L assemblage industriel de Song Keplek, Java Est - article ; n°1 ; vol.86, pg 129-159
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L'assemblage industriel de Song Keplek, Java Est - article ; n°1 ; vol.86, pg 129-159

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Description

Bulletin de l'Ecole française d'Extrême-Orient - Année 1999 - Volume 86 - Numéro 1 - Pages 129-159
31 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1999
Nombre de lectures 12
Langue Français
Poids de l'ouvrage 3 Mo

Extrait

Hubert Forestier
L'assemblage industriel de Song Keplek, Java Est
In: Bulletin de l'Ecole française d'Extrême-Orient. Tome 86, 1999. pp. 129-159.
Citer ce document / Cite this document :
Forestier Hubert. L'assemblage industriel de Song Keplek, Java Est. In: Bulletin de l'Ecole française d'Extrême-Orient. Tome 86,
1999. pp. 129-159.
doi : 10.3406/befeo.1999.3409
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/befeo_0336-1519_1999_num_86_1_3409L'assemblage industriel de Song Keplek, Java Est
Un nouveau regard sur l'outillage lithique de l'homme moderne
au début de l'Holocène en Indonésie
Hubert Forestier*
La variabilité des industries de l'homme moderne en Indonésie :
essai de synthèse
Dans une aire géographique dépourvue d'unité régionale, il est encore difficile de faire
référence à des sites éponymes, à des groupes industriels bien individualisés ou encore à
des « cultures ». Pour le moment, les recherches menées en Indonésie ne permettent pas de
rattacher avec certitude une couche archéologique, un outil de pierre ou d'os et une
datation. C'est le cas de notre matériel d'étude de Song Keplek dans l'Est de Java (région
de Punung), qui se trouve pris dans une tranche de temps comprise entre 6 000 et 4 000
ans B.P. environ. Cette série lithique reste, à ce jour, dépourvue de qualificatif culturel,
donc d'identité précise.
Même si nous connaissons encore fort mal le nombre et la spécificité des étages
culturels de la Préhistoire indonésienne après l'apparition de l'homme moderne (il y a
environ 30 000 ans B.P.), nous allons tenter d'en présenter les principaux jalons.
Le Pleistocene supérieur final (30 000-10 000 ans B.P.)
La grotte de Leang Burung 2 (fig. 1), située dans la vallée de Maros au Nord de Ujung
Pandang (district de Leang Leang) à Sulawesi sud-ouest, est pour l'heure le seul site
attestant de traces d'occupations humaines pour la période du Pleistocene supérieur final
dans l'archipel. Il demeure pour cette époque le site le plus fiable d'un point de vue
stratigraphique et le plus riche en industrie lithique et osseuse de l'Indonésie.
Ce gisement est situé dans les calcaires éocènes et miocènes moyen de la vallée de
Maros et de Tonasa, dans un massif d'environ 400 km2, non loin du site de Ulu Leang
(fig. 3, site 1) où grottes et abris se succèdent (près d'une trentaine de sites préhistoriques
y ont été inventoriés).
Leang Burung 2 fut fouillé dans les années 1975 par I. C. Glover (Glover, 1979, 1981
et 1993). Un important remplissage, daté entre 30 000 et 20 000 ans B.P. environ, a mis au
jour un assemblage lithique riche en outils. Si la production lithique est bien représentée
par des éclats allongés plus ou moins triangulaires à talons facettés (fig. 2), une production
osseuse l'est aussi avec des spatules, des pointes, des alênes, etc. (Glover, 1981).
* Chargé de recherches IRD (ex-Orstom), Lab. Ermes, Technoparc, 5 rue du Carbone, 45072
Orléans Cedex 2, France.
Bulletin de l'École française d'Extrême-Orient, 86 (1999), p. 129-159. 130 Hubert Forestier
Durant ces 10 000 ans d'occupation, sur un total de près de 5 000 pièces exhumées,
aucun changement majeur n'apparaît dans les produits de débitage, tant dans la typologie
des supports retouchés que dans la matière première (un chert de bonne qualité).
D'après I. С Glover, l'assemblage industriel de Leang Burung 2 relèverait d'une
méthode de taille de type Levallois (fig. 2) : « Au Sud des Celebes des fouilles ont mis au
jour en 1975 une industrie lithique de lames et de pointes Levallois dans l'abri sous roche
de Leang Burung 2 (Bird Cave 2), datés de 30 000 à 19 000 ans avant notre ère. [...]
Quelques nucleus confirment une certaine connaissance de la méthode de débitage
Levallois. » (Glover, 1993, p. 128).
À ce propos, P. Bellwood va même jusqu'à parler d'une éventuelle similarité avec la
méthode Levallois « australienne » (Bellwood, 1992). Cette méthode Levallois
« australienne », datant d'il y a environ 4 000-3 000 ans B.P. dans l'Ouest de l'Australie,
s'orienterait principalement vers une production d'éclats fortement laminaires avec des
lames Levallois nommées « Leilira » (Mulvaney, 1969 ; McCarthy, 1976 ; Bordes et al,
1977 ; Bordes, 1984).
Or, contrairement à cette apparente évidence, nous pensons que cette méthode
Levallois « australienne » ne peut se prétendre être du Levallois stricto sensu. Suite à nos
observations sur quelques collections australiennes de référence, nous pensons que cette
méthode pourrait en effet être apparentée à des degrés plus ou moins lointains (qui seraient
à discuter) à une variante du concept Levallois tel qu'il a été défini dans sa variabilité par
É. Boëda (Boëda, 1994, 1995 et 1997). En effet, dans ces assemblages australiens, il nous
a été possible de retrouver des techno-types et des nucleus reflétant une méthode linéale ou
centripète, mais également des nucleus cylindriques très volumineux (30 cm et plus) à
nervures convergentes, d'où ont été débitées les lames Leilira.
Le problème de la présence ou non d'un débitage à caractère Levallois à Sulawesi ou
ailleurs en Asie demanderait à être soulevé et ne nous semble pas être une gageure (voir
par exemple les informations concernant l'industrie du site de Mai Da Nguom au Nord
Viêt Nam, d'après Ha Van Tan, 1997). Toutefois, nous ne demeurons pas moins prudents
sur ces affirmations concernant les résultats de l'ensemble industriel de Leang Burung 2
qui relèvent, semble-t-il, plus d'une démarche descriptive proche de la typologie que d'une
démarche analytique propre à la technologie, tournée vers la compréhension de la
variabilité des méthodes de production. Hormis le choix de la méthode d'analyse du
matériel, le problème actuel de Leang Burung 2 est avant tout un problème de
comparaison : ce site et son industrie sont une référence et ils ne trouvent, pour le moment,
aucun équivalent au Pleistocene supérieur en Indonésie.
Dans la partie extrême orientale de l'archipel indonésien (Nusa Tenggara), le site de
Wae Bobo 2, situé dans l'Est de l'île de Timor (fig. 1), a permis de mettre au jour des
niveaux datés d'environ 14 000-13 000 ans B.P. dans lesquels une industrie sur éclats plus
ou moins laminaires fut retrouvée. Les outils sur éclats portent une retouche abrupte et
comptent majoritairement : des racloirs, des denticulés, des coches et plus rarement des
burins ; les nucleus sont pyramidaux ou polyédriques. Ce matériel est associé à de la faune
typique de la Wallacea : chauve-souris et rats géants éteints, mais aussi des restes de
poissons, de noix {Inocarpus), etc. (Glover, 1986).
L'Indonésie au début de l'Holocène (10 000-5 000 ans B.P.) :
les prémices de l'histoire d'un archipel
La période comprise entre 10 000 et 5 000 ans B.P. voit s'accroître le nombre
d'ensembles industriels correspondant sans doute à l'arrivée massive de groupes humains.
Cette tranche de temps coïnciderait dans une large mesure avec une diversification L 'assemblage industriel de Song Keplek, Java Est 131
typologique des outils de pierre taillée et avec une forte implantation de groupes sur un
grand nombre de territoires : il s'agit du début de l'histoire de l'archipel indonésien.
Tantôt insulaire, tantôt continentale, l'Indonésie fut à toutes les époques un vaste
carrefour migratoire et culturel entre le monde asiatique et le monde océanien. Le début de
l'Holocène apparaît comme une période capitale dans l'histoire de l'archipel, car il est
caractérisé conjointement par l'arrivée massive de groupes humains et par le phénomène
bio-climatique de transgression marine. Le sous-continent Sunda est progressivement
submergé, laissant les îles prendre leur forme actuelle ; débute alors l'histoire de l'archipel
avec ses isolais, sa diversité et son réseau complexe de relations, d'échanges entre des
limites écologiques et culturelles.
Le cadre naturel de l'archipel va conduire à la diversité ethno-génétique que nous
connaissons actuellement. Dès le dé

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