Irrigation et peuplement dans la plaine d Aï Khanoum, de l époque achéménide à l époque musulmane - article ; n°1 ; vol.63, pg 59-110
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Irrigation et peuplement dans la plaine d'Aï Khanoum, de l'époque achéménide à l'époque musulmane - article ; n°1 ; vol.63, pg 59-110

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Description

Bulletin de l'Ecole française d'Extrême-Orient - Année 1976 - Volume 63 - Numéro 1 - Pages 59-110
52 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1976
Nombre de lectures 13
Langue Français
Poids de l'ouvrage 10 Mo

Extrait

Monsieur Jean-Claude Gardin
Pierre Gentelle
III. Irrigation et peuplement dans la plaine d'Aï Khanoum, de
l'époque achéménide à l'époque musulmane
In: Bulletin de l'Ecole française d'Extrême-Orient. Tome 63, 1976. pp. 59-110.
Citer ce document / Cite this document :
Gardin Jean-Claude, Gentelle Pierre. III. Irrigation et peuplement dans la plaine d'Aï Khanoum, de l'époque achéménide à
l'époque musulmane. In: Bulletin de l'Ecole française d'Extrême-Orient. Tome 63, 1976. pp. 59-110.
doi : 10.3406/befeo.1976.3887
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/befeo_0336-1519_1976_num_63_1_3887IRRIGATION ET PEUPLEMENT
DANS LA PLAINE D'AÏ KHANOUM
DE L'ÉPOQUE ACHÉMÉNIDE À L'ÉPOQUE
MUSULMANE
PAR
J.-G. GARDIN et P. GENTELLE
L'exploration archéologique d'un territoire aussi restreint que celui
dont il est ici question (pi. XVIII) est un projet qui ne va pas de soi : pour
quoi cette région plutôt qu'une autre? Quelle raison a-t-on de s'intéresser
à l'histoire de son peuplement, au sens que les géographes donnent à ce
mot ? Gomment une prospection de surface, si minutieuse soit-elle,
peut-elle suffire à fonder même une ébauche de cette histoire? Etc. :
notre premier soin sera de répondre brièvement à ces questions, à travers
un exposé des circonstances qui donnèrent naissance au projet (§ 1).
Viendront ensuite la présentation des résultats de la première campagne
de prospection, en 1974 (§ II et III), et l'exposé de la manière dont nous
espérons les enrichir, au cours des deux ou trois prochaines années*, pour
parvenir à une connaissance meilleure de l'histoire de la Bactriane
orientale, dans les limites d'espace et de temps déterminées par celles de
l'exploration archéologique elle-même (§ IV).
I. Objectifs et méthodes
1-1. Genèse et orientation du projet.
La région visée par l'étude peut être définie de deux manières
— (a) d'abord par référence au grand site hellénistique d'Aï Khanoum,
fouillé par la Délégation archéologique française en Afghanistan depuis
19651 : l'exploration porte sur la zone de plaines cultivées ou cultivables
(1) Voir P. Bernard et al., Fouilles ď Al-Khanoum, 2 vol., Mém. DAFA, t. XXI, Paris
1973. Cet ouvrage (abrégé ci-après Al-Khanoum) couvre les cinq premières campagnes de
fouille à Aï-Khanoum (1965 à 1968) ; pour les campagnes suivantes, voir les rapports de
P. Bernard dans les CRAI (Comptes rendus de l'Académie des Inscriptions et Belles Lettres,
Éditions Klincksieck, Paris), 1970, 301-349 ; 1971, 385-453 ; 1972, 605-632 ; 1974, 280-308 ;
1975, * 167-197. Une seconde campagne de prospection a eu lieu en sept.-oct- 1975, après que le texte
ci-dessous eût été composé ; ses résultats obligent à reviser certaines des hypothèses avancées
en 1974 : voir l'additif in fine et les notes précédées d'un astérisque dans le cours du texte. 60 J.-C. GARDIN ET P. GENTELLE
qui s'étend au voisinage immédiat de cette ville, et qui constitue, au
moins pour une part, le milieu naturel où celle-ci s'est développée ;
(b) alternativement, par référence à ce milieu lui-même, considéré dans
certaines limites géographiques propres. Les deux points de vue sont en
fait complémentaires : le premier fut celui qui commanda l'étude, tandis
que le second venait progressivement préciser l'extension de celle-ci
sur le terrain.
L'idée directrice du projet peut en effet se résumer en un mot : la
construction d'une ville de l'importance d'Aï Khanoum suppose
l'existence alentour d'une population considérable, capable de fournir
non seulement la nourriture des citadins, mais aussi la main-d'œuvre
nécessaire à l'édification de la cité, ainsi que les moyens de subsistance
de cette main-d'œuvre elle-même. La multitude des monuments repé-
rables dans l'enceinte de la ville, les vastes dimensions de ceux que la
fouille a déjà dégagés, enfin la masse extraordinaire du rempart qui les
protège sur plusieurs kilomètres de long1, sont autant de faits qui
conduisent à postuler un peuplement de la « campagne » en rapport avec
les exigences du projet urbain. Ce sont les traces de ce peuplement que
nous avons voulu d'abord retrouver, dans la plaine qui s'étend au Nord
et à l'Est de la ville, entre l'Oxus (Amu Daria) et la Kokcha (pi. XIX).
Cette recherche paraissait d'autant plus nécessaire que l'investigation
archéologique de la ville d'Aï Khanoum posait, au fur et à mesure
qu'elle progressait, un certain nombre de questions que l'étude des
monuments ne suffisait pas à résoudre. Ainsi, si l'on parvenait bien à
cerner la date initiale et les phases successives du développement urbain
à l'époque hellénistique, on apercevait assez mal, en revanche, les
circonstances de sa genèse, dans un cadre naturel dont on ignorait ce
qu'il était lorsque les Macédoniens le découvrirent à la fin du ive siècle
av. J.-C. : la région était-elle semi-désertique, comme encore récemment,
ou au contraire prospère comme elle tend à le devenir grâce aux efforts
conjugués des gouvernants afghans et des populations que ceux-ci
y ont établies depuis quelques décennies? Dans l'une ou l'autre hypot
hèse, comment convenait-il de se représenter la physionomie culturelle
de la région après son rattachement à l'autorité perse, tel que l'évoquent
les inscriptions des rois achéménides où la Bactriane et la Sogdiane sont
mentionnées? L'absence d'aucun monument de cette période, à
l'intérieur des murs d'Aï Khanoum — au moins jusqu'à ce jour2 — ■ ne
favorisait pas l'élucidation de ces questions ;- mais l'on pouvait espérer
trouver dans les plaines voisines les traces d'un habitat « perse », rural
sinon urbain (le terme « perse » ne revêtant pour le moment qu'une
signification chronologique), de nature à fournir au moins quelques
éléments de réponse.
(1) Le rempart d'Aï-Khanoum, œuvre colossale s'il en fût, a fait l'objet de fouilles en
plusieurs points : voir P. Leriche, « Aï- Khanoum, un rempart hellénistique en Asie Centrale »,
Revue Archéologique, 1974, fasc. 2, pp. 231-270.
(2) Rien ne prouve en effet que le site sur lequel les Grecs édifièrent la ville n'était pas
occupé à l'époque perse : les bases de colonne de type achéménide trouvées dans la ville basse
suggèrent plutôt le contraire (voir P. Bernard dans Al-Khanoum, I, pp. 119-120) ; et l'explo
ration archéologique de la ville haute (Bala Hissar) reste à faire. ET PEUPLEMENT DANS LA PLAINE D'AÏ KHANOUM 61 IRRIGATION
De la même manière, si l'on imaginait bien que la destruction et
l'abandon de la ville grecque devaient être mis en rapport avec les
invasions « nomades » du 11e et du Ier siècles av. J.-C, on n'en était pas
moins embarrassé de ne trouver sur le site, hormis peut-être quelques
pointes de flèche1, aucune trace positive des envahisseurs : par exemple,
à défaut de sépultures, au moins quelques-uns des objets caractéristiques
des peuples de la steppe — armes, pièces de harnachement, poteries, etc.
Sans doute pouvait-on arguer que ces « nomades » n'avaient que faire
d'une ville, grande ou petite, et que n'étant pas tentés de s'y établir,
même le temps d'un pillage2, ils pouvaient bien n'y avoir laissé aucun
vestige. Encore convenait-il d'essayer de les suivre au-delà des limites
étroites de la cité, pour s'assurer qu'on ne découvrirait pas leurs traces
immédiatement hors les murs, dans des nécropoles ou des kurgans isolés3,
ou mieux encore sur des établissements ruraux attestant le processus de
sédentarisation qui devait conduire ces mêmes « nomades » à former un
ou deux siècles plus tard l'un des plus puissants empires qui aient jamais
dominé l'Asie moyenne, sous l'autorité de la dynastie kushane.
En résumé, c'est la progression même de l'étude archéologique
d'Aï Khanoum qui nous conduisit à chercher dans la campagne environ
nante la réponse à trois ordres de

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