Jacqueline Pascal. - article ; n°1 ; vol.5, pg 301-338
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Description

Bibliothèque de l'école des chartes - Année 1844 - Volume 5 - Numéro 1 - Pages 301-338
38 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1844
Nombre de lectures 6
Langue Français
Poids de l'ouvrage 2 Mo

Extrait

Victor Cousin
Jacqueline Pascal.
In: Bibliothèque de l'école des chartes. 1844, tome 5. pp. 301-338.
Citer ce document / Cite this document :
Cousin Victor. Jacqueline Pascal. In: Bibliothèque de l'école des chartes. 1844, tome 5. pp. 301-338.
doi : 10.3406/bec.1844.451775
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/bec_0373-6237_1844_num_5_1_451775.
f . D'io/
JACQUELINE PASCAL.
rêve illustres Perrault. j'ai :il donné sert du Je de dix-septième ailleurs n'accomplirai délassement (1) une siècle, à ébauche jamais mes sur travaux, ce d'une le dessein modèle de galerie charme du ou des recueil plutôt à femmes ma sode ce
litude. Je me borne à rassembler sur les rayons de ma bibli
othèque des manuscrits lambeaux ce qui , qui de nous éclairent leurs reste correspondances de à mes ces femmes yeux et inédites illustres marquent ou , et plus de à mémoires recueillir distin
lettres ctement nouvelles les traits de telle madame figure de qui Longueville m'est chère. , cette J'ai créature publié des ra
vissante , pleine à la fois de hauteur et de langueur aux v put
entraînement remuante bleus , aux dans blonds des le monde, sens, cheveux et par , si avec dévouée le le seul front en mouvement amour, du grand sans Condé de lame- aucun si
je de puis Port-Royal la présenter trouve tout à et au coup aux milieu lecteur Carmélites si repentante, de , mes mais (2). manuscrits sans Aujourd'hui, si parure humble , une aucune et figure j'ai si quelque , tremblante et toute telle difféenvie que à
rente de culture , celle , d'une eût pu enfant devenir pleine une de personne génie , qui incomparable , avec un peu natuplus
rellement belle et enjouée , d'un esprit sévère et gracieux tout
ensemble, d'une merveilleuse aptitude à la poésie, née pour faire
les délices de la famille et le charme d'une société d'élite mais
(1) Revue des Deux-Mondes, n° de janvier 1844.
(2) Fragments littéraires, Paris, 1843.
V. ai 302
([ni , tout à coup saisie d'un accès de dévotion outrée , renonça
au monde, s'appliqua à étouffer tous les dons qu'elle avait reçus,
entra en religion à vingt-six ans, et mourut à trente-six dans les
angoisses d'une conscience troublée : je veux parler de Jacquel
ine Pascal.
Quelle famille que celle des Pascal ! Elle n'est pas , elle ne
peut pas être supérieure à celle des Arnauld, mais elle lui est
égale par la qualité, sinon par le nombre. Dès que Richelieu ,
de son regard d'aigle , aperçut Etienne Pascal accompagné de
son fils Biaise , qui avait alors une quinzaine d'années , et de ses
deux filles Gilberte et Jacqueline, il demeura frappé de la beauté
de ces enfants , et au lieu de laisser le père les lui recommand
er , c'est lui qui les recommanda à ses soins , en lui disant :
Ten veux faire quelque chose de grand! Etienne Pascal était un
homme de beaucoup de mérite. Outre sa capacité comme inten
dant de province , il élait très-instruit , et même savant. Il rece
vait chez lui des mathématiciens et des physiciens ; il participait
à leurs travaux, et on a de lui une lettre au jésuite Noël , .où il
l'engage, d'un ton moitié sérieux, moitié plaisant, à ne pas
trop se commettre avec son iils Biaise Pascal à l'endroit de la pe
santeur de l'air , l'avertissant qu'il aurait affaire à un rude ad
versaire (1) . 11 avait donné à cet enfant une éducation un peu sys
tématique , qui ne fut pas sans influence sur la tournure de son
esprit. Ses deux filles avaient aussi reçu une instruction très-
forte. L'aînée s'appelait Gilberte; Marguerite Périer,sa fille,
dans ses Mémoires inédits sur sa famille (2), nous parle ainsi de sa
mère : « Elle était née le 7 janvier 1 620, à Clermont. Mon grand-
« père s'étant retiré à Paris en 1630 pour y élever ses enfants ,
« ma mère, qui était l'aînée, avait dix ans ; elle se maria à vingt
« et un ans (quand M. Pascal le père était intendant en Nor-
« mandie), et elle resta à Rouen. Quand elle fut ici (à Clermont),
« elle se mit dans le grand monde comme toutes les personnes de
« son âge et de sa condition. Elle avait tout ce qu'il fallait pour
.< y être agréablement , étant belle et bien faite. Elle avait beau-
« coup d'esprit. Elle avait été élevée par mon grand-père , qui
« dès sa plus tendre jeunesse avait pris plaisir à lui apprendre
« les mathématiques , la philosophie et l'histoire. Eu 1646 , ma
« mère étant allée à Rouen chez mon grand-père , trouva toute sa
(1) Édition de Pascal, de Bossut, t. IV, p. 177.
(2) Bibliothèque royale, supplément français, n° 1487. 303
« famille à Dieu , qui lui fit la grâce et à mon père d'entrer dans
«les mêmes sentiments. Elle quitta donc le monde et tous les
« agréments qu'elle y pouvait avoir , à l'âge de vingt-six ans , et
« elle a toujours vécu dans cette séparation jusqu'à sa mort. >■
Ne croyez pas que ce portrait soit embelli ; l'austère Marguer
ite ne flatte personne , et si une janséniste comme elle remar
que que sa mère était belle, il faut que celle-ci Fait été beaucoup.
Nous savons de divers endroits que c'est Gilberte qui, pendant
la fuite de son père accusé d'avoir pris part à une sédition ,
placée toute jeune à la tête de la maison et de la famille, ayant
reçu l'invitation de laisser jouer la comédie à sa petite sœur Jac
queline sur le théâtre de M. le cardinal , fit cette réponse à la
Corneille : « M. le cardinal ne nous fait pas assez de plaisir pour
« que nous prenions soin de lui en faire. » Les écrits et surtout
les manuscrits jansénistes sont pleins de lettres de Gilberte ,
devenue madame Périer ; mais ce qui la recommande à la postér
ité est la vie si connue de son frère Pascal. Cette vie est admi
rable ; elle fait aimer Pascal , et c'est sa sœur qui lui a rendu ce
pieux office. Elle s'efface le plus qu'elle peut , et ne laisse pa
raître que son frère. Elle l'aimait tendrement et s'affligeait ,
sans oser le lui dire, de ses froideurs apparentes. Malheureuse
ment je soupçonne cette biographie d'avoir été revue par 3Ies-
sieurs de Port-Royal , et il y a une lacune assez étendue.
Jacqueline est une personne plus étonnante encore que Gil
berte. Elle avait dû recevoir du ciel quelque chose d'extraor-
naire , car elle était l'idole d'une famille où l'on se connaissait
et où l'on était très- difficile en fait d'esprit. Jusqu'ici on ne sait
guère d'elle que ce qui s'en trouve incidemment dans la vie de
Pascal par madame Périer , et dans la notice qui lui est consa
crée au nécrologe de Port-Royal. Bossut (1) cite les vers
qu'enfant elle récita à Richelieu pour lui demander la grâce de
son père. Elle remporta toute jeune à Rouen le prix de poésie;
et plus tard , retirée du monde à Port-Royal , elle faisait encore
des vers dans les grandes circonstances, par exemple, pour célé
brer le miracle opéré par la sainte Epine sur les yeux malades de
sa nièce, Marguerite Périer. Le Recueil de plusieurs pièces pour ser
vir à l'histoire de Port-Royal en a conservé quelques fragments
poétiques et quelques lettres. D'autres morceaux en prose sont
(l) Discours sur la rie et los écrits de Pascal.
21. 304
dispersés dans les collections jansénistes. Moi-même j'ai publié
des lettres d'elle adressées à son frère Pascal (1). Mais tous ces
traits épars font mal connaître cette personne singulière , que
toute sa famille adorait et admirait. Grâce à Dieu, il nous est
aisé d'en donner une idée vraie et complète à l'aide de plusieurs
documents inédits; ces documents sont d'abord une biographie
composée par Gilberte sa sœur, qui la conduit depuis sa pre
mière enfance jusqu'au moment où elle entre en religion ; en
suite , dans les Mémoires de Marguerite Périer sur sa famille ,
divers paragraphes relatifs à sa tante, qui développent et achè
vent la première biographie.
Ainsi , Gilberte Pascal ne s'est pas contentée d'écrire la vie
de son frère , elle a voulu aussi

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