Guide Archipel IV: Pontianak et son arrière-pays - article ; n°1 ; vol.28, pg 77-97
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Description

Archipel - Année 1984 - Volume 28 - Numéro 1 - Pages 77-97
21 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1984
Nombre de lectures 14
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

Denys Lombard
Guide Archipel IV: Pontianak et son arrière-pays
In: Archipel. Volume 28, 1984. pp. 77-97.
Citer ce document / Cite this document :
Lombard Denys. Guide Archipel IV: Pontianak et son arrière-pays. In: Archipel. Volume 28, 1984. pp. 77-97.
doi : 10.3406/arch.1984.1919
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/arch_0044-8613_1984_num_28_1_1919Denys LOMBARD
Guide Archipel IV :
Pontianak et son arrière-pays
Parmi les vingt-sept provinces d'Indonésie, celle de Kalimantan Barat, ou
Kalimantan Ouest, ne compte certainement pas parmi celles que les touristes
étrangers visitent en priorité. Elle est la quatrième par sa superficie (146.760
km2) - après 1' Irian Jaya, Kalimantan Est et Kalimantan Centre - mais
n'occupe que le quatorzième rang par la population (2.486.000 h en 1980) et
passe encore pour une marche excentrée où l'influence des Chinois restait
forte jusqu'à tout récemment et où les «cultures» régionales n'ont rien de très
fascinant. Il s'agit en fait d'un creuset fort intéressant où l'on peut voir in
vitro comment par delà la mythologie quelque peu falsificatrice du suku, des
immigrés venus d'un peu partout se mêlent et s'associent aux occupants plus
anciens pour créer un espace essentiellement «indonésien» et tourné vers un
pembangunan intensif (Ô.
La région peut être grossièrement définie comme un immense triangle
délimité à l'ouest par la mer (du Tanjung Datu au nord, aux Tj Sambar et
Keluang au sud), au nord, par toute une chaîne de montagnes servant en
même temps de frontière avec le Sarawak (Malaysia orientale), du nord-est au
sud-ouest, par la chaîne des Monts Miiller et des Monts Schwaner, qui sépa
rent la province de Kalimantan-Ouest de ses voisines Kalimantan-Est et
Kalimantan-Centre. L'essentiel de ce triangle est occupé par l'immense bassin
du Kapuas et par ses principaux affluents, la Melawai au sud et la Sekayan au 78
Nord. S'ajoutent au nord-ouest les systèmes de la S. Sambas et de la S. Lan-
dak (qui vient confluer avec un bras du Kapuas, tout près de la mer, là même
où la ville de Pontianak s'est développée); au sud-ouest, plusieurs systèmes
parallèles, dont le plus important est celui de la Sungai Pawan, où s'est déve
loppé jadis le vénérable royaume de Tanjung Pura (dont il ne reste plus guère
que des traditions légendaires), et dont l'embouchure est actuellement contrôl
ée par le petit centre de Ketapang, chef-lieu d'un kabupatén assez isolé du
reste de la province.
La province est divisée en six préfectures : celle de Sambas au nord (avec
chef-lieu à Singkawang) et celle de Ketapang au sud, ainsi que celles de Pont
ianak (avec chef-lieu à Mempawah), de Sanggau, de Sintang et de Kapuas
Hulu (avec à Putussibau), dont les territoires s'articulent le long du
cours du Kapuas qui leur sert de lien naturel. La ville même de Pontianak
constitue une municipalité autonome (kotamadya), avec une population de
plus de 250.000 h.
Histoire
Si les fameuses inscriptions de Kutai (Kalimantan-Est), rédigées en carac
tères pallavaau nom du roi Mulawarma, sont régulièrement citées, avec celles
de Java ouest, pour marquer les «débuts de l'indianisation» dans l'Archipel
(aux alentours du Ve s. de notre ère), on s'accorde pour admettre que
l'influence de l'Inde à Kalimantan a été par la suite des plus réduites. Or, un
certain nombre de sites, incidemment signalés dans la région de la moyenne
vallée du Kapuas, ainsi qu'au Sarawak, en territoire malaysien, obligent à
revoir ce point de vue et permettent de supposer une certaine «indianisation»,
diffuse mais indéniable, de toute la corne occidentale de Bornéo (comme du
reste, dans le sud, de la vallée du Barito et de la rivière Negara).
Tom Harrison a insisté sur l'attraction que pouvaient avoir exercé les
mines d'or du «triangle» Bau-Sambas-Montrado et le rôle de cette Terre de
l'Or située sur la route maritime d'Inde en Chine. On se reportera notamment
aux articles publiés dans le Journal of the Malayan Branch of the Asiatic
Society (XXII, part 4), de septembre 1949, parus à la suite de la découverte
fortuite du fameux «trésor de Sambas» (un brûle-encens et diverses statuettes
hindouisées), et surtout celui de Tom Harrison, intitulé : «Gold and Indian
Influences in West Borneo» (loc.cit., pp. 33-1 10).
Indiquons, parmi les sites signalés qui mériteraient la visite de spécialis
tes : 1) un linga et un yoni, près de Nanga Serawai (Nanga signifie «embouc
hure», comme kuala ou muara, et se trouve ainsi souvent dans la toponym
ie), dans la haute vallée de la Sungai Merawai (Kab. Sintang); 2) une pierre I
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en forme de phallus, dite Batu Kundur, devant le kraton de Sintang; 3) deux
linga dans l'agglomération même de Sepauk (sur le Kapuas, près de la limite
du Kab. Sintang avec le Kab. Sanggau), non loin d'une tombe réputée
ancienne mais atypique, dite de «Aji Melayu»; 4) une très intéressante statue
en bronze de Siva à quatre bras (dite Patung Gusar, ou Patung Kempat), tou
jours conservée dans le village de Kampung Temiang Empakan (Kec. Sepauk,
Kab. Sintang); 5) une pierre plate allongée avec quelques signes indéchiffrés,
qui font penser à une écriture indo-javanaise (Batu Sampai, non loin de Sang
gau); et surtout : 6) une grande paroi rupestre verticale (de 4 à 7 m de haut),
située à Nanga Mahap, tout au sud du Kab. Sanggau (accessible après une
journée de bateau à moteur), avec la silhouette très étirée de sept candi (?) et
au milieu (entre les trois de gauche et les quatre de droite), un bandeau vertical
avec les restes d'une inscription rédigée en caractères d'origine indienne. Cet
ensemble qui n'est pas sans évoquer celui de Gunung Kawi, à Bali, permettra
peut-être, lorsqu'il sera mieux étudié, de jeter un jour nouveau sur l'histoire
ancienne de la vallée du Kapuas.
On ne dispose pas encore pour l'histoire de Kalimantan Ouest de textes
savamment édités comme le Silsilah Kutai ou le Hikayat Banjar, mais ces tex
tes existent (cf.l'art. de U. Kratz sur le Silsilah Raja-Raja Sambas, dans Archi
pel 20, 1980, pp. 255-267) et les arbres généalogiques de plusieurs d'entre les
familles qui régnèrent jusqu'en 1942 remontent avec vraisemblance jusqu'à
des ancêtres javanais venus s'établir dans la région «à l'époque de
Mojopahit». La famille princière de Sukadana descendait de Brawijaya et
celle de Landak d'un certain Ratu Sang Nata Pulang Pali qui s'était marié
avec une fille du lieu, Dara Hitam, la Princesse noire. Ces indications se trou
vent confirmées par le Nagarakertagama (1365), qui cite expressément plu
sieurs importants toponymes de la région : Kapuhas, Sambas, Landa, qui ne
posent pas de problème d'interprétation, mais aussi l'énigmatique Tirem (qui
est peut-être l'act. Peniraman, au sud de Sei Pinyuh?), ainsi que Lawaiet Tan-
jung Puri, qui correspondent à d'importants comptoirs dans le bassin de la S.
Pawang, dans le sud de l'actuelle province.
L'Islam se répandit à peu près vers la même époque qu'à Java, dans le
courant du XVIe s. et contribua fortement à la consolidation d'un système de
cités-marchandes, qui sous le nom de «sultanats» parvinrent à se maintenir
jusqu'au XXe s. Par suite du développement de l'exploitation des diamants
dans la région de Landak, une rivalité apparut entre le Sultanat de Sambas au
nord, et celui de Sukadana au sud (au débouché de la Simpang). A cette rival
ité qui provoqua une longue guerre au début du XVIIe s. divers intérêts se
trouvèrent associés, non seulement ceux des petits sultanats voisins de Tan- 81
jung Pura et de Matan (au débouché de la S. Pawan), mais aussi ceux de Bru-
nai (qui se considéra longtemps comme suzerain de Sambas), de Banjarmasin
et même de Mataram, ai

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