Indépendance des banques centrales, politiques monétaire et budgétaire : une approche stratégique - article ; n°1 ; vol.50, pg 65-102
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Revue de l'OFCE - Année 1994 - Volume 50 - Numéro 1 - Pages 65-102
Le thème de l'indépendance de la Banque centrale a reçu récemment une attention importante, tant dans la littérature théorique que dans le débat public. Celle-ci empêcherait les gouvernements de pratiquer des politiques économiques trop expansionnistes, qui, intégrées dans les anticipations des agents, sont impuissantes à soutenir l'activité et ne font qu'engendrer de l'inflation. Elle crédibiliserait la volonté de l'Etat de maintenir un bas taux d'inflation. Toutefois, les risques de cette indépendance ne semblent pas avoir été convenablement réfléchis. En cas d'indépendance de la Banque centrale, se pose un problème d'affectation et de coordination des instruments de la politique économique. Si des considérations institutionnelles amènent à consacrer la politique monétaire à la lutte contre l'inflation et la politique budgétaire au soutien de l'activité, cette affectation forcée a-t-elle un sens au niveau économique ? Des orientations différentes des politiques monétaire et budgétaire peuvent entraîner des situations de taux d'intérêt élevés, de surévaluation du taux de change, de déficit public dont le coût, tant pour le pays concerné que pour ses partenaires, doit être pris en compte. La première partie de l'article se situe en économie fermée. Dans un modèle keynésien où les politiques budgétaire et monétaire sont utilisées de façon indépendante pour gérer l'arbitrage inflation/production, le conflit entre elles se traduit par un équilibre non-optimal caractérisé par un taux d'intérêt trop élevé et un déficit public trop important. De même, dans un modèle à la Barro-Gordon (1983), une Banque centrale indépendante ne garantit pas les agents contre les surprises inflationnistes si la politique budgétaire est expansionniste. Enfin, une maquette dynamique montre que l'affectation de la politique monétaire à la lutte contre l'inflation ne va pas de soi : la hausse des taux d'intérêt augmente les charges financières pesant sur les entreprises et réduit leur profitabilité, ce qui nuit à leur investissement, donc au développement des capacités de production. Une configuration où la politique budgétaire régule la demande et la politique monétaire régule la profitabilité des entreprises serait préférable. La deuxième partie présente une maquette à deux pays, dans laquelle la problématique de la coordination des politiques économiques est réinterprétée dans une situation d'indépendance des politiques monétaire et budgétaire. L'indépendance des Banques centrales rend encore plus difficile la coordination des politiques économiques puisque chaque pays parle par deux voix discordantes. Le problème de la coordination interne s'ajoute à celui de la coordination internationale pour aboutir, en cas de choc inflationnisme, à un équilibre à forts taux d'intérêt et forts niveaux des déficits publics alors que la constellation inverse (bas taux d'intérêt, politiques budgétaires restrictives) serait préférable. Cet inefficacité provient du fait que l'instrument monétaire est relativement moins efficace en cas de choc inflationniste mondial. Seule, la négociation entre autorités monétaire et budgétaire permettrait d'y échapper. Mais, est-elle compatible avec l'indépendance de la Banque centrale ?
Central Bank independence, monetary and fiscal policies : a strategic approach Fabrice Capoen, Henri Sterdyniak, Pierre Villa Central Bank independence has recently received a great deal of attention, in both theoretical literature and the public debate. This independence is meant to prevent goverments from practizing over- expansionary economic policies, which, when integrated in private agents expectations, are unable to sustain activity and thus only result in increased inflation. Independence increases the credibility of the government commitment to maintain a low level of inflation. However the risks of independence have not yet been considered to a sufficient extent. While institutional considerations lead to dedicate respectively monetary policy to inflation control and fiscal policy to activity regulation, this separation can be dangerous at a macroeconomic level. Diverging orientations of monetary and fiscal policies may lead to situations featuring high interest rates, large public deficits and overvalued exchange rates, the costs of which, for the country as well as its partners, must be considered. The first part of the article studies the closed economy case. In a Keynesian model, in which fiscal and monetary policies are used in independent ways to manage the inflation/unemployement trade-off, the conflict beetwen them induces a sub-optimal equilibrium, where both interest rates and public deficit are to high. In the same way, in a Barro-Gordon model, an independent Central Bank does not insure private agents against an inflationary surprise due to fiscal expansion. Finally a dynamic model shows that the rise of interest rates increases the financial burden borne by the firms, reduces their profitability and investments, and consequently limits the development of the production capacity. A situation where fiscal policy controls the demand and where monetary policy is dedicated to controlling profitability of firms would be preferable. The second part of the article introduces a two-country model. The lack of internal coordination between monetary and budgetary policies worsens the lack of international coordination so as to lead, in an inflationary shock context, to an equilibrium with high interest rates and deep public deficits, whereas the opposite policy-mix would be better (low interest rate, restrictive fiscal policy). The point is that the monetary tool is relatively less efficient when a world wide inflationary shock occurs. Only, a concerted behavior of monetary and fiscal authorities can result in an efficient policy-mix. But, is it compatible with Central Bank indépendance ?
38 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1994
Nombre de lectures 66
Langue Français
Poids de l'ouvrage 2 Mo

Extrait

Fabrice Capoen
Henri Sterdyniak
Pierre Villa
Indépendance des banques centrales, politiques monétaire et
budgétaire : une approche stratégique
In: Revue de l'OFCE. N°50, 1994. pp. 65-102.
Citer ce document / Cite this document :
Capoen Fabrice, Sterdyniak Henri, Villa Pierre. Indépendance des banques centrales, politiques monétaire et budgétaire : une
approche stratégique. In: Revue de l'OFCE. N°50, 1994. pp. 65-102.
doi : 10.3406/ofce.1994.1374
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/ofce_0751-6614_1994_num_50_1_1374Résumé
Le thème de l'indépendance de la Banque centrale a reçu récemment une attention importante, tant
dans la littérature théorique que dans le débat public. Celle-ci empêcherait les gouvernements de
pratiquer des politiques économiques trop expansionnistes, qui, intégrées dans les anticipations des
agents, sont impuissantes à soutenir l'activité et ne font qu'engendrer de l'inflation. Elle crédibiliserait la
volonté de l'Etat de maintenir un bas taux d'inflation. Toutefois, les risques de cette indépendance ne
semblent pas avoir été convenablement réfléchis. En cas d'indépendance de la Banque centrale, se
pose un problème d'affectation et de coordination des instruments de la politique économique. Si des
considérations institutionnelles amènent à consacrer la politique monétaire à la lutte contre l'inflation et
la politique budgétaire au soutien de l'activité, cette affectation forcée a-t-elle un sens au niveau
économique ? Des orientations différentes des politiques monétaire et budgétaire peuvent entraîner des
situations de taux d'intérêt élevés, de surévaluation du taux de change, de déficit public dont le coût,
tant pour le pays concerné que pour ses partenaires, doit être pris en compte. La première partie de
l'article se situe en économie fermée. Dans un modèle keynésien où les politiques budgétaire et
monétaire sont utilisées de façon indépendante pour gérer l'arbitrage inflation/production, le conflit entre
elles se traduit par un équilibre non-optimal caractérisé par un taux d'intérêt trop élevé et un déficit
public trop important. De même, dans un modèle à la Barro-Gordon (1983), une Banque centrale
indépendante ne garantit pas les agents contre les surprises inflationnistes si la politique budgétaire est
expansionniste. Enfin, une maquette dynamique montre que l'affectation de la monétaire à la
lutte contre l'inflation ne va pas de soi : la hausse des taux d'intérêt augmente les charges financières
pesant sur les entreprises et réduit leur profitabilité, ce qui nuit à leur investissement, donc au
développement des capacités de production. Une configuration où la politique budgétaire régule la
demande et la politique monétaire régule la profitabilité des entreprises serait préférable. La deuxième
partie présente une maquette à deux pays, dans laquelle la problématique de la coordination des
politiques économiques est réinterprétée dans une situation d'indépendance des politiques monétaire et
budgétaire. L'indépendance des Banques centrales rend encore plus difficile la des
politiques puisque chaque pays parle par deux voix discordantes. Le problème de la
coordination interne s'ajoute à celui de la coordination internationale pour aboutir, en cas de choc
inflationnisme, à un équilibre à forts taux d'intérêt et forts niveaux des déficits publics alors que la
constellation inverse (bas taux d'intérêt, politiques budgétaires restrictives) serait préférable. Cet
inefficacité provient du fait que l'instrument monétaire est relativement moins efficace en cas de choc
inflationniste mondial. Seule, la négociation entre autorités monétaire et budgétaire permettrait d'y
échapper. Mais, est-elle compatible avec l'indépendance de la Banque centrale ?
Abstract
Central Bank independence, monetary and fiscal policies : a strategic approach Fabrice Capoen, Henri
Sterdyniak, Pierre Villa Central Bank independence has recently received a great deal of attention, in
both theoretical literature and the public debate. This independence is meant to prevent goverments
from practizing over- expansionary economic policies, which, when integrated in private agents
expectations, are unable to sustain activity and thus only result in increased inflation. Independence
increases the credibility of the government commitment to maintain a low level of However the
risks of independence have not yet been considered to a sufficient extent. While institutional
considerations lead to dedicate respectively monetary policy to inflation control and fiscal policy to
activity regulation, this separation can be dangerous at a macroeconomic level. Diverging orientations of
monetary and fiscal policies may lead to situations featuring high interest rates, large public deficits and
overvalued exchange rates, the costs of which, for the country as well as its partners, must be
considered. The first part of the article studies the closed economy case. In a Keynesian model, in
which fiscal and monetary policies are used in independent ways to manage the
inflation/unemployement trade-off, the conflict beetwen them induces a sub-optimal equilibrium, where
both interest rates and public deficit are to high. In the same way, in a Barro-Gordon model, an
independent Central Bank does not insure private agents against an inflationary surprise due to fiscal
expansion. Finally a dynamic model shows that the rise of interest rates increases the financial burden
borne by the firms, reduces their profitability and investments, and consequently limits the development
of the production capacity. A situation where fiscal policy controls the demand and where monetarypolicy is dedicated to controlling profitability of firms would be preferable. The second part of the article
introduces a two-country model. The lack of internal coordination between monetary and budgetary
policies worsens the lack of international coordination so as to lead, in an inflationary shock context, to
an equilibrium with high interest rates and deep public deficits, whereas the opposite policy-mix would
be better (low interest rate, restrictive fiscal policy). The point is that the monetary tool is relatively less
efficient when a world wide inflationary shock occurs. Only, a concerted behavior of monetary and fiscal
authorities can result in an efficient policy-mix. But, is it compatible with Central Bank indépendance ?Indépendance
des Banques centrales,
politiques monétaire et budgétaire
une approche stratégique
Fabrice Capoen
Université de Caen
Henri Sterdyniak
Département d'économétrie de l'OFCE
Pierre Villa
СЕРП
Le thème de l'indépendance de la Banque centrale a reçu
récemment une attention importante, tant dans la littérature théori
que que dans le débat public. Celle-ci empêcherait les gouverne
ments de pratiquer des politiques économiques trop expansionn
istes, qui, intégrées dans les anticipations des agents, sont
impuissantes à soutenir l'activité et ne font qu'engendrer de l'infla
tion. Elle crédibiliserait la volonté de l'Etat de maintenir un bas taux
d'inflation. Toutefois, les risques de cette indépendance ne semb
lent pas avoir été convenablement réfléchis. En cas d'indépen
dance de la Banque centrale, se pose un problème d'affectation et
de coordination des instruments de la politique économique. Si des
considérations institutionnelles amènent à consacrer la politique
monétaire à la lutte contre l'inflation et la politique budgétaire au
soutien de l'activité, cette affectation forcée a-t-elle un sens au
niveau économique ? Des orientations différentes des politiques
monétaire et budgétaire peuvent entraîner des situations de taux
d'intérêt élevés, de surévaluation du taux de change, de déficit
public dont le coût, tant pour le pays concerné que pour ses
partenaires, doit être pris en compte.
La première partie de l'article se situe en économie fermée.
Dans un modèle keynésien où les politiques budgétaire et monét
aire sont utilisées de façon indépendante pour gérer l'arbitrage
inflation/production, le conflit entre elles se traduit par un équilibre
non-optimal caractérisé par un taux d'intérêt trop élevé et un déficit
public trop important. De même, dans un modèle à la Barro-Gordon
(1983), une Banque centrale

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