L école républicaine et la réforme de l orthographe (1879-1891) - article ; n°1 ; vol.28, pg 35-55
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L'école républicaine et la réforme de l'orthographe (1879-1891) - article ; n°1 ; vol.28, pg 35-55

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Description

Mots - Année 1991 - Volume 28 - Numéro 1 - Pages 35-55
LA ESCUELA REPUBLICANA Y LA REFORMA DE LA ORTOGRAFIA (1879-1891) A la inversa de la opinión comúnmente admitida, cuando F. Buisson toma la dirección de la Primera enseňanza en marzo de 1879, se esfuerza por reducir la parte de la enseňanza de la ortografia para promover algunas disciplinas nuevas ; al cabo de diez aňos, se le acusará, con razón, de haber bajado el nivel de la enseňanza de la gramática y del « brevet élémentaire ».
THE REPUBLICAN SCHOOL AND THE SPELLING REFORM Contrarily to general opinion, when, in March 1879, F. Buisson becomes the director of the French primary Education, he endeavours to reduce the place of teaching spelling in primary schools, in order to promote new subjects ; and he will be rightly accused, ten years later, of lowering the level of grammatical teaching and of the « Brevet élémentaire ».
L'ECOLE REPUBLICAINE ET LA REFORME DE L'ORTHOGRAPHE (1879-1891) Contrairement à l'opinion couramment admise, quand Ferdinand Buisson prend en mars 1879 la direction de l'Instruction primaire, il s'efforce de réduire la part de l'enseignement de l'orthographe pour promouvoir un certain nombre de disciplines nouvelles ; et on l'accusera, non sans raison, au bout de dix ans, d'avoir fait baisser le niveau de l'enseignement grammatical et du brevet élémentaire.
21 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1991
Nombre de lectures 47
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

André Chervel
L'école républicaine et la réforme de l'orthographe (1879-1891)
In: Mots, septembre 1991, N°28. pp. 35-55.
Resumen
LA ESCUELA REPUBLICANA Y LA REFORMA DE LA ORTOGRAFIA (1879-1891) A la inversa de la opinión comúnmente
admitida, cuando F. Buisson toma la dirección de la Primera enseňanza en marzo de 1879, se esfuerza por reducir la parte de la
enseňanza de la ortografia para promover algunas disciplinas nuevas ; al cabo de diez aňos, se le acusará, con razón, de haber
bajado el nivel de la enseňanza de la gramática y del « brevet élémentaire ».
Abstract
THE REPUBLICAN SCHOOL AND THE SPELLING REFORM Contrarily to general opinion, when, in March 1879, F. Buisson
becomes the director of the French primary Education, he endeavours to reduce the place of teaching spelling in primary schools,
in order to promote new subjects ; and he will be rightly accused, ten years later, of lowering the level of grammatical teaching
and of the « Brevet élémentaire ».
Résumé
L'ECOLE REPUBLICAINE ET LA REFORME DE L'ORTHOGRAPHE (1879-1891) Contrairement à l'opinion couramment
admise, quand Ferdinand Buisson prend en mars 1879 la direction de l'Instruction primaire, il s'efforce de réduire la part de
l'enseignement de l'orthographe pour promouvoir un certain nombre de disciplines nouvelles ; et on l'accusera, non sans raison,
au bout de dix ans, d'avoir fait baisser le niveau de l'enseignement grammatical et du brevet élémentaire.
Citer ce document / Cite this document :
Chervel André. L'école républicaine et la réforme de l'orthographe (1879-1891). In: Mots, septembre 1991, N°28. pp. 35-55.
doi : 10.3406/mots.1991.2033
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/mots_0243-6450_1991_num_28_1_2033CHERVEL André
Service d'histoire de l'éducation
Institut national de recherche pédagogique
L'école républicaine et la réforme
de l'orthographe (1879-1891)
Jules nous c'est demandons pédagogique, « de faire Aussi, Ferry, nous des à Messieurs, 2 tous, faire grammairiens avril discours des 1880) ce hommes que ! au » nous avant Congrès vous de
L'histoire de l'enseignement de l'orthographe par l'école primaire
française au 19e siècle se laisse décomposer en trois étapes bien
distinctes.
Dans un premier temps, le maitre d'école est bien incapable
d'enseigner l'orthographe parce qu'il l'ignore lui-même. Aussi bien,
personne ne le lui demande dans la petite commune rurale où il
est établi, et où, conformément à la tradition, son activité se
borne à la lecture, à l'écriture, à « montrer » les chiffres, et à
faire pénétrer, sous l'œil vigilant du curé, les pratiques élémentaires
de la religion.
Naturellement, les considérations ici présentées sur le maitre
d'école n'ont de valeur que statistique. Un bon nombre d'insti
tuteurs, et pas seulement les Frères des écoles chrétiennes, savent
et enseignent l'orthographe, surtout dans les villes, et dès le 18e
siècle. Des traditions existent déjà, avec des exercices, un peu
frustes, comme la copie ou la cacographie, et une théorie
grammaticale, passablement rébarbative (Noël et Chapsal). Mais
la masse des maîtres, ceux des bourgs et des campagnes, se
35 caractérise par une inculture proverbiale. Quand la Restauration
oblige les maitres à se munir d'un brevet1, c'est le brevet du
troisième degré qui est décerné à la plupart d'entre eux, celui
qui atteste seulement la capacité de « bien lire, écrire et chiffrer,
et d'être en état de montrer ces trois choses ». En 1830 encore,
des témoignages d'archives nous apprennent que presque les deux
tiers des instituteurs français n'ont pas pu atteindre le brevet du
second degré, c'est-à-dire qu'ils ignorent l'orthographe.
La deuxième période s'ouvre avec la loi Guizot, dont les
prescriptions en matière d'orthographe2 correspondent aux exi
gences nouvelles apparues dans les profondeurs de la société
française. Au cours des années qui suivent la loi du 28 juin et
la lettre personnelle que le ministre adresse aux instituteurs,
s'opère dans tout le pays une transformation décisive, encore mal
connue, du monde de l'instruction primaire : les maitres d'école
se lancent dans l'étude de l'orthographe. En 1840, le processus
est bien engagé, et il semble qu'à cette date il ne soit plus délivré
dans aucun département de brevet du troisième degré. En 1850,
l'instituteur français moyen est en possession de l'orthographe, ce
qui n'exclut évidemment pas les insuffisances ou les ignorances de
tel ou tel, particulièrement dans l'enseignement primaire féminin
largement dominé par les congrégations.
N'épiloguons pas ici sur l'importance du bouleversement culturel
auquel on assiste alors. Cet apprentissage, réalisé en une vingtaine
d'années, prélude à l'acculturation orthographique de toute la
population et, en attendant, contribue à modifier très sensiblement
les rapports de force à l'intérieur de la cellule sociale de base, à
savoir chacune des 37 000 petites communes rurales françaises.
Car le maitre d'école, qu'on commence à appeler désormais de
plus en plus souvent l'instituteur primaire, est maintenant le
détenteur d'une science, et même de deux, puisque l'orthographe
et le système légal des poids et mesures ont partie liée dans cette
histoire. Il est donc tout naturellement, ou il va devenir, le
secrétaire de la mairie, assistant aux délibérations du conseil
municipal, connaissant tous les secrets du village. Peu à peu, il
1. « Instruction sur les examens pour la délivrance des brevets de capacité
pour l'instruction primaire » (14 juin 1816). Etaient distingués trois brevets, suivant
le niveau de connaissances. Le brevet du premier degré, décerné tout à fait
exceptionnellement, correspondait à ce qu'on appellera plus tard le brevet supérieur.
2. La loi du 28 juin 1833 met « les éléments de la langue française », c'est-
à-dire l'orthographe et la grammaire d'accompagnement, au programme des écoles
primaires élémentaires.
36 de la tutelle du curé, dont il n'a longtemps été qu'un s'émancipe
auxiliaire, et les conflits locaux avec l'Eglise feront de lui, quelques
décennies plus tard, le fer de lance de la lutte anticléricale et le
meilleur soutien de la politique républicaine.
Cela, il le doit en bonne partie à l'orthographe, cette ortho
graphe dont il est fier, parce qu'elle assure son influence et parfois
son pouvoir dans le village. Dans une circulaire célèbre1, le
ministre Salvandy a bien voulu présenter l'instituteur comme un
modèle d'orthographe aux professeurs de l'enseignement secondaire
trop négligents en la matière. Car, face au régent du collège
communal, fort de son latin, il devient peu à peu, pour sa part,
un véritable professeur d'orthographe. Dès le milieu du siècle,
l'instituteur est pourvu de méthodes nouvelles qui commencent à
faire leurs preuves : des exercices comme la dictée et la conju
gaison, des pratiques comme la double analyse, une théorie,
encore évolutive, la grammaire scolaire, qui se débarrasse peu à
peu de ses complexités et de ses sophistications. L'orthographe
française s'empare alors de l'école primaire et la soumet peu à
peu à sa tyrannie.
Troisième temps : le triomphe de l'orthographe à l'école, et le
quasi-monopole qu'elle s'y taille suscitent, à tous les niveaux du
système éducatif et jusque dans une partie de l'opinion, une
réaction qui va aller croissant. Est-ce le rôle de l'instruction
primaire de diffuser sur l'ensemble de la population toutes les
subtilités de la grammaire, toutes les règles d'accord du participe,
toutes les formes lexicales enregistrées dans la 7e édition du
Dictionnaire de l'Académie, parue en 1878-1879, et qui a si peu
fait pour la régularisation des formes graphiques ? L'enseignement
du français doit-il se borner à faire mémoriser des règles gramm
aticales et des formes graphiques, ânonner des conjugaisons
verbales ou des formules d'analyse grammaticale et copier sous la
dictée des texte

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