Fragments d une ancienne traduction française de Dante. - article ; n°1 ; vol.25, pg 304-320
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Description

Bibliothèque de l'école des chartes - Année 1864 - Volume 25 - Numéro 1 - Pages 304-320
17 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1864
Nombre de lectures 46
Langue Français

Extrait

Charles Casati
Fragments d'une ancienne traduction française de Dante.
In: Bibliothèque de l'école des chartes. 1864, tome 25. pp. 304-320.
Citer ce document / Cite this document :
Casati Charles. Fragments d'une ancienne traduction française de Dante. In: Bibliothèque de l'école des chartes. 1864, tome
25. pp. 304-320.
doi : 10.3406/bec.1864.445934
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/bec_0373-6237_1864_num_25_1_445934FRAGMENTS
d'une ancienne
TRADUCTION FRANÇAISE DE DANTE.
des la La première extraits, traduction sielle par de ordre n'est Dante, de pas date, dont la première et je vais cela pour par a son la importance. première mérite, est fois au Une donner moins tr
aduction presque contemporaine, la plus ancienne des traduc
tions, doit plus que toute autre reproduire l'œuvre originale,
faire respirer au lecteur quelque chose de son parfum antique.
Que l'on compare , par exemple, la première traduction française
qui ait été publiée de la Divine comédie *, que l'on compare cette
traduction, relativement ancienne, à celle bien plus ancienne dont
je vais donner quelques extraits, l'on reconnaîtra que le français
du seizième siècle n'a déjà plus cette tournure ferme, concise,
un peu latine du vieux français qui s'adapte très -bien à l'italien
archaïque de Dante. Cette inscription célèbre, par exemple :
Per me si va nella città dolente...
est traduite par Grangier :
Par mon moyen l'on va dans la cité dolente,
Par mon l'on va dans l'éternel desdain,
Par mon moyen l'on va parmy la gent meschante;
tandis que la traduction manuscrite porte :
Par moy se va dedans la cité douloureuse,
Par se va au fons de l'éternel supplice,
Entre la gent perdue à jamais malheureuse.
J'ajouterai que le traducteur, plus littéral encore que M. Ra-
i.'Ea Comédie de Dante, de l'Enfer, du Purgatoire et du Paradis , mise en
ryme françoise et commentée par M. B. Grangier, conseiller et aulmonier du roy et
abbé de Saint-Barthélémy de Noyon; à Paris, 1597, chez Jehan Gesselin, rue Saint-
Jacques, au Soleil-d'Or. 305
tisbonne, reproduit non-seulement les tercets de Dante, mais suit
le même ordre de rimes et reproduit souvent la rime elle-même.
Que l'on condamne la dureté de ce vieux langage , on sera forcé
de reconnaître au moins que si le traducteur a péché, c'est sur
tout par trop de fidélité, par une exactitude trop littérale à re
produire non-seulement les pensées, le mouvement des vers,
mais encore les rimes elles-mêmes, les paroles du poëte, et c'est
un péché de traduction pour lequel il doit lui être pardonné.
Le manuscrit dont je donne des extraits ne porte aucune indi
cation qui puisse en faire connaître l'auteur; il ne renferme que
la traduction de Г En fer, avec le texte en regard ; le dernier chant
manque et l'avant-dernier est en partie lacéré. Ce manuscrit est
du quinzième siècle; il appartient à la riche bibliothèque de l'U
niversité de Turin, disposée dans ces dernières années avec tant
de goût par son préfet, le savant commandeur Gorresio, et y porte
le n° l. v. 33. Le catalogue de Pasini indique cette traduction de
Dante (II, 491), et en cite les deux premiers tercets. J'ai recueilli le
premier chant, le troisième, celui qui renferme l'épisode de Fran-
cesca, et ce qui reste du trente- troisième sur d'Ugolin.
G. CASATI. .
Au millieu du chemin de la vie présente
Me retrouvay parmy une forest obscure ,
Où m'estoye esgaré hors de la droicte sente ;
Ha ! combien ce serait à dire chose dure
De ceste forest tant aspre, forte et sauvaige,
Que m' y pensant ma paour renouvelle et me dure !
Tant amere est que mort l'est bien peu davantaige ;
Mais pour traicter du bien qu'en ce lieu je trouvay,
D'aultres choses diray, dont je m'y suis faict saige.
Je ne sçay bien redire en quel sorte y entray ;
Tant rempli de sommeil y estoye sur ce point,
Quant de la vérité la voye habandonnay.
Mais depuis que je fu au pied d'un hault mont joinct, 306
Où le val terminent, de quoy je vous devise.
Qui de paour en tel sorte avoit mon cueur compoingt,
Regardant contremont ses espaulles j'avise
Jà vestues des raiz du reluisant pianette
Qui par tous droietz chemins gens maine en bonne guise.
La paour qui dans le lac de mon cueur fut retraicte,
La nuyct qu'en tel pitié passay par ťaspre fort,
S'apaisa lors ung peu et devint plus quiète.
Et comme ung qui sortant de nauffraige à bon port
Hors d'alaine et moult las se tourne vers la rive,
Pour veoir Геаи pereilleuse undoyer hors de bort ;
Ainsi le my en couraige, ayant paour qu'on le suyve,
Fuyant tournoit arrière à regarder le pas.
Qui ne laissa jamais personne au monde vive.
Puis, quant j'eu reposé ung bien peu le corps las,
La voye je reprins par la plaine deserte,
Si que plus ferme estoit des deux pieds le plus bas ,
Et commançant monter au hault à jambe ouverte,
Une leoine vint legiere comme vent,
Qui de poil maculé estoit toute couvierte,
Et vis à vis de moy se tenoit au devant;
Dont si fort m'empeschoit à passer mon chemin
Que fu pour retourner reviré bien souvant.
En ce temps commençoit la clarté du matin,
Que le soleil montoit lassus о les estoilles,
Qui avec luy estaient, lorsque l'amour divin
Fit tout premièrement mouvoir ces choses belles;
Si qu'esperoys la peau gaye avoir par raison
De la beste sauvaige et l'enclore en mes toilles,
Deu (?) l'heure du bon temps et la doulce saison :
Mais non tant que de peur n'eusse alors grosse estraincte
D'un lion que cuydois veoir en dure achoison. 307
Cestui semblent venir encontre moy sans faincte,
Levant la teste en haut avec faim enraigée,
Tant qu'il sembloit que l'air en trembloit tout de craincte.
Puis une louve vey, de tous souhaiz chargée ;
Si sembloit à la veoir avecques sa maigreur,
Qui de mainetz tient la vie en tristesse plongée.
Ceste cy me charga de si grant pesenteur,
Avec peur qui sortait de saveue redoubtable.,
Que l'espoir je perdy d'attaindre à la haulteur.
Et comme ung que d'acquerre est trop insaciable
Et joinct au temps qui tant le fait perdre et gaster,
Qu'en tous ses pensemens est triste et miserable ,
Geste beste sans paix me fait tel arc bouter
De peu a peu me vint tant qu'en ung bas me lance,
Où le soleil ne peult luyre ne habiter.
Comme tomboye en lieu trop plus bas ďune lance,
Une umbre alors se vint offrir devant mes yeulx
Qui enrouée estoit par trop longue sillence.
Quant en eel grant desert Fapparceu un peu mieux,
« Miserere de moy, lui crie à haulte voix ,
Qui que tu soys, ou umbre ou homme jeune ou vieulx. »
Lors dit : a Homme ne suis, homme fu une foiz ;
Et furent mes parens lombars, de la cité
Et pays de Mantoue, hor sçavoir te le faiz.
« Pres la fin de Cesar je prins nativité
Et à Romme ay vescu dessoubz le bon Auguste^
Du temps que les faulx dieulx regnoient sans vérité.
« Poete fu jadiz et chantay de ce juste
Filz d'Anchises, qui vint de la cité de Troye
Lorsque Ilyon brulla tant superbe et robuste.
« Mais pourquoy tournes tu vers tant dJennuys ta voye ?
Pourquoy ne saulx tu droict au delectable mont,
Qui est principe et cause aux gens de toute joye?» '
:
308
— « Or es tu ce Virgille et cele clere font,
Qui d'ellocquence espendz si très large riviere? »
Respondy je à luy, de honte ayant rouge le front.
« De tout aultre poete o l'honneur et lumière ,
Vaille moy l'amour grant, le long estude et cure,
Dont tes livres cherché j'ay en mainte manière.
« Tu es mon précepteur et maistre par droicture ,
Tu es seul celuy dont le beau stylle ay puis prendre
Qui m'a fait faire honneur par maincle creature.
« V.oy la beste par qui me tournoyé descendre,
Aide moy encontre elle, о fameux homme et saige,
Car trembler si me fait veine et poulx de l'attendre. »
« — « A toy convient tenir et faire aultre voyage,
Me respondit alors qu'il me vit fondre en larmes,
Se tu veulx eschapper de cestuy lieu sauvaige.
« Car ceste beste icy qui tant te fait d'alarmes
Ne laisse aultruy passer par sa voye ennuyeuse,
Jusque eu mont, ains l'empesche et Toccist par ses armes
« Et nature a maulvaise et si très convoiteuse,
Que voulonté d'avoir n'a jamais assouvye,
Et tant mieulx a repeu, tant plus est familleuse.
« Avecq maintz animaulx se acompaigne et

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