« L agro-fourniture : un pôle industriel à créer » - article ; n°1 ; vol.23, pg 244-251
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Description

Revue d'économie industrielle - Année 1983 - Volume 23 - Numéro 1 - Pages 244-251
8 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1983
Nombre de lectures 6
Langue Français

Extrait

Pascal Bye
« L'agro-fourniture : un pôle industriel à créer »
In: Revue d'économie industrielle. Vol. 23. 1er trimestre 1983. pp. 244-251.
Citer ce document / Cite this document :
Bye Pascal. « L'agro-fourniture : un pôle industriel à créer ». In: Revue d'économie industrielle. Vol. 23. 1er trimestre 1983. pp.
244-251.
doi : 10.3406/rei.1983.1160
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/rei_0154-3229_1983_num_23_1_1160L 'agro-fourniture :
un pôle industriel à créer
Pascal BYÉ
Chargé de recherche INRA, IREP - Grenoble
Les industries de l'agro-fourniture (1) subissent à tour de rôle — et ce depuis
bientôt dix ans — les conséquences de la crise économique et de la baisse du
revenu paysan.
Ces difficultés qui se manifestent, dès 1970, tant dans le secteur de la mécani
que que de la chimie, témoignent simultanément de l'inadaptation d'un modèle
technique monolithique mal adapté à la diversité des systèmes de production
agricoles nationaux et des coûts excessifs que son adoption entraîne chez les agri
culteurs. Ces difficultés ne sont donc pas que conjoncturelles, même si elles
s'accentuent au moment où la pression sur les prix des produits agricoles apparaît
particulièrement forte. Dans l'immédiat, l'augmentation des coûts de production
agricoles, liés notamment à la position et aux orientations industrielles de l'agro-
fourniture nationale, peut compromettre les performances de l'agriculture natio
nale et réduire sensiblement la portée des politiques qui s'y rapportent.
Il est, par exemple, quelque peu velléitaire de fixer des objectifs ambitieux en
matière d'exportation agro-alimentaire sans mesurer les conséquences induites
par ces objectifs sur l'importation de produits industriels nécessaires à cette pro
duction exportable. Il est tout aussi utile de connaître la portée des mesures
d'aide à l'équipement agricole quand on sait la dépendance technique et commerc
iale de la France à cet égard et qu'une subvention d'un milliard de francs accor
dée aux agriculteurs français pour exporter, se traduit, dans l'état actuel des tech
niques, par une importation de 5 à 600 millions de francs de matériel.
Mais, redonner une priorité à l'agro-fourniture dans les programmes agricoles
ne relève pas de la recherche d'une simple cohérence technique ou économique
entre secteurs économiques, de solutions de relance à proposer à des secteurs en
difficulté, ou même, sous couvert de reconquête du marché intérieur, du renfor
cement de la position des industries nationales dans quelques secteurs stratégi
ques. Le propos est plus ambitieux. Redonner une priorité à l'agro-fourniture,
(1) Par agro-fourniture, ou industrie d'amont, on entend l'ensemble des industries qui fournissent à
l'agriculture ses moyens de production : biens d'équipement mécaniques, électriques, bâtiments,
consommations intermédiaires d'origine agricole ou alimentaire, chimique, pétrochimique, phar
maceutique ou génétique.
244 REVUE D'ÉCONOMIE INDUSTRIELLE — n° 23, 1" trimestre 1983 c'est mettre aussi au point, pour les années à venir, un nouveau modèle technique
agricole susceptible, en augmentant la productivité agricole et en abaissant ses
coûts, d'ouvrir de nouveaux débouchés. En un mot, fonder une dynamique agri
cole sur la mise au point d'un nouveau modèle d'intensification de la production
agricole basé sur un nouveau modèle d'accumulation.
Pour pouvoir définir, dans cette optique, le rôle dévolu aux industries de
l'agro-fourniture, il s'agit d'abord de saisir quelle a été leur position durant la
période de croissance agricole, qualifiée d'industrialisation de l'agriculture.
Il s'agit, ensuite, en se situant dans le cadre national, et compte tenu du fait
que l'Etat contrôle aujourd'hui, via les grands groupes nationalisés, une partie
importante de cette industrie, de repenser les orientations de leur développement
scientifique et industriel.
1. — L'AGRO-FOURNITURE : UNE CROISSANCE INDUSTRIELLE
BASÉE SUR L'UNIFORMISATION DES TECHNIQUES
Le développement de l'agro-fourniture repose avant tout sur la modification
des techniques agricoles et la transformation de systèmes productifs « labor-
using ». Les achats de l'agriculture en produits d'origine industrielle ou transi
tant par l'industrie (2) représentent entre 60 et 80 °/o de la valeur de la production
agricole. Dans ces conditions, il va de soi que le rôle joué par les agriculteurs dans
le choix des techniques se restreint et se réduit de plus en plus à celui « d'adaptat
eur ou de « testeur » des nouveaux produits industriels.
L'agro-fourniture n'est cependant pas un ensemble industriel homogène, met
tant en œuvre une politique de croissance cohérente. Elle est constituée de pôles
(chimiques, mécanique, génétique) dont les activités longtemps convergentes,
divergent de plus en plus au fil de la complexification des techniques agricoles et
des effets de la crise économique. Ainsi, au cours des années, qui aboutissent à
transférer dans l'agriculture des techniques d'origine industrielle, certaines
industries vont-elles s'imposer aux autres et infléchir les orientations techniques
et commerciales de l'agro-fourniture
Ce schéma aboutit, par exemple, à la fin des années 70, à l'adoption d'un
modèle extensif dominé par la mécanisation. L'achat d'un tracteur ou d'une
machine de récolte justifie l'agrandissement foncier et conditionne la sélection
des techniques dans la chimie, la phytopharmacie, la génétique. Le modèle méca
nique témoigne de son efficacité en grande culture et plus généralement dans tou
tes les productions où la standardisation du processus technique de production se
plie aux contraintes mécaniques. Mais, il apparaît mal adapté à la polyculture-
élevage de petite dimension, à la mise en valeur de superficie importantes du ter
ritoire national (3). La priorité accordée au niveau politique à la mécanisation via
la restructuration foncière occulte la rigidité des solutions mécaniques à qui on
(2) Par exemple pour tous les produits agricoles transformés (alimentation animale) ou sélectionné
par l'industrie (semences).
(3) Zones de montagnes, cultures spéciales, transformation alimentaire, élevage bovin.
REVUE D'ECONOMIE INDUSTRIELLE — n° 23, 1" trimestre 1983 245 continue d'accorder une responsabilité essentielle dans l'augmentation de la pro
ductivité agricole et de la substitution capital-travail.
Dominant l'agro-fourniture, l'industrie mécanique va perdre, cependant pro
gressivement sont leadership au fur-et-à-mesure du développement de la crise
économique.
Du parallélisme à la concurrence des croissances entre les industries de l'agro-
fourniture : une industrie menacée, le machinisme agricole.
Alors que l'industrie mécanique continue, jusqu'à une période récente, à
orienter les techniques agricoles dans les grandes productions industrialisées, sa
pénétration reste faible dans les systèmes de production où l'importance des
savoir-faire artisanaux et la présence d'une main-d'œuvre qualifiée et disponible
supplée l'exiguïté foncière et la rigidité des biens d'équipement mécaniques.
Preuve de leur efficacité : non seulement la productivité à l'hectare reste supé
rieure à celle réalisée dans les exploitations les plus mécanisées, mais encore leur
gestion démontre que les nouveaux accroissements de productivité à l'hectare
dépendent plus de l'utilisation de nouveaux produits industriels, voire de l'intr
oduction de nouvelles techniques agricoles, que de la généralisation des techniques
mécaniques.
Illustration de ce phénomène, le ratio des consommations intermédiaires/bien
d'équipement d'origine industrielle mesuré en valeur se modifie , à partir de
1963. Il passe de deux, en 1968, à trois, en 1980, pour l'ensemble des productions
agricoles. L'augmentation est d'autant plus forte que la productivité à l'hectare
est importante. Le recours croissant à un capital circulant matérialisé par des
achats d'engrais

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