L armée et la Fête Nationale, 1789-1919 - article ; n°4 ; vol.10, pg 505-527
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L'armée et la Fête Nationale, 1789-1919 - article ; n°4 ; vol.10, pg 505-527

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Description

Histoire, économie et société - Année 1991 - Volume 10 - Numéro 4 - Pages 505-527
Abstract The national day shows perfectly the complexity of the relations between the Army, the Regime and the Nation. At this opportunity, the successive regimes use the Army for their owvn glorification. The Third republic tries to obtain that the Army, which it mistrustes (Ministry Boulanger, Dreyfus Affair) joins it. It chooses the Date in 1880, July 14th, but wipes out the commemorative contents of the festivity. In counterpart, the Army of conscription, now glorious with the colonial wars, il rehabilitated. Unfortunately, it is implicated in the social order too. Thus an antimilitarism grows ; it can bee seen in most difficulties at the national Festivities. But, after 1910, with a translation of his contents from the Republic to the patriotic aspect, the presence of the Army in the national Day is admitted, and becomes irrevocable with the day of Victory, in 1919.
Résumé La Fête Nationale constitue un moment privilégié de la mise en évidence de la complexité des rapports entre l'Armée, le régime, et la Nation. En cette occasion, les régimes successifs utilisent l'armée pour leur propre glorification. La Troisième République tente de se rallier une Armée dont elle se méfie (Ministère Boulanger, Affaire Dreyfus) en gommant le contenu commémoratif de la date choisie en 1880, le 14 juillet. En contrepartie, l'armée conscriptionnelle, couverte de gloire coloniale, est réhabilitée. Elle est aussi, malheureusement, impliquée dans l'ordre social, ce qui développe un antimilitarisme exprimé par des incidents lors de la Fête. Après 1910, avec un glissement référenciel sensible de la République à la Patrie, la présence de l'Armée dans la Fête nationale est acquise pour tous, de manière irrévocable avec le grand Défilé de la Victoire en 1919.
23 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1991
Nombre de lectures 32
Langue Français
Poids de l'ouvrage 2 Mo

Extrait

Jean-Pierre Bois
L'armée et la Fête Nationale, 1789-1919
In: Histoire, économie et société. 1991, 10e année, n°4. pp. 505-527.
Résumé La Fête Nationale constitue un moment privilégié de la mise en évidence de la complexité des rapports entre l'Armée, le
régime, et la Nation. En cette occasion, les régimes successifs utilisent l'armée pour leur propre glorification. La Troisième
République tente de se rallier une Armée dont elle se méfie (Ministère Boulanger, Affaire Dreyfus) en gommant le contenu
commémoratif de la date choisie en 1880, le 14 juillet. En contrepartie, l'armée conscriptionnelle, couverte de gloire coloniale, est
réhabilitée. Elle est aussi, malheureusement, impliquée dans l'ordre social, ce qui développe un antimilitarisme exprimé par des
incidents lors de la Fête. Après 1910, avec un glissement référenciel sensible de la République à la Patrie, la présence de
l'Armée dans la Fête nationale est acquise pour tous, de manière irrévocable avec le grand Défilé de la Victoire en 1919.
Abstract The national day shows perfectly the complexity of the relations between the Army, the Regime and the Nation. At this
opportunity, the successive regimes use the Army for their owvn glorification. The Third republic tries to obtain that the Army,
which it mistrustes (Ministry Boulanger, Dreyfus Affair) joins it. It chooses the Date in 1880, July 14th, but wipes out the
commemorative contents of the festivity. In counterpart, the Army of conscription, now glorious with the colonial wars, il
rehabilitated. Unfortunately, it is implicated in the social order too. Thus an antimilitarism grows ; it can bee seen in most
difficulties at the national Festivities. But, after 1910, with a translation of his contents from the Republic to the patriotic aspect,
the presence of the Army in the national Day is admitted, and becomes irrevocable with the day of Victory, in 1919.
Citer ce document / Cite this document :
Bois Jean-Pierre. L'armée et la Fête Nationale, 1789-1919. In: Histoire, économie et société. 1991, 10e année, n°4. pp. 505-
527.
doi : 10.3406/hes.1991.1581
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/hes_0752-5702_1991_num_10_4_1581L'ARMEE ET LA FETE NATIONALE, 1789-1919
par Jean-Pierre BOIS
Résumé
La Fête Nationale constitue un moment privilégié de la mise en évidence de la complexité des
rapports entre l'Armée, le régime, et la Nation. En cette occasion, les régimes successifs utilisent
l'armée pour leur propre glorification. La Troisième République tente de se rallier une Armée dont elle
se méfie (Ministère Boulanger, Affaire Dreyfus) en gommant le contenu commémoratif de la date
choisie en 1880, le 14 juillet. En contrepartie, l'armée conscriptionnelle, couverte de gloire coloniale,
est réhabilitée. Elle est aussi, malheureusement, impliquée dans l'ordre social, ce qui développe un
antimilitarisme exprimé par des incidents lors de la Fête. Après 1910, avec un glissement référenciel
sensible de la République à la Patrie, la présence de l'Armée dans la Fête nationale est acquise pour
tous, de manière irrévocable avec le grand Défilé de la Victoire en 1919.
Abstract
The national day shows perfectly the complexity of the relations between the Army, the Regime
and the Nation. At this opportunity, the successive regimes use the Army for their owvn
glorification. The Third republic tries to obtain that the Army, which it mistrustes (Ministry
Boulanger, Dreyfus Affair) joins it. It chooses the Date in 1880, July 14th, but wipes out the
commemorative contents of the festivity. In counterpart, the Army of conscription, now glorious
with the colonial wars, il rehabilitated. Unfortunately, it is implicated in the social order too. Thus an
antimilitarism grows ; it can bee seen in most difficulties at the national Festivities. But, after 1910,
with a translation of his contents from the Republic to the patriotic aspect, the presence of the Army
in the national Day is admitted, and becomes irrevocable with the day of Victory, in 1919.
La célébration de la Fête Nationale offre un moment privilégié de l'étude des rap
ports entre l'Armée et l'Etat d'une part, entre l'Armée et la Nation d'autre part, dis
tincte de la problématique générale des fêtes.
Le cortège appartient à presque toutes les fêtes. Pour autant, la composante mili
taire est-elle nécessaire ? L'armée dans la fête, c'est une parade, une revue et une
marche, l'uniforme, les couleurs, la musique, la cadence ; tout indique l'ordre, dont
chaque détail touche à la perfection qui découle du nombre bien agencé. Le spectacle
militaire répond aussi à un goût inhérent aux sociétés et aux individus. Au moins, il ne
laisse jamais indifférent. Après ce moment d'ordre, inversement, vient le désordre, la
liberté, la rupture des convenances et des contraintes. L'ordre et le désordre sont les
deux manières extrêmes de briser la monotonie quotidienne1. 506 HISTOIRE ECONOMIE ET SOCIETE
Restons au premier moment, celui de la fête ordonnée. Toutes les grandes fêtes
anciennes l'ont connu. Les fêtes royales, dynastiques ou religieuses, ont l'apparat
majestueux de l'Armée ou de l'Eglise, complété par un cortège devenu procession2. Il
était fréquent que, pour la réussite de leurs cérémonies, les robes et les armes se
confondent, par exemple dans un Te Deum. Maurice de Saxe, à propos des soldats et
officiers allemands, qu'il connaît fort bien, écrit même que ce qu'ils appellent une pa
rade d'église est plutôt une espèce de revue qu'une cérémonie religieuse3. Plus sim
plement, il arrivait que les prêtres fassent appel aux militaires pour rehausser leurs
fêtes. On pourrait en dire autant des fêtes populaires, qui privilégient le jeu, la danse et
le défoulement collectif, mais ont recours au cortège des corporations. Rassemblement
et spectacle, telles semblent être les fonctions de ce premier moment de toutes les fes
tivités. Les fêtes militaires elles-mêmes, déjà nombreuses sous l'Ancien Régime,
comportent des excercices, des évolutions, des marches. Elles sont démonstratives.
Dans le cadre d'une Fête Nationale, les données du problème sont plus complexes
que la simple volonté de réussir un beau moment, pour une série de raisons difficiles à
classer, les unes touchant à la définition de l'armée appelée à y contribuer, les autres à
l'objet commémoratif de la fête4.
L'armée peut être une armée de métier, composée de volontaires, une armée de
conscription, limitée et arrangée, avec remplacements et tirages ; à la fin du XIXe
siècle, l'armée est plus réellement nationale, chacun peut désormais se reconnaître, et
les mères et les épouses reconnaître leurs fils et leurs maris dans les soldats qui défi
lent : l'identification nationale est acquise. Mais la qualité de la relation entre l'armée et
la nation se double alors d'une autre question, celle de la qualité de la relation entre
l'armée et l'Etat : quelle est la fonction de l'armée au service de l'Etat, guerre ou ordre
public ? On s'interroge souvent entre 1880 et 1914. Et quand il y a guerre, quelle
guerre ? Guerre étrangère de conquête, guerre pour la défense d'une patrie menacée, coloniale ? Guerre gagnée ou guerre perdue ? On ne voit pas du même œil une
armée victorieuse et une armée vaincue. Enfin, reste la question de l'objet de la fête,
qui associe inévitablement deux composantes, le régime qui la donne, et sa fonction
commemorative. La date retenue pour la Fête Nationale n'est pas innocente, et l'armée
présente, composante essentielle, sert inévitablement à en promouvoir ou défendre le
contenu symbolique. Quand il y a débat sur le Régime et qu'il y a débat sur la date re
tenue, la participation de l'armée à la Fête Nationale pose un réel problème de défini
tion5.
Perspective historique et problématique initiale. 1 789- 1 8 79.
Le point de départ de cette étude se situe obligatoirement au moment de la Révol
ution. La notion de fête nationale est étrangère à la monarchie, et les gens de 1789 ont
oublié depuis longtemps la tentative du roi Charles VII d'instaurer en France une fête
célébrée dans toutes les cathédrales à la date du 12 ao

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