Jacques II de Lusignan, archevêque de Nicosie, et ses premiers successeurs. - article ; n°1 ; vol.38, pg 257-274
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Description

Bibliothèque de l'école des chartes - Année 1877 - Volume 38 - Numéro 1 - Pages 257-274
18 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

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Publié par
Publié le 01 janvier 1877
Nombre de lectures 17
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

Louis de Mas-Latrie
Jacques II de Lusignan, archevêque de Nicosie, et ses premiers
successeurs.
In: Bibliothèque de l'école des chartes. 1877, tome 38. pp. 257-274.
Citer ce document / Cite this document :
de Mas-Latrie Louis. Jacques II de Lusignan, archevêque de Nicosie, et ses premiers successeurs. In: Bibliothèque de l'école
des chartes. 1877, tome 38. pp. 257-274.
doi : 10.3406/bec.1877.446749
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/bec_0373-6237_1877_num_38_1_446749<
\ „
JACQUES II DE LUSIGNAN
ARCHEVÊQUE DE NICOSIE,
ET SES PREMIERS SUCCESSEURS.
1.
JACQUES DE LUSIGNAN. — LE CARDINAL ISIDORE.
1456-1 463*.
Le siège de Nicosie étant devenu vacant en l'année 1456, le
roi Jean II de Lusignan le donna à son fils naturel, Jacques, alors
âgé de dix-sept ans 2, et demanda la régularisation de sa nominat
ion à la cour apostolique.
Pourvu des premiers degrés de l'ordre 3, le jeune prince, ambi
tieux et passionné, propre à tout, prêt à tout, excepté à remplir
les devoirs ecclésiastiques, se hâta de prendre possession de l'église
de Sainte-Sophie et du palais de l'archevêché, en attendant ses
bulles de confirmation. Quoi qu'on en ait dit, Rome ne les lui
accorda jamais 4 ; et l'on doit s'en féliciter pour l'honneur de
l'église. Les événements poussèrent bientôt Jacques le Bâtard
dans des voies bien différentes de celles où le cardinal Hugues,
1. Extrait d'une Histoire des Archevêques latins de Nicosie.
2. Georges Bustron, Chron., édit. Sathas, p. 415. Cf. Flor. Bustron et notre
Hist, de Chypre', t. III, p. 73, n. 2. Et. de Lusignan dit que le prince Jacques
avait alors 20 ans (fol. 157, v°) ; mais trois ans plus tard, en 1459, il lui donne
encore le même âge, fol, 167.
3. Malipiero, Annal., t. II, p. 596. Il était sous-diacre d'après Lusignan.
4. Pie II le rappelle lui-même : « quod romana ecclesia nunquam ratum
« habuit. » Opera omnia. Bále, p. 379. De Bello Cyprio.
M 258
son grand-oncle, dont il se prétendait l'émule et le successeur,
avait laissé une mémoire respectée. A peine sorti de l'adolescence,
Jacques avait la résolution d'un homme fait; il était d'ailleurs
d'un physique des plus avantageux et d'une rare intelligence. Le
roi avait pour cet enfant, son seul ûls, une extrême tendresse, et
n'osait trop la manifester. La reine Hélène Paléologue se défiait
déjà de ce qui semblait s'agiter dans cette tête ardente et ouverte
à toutes les convoitises. Séparé du trône par une sœur légitime
qu'il aimait, mais qu'il ne tarda pas à dépouiller, Jacques ne pen
sait peut-être pas encore à l'autorité souveraine ; il se fût con
tenté vraisemblablement de l'archevêché, à la condition d'en faire
un moyen de domination et de richesse. Je n'ai pas à raconter ici
les événements généraux de son histoire, je rappelle seulement
les faits qui le concernent durant les trois ou quatre ans pendant
lesquels il se prétendit archevêque de Chypre.
Les chroniques du temps, en parlant des premières années de
sa vie publique, l'appellent toujours Y Apoštole ou le Postulé,
ce qui signifie Y Elu l. On désignait de ce nom le prélat nommé
déjà à un évêché par l'autorité ecclésiastique ou laïque et non
encore pourvu de la confirmation dernière et indispensable du
Saint-Siège. La dénomination est restée plus particulièrement
attachée à Jacques le Bâtard en raison de sa notoriété histo
rique, et parce que les événements de son règne furent d'abord
écrits par un contemporain grec, Georges Bustron, qui l'appelle
toujours YApostolès. Ses partisans le nommèrent de même
jusqu'au jour où les succès inouïs de son audace et de son usur
pation forcèrent ses ennemis, comme ses amis, à lui donner le
nom de Roi.
La violence de son caractère n'avait pas tardé à se manifester.
Pendant qu'il séjournait encore à l'archevêché de Nicosie, au
milieu d'une maison plus militaire que cléricale, sa sœur Charl
otte s' étant un jour plainte à lui du chambellan royal Thomas,
frère de lait de la reine Hélène, Jacques, sans calculer le
danger, prit vivement parti pour sa sœur; il fit saisir le chamb
ellan, le fit amener devant lui, et tuer sous ses yeux par ses
gens. Obligé de quitter Nicosie, après cet insolent défi jeté à la
reine, il se réfugia à Rhodes, où il passa cinq mois. Il fut rejoint
dans cette île par un moine augustin, de race grecque, frère
l.Cf. Hist, de Chypre, t. III, p. 76, n. 4, p. 82, n. 3. 259
Guillaume Gonème, confesseur du roi Jean, homme d'une vie
régulière et sans ambition personnelle, que la reine avait fini par
éloigner de la cour et contraint à quitter l'île de Chypre. Gonème
s'intéressa au sort du prince exilé comme lui et s'attacha à sa
fortune. Sans pouvoir diriger sa nature impérieuse, il parvint
souvent à s'en faire écouter, et lui rendit de grands services par
sa prudence, son dévouement et sa dextérité.
L'espoir de retenir encore Jacques dans la carrière des hon
neurs ecclésiastiques détermina la reine à consentir ensuite à son
rappel. Il rentra en Chypre, avec Gonème, dans l'année 1457.
Mais le fond de sa nature hautaine et emportée reparut bientôt.
Peu après son retour, il tua de sa propre main un chevalier de la
famille de Gourri qui l'avait bravé. Personne n'osa sévir contre
lui à cette occasion. On semblait le craindre déjà, et on évitait
d'irriter celui que l'on voyait maître de l'avenir. Grâce à cette
disposition des esprits, il obtint sa réinstallation complète à
l'archevêché, dit Georges Bustron, « avec les droits, les hon
neurs, et les revenus qu'avait eus son oncle le cardinal1. »
La nomination romaine lui manquait seule, pour avoir la plé
nitude du droit archiépiscopal, et il ne l'obtint pas , quoiqu'elle
fût souvent demandée au Pape, non-seulement par le roi et la
reine Hélène, mais même par quelques influences étrangères ~
qui, dans l'intérêt de la paix du royaume de Chypre, auraient
voulu fermer absolument l'accès du trône à Jacques. Jamais le
pape Pie II ne voulut régulariser une nomination, faite au
mépris des droits de l'église, d'un enfant illégitime et aujour
d'hui souillé de sang. Jacques ne s'en tenait pas moins pour
archevêque, et prétendait agir comme tel dans toutes les
choses temporelles. Il consentait, du moins, pour éviter de con
sommer le sacrilège, à laisser à son premier vicaire, Antoine Sou-
louani, toutes les fonctions purement religieuses de la dignité
métropolitaine3.
La reine Hélène Paléologue étant morte au mois d'avril 1458,
les grands officiers, profitant de l'indécision du roi, parvinrent à
1. Ms., fol. 12, v. Edit. Sathas, p. 423.
2. La république de Florence le demanda à Nicolas V. (Hist, de Chypre, t. III,
p. 73, п., où il est dit, par erreur, que Jacques le Bâtard fut rais en posses
sion de l'archevêché dès la mort du cardinal Hugues , son grand-oncle.)
Venise agit dans le même sens auprès du pape, sans plus de succès.
3. Georges Bustron, fol. 17, 19 ; Edit., p. 427. 260
íaire refuser à Г Apoštole l'autorisation d'assister aux obsèques
royales. On lui notifia d'avoir à se tenir renfermé dans l'arche
vêché1. Ce fut pour lui un mortel déboire; il obéit néanmoins,
semblant compter sur un prochain dédommagement. Ses pressen
timents ne l'avaient pas trompé. Le roi, comme affranchi par
la mort de la reine d'un joug intolérable, osa montrer sa volonté.
Il appela le jeune prince au palais, il l'autorisa à venir le voir
souvent, et bientôt, nese contenant plus, il lui témoigna devant
tous et en particulier la plus vive tendresse. Cette haute faveur
et cette reconnaissance publique ne devaient, semblait-il, porter
aucune atteinte aux droits de Charlotte, la fille et l'héritière,
que le roi Jean entendait bien respecter. Mais l'effet fut tout autre
que le roi ne le pensait ; et de son vivant il put en pressentir
et en calculer les redoutables con

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