Honduras -El Salvador. La guerre de cent heures : un cas de « désintégration » régionale - article ; n°6 ; vol.21, pg 1290-1316
29 pages
Français

Découvre YouScribe en t'inscrivant gratuitement

Je m'inscris

Honduras -El Salvador. La guerre de cent heures : un cas de « désintégration » régionale - article ; n°6 ; vol.21, pg 1290-1316

Découvre YouScribe en t'inscrivant gratuitement

Je m'inscris
Obtenez un accès à la bibliothèque pour le consulter en ligne
En savoir plus
29 pages
Français
Obtenez un accès à la bibliothèque pour le consulter en ligne
En savoir plus

Description

Revue française de science politique - Année 1971 - Volume 21 - Numéro 6 - Pages 1290-1316
Honduras-El Salvador. La guerre de cent heures : un cas de desintégration régionale, par Alain Rouquié
La guerre du football qui opposa en juillet 1969 le Honduras au Salvador est la première crise entre Etats d'Amérique latine qui se transforme en guerre classique depuis la signature de la Charte de Bogota. Elle semble moins annoncer la fin de la pax americana que l'apparition d'un nouveau type de conflits interaméricains. Le déséquilibre démographique entre les deux pays est à l'origine du déclenchement des hostilités mais de profondes disparités économiques, encore aggravées par la création du Marché commun centre-américain ont été le ressort décisif de cette guerre de sécession régionale. C'est à la passivité de l'O.E.A. face aux conflits particularistes ainsi qu'à la faible autorité des organisations d'intégration centre-américaine qu'il faut attribuer l'incapacité du système interaméricain à résoudre pacifiquement la crise honduro-salvadorienne et à maintenir la paix.
[Revue française de science politique XXI (6), décembre 1971, pp. 1290-1316]
Honduras v. El Salvador - the 100-hour war, a case of regional disintegration, by Alain Rouquié
The football war between Honduras and El Salvador in July, 1969, is the first crisis opposing Latin American states to develop into a classical war, since the Bogota Chart was signed. It does not seem so much to announce the end of pax americana as the emergence of a new type of inter-American conflicts. The lack of demographical balance between the two countries is at the origin of the war, but deep economic disparities, rendered worse by the creation of the Central American Common Market, have been the decisive spring for this regional secession war. If the inter-American system has proved incapable of solving peacefully the crisis between Honduras and El Salvador and of maintaining peace, it is due both to the passivity of the O.A.S. in the presence of particularist conflicts and to the poor authority of Central American integration organizations.
[Revue française de science politique XXI (6), décembre 1971, pp. 1290-1316]
27 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1971
Nombre de lectures 19
Langue Français
Poids de l'ouvrage 2 Mo

Extrait

Monsieur Alain Rouquié
Honduras -El Salvador. La guerre de cent heures : un cas de «
désintégration » régionale
In: Revue française de science politique, 21e année, n°6, 1971. pp. 1290-1316.
Citer ce document / Cite this document :
Rouquié Alain. Honduras -El Salvador. La guerre de cent heures : un cas de « désintégration » régionale. In: Revue française
de science politique, 21e année, n°6, 1971. pp. 1290-1316.
doi : 10.3406/rfsp.1971.393339
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/rfsp_0035-2950_1971_num_21_6_393339Résumé
Honduras-El Salvador. La guerre de cent heures : un cas de "desintégration" régionale, par Alain
Rouquié
La "guerre du football" qui opposa en juillet 1969 le Honduras au Salvador est la première crise entre
Etats d'Amérique latine qui se transforme en guerre classique depuis la signature de la Charte de
Bogota. Elle semble moins annoncer la fin de la pax americana que l'apparition d'un nouveau type de
conflits interaméricains. Le déséquilibre démographique entre les deux pays est à l'origine du
déclenchement des hostilités mais de profondes disparités économiques, encore aggravées par la
création du Marché commun centre-américain ont été le ressort décisif de cette guerre de sécession
régionale. C'est à la passivité de l'O.E.A. face aux "conflits particularistes" ainsi qu'à la faible autorité
des organisations d'intégration centre-américaine qu'il faut attribuer l'incapacité du système
interaméricain à résoudre pacifiquement la crise honduro-salvadorienne et à maintenir la paix.
[Revue française de science politique XXI (6), décembre 1971, pp. 1290-1316]
Abstract
Honduras v. El Salvador - the "100-hour war", a case of regional "disintegration", by Alain Rouquié
The "football war" between Honduras and El Salvador in July, 1969, is the first crisis opposing Latin
American states to develop into a classical war, since the Bogota Chart was signed. It does not seem so
much to announce the end of pax americana as the emergence of a new type of inter-American
conflicts. The lack of demographical balance between the two countries is at the origin of the war, but
deep economic disparities, rendered worse by the creation of the Central American Common Market,
have been the decisive spring for this regional secession war. If the inter-American system has proved
incapable of solving peacefully the crisis between Honduras and El Salvador and of maintaining peace,
it is due both to the passivity of the O.A.S. in the presence of "particularist conflicts" and to the poor
authority of Central American integration organizations.
[Revue française de science politique XXI (6), décembre 1971, pp. 1290-1316]LES CONFLITS EN AMÉRIQUE LATINE
STABILISATION OU AGGRAVATION?
HONDURAS - EL SALVADOR
La guerre de cent heures :
un cas de « désintégration » régionale
ALAIN ROUQUIÉ
Les observateurs européens ont généralement accordé peu d'intérêt
au conflit armé qui opposa, en juillet 1969, les républiques centre-
américaines du Salvador et du Honduras. Cette « guerre du foot
ball », ainsi baptisée par allusion aux deux matchs de qualification pour
la Coupe du monde qui en furent les détonateurs, apparut comme un
incident diplomatique démesurément grossi par l'ardeur belliqueuse de
deux républiques tropicales, voire comme une pittoresque querelle de
clochers qui aurait lamentablement dégénéré. Pourtant, à y regarder de
plus près, les combats qui mirent aux prises, du 14 au 19 juillet 1969,
durant une centaine d'heures à peine, les armées des deux républiques
centre-américaines dépassent largement les données d'une rivalité spor
tive passagère et même le cadre des deux petits Etats de l'isthme.
En effet, lorsqu'éclatent les hostilités, le 14 juillet 1969, on assiste
à la première guerre entre nations latino-américaines depuis 1941 et,
compte tenu de sa courte durée, au conflit interétatique le plus meurtrier
et le plus destructeur survenu sur le continent depuis 1932 1. En outre,
pour la première fois en vingt et un ans d'existence, l'Organisation des
Etats américains n'a pu empêcher qu'une crise entre Etats d'Amérique
latine ne déborde du terrain diplomatique et ne se transforme en guerre
classique. Pourquoi le système de solution pacifique des conflits et de
1. En juin 1941, la brève «guerre du Maranon » opposait le Pérou à l'Equateur
pour la possession de certains territoires amazoniens. De 1932 à 1935, le Paraguay et la
Bolivie se livrèrent la sanglante « guerre du Chaco » qui fit plus de 125 000 morts et
laissa les deux nations exsangues. Cf. Wood (Bryce), « How wars end in Latin America »,
The Annals of the American Academy of Political and Social Sciences, nov. 1970, pp. 40-
50.
1290 Honduras / El Salvador
maintien de la paix instauré par la charte de Bogota en 1948 a-t-il été
impuissant à limiter le différend et à modérer les parties, en un mot à
contrôler une situation explosive ? Comment une guerre a-t-elle pu écla
ter, mettant en danger la sécurité et l'économie régionales dans l'isthme
américain, arrière-cour des Etats-Unis et zone d'intervention directe de
la puissance tutrice ? Autant de questions qu'il convient de se poser
pour rendre à cette guerre en apparence bouffonne ses vraies dimensions
internationales. On peut se demander à ce titre si l'on n'est pas en pré
sence d'un nouveau type de conflit interaméricain dans lequel les tensions
suscitées par des disparités de développement et de potentiel démogra
phique auraient remplacé les disputes territoriales sur fond de richesse
minière. Peut-être aussi faut-il chercher dans la superposition des organi
sations régionales de sécurité et de coopération économique les raisons
de la paralysie des initiatives de paix, qui a rendu possible une guerre
en tous points improbable.
De la crise à la guerre : le déroulement du conflit
Tout a effectivement et apparemment commencé par un match de
football2. Le 8 juin 1969, l'équipe nationale du Salvador rencontre à
Tegucigalpa, capitale du Honduras, une sélection honduréenne pour un
match éliminatoire de la Coupe du monde. Le Honduras est vainqueur.
Quelques vifs incidents entre partisans des deux équipes sont à déplor
er. Le match retour qui a lieu à San Salvador le 15 juin est gagné par
l'équipe salvadorienne. La partie est suivie d'un débordement de violence
surprenant : des centaines de Honduriens venus encourager leur équipe
sont molestés et parfois grièvement blessés par la foule des supporters
salvadoriens.
Ce même jour, en divers points du Honduras, en particulier dans les
campagnes, des bandes armées attaquent les résidents salvadoriens,
pillant leurs biens et les forçant à s'enfuir ou à se cacher. Le gouverne
ment de Tegucigalpa réagit mollement face à ces violences. Certaines
autorités locales auraient même participé à la « chasse aux Salvadoriens »,
tandis que des unités de la police auraient prêté main forte à des groupes
2. Le déroulement du conflit a été amplement « couvert » par les agences d'info
rmation internationales, la grande presse nord-américaine et surtout les principaux jour
naux latino-américains. Nous avons utilisé pour notre part essentiellement les dépèches de
I'a.f.p. et de Prensa Latina, ainsi que les articles de correspondants et d'envoyés spéciaux
de El Tiempo (Bogota), La Nation (Buenos Aires) du New York Timss et du Washington
Post (reproduits dans l'International Herald Tribune). Nous nous sommes aussi servi des
rapports et résolutions émanant de l'Organisation des Etats américains, ainsi que des
publications officielles des deux belligérants.
1291 conflits en Amérique latine Les
paramilitaires organisés pour terroriser les Salvadoriens établis en grand
nombre au Honduras et précipiter leur exode massif3.
Nous sommes déjà bien loin du football, et réchauffement des esprits
imputable au chauvinisme sportif n'est plus une explication suffisante.
D'ailleurs, la radio et la presse honduriennes, au lieu de tenter d'apaiser
les passions, entament une virulente campagne antisalvadorienne qui
constitue un véritable appel au pogrom. D'autre part, déjà la veille du

  • Univers Univers
  • Ebooks Ebooks
  • Livres audio Livres audio
  • Presse Presse
  • Podcasts Podcasts
  • BD BD
  • Documents Documents