Fouilles de Thespies (pl. XVIII) - article ; n°1 ; vol.18, pg 201-215
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Description

Bulletin de correspondance hellénique - Année 1894 - Volume 18 - Numéro 1 - Pages 201-215
15 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1894
Nombre de lectures 44
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

Paul Jamot
Fouilles de Thespies (pl. XVIII)
In: Bulletin de correspondance hellénique. Volume 18, 1894. pp. 201-215.
Citer ce document / Cite this document :
Jamot Paul. Fouilles de Thespies (pl. XVIII). In: Bulletin de correspondance hellénique. Volume 18, 1894. pp. 201-215.
doi : 10.3406/bch.1894.3692
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/bch_0007-4217_1894_num_18_1_3692FOUILLES DE THESPIES
FRAGMENTS D'UN SARCOPHAGE REPRÉSENTANT
LES TRAVAUX D'HERCULE
(PI. XVIII).
Le sarcophage dont la face principale est reproduite sur. la
planche XVI 11 a été découvert en Juillet 1890 sur le territoire
d'Érimocastro, au cours des fouilles que je dirigeais au nom
de l'École Française (1). Il était brisé en un très grand nombre
de morceaux d'inégale grandeur. Tous les fragments conser
vés étaient engagés dans la maçonnerie d'une muraille de
basse époque, construite en grande partie avec des matériaux
antiques, et qui entourait l'acropole de l'ancienne Thespies.
Cette circonstance explique le mauvais état dans lequel le mo
nument nous est parvenu. Les divers fragments ont été trans
portés au Musée National d'Athènes; ils ont pu être rappro
chés et rajustés d'une façon qui, malgré de trop nombreuses
lacunes, nous permet de reconstituer la décoration des quatre
faces du sarcophage.
Hauteur totale du sarcophage restauré: 0m-875 ; hauteur
jusqu'à la corniche: 0m*7 1 . Longueur totale: 2m#07 ; lon
gueur de la cuve: Γη·69. Epaisseur totale : lra03; épaisseur
de la cuve: (Ρ·645(2).
Le motif principal de la décoration est emprunté à la l
égende des travaux d'Hercule. Trois des quatre faces du sa
rcophage sont occupées par des épisodes choisis dans le cycle
(1) Cf. BUU. XIV, p. 546-551; XV, p. 381-404.
i2) Je dois les mesures à l'obligeance de mon camarade M. de Ridder,
qui a bien voulu les prendre pour moi, le sarcophage n'ayant pas encore
été restauré au moment où j'ai quitté Athènes.
BULL. DE CORRESP. HELLÉNIQUE, XVIII. * 4 202 FOUILLES DE THESÎ>IES
des άθλοι. La quatrième, c'est à dire la grande face oppo-,
sée à celle que nous donnons en héliogravure, était probable
ment remplie par deux sphinx affrontés, marchant Tun vers
l'autre. L'un de ces deux nous a été conservé en part
ie : avec son corps de lion et ses ailes éployées, il ne diffère
pas sensiblement des sphinx debout ou assis qu'on trouve
sculptés sur de nombreux sarcophages.
En général, ce sont les petites faces du sarcophage qui sont
consacrées à ces motifs de décoration traditionnelle et banale,
convenant également à tous les sujets. Ici, au contraire, l'ar
tiste leur a réservé une des deux grandes faces , et l'on
peut s'en étonner d'autant plus qu'il n'avait pas trop de tout
le champ dont il pouvait disposer, pour y déployer les diffé
rents épisodes de la légende d'Hercule. En effet, cinq seul
ement parmi les exploits du héros ont pu trouver place sur les
trois faces de notre sarcophage ; sur la face principale, Her
cule et le sanglier d'Érymanthe, la lutte d'Hercule et d'An-
tée, Hercule t'et l'Amazone Hippolyte; — sur la petite face de
gauche, Hercule et Cerbère; — sur la petite face de droite, Her
cule et l'hydre de Lerne.
La légende des travaux d'Hercule est une de celles dont les
sculpteurs antiques se sont le plus souvent inspirés. 11 suffit
de citer parmi les monuments les plus célèbres, les métopes
du temple d'Apollon à Delphes (1), les métopes du temple
de Zeus à Olympie, " celles du Théseion, les métopes ou les
. frontons de l'Héracleion de Thèbes (2). Les fabricants de sar
cophages s'en sont emparés à leur tour, comme il était natur
el, et ont reproduit sur les parois des monuments funéraires
exécutés dans leurs ateliers des groupes plus ou moins imi
tés d'œuvres fameuses (3).
Cependant la légende des Douze Travaux d'Hercule, telle
(1) Eurip., Ion., 190 sqq.
(2) Pausan., V, 10, 9.
(3) Voy. Zoega, Bassirilievi antichi di Roma, II, p. 43-88; Julius Schneid
er, Die zwœlf Kœmpfe des Herakles in der xlteren griechischen Kunst, Leipzig
1888. FOUILLES DE THESPIES 203
qu'elle nous a été transmise par les mythographes anciens,
paraît n'avoir été définitivement fixée qu'assez tard. La clas
sification des exploits en deux séries, — l'une qui comprend
les douze travaux imposés par Eurysthée (Ηρακλέους άθλοι,
Herculis labores), l'autre qui comprend les exploits volon
taires du héros tueur de monstres , — est à peu près i
nconnue à l'époque classique. Elle semble tout à fait ad
mise au temps de Pausànias : à propos du temple d'Athéna
Chalkioicos à Sparte , il distingue les άθλοι et les œuvres vo
lontaires d'Hercule (1). Mais les poètes de l'époque classique,
Sophocle, Euripide, et, après eux, Lucrèce, Virgile, Ovide,
mentionnent les hauts faits d'Hercule sans aucun égard à l'or
dre et à la chronologie établie par les mythograpbes et les
grammairiens (2). Les artistes usent de la même liberté. Le
premier qui semble avoir fixé la légende d'Hercule, institué
la chronologie de ses aventures, déterminé le nombre des tra
vaux, distingué les exploits volontaires des épreuves imposées
par Eurysthée, est un auteur du IIe siècle avant l'ère chré
tienne, Apollodore (3).
On ne s'étonnera donc pas du petit nombre et du choix ar
bitraire des épisodes représentés sur notre sarcophage. Parmi
les cinq groupes que nous avons énumérés plus haut, quatre
seulement font partie des δώδεκα άθλοι, tels que la liste en a
été dressée par Apollodore. Le combat d'Hercule avec Antée,
en effet, n'a jamais été compté par les mythographes au nomb
re des épreuves imposées par Eurysthée. D'ailleurs, pourquoi
le combat d'Hercule avec Antée plutôt que sa lutte contre le
triple Géryon; pourquoi le sanglier d'Érymanthe plutôt que la
biche Cérynite; l'hydre de Lerne plutôt que les o
iseaux du lac Stymphale; pourquoi le baudrier de l'Amazone
Hippolyte plutôt que les pommes des Hespérides; pourquoi
(1) Pausan., III, 17: έπείργασται δέ τω χαλκώ πολλά piv τών άθλων Ηρακ
λέους, πολλά δέ και ών έθελο'ντης κατώρθωσε. Cf. IX, H, 6: Θηβαίοις δε Ιν τοΐς
άετοίς Πραξιτέλης εποίησε τα πολλά τών δώδεκα καλουμένων άθλων.
(2) Soph., Trachin., 199; Eurip., Here, fur., 357, 1269 ; Lucret., V, 22;
Virg., Μη., VIII, 288; Ovid., Metam., IX;182.
(3) Bibh, II, 5. 204 fouillés de thespiés
l'enlèvement de Cerbère plutôt que le taareau de Crète?
N'est- il pas étrange aussi que, dans une série, même très in-
complète.des travaux d'Hercule, ne figure pas celui qui a tou
jours été considéré comme le premier des exploits du demi-
dieu, celui qui lui a fourni le vêtement héroïque dont il ne se
sépara plus désormais, je veux dire la lutte avec le lion de
Némée? Dans deux au moins des groupes de notre sarcophage,
le sculpteur nous présente Hercule vêtu de la peau du lion ;
comment n'a-t-il pas songé tout d'abord à nous montrer l'
aventure où la dépouille du monstre fut conquise? 11 n'y a pas
de réponse à ces questions; ou plutôt, la seule réponse est que
l'artiste a suivi sa fantaisie personnelle et a choisi au hasard
dans la légende les épisodes qui lui plaisaient le plus, les
groupes dont il avait sous les yeux des modèles faciles à co-.
pier.
De ce qui précède il est difficile de tirer une conclusion re
lative à la date du monument dont nous nons occupons. L'ar--
tiste, en sculptant les aventures d'Hercule sur les faces de
notre sarcophage, n'a manifestement tenu aucun compte de
la chronologie ni de la classification des travaux. Mais ce
n'est pas une preuve suffisante qu'il ignorât cette chronologie
et cette classification, et qu'elles ne fussent pas fixées de son
temps. Tout au plus peut-on voir dans ce fait une présomption
pour que l'auteur de notre sarcophage ait vécu à une époque
où ce qu'on peut appeler la légende orthodoxe ne régnait pas
encore tyranniquement.
Nous allons maintenant examiner un à un les cinq épisodes
qui décorent les faces du sarcophage; nou

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