L ethnométhodologie : une approche procédurale de l action et de la communication - article ; n°50 ; vol.9, pg 89-130
42 pages
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L'ethnométhodologie : une approche procédurale de l'action et de la communication - article ; n°50 ; vol.9, pg 89-130

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Description

Réseaux - Année 1991 - Volume 9 - Numéro 50 - Pages 89-130
En présentant l'œuvre de Garfinkel - jamais traduite en français - le père de l'éthnométhodologie, l'un de ses continuateurs, John Heritage retrace tout d'abord l'accueil mitigé que cette nouvelle approche d'analyse sociologique reçut au sein de la communauté des spécialistes dans les années 70. Il s'attache ensuite à la double description de la genèse et du contenu de l'œuvre de Garfinkel. L'étude des caractéristiques systématiques du raisonnement et de l'action pratiques, dans une approche microsociologique exempte de jugements normatifs, caractérise cette école marquée, sinon par l'empirisme, tout au moins par une mise à plat du «trop vite théorisé».
In presenting Garfinkel' s work never translated into French, John Heritage, presents the reception of this new approach of sociological analyses in the heart of the community of specialits in the seventies. It then attaches to the double description of the genesis and the content of Garfinkels work.
42 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1991
Nombre de lectures 111
Langue Français
Poids de l'ouvrage 4 Mo

Extrait

John C. Heritage
Polity Press
Michèle Albaret
Louis Quéré
L'ethnométhodologie : une approche procédurale de l'action et
de la communication
In: Réseaux, 1991, volume 9 n°50. pp. 89-130.
Résumé
En présentant l'œuvre de Garfinkel - jamais traduite en français - le père de l'éthnométhodologie, l'un de ses continuateurs, John
Heritage retrace tout d'abord l'accueil mitigé que cette nouvelle approche d'analyse sociologique reçut au sein de la communauté
des spécialistes dans les années 70. Il s'attache ensuite à la double description de la genèse et du contenu de l'œuvre de
Garfinkel. L'étude des caractéristiques systématiques du raisonnement et de l'action pratiques, dans une approche
microsociologique exempte de jugements normatifs, caractérise cette école marquée, sinon par l'empirisme, tout au moins par
une mise à plat du «trop vite théorisé».
Abstract
In presenting Garfinkel' s work never translated into French, John Heritage, presents the reception of this new approach of
sociological analyses in the heart of the community of specialits in the seventies. It then attaches to the double description of the
genesis and the content of Garfinkels work.
Citer ce document / Cite this document :
Heritage John C., Polity Press, Albaret Michèle, Quéré Louis. L'ethnométhodologie : une approche procédurale de l'action et de
la communication. In: Réseaux, 1991, volume 9 n°50. pp. 89-130.
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/reso_0751-7971_1991_num_9_50_1900L'ETHNOMETHODÇLOGIE :
UNE APPROCHE PROCÉDURALE
DE L'ACTION ET
DE LA COMMUNICATION
John C. HERITAGE
* Ce texte a paru en langue anglaise dans Social Theory Today. A. GIDDENS et J. TURNER, Eds, Polity Press
1987, sous le titre « Ethnomethodology », (la section « Studies of work » n'a pas été traduite).
© Polity Press.
© Réseaux CNET 1991 pour la traduction française.
89 — une vaste gamme d'objections - pour la
plupart incompatibles les unes avec les
autres. Elle eut à traverser une période
d'intenses discussions qui engendrèrent
plus de chaleur que de lumière.
Un certain nombre de facteurs contr
ibuèrent à cet état de fait. Les écrits de
Garfinkel sont extrêmement condensés et,
parfois, opaques et cryptiques. Bien qu'ils
soient en profonde continuité avec la théo
rie sociologique, il arrive que cette conti
nuité ne soit pas articulée dans les termes
des références sociologiques classiques, ce
qui a suscité une confusion et une incom
préhension considérables parmi les part
isans de Garfinkel comme parmi ses
détracteurs. De plus, Studies in Ethnome-
thodology a été publié à une époque où les
sciences sociales connaissaient de
sérieuses remises en cause ; en sociologie,
le paradigme stracturo-fonctionnaliste par- La première publication, en 1967, de
sonien qui avait dominé jusque-là en fut Studies In Ethnomethodogy (1984)
permit au public de découvrir une l'une des premières victimes. Du fait que
les travaux complexes de Garfinkel ont été approche neuve et originale de l'analyse
sociologique (1). Cette optique nouvelle publiés pendant cette période de boulever
gagna vite des partisans et stimula de sements théoriques rapides et troublants,
nombreux travaux empiriques de plus en la théorisation féconde et les recherches
plus variés et marquants. Mais si l'impor empiriques extraordinaires qu'ils présent
tance des ouvrages de Garfinkel fut immé aient furent souvent trivialisées et dénatur
diatement reconnue (2), l'ethnométhodo- ées. Conséquence malheureuse, l'ethn
logie eut, en revanche, plus de mal à se ométhodologie en vint à passer pour « une
faire accepter au sein de la communauté méthode sans substance » (Coser : 1975)
sociologique. En fait, on pourrait dire que ou, pire encore, pour un vecteur visant à
dénier l'organisation sociale elle-même - les idées de Garfinkel, comme celles de
Durkheim avant lui, « se sont vu récom une sorte de sociologie « fourre-tout » (4).
pensées par des critiques acharnées » (3). Le résultat inévitable fut que les investiga
Au départ, l'ethnométhodologie déclencha tions de Garfinkel, qui devaient leur élan
(1) J'aimerais remercier ici Tom Wilson pour ses commentaires précieux sur une première mouture de cet article.
(2) En lui attribuant trois grands volets d'articles critiques, Y American Sociological Review a reconnu l'impor
tance de Studies in Ethnomethodology (voir Swanson, Wallace et Coleman : 1968).
(3) Cette phrase est de Steven Lukes (Lukes : 1973, p. 2). Le parallèle avec l'accueil réservé à l'œuvre de Dur
kheim est étonnant. Tout comme pour la sociologie durkheimienne, certaines critiques ont vu dans l'ethnométho
dologie l'incarnation de la persuasion politique sous presque toutes ses formes, l'expression d'une immense
variété de points de vue conceptuels (souvent diamétralement opposés) et l'apologie de conceptions aussi
absurdes que celle de « conscience collective » dont Durkheim fut taxé au début du siècle (cf. Lukes : 1973, pp.
2-3, 497 sq.).
(4) Les travaux d'Anthony Giddens (Giddens : 1976, 1979, 1984) constituent une exception notable aux réac
tions, pour la plupart négatives, que suscita l'ethnométhodologie. Un article d'Attewell (1972) (voir Peyrot et
Zimmerman : 1976, pour des réflexions critiques claires sur cette source), qui parut faire autorité, mais se révéla
extrêmement fallacieux, donna lieu à de nombreuses erreurs d'interprétation. L'article d'Attewell fourmillait
d'interprétations fautives qui réapparurent ensuite dans divers articles : Coser (1975), Mayrl (1973), McSweeney
(1973), Mennell (1976) et Philipps (1978) entre autres. A la fin des années 70, l'affaire prit une telle ampleur que
des interventions pourtant aussi élaborées que celle de O'Keefe (1979) ne parvinrent pas à dissiper le malent
endu. Parmi les ethnométhodologues ayant déployé des efforts de clarification utiles, il faut citer Coulter (1971,
1973, 1974), Maynard et Wilson (1980), Peyrot (1982), Wieder (1977), Wilson et Zimmerman (1979) et Zim
merman (1976, 1978). Parmi les auteurs d'exposés de type monographique sur l'état actuel de l'ethnométhodolog
ie, il importe de mentionner Benson et Hugues (1983), Handel (1982), Heritage (1984a), Leiter (1980), Mehan
et Wood (1975) et Sharrock et Anderson (1986).
91 initial à une critique extrêmement perti de la compréhension ordinaire, ce qui a
permis d'évaluer la façon extraordinaire- nente du corpus parsonien, bien antérieure
à la remise en question du structuro-fonc- ment complexe et circonstanciée dont les
tionnalisme, se retrouvèrent perdues dans contextes des événements fournissent les
ce fatras d'attaques et de contre-attaques. ressources nécessaires à leur interprétat
Peu étonnant donc que Garfinkel, qui se ion.
refusa à intervenir dans la querelle, ait Cette nouvelle approche de l'action
déclaré très tôt que le terme même d'eth- sociale exigeait en outre de ne pas disso
nométhodologie était devenu un mot- cier analyse de l'action et analyse du
repère ayant acquis une existence propre savoir. Pour parvenir à ce but, Garfinkel
(Garfinkel : 1974, p. 18). remplaça l'approche via les motivations
Garfinkel a toujours orienté ses préoc qui prévalait jusqu'alors par une
cupations théoriques vers un éventail de approche procédurale. Il résuma les prin
cipes de cette approche dans une preproblèmes conceptuels qui, de tout temps,
ont constitué des thèmes de réflexion fo mière recommandation où il énonçait que
« les activités par lesquelles les membres ndamentaux de la sociologie. Ces pro
blèmes - la théorie de l'action sociale, la produisent et gèrent les cadres de l'orga
nature de Г intersubjectivité et la constitu nisation de leurs affaires quotidiennes
tion sociale du savoir - sont complexes et sont identiques aux procédures qu'ils uti
étroitement imbriqués. De par les vastes lisent pour rendre ces cadres observables
ramifications théoriques et méthodolog et descriptibles » (Garfinkel : 1984a, p.
iques que la formulation conceptuelle de 1). A partir de là, il devint possible
ces problèmes entraîne dans la conceptua d'aborder les pratiques et les modes de
lisation d

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