Henri Baude, poète ignoré du temps de Louis XI et de Charles VIII. - article ; n°1 ; vol.10, pg 93-133
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Description

Bibliothèque de l'école des chartes - Année 1849 - Volume 10 - Numéro 1 - Pages 93-133
41 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1849
Nombre de lectures 18
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

Jules Quicherat
Henri Baude, poète ignoré du temps de Louis XI et de Charles
VIII.
In: Bibliothèque de l'école des chartes. 1849, tome 10. pp. 93-133.
Citer ce document / Cite this document :
Quicherat Jules. Henri Baude, poète ignoré du temps de Louis XI et de Charles VIII. In: Bibliothèque de l'école des chartes.
1849, tome 10. pp. 93-133.
doi : 10.3406/bec.1849.461763
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/bec_0373-6237_1849_num_10_1_461763i
HENRI BAUDE,
POETE IGNORÉ
DU TEMPS DE LOUIS XI ET DE CHARLES VIIL
François Villon a couché sur son Grand Testament un cer
tain Baulde , carme de profession ou de mœurs , qui n'est cer
tainement pas ceiui dont il s'agit ici. Il suffit qu'en 1461 , date
du Grand Testament , le Baulde de Villon ait été un vieillard
(il le dit positivement) pour que le rapprochement des deux
personnages soit impossible. Non-seulement le nôtre vivait en
core sous Charles VIII , mais il était encore , sous ce règne ,
d'humeur et d'âge à se faire de mauvaises affaires avec le gou
vernement.
Le nom de Baude n'est pas dans le Temple de Bonne Renom
mée de Jean Bouchet , où d'autres poètes , ses contemporains et
ses inférieurs, ont eu leur mention. Il manque aussi dans les
auteurs les plus complets de notre histoire littéraire , Lacroix du
Maine, Duverdier , Goujet. Il faut descendre jusqu'à notre siècle
pour trouver une trace de cet enfant perdu du vieux Parnasse
français. Quelques-uns de ses vers , composés à la louange du
Bourbonnais , ont été introduits à titre de renseignement dans
une description topographique qui fait suite à l'Ancien Bour
bonnais de M. Ach. Allier (1). L'auteur de cette citation l'a prise
au lieu même d'où provient tout ce qu'il y a de pièces impri
mées ci-après et tout ce que j'ai à dire sur la personne de Baude
(I) Voir l'appendice de M. Batissier placé à la fin du second volume, p. 36.
V. (Deuxième série) 7 94
car, à part deux ou trois circonstances révélées par les chartes,
c'est à ses vers qu'il faut demander ce qu'il fut et ce qu'il Ht.
Il naquit à Moulins (1), je suppose vers 1430. De bonne
heure il fut attaché à des fonctionnaires de la maison du roi, et
par cette voie parvint , en 1458 , à l'office d'élu des aides pour
le bas Limousin (2). Arrivé là, il n'en bougea plus.
Son talent poétique contribua-t-il à lui faire obtenir sa place,
ou bien est-ce la place qui le mit à même de cultiver et de pro
duire au jour son talent ? je n'en sais rien ; tout ce que je puis
dire, c'est que pas un des vers que j'ai recueillis ne paraît anté
rieur à sa nomination. Les plus anciens sont du règne de
Louis XI , de 1465 ; du moins l'auteur les date de « l'année où
chacun tendait à son profit » , qualification parfaitement appro
priée à l'année de la guerre du Bien public. Cette pièce de 1465
est un testament, testament non d'un homme, mais d'une bête ;
d'une vieille mule parlementaire qui avait trotté pendant vingt
ans sur le pavé de Paris , portant sur son dos les plus gros se
igneurs de la finance et de la justice. Baude s'inscrivit au nombre
de ses légataires pour avoir sa selle , meuble sans lequel il pré
tendait ne pouvoir plus chevaucher. Le reste est plein d'allu
sions du même goût. Ce qui en ressort de plus clair pour la vie
de notre auteur , c'est qu'il hantait le Palais et en connaissait
parfaitement le personnel ainsi que la chronique.
Un élu était un magistrat chargé de répartir l'impôt dans une
certaine circonscription de pays; il avait en outre à juger les
réclamations des imposés contre le fisc ou du fisc contre les im
posés. Cela ne laissait pas que de pouvoir occuper ; mais l'usage
des délégations était si général autrefois , que les élus, comme
la plupart des autres fonctionnaires , faisaient faire leur ou
vrage par leurs commis , tandis qu'ils venaient eux-mêmes vivre
à Paris. Baude, qui avait des procès à soutenir et sa muse à
cultiver, n'eut garde d'aller s'enterrer à Uzerche ou à Tulle
lorsqu'il pouvait rester dans la capitale, et il y resta si bien que
dans le titre de plusieurs de ses pièces il est qualifié « d'esleu de
Lymosin demourant à Paris (3). » De cette façon il put vivre
dans la société de ses juges, les requérir en prose et en vers , et,
lorsqu'ils faisaient trop traîner sa cause, se moquer d'eux. Le
(1) Ci-après, p. 111.
(2) Ci-après le texte de sa nomination, p. 132.
(3) Voy. ci-après, p. 99. 95
soin de sa charge se réduisait pour lui à avoir là-bas de bons
employés qui ne prélevassent pas trop sur son casuel. Les titres
font foi qu'il s'arrangea de son mieux en prenant pour ses com
mis des personnes de sa famille, peut-être ses propres fils. Nous
avons des quittances de Jean et François Baude, clercs et gref
fiers des élus du bas Limousin, en 1479 et 1482.
Il est impossible que Louis XI , qui connaissait presque tous
les gens d'esprit de son royaume, n'ait pas eu quelques rapports
avec maître Baude. Si, comme j'ai tout lieu de le croire, c'est
sur une parole de ce roi que roule certain rondeau (l), il aurait
fait à son élu plus de promesses que d'avantages. Un méchant
logogriphe sur le traité de Picquigny est d'ailleurs la seule pro-
du<?tion qui nous reste de Baude inspiré par les grands événe
ments de ce règne (2). Nous avons plus et mieux pour juger de
la figure qu'il fij. sous Charles VIII.
Lorsque ce jeune et bénin prince eut succédé à son très-re-
douté père, à la vue de tant de convoiteux qui envahissaient les
régions du pouvoir, Baude s'avisa de faire une pièce de circons
tance, une moralité qui, selon l'usage, fut jouée sur la Table de
marbre dans la grand'salle du Palais. Le roi était fort loué dans
cette pièce ; l'un des acteurs le comparait à une fontaine vivifiante
d'où le royaume se réjouissait d'avoir à tirer sa fécondité ; mais
l'interlocuteur , poursuivant la métaphore , déplorait la pré
sence , dans cette eau si pure , d'herbes et de racines qui empêc
haient son cours; de gravois et de bourbes qui la troublaient, et
donnaient lieu à des pêches par trop fructueuses. Là-dessus
grands applaudissements des spectateurs. Mais cela, redit en
cour, n'y fit point rire. L'un crut se reconnaître dans l'image
des mauvaises herbes, l'autre dans celle des bourbes et gra
vois ; finalement une compagnie d'archers fut envoyée de nuit
pour saisir à son domicile le malencontreux moraliste. Sa porte
fut enfoncée, et malgré ses protestations qu'il n'avait pas voulu
attaquer telle ou telle personne , mais seulement blâmer le mal
dans sa généralité ; malgré ses remontrances contre l'illégalité
de son arrestation , il fut arraché de son lit et conduit au petit
Châtelet (3).
(Í) Voy. p. 107.
(2)p. 110.
(3) Toutes ces circonstances sont relatées dans la deuxième épître au duc de Bour
bon, ci -après, p. 115.
7. 9G
lïaude paraît être resté assez longtemps en prison , quoiqu'il
eût de bons appuis, et dans le parlement qui avait autorisé la r
eprésentation de sa pièce , et dans le peuple de Paris qui l'avait
applaudie. Après son troisième mois de captivité, perdant cou
rage, il essaya de se faire , à l'aide de sa muse, un protecteur à
la cour. Justement le duc de Bourbon , souverain de son pays
natal, se trouvait être en ce moment le premier personnage du
royaume. Il cumulait la présidence du conseil de régence avec
la charge de connétable. Baude ne le connaissait pas, quoique ce
fût un prince ami des lettres. 11 lui adressa une épître pleine de
ses louanges, de celles de sa maison, de celles surtout de leur
commune patrie. C'est à peine si le poëte, occupé à transformer
le Bourbonnais en un paradis terrestre, songea dans sa lettre à
parler de lui-même (I).
Sa prison s'ouvrit, mais non par le fait du duc de Bourbon.
Peut-être des démarches commencées par l'Hôtel de ville de
Paris aboutirent-elles avant que le prince eût eu le temps de
s'entremettre dans l'affaire. Toujours est-il que ce fut à ses bons
amis les Parisiens que notre aute

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