études sur les Tonkinois
In: Bulletin de l'Ecole française d'Extrême-Orient. Tome 1, 1901. pp. 81-98.
Citer ce document / Cite this document :
Dumoutier M.G. Études sur les Tonkinois. In: Bulletin de l'Ecole française d'Extrême-Orient. Tome 1, 1901. pp. 81-98.
doi : 10.3406/befeo.1901.987
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/befeo_0336-1519_1901_num_1_1_987ETUDES SUR LES TONKINOIS
Par M. G. DUMOUTIER
Directeur de l'enseignement au Tonkin
L'HABITATION
Les premières habitations, après la vie troglodytique qui a laissé au Tonkin
des traces curieuses dans les cavernes du soulèvement calcaire, furent cons
truites avec les matériaux de la forêt, troncs d'arbre, bambous et feuilles, et
très vraisemblablement sur le modèle dont la case dite micô-ng nous a con
servé la tradition exacte.
La case miv&ng est l'habitation des montagnards du Tonkin; les disposi
tions en sont réglées par la nécessité de se soustraire à la griffe das fauves, aux
émanations et à l'humidilé du sol; elle est élevée sur de hauts pilotis, comme
la maison malaise, comme la case des Papous, et couverte d'une haute et
épaisse toiture de feuilles. Le rez-de-chaussée, entre les piliers, sert d'élabie,
de poulailler et de magasin pour les réserves de bois. L'étage, auquel on
accède par une échelle de bambous, est réservé à l'habitation de la famille; il
se compose d'une seule et vaste pièce, divisée en plusieurs compartiments par
une ou deux cloisons de nattes à hauteur d'homme. Un de ces comparliments
est à l'usage des femmes, un autre est occupé par le foyer; le compartiment
principal est la pièce commune, dans une partie de laquelle, auprès d'une
fenêtre, se trouve le plancher d'honneur où l'on reçoit les hôtes. Le foyer
s'étend sur deux mètres carras environ ; il est assez peu rassurant de voir faire
la cuisine dans ces maisons de vannerie, mais l'épaisse couche de terre sur
laquelle sont disposées les pierres de l'âtre proprement dit, isole suffisamment
les bambous du plancher et les sinistres sont relativement rares.
Les Annamites, descendus dans la plaine et établis auprès des cours d'eau, se
protégèrent par de simples enclos de palissades et construisirent leurs cases
au ras du sol; c'est la paillotte que nous voyons partout, aux parois de lattes
de bambous recouvertes de torchis, et à la toiture en feuilles de latanier ou en
herbes de marais, selon les localités; le plancher est simplement le sol battu.
Ces maisons sont faites par travées et comprennent le plus souvent trois travées
pleines, plus deux travées d'extrémité en appentis.
Les trois travées pleines constituent à la fois le salon, la salle à manger et
le temple des ancèi.res; c'est la partie ouverte et acces-ible à tous Les travées
sont indiquées par les colonnes et les fermes qui soutiennent la toiture, mais
ne sont pa> -égarées les unes des autres par des cloisons. La travée centrale
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est le temple de la famille; elle contient au fond, adossé à la paroi qui fait face à
la porte d'entrée, l'autel des ancêtres. Celui-ci est, selon la fortune de la
famille, plus ou moins luxueux, et il se réduit le plus souvent, chez les pauvres,
à un «impie meuble fermé contenant les pieuses tablettes. L'entrecolonnement
est parfois, au-dessus de l'autel des ancêtres, encadré de frontons et de pan
neaux sculptés : en avant se trouve un lit de camp de forme carrée, couvert
d'une natte fine bordée de rouge, sur lequel on fait asseoir les hôtes que l'on
veut honorer. Entre la porte principale et ce lit d'honneur est un plancher
recouvert d'une natte qui sert aux prosternations. Les deux travées latérales
à la travée centrale ouvrent également par une porte sur la façade. Les
deux extrémités, en appentis, sont séparées des trois travées par des cloisons
et servent, selon l'état de la famille, de chambres pour les femmes ou de
magasin; rarement elles ont une porte de sortie au dehors; elles communiq
uent avec la pièce centrale par une porte percée dans la cloison et en avant.
Ce type de maison est à peu près unique dans la campagne; il comprend un
nombre plus ou moins grand de travées, il est construit en torchis ou en
briques, selon l'importance de la famille, mais ses dispositions sont partout les
mêmes. Ces maisons, à moins d'occuper le milieu d'un jardin ou d'être cons
truites en façade d'une rue, n'ont pas d'issue par derrière; les Annamites ont
une propension à bâtir sur limites, au fond du jardin ou de la cour, et ne
peuvent que difficilement, dans ces conditions, établir chez eux des courants d'air.
Dans les villes où se concentrent le commerce et l'industrie, les maisons
affectent des dispositions spéciales dues à ce que le terrain a été divisé, per
pendiculairement à la rue, en bandes étroites destinées à donner au plus grand
nombre possible la facilité d'exposer ses produits à la vue des acheteurs. Ces
propriétés, qui varient entre trois et quatre mètres de largeur, ont parfois une
profondeur considérable ; la nécessité d'assurer l'éclairage des pièces et l'évacua
tion des eaux des toitures a imposé une distribution spéciale des locaux, qui
fait alterner une pièce close et couverte avec une cour à ciel ouvert. Ce sont
des couloirs interminables et forcément malsains; on y trouve la disposition
des maisons d'artisans des cités antiques, dont Pompeï nous a conservé de si
saisissants spécimens, et de nos cités populeuses du moyen-âge, où la surface
habitable, limitée par des murs d'enceinte, était, comme ici, parcimonieu
sement divisée sur le parcours des voies commerçantes.
L'Annamite des villes met en pratique à son insu l'adage antique : Parva
domus magna quies. L'entrée de sa maison sur la rue est protégée par un
auvent couvert sur lequel ouvrent une large baie et une porte latérale; c'est la
partie par laquelle, pendant le jour, sur un plancher mobile, se prolonge le
magasin jusqu'au bord de la route, et où le commerçant fait son étalage. Les
particuliers qui n'ont rien à vendre modifient les ouvertures de la façade,
mais la division intérieure reste la même. La première pièce est donc ou le
magasin ou la salle des hôtes; elle correspond aux trois travées centrales de
la maison des champs, et contient l'autel domestique et les lits de camp pour — — 83
les réceptions et les repas. En arrière se trouve la première cour, V impluvium,
dont la citerne occupe le centre ou bien l'un des côtés. Quand la citerne est au
milieu, les deux parties latérales de la cour sont disposées en passages couverts,
par lesquels on accède au deuxième bâtiment, qui est l'habitation proprement
dite; les gens riches multiplient ainsi à volonté et selon leurs besoins les cours
et les bâtiments, réservant toujours ceux du fond pour les femmes et pour la
cuisine.
Les bâtiments intérieurs ont parfois une petite soupente en forme d'étage,
où l'on grimpe par une échelle; mais, jusqu'à l'occupation française, il fut
formellement interdit aux particuliers de surmonter leurs maisons d'un étage
apparent et d'ouvrir des fenêtres sur la rue. La même prohibition s'étendait
aux charpentes sculptées et aux ligures de dragons, de phénix, de poissons, etc.,
sur les murs ou sur les boiseries; il était également interdit d'ouvrir cinq por
tes aux façades des maisons.
Dans les villes il n'existe aucun mur mitoyen entre les héritages, et, bien que
les maisons n'aient entre elles aucune solution de continuité, elles ont chacune
leurs pignons indépendants, simplement adossés aux pignons latéraux des mai
sons voisines. Les murs de ces pignons montent plus haut que les toitures, qui
sont en retrait ; ils se découpent en larges gradins et se terminent en petits
chapileauxqu'on prendrait pour des têtes de cheminées. Ces dispositions donnent,
aux villes tonkinoises de Hanoi et de Nam-dinh, un caractère tout à fait spécial
que l'on ne retrouve nulle part ailleurs en Asie orientale.
L'architecture est., de tomes les manifestations artistiques d'un peuple,
celle qui se transforme le plus lentement, je ne dis pas dans l'ornementation
et dans

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