L évolution du régime militaire en Égypte - article ; n°3 ; vol.13, pg 601-623
24 pages
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Description

Revue française de science politique - Année 1963 - Volume 13 - Numéro 3 - Pages 601-623
23 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1963
Nombre de lectures 32
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

Monsieur Bernard Vernier
L'évolution du régime militaire en Égypte
In: Revue française de science politique, 13e année, n°3, 1963. pp. 601-623.
Citer ce document / Cite this document :
Vernier Bernard. L'évolution du régime militaire en Égypte. In: Revue française de science politique, 13e année, n°3, 1963. pp.
601-623.
doi : 10.3406/rfsp.1963.392732
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/rfsp_0035-2950_1963_num_13_3_392732Lf
Evolution
du Régime Militaire en Egypte
BERNARD VERNIER
L'ARMEE, FORCE POLITIQUE NOUVELLE AU PROCHE-ORIENT
A côté des tribus et des communautés traditionnelles !, trois
forces politiques nouvelles ont apparu au Proche-Orient depuis la
fin du xixe siècle : les forces syndicales ou de masses, que l'état
arriéré du prolétariat a empêché jusqu'ici de jouer un rôle en
rapport avec le nombre des prolétaires, les partis, qui se sont
développés à l'instar de l'Occident, et l'armée, qui l'emporte en
importance sur les autres.
C'est en Egypte que la première intervention de l'armée dans
la vie politique d'un Etat du Proche-Orient eut lieu, ouvrant
ainsi la liste des coups d'Etat dont le but était, soit la conquête
de l'indépendance, soit l'instauration d'un régime plus moderne,
soit les deux à la fois 2. Cette première initiative ayant échoué,
1. La vie tribale conservée ailleurs dans [es steppes et Tes montagnes est
insignifiante au pays du Nil essentiellement peuplé de fellahs répartis en vil
lages. Sur 24 millions d'habitants, l'Egypte compte environ 200 000 chrétiens
(10 000 se seraient convertis à l'Islam depuis 1956), dont 60 000 coptes cathol
iques. En grande majorité « orthodoxes », ils forment la plus ancienne com
munauté, et celle-ci a considérablement contribué au développement de la civi
lisation égyptienne propre. Le Wafd, aujourd'hui disloqué et interdit, s'y recrut
ait pour une grande part. Beaucoup de ces chrétiens ont fait leur cette pro
fession de Salama Moussa : « Je suis chrétien de religion, mais musulman de
nationalité ». Un chrétien fait partie du gouvernement actuel. Sur les 30 000 juifs
qui habitaient le pays, 25 000 l'ont quitté entre 1956 et 1958.
2. Révolution des Jeunes Turcs de 1909 et de Moustafa Kémal de 1919.
Coup d'Etat de Rézah Chah en Perse en 1921. En Irak, les coups d'Etat se
succèdent à raison d'un par an de 1936 à 1941, en attendant la révolution
de 1958. Cf. Vernier (B.), L'Irak d'aujourd'hui. Paris, A. Colin, 1962, pp. 127
sqq.). En Syrie, coup d'Etat de H. Zaïm,de Hennaoui et de Chicha'kli en 1949,
plus celui de 1958, qui rattacha ce pays à l'Egypte et celui de 1961, qui l'en
détacha.
601 Vernier Bernard
son action fut relayée par celle des partis 3. La rentrée en scène,
cette fois-ci victorieuse, de l'armée égyptienne inaugura en Orient
une nouvelle série de coups d'Etat militaires, suivie qu'elle fut de
ceux du brigadier Kassem en Irak, en 1958, du général Abboud
au Soudan en 1959, du général Gursel en Turquie en I960, du
colonel Salai au Yémen en 1962, et des récents putsches de
Bagdad et de Damas. Bien que les dirigeants actuels de l'Egypte
se défendent d'avoir institué une « dictature militaire qui allon
gerait la liste des malheureuses expériences fascistes » 4, il est
incontestable que le coup d'Etat exécuté au Caire le 26 juillet
1952 a donné naissance à un «régime militaire»^. Encore faut-il
en suivre l'évolution depuis ce « jour béni » jusqu'à la création,
de l'Union arabe socialiste coopérativiste, dix ans plus tard. Mais,
afin de mieux comprendre ce que ses créateurs attendent de ce
« parti unique », après avoir esquissé le rôle de l'armée égyptienne
sous les khédives et sous la monarchie, nous en retracerons les
rapports avec les anciens partis qu'elle a éliminés et avec les
forces populaires auxquelles elle n'a pas permis de se développer,
puis la place qu'elle tient dans les institutions, enfin l'œuvre
économique et sociale du colonel Nasser.
L'ARMEE SOUS LES KHEDIVES ET SOUS LA MONARCHIE
L'histoire de l'armée égyptienne, comme celle de l'Egypte
moderne, date de Méhémet Ali, dont le premier acte d'émancipat
ion à l'égard du passé fut de massacrer les Mameluks. Il avait
en effet jugé que ce corps archaïque risquait de faire obstacle
à ses ambitions et à son désir de disposer d'une armée à lui et
renouvelée. Toutes ses réformes administratives, économiques et
culturelles furent subordonnées à l'organisation d'une telle force.
Mais ses vues étaient dynastiques et non point nationales, et bien
que levant ses troupes chez les fellahs indigènes, il choisit, pour
les encadrer, des hommes-liges, Turcs ou Albanais, formés dans
3. « The Orabi revolution marked the peak of the revolutionary reaction
against the set-back ... Ahmed Orabi's voice stopped, but that of Mustafa
Kamel began to ring loudly in Egyp », Information department of the
U.A.R., Draft of the Charter, 2 May 21, 1962, Le Caire, p. 19.
4.Charter, op. cit., p. 27.
5. Abdel-Malek (Anouar), Egypte société militaire, Paris, Le Seuil, 1962;
Vatikiotis (P.J.), The Egyptian army in politics, Bloomington, Indiana Uni
versity press, 1961.
602 die Régime Militaire en Egypte Evolution
les académies militaires qu'il fonda. Saïd-Pacha rendit cette armée
plus nationale en ouvrant ces écoles aux fils des humbles chefs
de villages, tels qu'un certain Ahmed Arabi, qui bientôt... Il en
résulta chez les officiers un esprit nouveau que la prédication
réformiste de Cheikh Abdou, de concert avec l'enseignement
technique des écoles, orienta dans un sens à la fois musulman,
moderniste et nationaliste.
La même année qui vit l'avènement de Tewfik-Pacha (1879-
1892) fut aussi la première du Parti National, fondé par Moustafa
Kamel et dont quatre-vingt-treize officiers signèrent le manifeste.
Deux ans ne se passèrent pas que le colonel Arabi, au nom de
ses camarades de souche égyptienne, outrés des faveurs réservées
à l'aristocratie ottomane par le chef d'état-major général, exigea
son renvoi et celui du cabinet ainsi que la convocation d'une
assemblée législative. L'intervention de Paris et de Londres mit
alors fin pour un temps au rôle politique et national que les offi
ciers égyptiens venaient pour la première fois d'assumer.
A peine installée en Egypte, la Grande-Bretagne s empressa
de refondre l'armée égyptienne à sa guise. Elle s'y réserva les
plus hauts postes et ceux d'instructeurs. Le snobisme britannique
se combinant avec celui des grandes familles ottomanes, donna
désormais le ton dans les clubs militaires.
Pendant la première guerre mondiale, cependant, les remous
suscités par les quatorze points de Wilson dans le monde arabe,
la promesse faite par Londres d'émanciper celui-ci, et le contact
des officiers égyptiens avec les membres des sociétés nationalistes
de Syrie et d'Irak lors de la Révolte dans le Désert, réveillèrent
dans l'armée égyptienne l'esprit d'Arabi. Ce fut pourtant le parti
du Wafd, et non point elle, qui arracha l'indépendance du pays
à Londres ; mais, supportant impatiemment que le traité de 1936
fît du territoire national une base britannique en cas de guerre,
elle accueillit avec faveur l'idéologie de l'Italie fasciste et du IIIe
Reich qui se proclamaient les ennemis de la « judéo-démocratie »
et les amis des Arabes opprimés <\ Ainsi s'expliquent les sabotages
que nombre d'officiers égyptiens, dont certains membres de la
6. De là date un certain courant d'influence nazie qui s'exerça en parti
culier sur Ahmed Hussein, le fondateur des Chemises vertes, et auteur à! Al
Imani, appel à 1' « homme fort s>, ainsi que sur les rédacteurs d' Al Mussaivav
et dAkhbar Al Youm. Cf. Vernier (Bernard), La politique islamique de l'All
emagne, Paris, Centre de Politique étrangère, 1939: Colombe (Marcel), L'évol
ution de l'Egypte, 1924-1950, Paris, Maisonneuve, 1951 ; Abdel -Malek, op.
cit., p. 30; Vernier (Bernard), L'Irak d'aujourd'hui, op. cit., p. 30.
603 Bernard Vernier
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