L espace nubien et éthiopien sur les cartes portulans du XIVe siècle - article ; n°18 ; vol.9, pg 69-92
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L'espace nubien et éthiopien sur les cartes portulans du XIVe siècle - article ; n°18 ; vol.9, pg 69-92

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Description

Médiévales - Année 1990 - Volume 9 - Numéro 18 - Pages 69-92
24 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

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Publié par
Publié le 01 janvier 1990
Nombre de lectures 35
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

Monsieur Bertrand Hirsch
L'espace nubien et éthiopien sur les cartes portulans du XIVe
siècle
In: Médiévales, N°18, 1990. pp. 69-92.
Citer ce document / Cite this document :
Hirsch Bertrand. L'espace nubien et éthiopien sur les cartes portulans du XIVe siècle. In: Médiévales, N°18, 1990. pp. 69-92.
doi : 10.3406/medi.1990.1168
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/medi_0751-2708_1990_num_9_18_1168Médiévales 18, printemps 1990, p. 69-92
Bertrand HIRSCH
L'ESPACE NUBIEN ET ÉTHIOPIEN
SUR LES CARTES PORTULANS DU XIVe SIÈCLE
L'apparition dans la seconde moitié du XIIIe siècle des cartes mari
nes dites portulans ou cartes portulans, caractérisées par un réseau
de lignes de directions (rhumbs) et par un tracé remarquablement exact
des côtes, est reconnue depuis longtemps comme un tournant majeur
dans la représentation du monde, en particulier dans celle du monde
méditerranéen, accessible à l'expérience des marins italiens et catalans
qui consignaient leurs observations sur la position des ports et leurs
distances dans des livres de bord (portolani) et disposaient de la bouss
ole pour orienter leurs navires1.
Deux études récentes de Tony Campbell permettent de renouvel
er en partie l'approche de ces documents : un recensement exhaustif
de toutes les cartes portulans connues2 et une étude générale qui
révèle leur constante évolution toponymique et propose de nouvelles
datations pour celles (soit plus de la moitié du corpus) qui ne portent
pas d'indications explicites de dates3.
Sur les trente-trois cartes portulans retenues par T. Campbell pour
le XIVe siècle, neuf portent des représentations de la zone géographi-
1. D'une bibliographie très abondante, on retiendra, comme présentation récente
de la carte portulan, l'ouvrage de M. de la Roncière et M. Mollat du jourdin, Les
Portulans, Cartes marines du xiw au xvw siècles, Fribourg/Paris, 1984, 295 p. et le
chapitre de T. Campbell, « Portolan Chart from the Late Thirteenth Century to
1500 », in J.B. Harley & D. Woodward, The History of Cartography, vol. 1, Chi
cago/London, 1987, p. 371-463. L'origine des techniques nécessaires à l'établissement
de ces cartes et la mise en forme des premières cartes restent des questions ouvertes
et très discutées, une seule carte (la fameuse « carte pisane » de la Bibliothèque Natio
nale de Paris) pouvant être assignée à la fin du xm« siècle.
2. T. Campbell, « Census of Pre-Sixteenth-Century Portolan Charts », Imago
Mundi, 38, 1986, p. 67-94. Aussi étonnant que cela puisse paraître, un véritable recen
sement critique de toutes les cartes portulans connues n'avait pas été entrepris depuis
un siècle.
3. T. Campbell, op. cit., 1987. 70
que éthiopienne et nubienne4, que l'on peut définir sur ces cartes
comme la région s 'étendant entre le sud de la mer Rouge et la con
fluence des deux bras supérieurs du Nil.
Cette région connaît au XIVe siècle une évolution divergente. En
effet les deux royaumes qui composent la Nubie chrétienne au début
du XIVe siècle, Makurra au nord (capitale Dunkula) et cAlwa (capi
tale Sûba) au sud sont soumis à une forte pression militaire de l'Egypte
mamluk qui entraîne la fin de l'indépendance politique du royaume
septentrional, la progressive arabisation de ces régions et le déclin de
l'église chrétienne de Nubie — fondée au VIe siècle — face à la con
currence de l'Islam5. Dans le même temps, le pouvoir éthiopien
amorce, à partir de la formation de la monarchie salomonide en 1270
dans les régions centrales de l'Ethiopie, Amhara et Sâwa, une phase
d'expansion territoriale et religieuse (la christianisation de l'Ethiopie
remonte au IVe siècle), dirigée, en particulier sous le règne du negus
cAmdà Seyon (1314-1344), contre les États musulmans éthiopiens situés
entre les hauts plateaux et la mer Rouge et contre les régions « païen
nes » de l'ouest et du sud6.
On peut distinguer deux types de cartes portulans. Sur le pre
mier type seul figure le contour des côtes, parsemé d'une toponymie
essentiellement côtière ; il correspond aux zones fréquentées alors par
les marins de la Méditerranée, depuis la mer Noire jusqu'aux côtes
atlantiques de l'Europe méridionale et du nord de l'Afrique ; le second
type ajoute à ce canevas de base une image de l'intérieur des terres
et des zones plus lointaines : Europe du Nord, Afrique au sud du
Sahara, contrées du Proche Orient. Les régions du haut Nil et le sud
de la mer Rouge apparaissent sur les cartes de cette dernière catégorie.
Or, de la même façon que l'on a longtemps sous-estimé la cul
ture géographique et cartographique du Moyen Age au nom de l'expé
rience, on a probablement surestimé la représentation de l'intérieur
des terres sur les cartes portulans au nom du même critère, opposant
de manière trop schématique des cartes nées de l'expérience et desti
nées à la pratique, à des mappae mundi de « géographes en chamb
re » n'utilisant que des sources écrites, dont les représentations
4. Giovanni da Cariganno, c. 1310/1339 [Florence. Archivio di Stato. Arch. nat.
Port. 2 (détruite en 1943)] ; Angelino Dalorto, 1325/1330 [Florence, Palais des princes
Corsini] ; Angelino Dulcert, 1339 [Paris, BN, Rés., Ge. B. 696] ; Francescus Pizigano
(avec Marcus ou Domenicus), 1367, [Parma, Bib. Palatina, Ms. 1612] ; Atlas catalan,
attribué à Abraham et Jafuda Cresques, 1375 [Paris, BN, Ms. Esp. 30] ; Guillermo
Soler, fin xiv< [Paris, BN, Ge.B. 1131] ; Anonyme, fin xiv [Naples, Bibl. Nat. V.
Emman. III, Mss 8. 2.] ; Anonyme, fin xiv« [anciennement au Caire, collection du
prince Youssouf Kamal, localisation actuelle inconnue] ; Anonyme, fin xiv« [Paris, BN,
Rés. Ge. AA 751].
5. Sur ce sujet, présentation commode de J. Cuoq, Islamisation de la Nubie chré
tienne, vii'-xvi' siècle, Paris, 1986, 126 p.
6. Cf. Taddesse Tamrat, Church and State in Ethiopia, 1270-1527, Oxford, 1972,
327 p. 71
seraient avant tout « idéologiques ». Il nous paraît plutôt que l'effort
des constructeurs de cartes portulans à visée géographique, qui
n'étaient pas plus destinées à la pratique que les mappemondes, n'a
pas été d'abandonner l'esprit de ces dernières, mais plutôt de l'adapt
er, le transformer sinon le remplacer7, en combinant des sources
anciennes et des sources nouvelles ; c'est du moins ce que nous vou
drions montrer à travers l'étude d'une région particulière8.
La mappemonde attribuée à Pietro Vesconte : premier témoin de
l'influence de la culture géographique arabe
L'identification de sources arabes dans les cartes ou les textes du
xiv siècle réclame une prudence particulière ; de manière évidente, le
monde arabophone étant alors un filtre pour accéder à l'Afrique, que
ce soit en Egypte, au Maghreb ou dans l'océan Indien, la présence
de toponymes de forme arabe n'implique pas nécessairement l'utilisa
tion de sources, écrites ou figurées, arabo-musulmanes 9 ; la plupart
du temps ce sont des renseignements oraux, obtenus auprès de locu
teurs arabophones (musulmans ou non), qui ont été transmis par des
voyageurs européens10. C'est le cas, par exemple, des informations
sur les chrétientés nubienne et éthiopienne récoltées auprès de chré
tiens d'Egypte, à une époque où le copte était largement remplacé par
l'arabe. Il importe donc de distinguer, autant que faire se peut, les
informations recueillies par des voyageurs occidentaux (comme Marco
Polo par exemple) auprès d'intermédiaires arabophones, des influen-
7. Le terme mappa mundi était employé pour désigner aussi bien les cartes portul
ans que ce que nous appelons aujourd'hui mappemondes ; l'atlas catalan (1375), attribué
aux Cresques, s'intitule « Mapa mondi vol dir aytant con ymage del mon e de les diver
ses états del mon... » ; il est, à ce titre, souvent étudié avec les mappemondes médiév
ales, à l'exclusion des autres cartes portulans du même type, qui n'en diffèrent pour
tant que par l'étendue des terres représentées.
8. Les travaux pionniers de Ch. de la Roncière, La Découverte de l'Afrique au
Moyen Age. Cartogra

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