L U.N.R.-U.D.T. au lendemain de sa victoire (Georges Lavau)  - article ; n°2 ; vol.13, pg 433-443
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L'U.N.R.-U.D.T. au lendemain de sa victoire (Georges Lavau) - article ; n°2 ; vol.13, pg 433-443

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Description

Revue française de science politique - Année 1963 - Volume 13 - Numéro 2 - Pages 433-443
11 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1963
Nombre de lectures 20
Langue Français

Extrait

Monsieur George Lavau
L'U.N.R.-U.D.T. au lendemain de sa victoire (Georges Lavau)
In: Revue française de science politique, 13e année, n°2, 1963. pp. 433-443.
Citer ce document / Cite this document :
Lavau George. L'U.N.R.-U.D.T. au lendemain de sa victoire (Georges Lavau) . In: Revue française de science politique, 13e
année, n°2, 1963. pp. 433-443.
doi : 10.3406/rfsp.1963.392722
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/rfsp_0035-2950_1963_num_13_2_392722L'U.N.R.-U.D.T.
AU LENDEMAIN DE SA VICTOIRE
L'U.N.R.-U.D.T. a fait élire 234 députés à l'Assemblée nationale
à l'issue des élections de novembre 1962 alors qu'elle en comptait 176 au
moment de la dissolution. Le gain, quoique important (206 inscrits ou
apparentés au groupe en décembre 1958), ne donne qu'une idée insuffi
sante de la portée du succès de ce parti 1.
En premier lieu, par ses seuls effectifs, l'U.N.R.-U.D.T. approchait
la majorité absolue (242) à huit sièges près et l'appoint nécessaire paraiss
ait devoir être aisément obtenu grâce aux 44 députés d'autres formations
élus sous le patronage de 1' « Association pour la V* République » 2. Alors
qu'avant la dissolution la majorité soutenant habituellement le gouverne
ment comptait, outre l'U.N.R., des partis aux effectifs non négligeables
(121 indépendants et apparentés, 57 M.R.P.), il n'y a plus rien de tel
dans la deuxième législature par suite de l'effondrement des indépendants
et du sensible recul du M.R.P. Le passage à l'état de parti majoritaire
(ou quasiment tel) est une véritable mutation.
En second lieu, la fusion de l'U.N.R. et de l'U.D.T. (en gestation dès
la campagne électorale de novembre) symbolisait la fusion des divers gaul-
lismes jusqu'alors dispersés. Simultanément, l'élimination des ex-U.N.R. de
tendance « Algérie française » purgeait le parti gaulliste des équivoques
activistes de 1958-1960 : les positions étant désormais plus claires, l'action
du parti devait s'en trouver facilitée.
La double victoire du référendum et des élections devait donner des
assurances contre des risques de dissolution anticipée et contre l'éventualité
d'une démission du général de Gaulle avant la fin de son septennat. Enfin,
la réforme constitutionnelle paraissait devoir fournir un objectif impérieux
à l'action du parti : assurer la victoire d'un candidat gaulliste à l'élection
présidentielle de 1965.
Dès la rentrée du Parlement, il fut clair que l'U.N.R.-U.D.T. avait
conscience de la force de cette position et des responsabilités qui en consti
tueraient la contrepartie. Compte tenu de l'aisance de mouvements qu'elle
1. Si le scrutin majoritaire à un tour avait été appliqué, l'U.N.R.-U.D.T.
aurait, sur la base des suffrages exprimés le 18 novembre, obtenu 237 sièges
dans la métropole.
2. La déclaration de présentation de M. Pompidou devant l'Assemblée
nationale, le 13 décembre, fut approuvée par 268 voix contre 116. Le 12 jan
vier 1963, l'Assemblée nationale, par 263 voix contre 106, approuva la création
de la Cour de sûreté de l'Etat (après acceptation, il est vrai, par le gouver
nement, de certains amendements à son projet). Forces Politiques en France Les
pouvait au surplus escompter de la fin de la guerre d'Algérie et de la
liquidation politique de l'O.A.S. et du C.N.R., l'U.N.R.-U.D.T. pouvait
et devait jouer dans cette législature un grand rôle. Mais quel « grand
rôle» ?
♦ En régime parlementaire, un parti qui détient la majorité place
ses équipes dirigeantes au gouvernement, coopère avec celui-ci pour définir
une politique gouvernementale, et lui apporte un soutien vigoureux. Il
n'appartenait pas à l'U.N.R.-U.D.T. d'imposer sa liste de ministres. Dans
le deuxième cabinet de M. Pompidou, le parti n'est pas mieux servi que
dans le premier : 12 ministres (sur 22) et 3 sous-secrétaires d'Etat (sur 4).
Seuls trois des ministères détenus peuvent être considérés comme de pre
mière importance (Intérieur, Industrie, Travail). Cependant, aucun
des membres du Cabinet n'appartient aujourd'hui à une grande format
ion politique rivale, l'U.N.R.-U.D.T. peut coopérer très étroitement avec
ce gouvernement. Celui-ci n'étant pas exclusivement U.N.R.-U.D.T., le rôle
du parti s'en trouve cependant un peu modifié : il ne s'agit plus seul
ement de soutenir, mais en même temps d'animer et d'aiguillonner^. La
balance entre ces deux tâches n'apparaît cependant guère plus aisée à
tenir après la fin de la guerre d'Algérie qu'elle l'était auparavant. L'impat
ience du parti s'exprime plus ou moins discrètement : « Avec la majorité
dont il dispose, le gouvernement n'a plus à se préoccuper de sa durée;
mais, soutenu par sa majorité, il se doit au contraire d'agir » (André Fanton,
Notre République, 26 avril 1963) ; « Le lait : Giscard refuse un centime
à Pisani » (intertitre de La Nation, 26 avril 1963) .
En revanche, à la fin de février 1963, M. Pompidou, définissant devant
l'U.N.R.-U.D.T. son rôle de « relais entre le gouvernement et la nation »,
se bornait à dire : « S'il faut expliquer, faire comprendre sous tous ses
aspects la politique du gouvernement,, il est nécessaire en retour que celui-ci
soit informé (par vous) des réactions du pays... »
Bien entendu, lorsqu'il s'agit des actes, des propos et des engagements
personnels du président de la République, l'U.N.R.-U.D.T. ne fait qu'ap
prouver, expliquer et défendre sans le moins du monde chercher à « aigui
llonner » ni à « devancer l'événement » 4. Mais très fréquemment aussi,
3. Cette double fonction a été affirmée à l'U.N.R. depuis le premier
succès de 1958. « L'U.N.R. doit faire en sorte que sa fidélité n'étouffe pas son
initiative... Il lui faut à la fois suivre de Gaulle et devancer l'événement »
(M. Chaban-Delmas, Congrès de Bordeaux, novembre 1959). «Nous devons être
non seulement un support, mais un aiguillon dont le Premier ministre et le
gouvernement ne manqueront pas de tenir compte » (M. Chaban-Delmas, Assises
nationales de Strasbourg, mars 1961).
4. Si les élus et les fédérations du parti ont, avec ensemble, regretté le
décret de réquisition « fait à Colombey... », ils en ont assez clairement attribué .
Les Forces Politiques en France
c'est à l'ensemble du gouvernement (de façon plus ou moins chaleureuse
selon le ministre en cause) que le parti apporte ses louanges et l'appui
de sa presse. Notre République, par exemple, abandonnant parfois son ton
alerte, offre largement ses colonnes à une interview avec M. Joxe (« inte
rview » qui ressemble davantage à une longue note rédigée par les ser
vices ministériels) pour permettre au ministre d'exposer l'état de ses
projets sur la réforme administrative (n° 79 du 26 avril 1962, sous le
titre « La nouvelle ère ») : c'est le ton du Moniteur de l'Empire.
Mais il est difficile d'oublier que le parti doit aussi exercer une action
d'animation et de vigilance à l'égard des ministres («. La majorité a autre
chose à faire que de dire oui », déclare M. Chaban-Delmas à un journaliste,
Paris-Presse, 22 décembre 1962). L'U.N.R.-U.D.T. n'avait pas devancé
l'événement à propos des revendications des mineurs et des travailleurs du
secteur nationalisé de décembre 1962 à la fin de février 1963. Une fois
le conflit déclenché, la première réaction des élus des régions intéressées
(Lorraine, Loire) fut de rattraper leur retard. Si, comme le rappelait La
Nation du 8 mars, il ne fallait pas s'attendre à faire reculer de Gaulle
parce qu' « on ne changera pas son sens de l'Etat », les militants et les
élus du parti pouvaient espérer jouer les intermédiaires actifs pour faciliter
un accord satisfaisant entre le gouvernement et les grévistes 5. Aussi les
vit-on, au début de la crise, multiplier avec précipitation les appels et les
interventions (provenant, il est vrai, bien davantage des militants de « l'ac
tion ouvrière professionnelle» e

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