Histoire féodale des marais, territoire et église de Dol - article ; n°3 ; vol.32, pg 297-327

Jean Allenou

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Annales de Bretagne - Année 1917 - Volume 32 - Numéro 3 - Pages 297-327
31 pages

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• Publié le: 01 janvier 1917
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Jean Allenou
Histoire féodale des marais, territoire et église de Dol
In: Annales de Bretagne. Tome 32, numéro 3, 1917. pp. 297-327.
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Allenou Jean. Histoire féodale des marais, territoire et église de Dol. In: Annales de Bretagne. Tome 32, numéro 3, 1917. pp.
297-327.
doi : 10.3406/abpo.1917.1458
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/abpo_0003-391X_1917_num_32_3_1458JRAN ALLENOU
HISTOIRE FÉODALE DES MARAIS
TERRITOIRE ET ÉGLISE DE DOL
ENQUÊTE PAR TOURBE
ORDONNEE PAR
HENRI II, ROI D'ANGLETERRE
INTRODUCTION
Edition projetée par M. Allcnou. — Le texte de l'enquête. —
Henri II et le pays de Dol. — Mode d'élection des archevêques et leurs
rapports avec le prince. — Intérêt du document de 1181.
§ Ier. — L'auteur de la Métropole de Bretagne, ouvrage dont
l'impression fut terminée en décembre 1916, disait dans une
note : « II nous manque un texte critique de la précieuse
enquête de 1181. Mais je renvoie le lecteur à l'édition que nous
en donnera bientôt M. Jean Allenou, dans ses Recherches
sur le temporel ecclésiastique dans les anciens diocèses de
Rennes, Dol et Saint-Malo. »
Depuis plus d'un an nous parlions ensemble de l'intérêt
qu'offrait pour l'histoire politique et économique de la Bre
tagne ce document dressé par ordre d'Henri II, à la demande
du Cardinal Rolland, pour la reconstitution du domaine
archiépiscopal de Dol: et nous étions d'accord pour regretter
le manque d'une édition enrichie des variantes, annotée de
manière à délier les difficultés d'identifications locales, et à
faire connaître les principaux noms de personnes dans le 298 HISTOIRE FÉODALE DES MARAIS
pays. Il y a cinquante-cinq ans, le maître de notre érudition
provinciale, M. de la Borderie, exprimait le vœu qu'on
s'occupât enfin de l'enquête de 1181; lui-même avait songé
à en donner une édition qui complétât son beau travail sur
le régaire de Dol, mais il s'était arrêté devant des problèmes
d'interprétation, qui, pour être élucidés, demandaient une
connaissance minutieuse de la topographie du pagus
dolensis. En effet, les cartes les plus détaillées sont insuffi
santes, et troublent parfois celui qui les consulte par des
graphies trompeuses.
Les recherches de M. Allenou s'étendant chaque jour, il
en était venu, vers la fin de 1916, à diviser son premier projet
en deux parties : plus tard, il ferait une thèse d'archiviste-
paléographe sur le temporel ecclésiastique des anciens dio
cèses de Rennes, Dol et Saint-Malo ; mais, pour le moment,
il préparerait une thèse de droit sur l'enquête, qui, à elle
seule, méritait bien cet honneur.
Examiner de près la constitution si originale du diocèse de
Dol, la formation, les aventures, la division du temporel de
cette église, la création et l'organisation des principales vas
salités du siège épiscopal; analyser la condition économique
des marais de Dol, où, dès la fin du XIIe siècle, se marque
l'effort si patient et si fructueux du labeur humain; peindre
le caractère des rapports de la métropole bretonne avec la
Normandie, depuis Guillaume le Conquérant jusqu'à Henri II;
montrer l'action du Cardinal Rolland, personnalité curieuse
du monde italo-normand, et dont les succès jetaient un éclat
de soleil couchant sur cet archevêché, que célébraient Marie
de France et le trouvère de la Chanson cVAquinW; étudier au
point de vue juridique l'état social de cette chrétienté celtique
et de cette féodalité pittoresque : telles étaient les perspect
ives dont s'enchantait notre ami.
Après avoir travaillé aux archives de la Manche et de la
Loire-Inférieure, et complété ses notes à Paris, M. Allenou
/ (1) Voir le Lai du Frêne, étude et traduction, dans Hist. de Dol, p. 17
/ et sq., p. 255-7; et pour la Chanson d'Aquin, p. 258-9- TERRITOIRE ET ÉGLISE DE DOL. 299
rentrait à Rennes, en novembre 1916, dans sa famille, à
quelques pas de nos bibliothèques et de nos archives, qu'il
avait déjà explorées avec soin ; il transcrivit d'une belle
écriture le texte latin de l'enquête, fit une première ébauche
de traduction, établit un sommaire de l'annotation à déve
lopper, marqua les variantes auxquelles il tenait le plus,
dressa un bon commencement de bibliographie, qui com
prenait des livres à utiliser soit directement, soit indirec
tement, pour des rapprochements avec d'autres lieux; bref,
il s'apprêtait à satisfaire son noble rêve d'érudit, quand le
mal le terrassa. Ni le dévouement d'une mère, ni la tendresse
d'une tante, ni la science attentive d'un médecin, vieil ami
de la famille, ne purent vaincre la mort. Il vit l'heure inévi
table arriver, avec la résignation d'un caractère élevé, et
l'espérance consolée d'un chrétien. — Décédé à Rennes,
le 10 janvier 1917, il était né à Saint-Brieuc, le 16 octobre 1887;
son corps a été conduit à Guingamp, pour reposer dans la
tombe de son père. — Quand ils ont appris ce deuil, ses
maîtres de l'Ecole des Chartes et ses camarades ont exprimé
l'estime qu'ils avaient de cet esprit clair, avide de savoir d'une
manière exacte et approfondie, et ont dit leur attachement
à cette âme loyale. La disparition de M. Allenou est une
perte pour l'érudition bretonne, qui a si grand besoin de
jeunes recrues, formées aux vraies méthodes. Licencié en
droit, diplômé de l'Ecole libre des sciences politiques, il se
sentait attiré vers l'examen des institutions, et vers les
questions d'ordre administratif. N'était-il pas d'une ancienne
famille attachée à ce genre d'études? Son arrière grand-père,
Antoine Aulanier, né à Lamballe, en septembre 1787, a laissé,
entre autres ouvrages, un traité du domaine congéable. qui
n'est point tombé dans l'oublié).
A ses hérédités intellectuelles s'ajouta l'heureuse influence
(1) Traité du domaine congéable, 3<s édit., Saint-Brieuc, 1874 (à la Bibl.
municip. de Rennes, sous !a cote 38.1H7). Sur la famille Aulanier, cf. René
Kerviler, Bio-bibliogr. bret., I, 375. Sur la famille Allenou, eod. foc, I,
p. 117; et H. Frotier de la Messelière, Filiations bretonnes (1650-1912),
t. I, fasc. 1, p. 6 et sq., armoiries : d'argent au che\ denché de gueules. 300 HISTOIRE FÉODALE DES MARAIS
de M. André Oheix, avocat au barreau de Loudéac, passionné
pour l'histoire provinciale, esprit critique très averti, et dont
la thèse de doctorat sur les sénéchaux de Bretagne (Paris,
Fontemoing, 1913), écrite avec une élégante limpidité, fait
preuve d'une belle richesse d'information. Cet homme exquis,
dont le souvenir m'est si cher, fut, avant de succomber, en
juillet 1915, sous une balle allemande, le trait d'union entre
M. Allenou et celui qui trace ces lignes.
Les papiers que m'a légués M. Allenou comprennent :
1° une note sur maître Jean de Bougnon, alias Bougney,
chanoine de Dol; une note d'histoire financière, donnant le
montant des taxes imposées au prieuré de Léhon, au
XIVe siècle; une note sur maître Yves le Prévôt de Boisboissei
chanoine de Saint-Brieuc; ces trois notes sont mises au net,
en vue de leur publication; — 2° des analyses de documents
et des extraits nombreux sur les prétentions respectives des
cours de France et de Bretagne au sujet de la garde des
églises, avec la relation d'un incident qui se produisit sur
ce point, en 1313; — 3° des séries de copies et de fiches,
portant spécialement sur les diocèses de Dol, Rennes et
Saint- Alalo; dans le nombre, beaucoup de pièces sont inédites;
— 4° une liasse relative à l'enquête de 1181, liasse dont j'ai
dit l'état plus haut (1).
Si l'enquête "m'a retenu d'abord, c'est qu'elle m'était assez
familière, et que j'ai craint de voir remise aux calendes
grecques une édition nécessaire. J'ai donc consulté les
moindres lignes de mon ami et je les ai utilisées autant qu'il
a été possible. Je suis certain d'être entré dans ses désir