L assassinat du boulanger Denis François le 21 octobre 1789 - article ; n°1 ; vol.333, pg 1-19
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L'assassinat du boulanger Denis François le 21 octobre 1789 - article ; n°1 ; vol.333, pg 1-19

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Description

Annales historiques de la Révolution française - Année 2003 - Volume 333 - Numéro 1 - Pages 1-19
Un boulanger fut pendu et décapité par le peuple sur la place de Grève à Paris, le 21 octobre 1789. Aussitôt après, l'Assemblée nationale constituante institua la loi martiale. À première vue, cette action nous apparaît comme un lynchage cruel de la part d'émeutiers, mais il s'agissait d'une sanction sociale contre eux. Les députés de la Constituante décidèrent de traiter la violence du peuple par la force, c'est-à-dire la loi martiale. Le peuple et les députés suspectèrent un complot caché derrière cet assassinat du boulanger. Cependant il y eut entre les deux une divergence de vue sur ce « complot », quant à ses instigateurs.
Riho Hayakawa, The Assassination of Baker Denis François on 21 October 1789.
A baker was hanged and decapitated by the people of Paris in the Place de Grève on 21 October 1989. Immediately thereafter, the National Constituent Assembly instituted « martial law ». At first sight, this act appears as a callous lynching by the mob, yet it led to social sanctions against them. The deputies decided to meet popular violence with force, i. e. martial law. Both people and deputies suspected a plot behind the assassination of the baker. Yet views were divided as to the nature of the « plot » and its instigators.
19 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 2003
Nombre de lectures 55
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

Riho Hayakawa
L'assassinat du boulanger Denis François le 21 octobre 1789
In: Annales historiques de la Révolution française. N°333, 2003. pp. 1-19.
Résumé
Un boulanger fut pendu et décapité par le peuple sur la place de Grève à Paris, le 21 octobre 1789. Aussitôt après, l'Assemblée
nationale constituante institua la loi martiale. À première vue, cette action nous apparaît comme un lynchage cruel de la part
d'émeutiers, mais il s'agissait d'une sanction sociale contre eux. Les députés de la Constituante décidèrent de traiter la violence
du peuple par la force, c'est-à-dire la loi martiale. Le peuple et les députés suspectèrent un complot caché derrière cet assassinat
du boulanger. Cependant il y eut entre les deux une divergence de vue sur ce « complot », quant à ses instigateurs.
Abstract
Riho Hayakawa, The Assassination of Baker Denis François on 21 October 1789.
A baker was hanged and decapitated by the people of Paris in the Place de Grève on 21 October 1989. Immediately thereafter,
the National Constituent Assembly instituted « martial law ». At first sight, this act appears as a callous lynching by the mob, yet it
led to social sanctions against them. The deputies decided to meet popular violence with force, i. e. martial law. Both people and
deputies suspected a plot behind the assassination of the baker. Yet views were divided as to the nature of the « plot » and its
instigators.
Citer ce document / Cite this document :
Hayakawa Riho. L'assassinat du boulanger Denis François le 21 octobre 1789. In: Annales historiques de la Révolution
française. N°333, 2003. pp. 1-19.
doi : 10.3406/ahrf.2003.2672
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/ahrf_0003-4436_2003_num_333_1_2672L'ASSASSINAT DU BOULANGER DENIS FRANÇOIS
LE 21 OCTOBRE 1789
RIHO HAYAKAWA
Un boulanger fut pendu et décapité par le peuple sur la place de Grève à
Paris, le 21 octobre 1789. Aussitôt après, l'Assemblée nationale constituante
institua la loi martiale. À première vue, cette action nous apparaît comme un
lynchage cruel de la part d'émeutiers, mais il s'agissait d'une sanction sociale
contre eux. Les députés de la Constituante décidèrent de traiter la violence du
peuple par la force, c'est-à-dire la loi martiale. Le peuple et les députés
suspectèrent un complot caché derrière cet assassinat du boulanger.
Cependant il y eut entre les deux une divergence de vue sur ce « complot »,
quant à ses instigateurs.
Mots clés : subsistances ; loi martiale ; émeute ; violence ; sanction sociale.
Dans la Révolution française, s'il y a un thème problématique, c'est
bien celui relatif à la violence du « mouvement populaire » et à son évoca
tion ; de nombreuses questions se posent : comment peut-on expliquer la
transformation du « mouvement spontané » (ex. les émeutes de subsis
tances) en «mouvement organisé» (ex. les activités des sections ou des
sociétés populaires) ? Autrement dit, comment l'organisation et la politisa
tion se sont-elles développées? Pour observer ce phénomène, nous nous
sommes intéressés aux problèmes de subsistances, parce qu'ils sont au cœur
de la vie quotidienne et des préoccupations des Français, et des Parisiens
plus particulièrement. On peut à cette occasion rappeler que l'alimentation
représentait une part importante du salaire. En effet, si le peuple était
plutôt indifférent à la politique, il était, par contre, particulièrement sensible
aux problèmes liés à l'alimentation, le premier des besoins.
Il est difficile de définir le mot « politisation », mais dans notre cas, ce
terme désigne généralement la résolution prise non par la violence, mais par
la rédaction et le dépôt d'une pétition aux autorités concernées. Albert
Annales historiques de la Révolution française - 2003 -N° 3 [1 à 19] RIHO HAYAKAWA 2
Soboul a étudié la politisation du peuple de Paris dans les sections en
l'an II (1). Dans les premiers temps de la Révolution, les principaux person
nages des sections étaient les « citoyens actifs », mais ils n'étaient pas
nombreux. Qu'en était-il de la majorité des citoyens dits « passifs » ?
Comment s'est formée, puis développée la politisation? Autant de ques
tions auxquelles nous allons tenter de répondre. Dans cet article, nous
présenterons le « mouvement populaire » tel qu'il était avant sa « politisa
tion ». Nous avons retenu un fait divers, qui nous semble particulièrement
révélateur : l'assassinat, ou plutôt le lynchage, du boulanger François, le
21 octobre 1789 (soit quinze jours après « la marche à Versailles ») : celui-ci
est pendu, puis décapité sur la place de Grève (2) ; ensuite, sa tête est
promenée sur une pique. Cet événement nous rappelle les morts de
Launay, Flesselles, Foulon, et Bertier (3) qui s'étaient déroulées de la même
manière. Ces morts nous donnent une image sanguinaire du peuple ressem
blant à la description par Charles Dickens de l'assassinat de Foulon, dans A
Tale of Two Cities (4). Il s'agissait aussi d'une émeute, d'une déviation de
« l'économie morale » (5). En 1788, la récolte des blés a été très mauvaise à
cause du mauvais temps et par conséquent, en 1789, le prix du grain atteint
des sommets (6). Aussitôt après l'assassinat du boulanger François,
l'Assemblée nationale constituante institue la loi martiale. Cette décision
suscite les questions suivantes : Pourquoi François a-t-il été assassiné aussi
cruellement ? La haine du peuple repose-t-elle sur des fondements solides ?
Quelle était la mentalité du peuple? Comment a-t-on institué la loi
martiale ? Autant de questions qui vont nous permettre de mieux cerner,
voire de comprendre l'opinion populaire, ainsi que celle des députés.
(1) Albert SOBOUL, Les sans-culottes parisiens en l'an IL Mouvement populaire et gouvernement révo
lutionnaire, 2 juin - 9 thermidor an H, Paris, Clavreuil, 1958.
(2) La place de l'Hôtel-de- Ville à présent.
(3) De Launay, gouverneur de la Bastille. Flesselles, prévôt des marchands de Paris. Ils furent tués le
14 Juillet 1789. Foulon, intendant général des armées, de la marine. Bertier, intendant de Paris et gendre
de Foulon. Ils furent tués le 22 juillet 1789. Les têtes au bout d'une pique furent promenées dans la ville.
Voir N.-E. Rétif de la Bretonne, Les nuits de Paris, textes choisis, présentés et annotés par Patrice
Boussel, Paris, Union générale d'éditions, 1963.
(4) Charles DICKENS, A Tale of Two Cities, Oxford World's Classics, Oxford University Press,
chapitre XXII.
(5) Voir Florence GAUTHIER et al. , La Guerre du blé au XVIIIe siècle, Paris, Les Éditions de la
Passion, 1988.
(6) Ernest LABROUSSE, Esquisse du mouvement des prix et des revenus en France au XVIIIe siècle,
Paris, Presses Universitaires de France, 1944; La crise de l'économie française à la fin de l'Ancien Régime et
au début de la Révolution, Paris, Presses Universitaires de France, 2c édition, 1990. :
L'ASSASSINAT DU BOULANGER DENIS FRANÇOIS 3
I. Historiographie
Nous pouvons trouver le récit de l'assassinat du boulanger Denis
François dans les journaux de l'époque (7), ainsi que dans les Archives parle
mentaires (8) et dans les Mémoires (9). D'après ces journaux et ces témoi
gnages, nous constatons que les contemporains ont été particulièrement
choqués par ce "fait divers". Alexandre Tuetey, qui a répertorié les sources
manuscrites de l'histoire de Paris pendant la Révolution française (10), s'est
penché également sur l'assistance publique (11) et il traite de cet assassinat
afin d'expliquer la souffrance du peuple causée par le manque de pain. Jules
Michelet décrit l'assassinat de François comme le produit de la défiance et
de l'irritation dues à la misère et se prononce contre l'adoption de la loi
martiale (12). Alphonse Aulard a dit que cet assassinat fournit, fort à
propos, des arguments à la bourgeoisie contre le peuple et que le vote de la
loi martiale profite à l'« ordre bourgeois» (13). Dans le Dictionnaire de la
Révolution française de E. Boursin et Augustin Cha

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