Généralités - article ; n°1 ; vol.54, pg 53-76
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Description

Bulletin de l'Ecole française d'Extrême-Orient - Année 1968 - Volume 54 - Numéro 1 - Pages 53-76
24 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1968
Nombre de lectures 13
Langue Français
Poids de l'ouvrage 2 Mo

Extrait

Guy Moréchand
Généralités
In: Bulletin de l'Ecole française d'Extrême-Orient. Tome 54, 1968. pp. 53-76.
Citer ce document / Cite this document :
Moréchand Guy. Généralités. In: Bulletin de l'Ecole française d'Extrême-Orient. Tome 54, 1968. pp. 53-76.
doi : 10.3406/befeo.1968.4237
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/befeo_0336-1519_1968_num_54_1_4237LE CHAMANISME DES HMONG
par
Guy MORÉCHAND
Nous adressons de vifs remerciements à M. Haudricourt, qui nous a aidé de
ses conseils pour la partie linguistique, nous a ouvert sa bibliothèque et commun
iqué ses notes.
D'autre part, nous sommes très reconnaissant au R.P. Bertrais de nous avoir
mis en rapport avec des étudiants hmong de son foyer de Vientiane. MM. Yaj
Txhim, Yaj Thi et Yaj Joseph nous ont aidé d'une manière très efficace et nous
espérons pouvoir continuer dans l'avenir à collaborer avec eux.
A. GÉNÉRALITÉS
L'origine du présent travail remonte à deux enquêtes faites sur le terrain. La
première fut effectuée en 1950 au Laos, la seconde au Nord- Vietnam en 1953. En
avril 1950, l'École française d'Extrême-Orient nous avait autorisé à entreprendre
une mission ethnographique chez les « Meo » ď de la région du Tran-Ninh, au
Nord de Vientiane. Cette région offrait plusieurs avantages. Elle est en effet considérée
comme étant la plus dense en peuplement « Meo » du Laos et du Vietnam. A l'épo
que, on y dénombrait 373 villages « Meo blancs », 32 villages « Meo rayés » et
11 villages « Meo noirs ». Le plateau du Tran-Ninh, favorable à l'agriculture de
ces populations qui apparemment n'avaient pas rencontré de groupes ethniques
concurrents aux altitudes supérieures à 1.000 mètres, a permis cette implantation
relativement exceptionnelle. Constituant ainsi une forte minorité, les « Meo »
avaient acquis auprès des autorités françaises, puis laotiennes, un statut politique
particulier leur accordant une administration autonome. A Xieng-Khouang fonc
tionnait une bureaucratie provinciale avec à sa tête le puissant chef de la famille
des Li : M. Tou Bi. Lui-même et son équipe étaient susceptibles de fournir des
indications intéressantes et des recommandations. Cette situation, cette densité,
de bonnes terres bien exploitées, bien des facteurs contribuaient à donner au
peuplement «Meo» du Tran-Ninh une physionomie colorée, une vie sociale intense,
des courants d'échanges actifs, et de plus, une conscience très vive de son origi
nalité. De telles perspectives étaient très intéressantes.
Pour l'explication des termes Mèo, Miao, Hmong, Mèo blancs, etc., voir p. 57 et suiv.
BEFEO, LIV. 4 54 GUY MORÉCHAND
Nous avons gagné Xieng-Khouang en avril 1950, avec l'intention d'apprendre
le dialecte « Meo blanc », réunir tous les renseignements accessibles, puis choisir
un village et nous y installer pour une année. Nous avons profité des bonnes dis
positions de l'entourage de M. Tou Bi et de ses conseils. M. Bi Chou nous a enseigné
quotidiennement les premiers rudiments de la langue. Nous avons cherché égal
ement à faire un certain nombre de tournées afin de connaître quelques villages.
C'est ainsi que nous avons parcouru différents Tassengs du Muong Khoune :
Phou-Khé, Khang-Hong, Phac-Leun, Pha-Kha, et, dans le Kham, nous
avons pu pousser, malgré les réticences des militaires, jusqu'au Tasseng de Nong-
Het. Au cours d'une de ces visites, à Pha-Phong, nous avons subi un premier
à-coup de santé qui nous a immobilisé pendant vingt jours. Peu après, en septemb
re, ayant fait choix avec l'accord de M. Tou Bi d'un hameau assez important de
vingt-huit maisons situé dans le Tasseng de Pha-Kha, nous avons commencé à
travailler comme prévu, mais ce début d'enquête a été très vite interrompu par
un nouvel accident.
Après différents travaux effectués dans des conditions plus confortables, à la
fin de l'année 1952, nous avons décidé, sur examen de renseignements très encou
rageants, d'entreprendre une enquête chez les « mèo blancs » du « Pays Thai »,
et nous avons gagné Lai-Chau en décembre. Considérant notre expérience laotienne
comme une pré-enquête nous ayant fourni des éléments préparatoires suffisants,
nous désirions, sans nous attarder davantage, faire du terrain intensif en nous
fixant dans un village. Le choix fut aisé. Le massif du Pou-Nhou au Sud-Est de
Lai-Chau offrait un peuplement « Mèo » intéressant. Il faisait un assez grand con
traste avec celui du Tran-Ninh, plus privilégié. Les hameaux, petits, et épars, étaient
plus isolés et moins riches, et les « Mèo » administrativement plus en retrait par
rapport à leurs puissants congénères de Xieng-Khouang. Le Pou-Nhou culmine à
1.867 mètres en un point situé à 12 kilomètres environ de Lai-Chau. Il est bordé
à l'Ouest par la piste de Luan-Chau qui le franchit au col Claveau à une altitude
de 828 mètres, et à l'Est par la Nam Meuk, un affluent de la Rivière Noire. Il permet
l'habitat « mèo » à des altitudes de 1.000 à 1.200 mètres; il représentait une unité
administrative et ethnique qui correspondait à un canton ayant à sa tête un chef de
canton (Thong Ly) « mèo », sans grands pouvoirs sur les siens et sans grand
poids auprès de l'administration Thai. Du point de vue de l'implantation humaine,
il est parsemé de lieux-dits « mèo » : roobzeb ^\ tshav too, txaw cua, pee haw,
hav Haj, ma tsha, tsha née, fi hai, qhov tais, hav yaj yeeb, tshav ntaw, xau xa
phee, fi koo, fi lee, mais il est difficile d'y distinguer des villages ou des hameaux
à proprement parler. Les maisons sont en effet très dispersées et la véritable concent
ration est plutôt rare. Ainsi pour un territoire d'environ 40 km2, on comptait à
cette époque quatre-vingt-deux maisons habitées et cent trente-trois familles. La
population totale était évaluée à 676 individus, que nous avons pour la plupart
connus. Dix clans (xeem) différents y était représentés y compris ceux des
femmes №. Nous nous sommes fixé sur le versant ouest du massif au lieu-dit
(D Pour tout ce qui concerne le miao occidental et méridional appelé hmong blanc, nous util
iserons la transcription du R. P. Bertrais utilisée dans son dictionnaire « hmong-français » (cf. p. 284),
excepté pour le mot « hmong » lui-même, que nous devrions écrire hmoob d'après cette transcription,
mais à qui nous préférons conserver un aspect moins rébarbatif.
(2) Sur le terrain, nous avions relevé la présence de 10 clans (xeem) : xyooj, hawj, yaj, lis, thoj,
vaj, vwj, muas, ham, lauj. Au Tran-Ninh, pour une région beaucoup plus étendue, le R. P. Bertrais
a noté 5 clans de plus : tsab, tag, koo, plua, tsheej.
xeem a le sens de « clan, famille patrilinéaire étendue » ; il a aussi parfois le sens de « race » dans son
acception la plus vague, on dit : xeem hmoob — les Hmong ; on dit aussi : xeem lus (lus = « un parler,
une langue») = un langage, un dialecte. LE CHAMANISME DES HMONG 55
Tsha née et avons vécu là dix mois dans d'excellentes conditions d'observation et
d'isolement (nous n'avons conservé un interprète Thai que la première semaine).
Nous avons cru pouvoir quitter momentanément le terrain à la fin d'un séjour
colonial qui avait été assez éprouvant, pensant pouvoir le retrouver quelques
mois après. Mais ce projet a été déçu par les événements que l'on connaît. En
1953, nous avons regagné deux fois le Pou Nhou très furtivement et dans des
conditions de travail rendues impossibles par la guerre. Notre expérience du ter
rain « mèo » s'est arrêtée à cette époque.
Le terrain a comporté une difficulté majeure : la polytonalité de la langue. Les
meilleurs lexicographes du « hmong », Savina et D.C. Graham ^\ ont achoppé
sur cette difficulté. Ils ont à peu près bien distingué, le premier, deux tons, le
second, trois tons sur sept. Seul le Père Esquirol pour le « hmub » a fait un travail
tout à fait remarquable de ce point de vue. De notre côté, nous n'avions pas réussi
à faire un

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