La conquête et le déclin : les plantations, cadre des relations sociales et économiques au Vanuatu (ex Nouvelles-Hébrides). - article ; n°82 ; vol.42, pg 7-40
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La conquête et le déclin : les plantations, cadre des relations sociales et économiques au Vanuatu (ex Nouvelles-Hébrides). - article ; n°82 ; vol.42, pg 7-40

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Journal de la Société des océanistes - Année 1986 - Volume 42 - Numéro 82 - Pages 7-40
Colonization in Vanuatu started with Australian trading firms establishing outposts on Efate. Their managers were later superseded by French settlers closely linked first with the Compagnie Calédonienne des Nouvelles-Hébrides, then with the Société Française des Nouvelles-Hébrides, in which the French State held a majority of shares, or with trading firms such as Maison Ballande, from Bordeaux or Maison de Béchade. These firms will be involved in the crash brought about in 1929 by the planters' accumulated debt. French colonization never managed to take root permanently, nor to do otherwise than to cling to certain coastal areas having suffered from a severe depopulation process.
The planters lived on very extensive credit lines opened with the French commercial firms, much beyond the potential sale value of the planted part of their land holdings. This produced great instability of tenure, as they lived in fact partly from land speculation on a fictitious domain, transfering regularly the greater part of their earnings to Australia, through selling their crops to Burns Philp although being heavily in debt to Ballande or de Béchade. After the 1929 crash, planters were left with little choice than being unpaid managers for the commercial firms which held the real title to their lands, while the same firms were devoid of the means, in manpower and capital, to operate plantations dispersed all over the group. The number of planters has in fact never ceased to diminish after 1929. French settlers slowly leaving the group or going over to tertiary activities and official employment, letting Melanesian production to become paramount.
In between, the relations between planters and Melanesians have not been without some notable variations, tensions and opposition not being an inflexible rule. The strategy never faltered. Melanesians wanted to get back all they had lost. But tactics could vary, in a period of coexistence, characterised by a constant search for what adaptation was the best, for a more lucid analysis of each situation, for a way of manipulating Europeans and pitting them one against the other, in particular missionaries versus planters.
Commencée par des agents de sociétés commerciales australiennes, poursuivie par des colons français dépendant étroitement de la Compagnie Calédonienne des Nouvelles-Hébrides, puis de la Société Française des Nouvelles-Hébrides, Société d'économie mixte où l'État était majoritaire, ou des Comptoirs Français des Nouvelles-Hébrides, c'est-à-dire de la Maison Ballande de Bordeaux, ou de la Maison de Béchade, qu'ils entraîneront dans la ruine en 1929, la colonisation française n'a jamais réussi à s'implanter de façon définitive, ni à mordre sur autre chose que des zones côtières frappées par une dépopulation intense.
Se faisant ouvrir constamment des crédits au-delà de la valeur même de la part de leurs domaines réellement exploitée, extrêmement instables parce que vivant de la spéculation sur des emprises en grande partie fictives, transférant régulièrement la plus grande partie de leurs gains en Australie par l'intermédiaire de la Maison Burns Philp, à laquelle ils vendaient les récoltes engagées par ailleurs auprès des sociétés commerciales françaises, les planteurs ont fini par devenir en fait pour la plupart les agents infidèles, mais non rémunérés, de ces dernières sociétés, elles-mêmes incapables de gérer les domaines qu'elles avaient ainsi acquis imprudemment, sans le vouloir. Le nombre de planteurs proprement dits n'a cessé de diminuer à partir de 1929, la colonisation française passant majoritairement aux activités de service et à la fonction publique, laissant la production mélanésienne devenir progressivement, d'abord majoritaire, puis enfin la seule force productive du pays.
Dans l'intervalle, les relations entre planteurs et Mélanésiens ont relevé d'autre chose que d'une opposition sans nuances. Si la stratégie générale était claire — reprendre ce qui avait été perdu — les tactiques employées ont été diverses, et la période de co-existence pleine d'enseignements quant à la recherche constante d'adaptation des sociétés mélanésiennes, aussi quant à leurs capacités d'analyse de la situation et de manipulation des Européens les uns contre les autres, missionnaires contre planteurs en particulier.
34 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1986
Nombre de lectures 308
Langue Français
Poids de l'ouvrage 4 Mo

Extrait

Jean Guiart
La conquête et le déclin : les plantations, cadre des relations
sociales et économiques au Vanuatu (ex Nouvelles-Hébrides).
In: Journal de la Société des océanistes. N°82-83, Tome 42, 1986. pp. 7-40.
Citer ce document / Cite this document :
Guiart Jean. La conquête et le déclin : les plantations, cadre des relations sociales et économiques au Vanuatu (ex Nouvelles-
Hébrides). In: Journal de la Société des océanistes. N°82-83, Tome 42, 1986. pp. 7-40.
doi : 10.3406/jso.1986.2821
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/jso_0300-953X_1986_num_42_82_2821Abstract
Colonization in Vanuatu started with Australian trading firms establishing outposts on Efate. Their
managers were later superseded by French settlers closely linked first with the Compagnie
Calédonienne des Nouvelles-Hébrides, then with the Société Française des Nouvelles-Hébrides, in
which the French State held a majority of shares, or with trading firms such as Maison Ballande, from
Bordeaux or Maison de Béchade. These firms will be involved in the crash brought about in 1929 by the
planters' accumulated debt. French colonization never managed to take root permanently, nor to do
otherwise than to cling to certain coastal areas having suffered from a severe depopulation process.
The planters lived on very extensive credit lines opened with the French commercial firms, much
beyond the potential sale value of the planted part of their land holdings. This produced great instability
of tenure, as they lived in fact partly from land speculation on a fictitious domain, transfering regularly
the greater part of their earnings to Australia, through selling their crops to Burns Philp although being
heavily in debt to Ballande or de Béchade. After the 1929 crash, planters were left with little choice than
being unpaid managers for the commercial firms which held the real title to their lands, while the same
firms were devoid of the means, in manpower and capital, to operate plantations dispersed all over the
group. The number of planters has in fact never ceased to diminish after 1929. French settlers slowly
leaving the group or going over to tertiary activities and official employment, letting Melanesian
production to become paramount.
In between, the relations between planters and Melanesians have not been without some notable
variations, tensions and opposition not being an inflexible rule. The strategy never faltered. Melanesians
wanted to get back all they had lost. But tactics could vary, in a period of coexistence, characterised by
a constant search for what adaptation was the best, for a more lucid analysis of each situation, for a way
of manipulating Europeans and pitting them one against the other, in particular missionaries versus
planters.
Résumé
Commencée par des agents de sociétés commerciales australiennes, poursuivie par des colons
français dépendant étroitement de la Compagnie Calédonienne des Nouvelles-Hébrides, puis de la
Société Française des Nouvelles-Hébrides, Société d'économie mixte où l'État était majoritaire, ou des
Comptoirs Français des c'est-à-dire de la Maison Ballande de Bordeaux, ou de la
Maison de Béchade, qu'ils entraîneront dans la ruine en 1929, la colonisation française n'a jamais
réussi à s'implanter de façon définitive, ni à mordre sur autre chose que des zones côtières frappées
par une dépopulation intense.
Se faisant ouvrir constamment des crédits au-delà de la valeur même de la part de leurs domaines
réellement exploitée, extrêmement instables parce que vivant de la spéculation sur des emprises en
grande partie fictives, transférant régulièrement la plus grande partie de leurs gains en Australie par
l'intermédiaire de la Maison Burns Philp, à laquelle ils vendaient les récoltes engagées par ailleurs
auprès des sociétés commerciales françaises, les planteurs ont fini par devenir en fait pour la plupart
les agents infidèles, mais non rémunérés, de ces dernières sociétés, elles-mêmes incapables de gérer
les domaines qu'elles avaient ainsi acquis imprudemment, sans le vouloir. Le nombre de planteurs
proprement dits n'a cessé de diminuer à partir de 1929, la colonisation française passant
majoritairement aux activités de service et à la fonction publique, laissant la production mélanésienne
devenir progressivement, d'abord majoritaire, puis enfin la seule force productive du pays.
Dans l'intervalle, les relations entre planteurs et Mélanésiens ont relevé d'autre chose que d'une
opposition sans nuances. Si la stratégie générale était claire — reprendre ce qui avait été perdu — les
tactiques employées ont été diverses, et la période de co-existence pleine d'enseignements quant à la
recherche constante d'adaptation des sociétés mélanésiennes, aussi quant à leurs capacités d'analyse
de la situation et de manipulation des Européens les uns contre les autres, missionnaires contre
planteurs en particulier.conquête et le déclin : Les plantations, La
cadre des relations sociales et économiques
au Vanuatu, ex Nouvelles-Hébrides
par
Jean GUIART *
bonne qualité établies sur la table corallienne
surélevée du nord et de l'ouest de l'île d'Éfate, Les premières plantations. dépeuplées par les épidémies, les guerres intes
tines soigneusement encouragées par les EuroLes domaines européens, occupant des cen péens de passage, qui armaient l'un contre taines d'hectares de côtes couvertes de cocot l'autre les adversaires, les conflits armés avec iers rangés en lignes parallèles, placés en les sandaliers (dont le prince tongien Maafu, quinconces et grimpant à l'assaut des premières sur un navire armé en 1842 par la royauté collines, sont nés du plan préconisé par August hawaïenne) et les recruteurs de main-d'œuvre us Unshelm, puis Theodore Weber, de la noire travaillant pour les planteurs de canne à société hambourgeoise Godeffroy, qui substi sucre de Fiji et du Queensland. Mais la fermetuèrent, à Samoa, à partir des années 1860, le ture du marché australien a condamné les îles coprah en sacs à l'huile de noix de coco en tropicales à se contenter de produire du coprah containers de bambou, établissant ainsi une des d'abord, du café, plus tard du cacao, pour les principales modalités d'un système de planta seuls marchés européens aux antipodes '. tions qui, à un moment, tendait à s'étaler tout
le long des côtes des pays tropicaux colonisés " The first white settlers on Efate ", nous dit
par l'Occident. Douglas Rannie, " were McLeod and Trueman
L'implantation agricole européenne s'est faite, — not the Captain McLeod ... just mentioned.
à partir du milieu du siècle dernier, et du moins They did not live happily together, and in one
dans l'arc mélanésien, dans un premier temps of their quarrels McLeod shot Trueman 2, and
sur des bases paysannes plus classiques, visant wound up by shooting himself afterwards.
la production de produits vivriers (maïs, ba But about the same time that they settled there
nanes, huile de noix de coco, parfois riz) pour an old American negroe also took his residence
le marché urbain de Sydney et de Melbourne, in Havana [harbour]. He was as black as coal,
au temps où les grands éleveurs « squatters » but he told me proudly that he was the first
d'Australie bloquaient le développement d'une white man to settle on the island. On another
" agriculture dans ce continent. Au Vanuatu, on occasion old " Black Harry 3, the only name I
a pris et exploité tout d'abord les terres de have known him by, told me that when he was
* Musée de l'Homme, Paris.
1. Le marché australien ne s'est ouvert au café et au cacao de Nouvelle-Guinée qu'après 1945, du fait de la naissance
d'une industrie agro-alimentaire nationale.
2. De même que Célestin Bourdouin arrivé en 1887 tentera d'assassiner son frère Delphin et que Maurice Colardeau
sera tué par Powell en 1910. François Rossi sera accusé d'avoir empoisonné à Ambrym son associé Lebel et d'avoir fait
assassiner Fumaroli par les Canaques du coin. Fortuné Lachaise tuera Le Guen en 1905 à Malo.
3. Henry Taylor, noir des Antilles, agent de W. Barrett, de Nouvelles-Galles du Sud, cité dans la liste des colons
établie par le Capitaine Cyprian Bridges, RN, et reproduite par P. O'Reilly. 8 SOCIÉTÉ DES OCÉANISTES
cruising along the coast in his boat some exporting it to Sydney, making and buying
drunken Kanakas fired at him " ; But, "

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