La France et la crise de Cuba - article ; n°1 ; vol.13, pg 185-195
12 pages
Français

Découvre YouScribe en t'inscrivant gratuitement

Je m'inscris

La France et la crise de Cuba - article ; n°1 ; vol.13, pg 185-195

Découvre YouScribe en t'inscrivant gratuitement

Je m'inscris
Obtenez un accès à la bibliothèque pour le consulter en ligne
En savoir plus
12 pages
Français
Obtenez un accès à la bibliothèque pour le consulter en ligne
En savoir plus

Description

Histoire, économie et société - Année 1994 - Volume 13 - Numéro 1 - Pages 185-195
Abstract The Cuban crisis was a kind of alibi in Franco-American relations. While the main stream in 1962 and 1963 was made of misunderstandings, estrangements, pinpricks, the missile crisis supplied a counter-example, the proof of General de Gaulle's solidarity whith his American ally. Before the crisis, France contributed to supply the United States with information about the installation of Soviet missiles in Cuba. During the crisis, de Gaulle, unlike the British, gave his immediate and unconditional support. After the crisis, France distanced herself from America, who was settling the world's affairs with the U.S.S.R., without consulting her allies.
Résumé La crise de Cuba constitue dans les relations franco-américaine s une espèce d'alibi. Alors que toute l'orientation générale en 1962 et 1963 est aux malentendus, brouilles et coups d'épingle en tout genre, cette crise fournit le contre-exemple, la preuve de la solidarité du Général de Gaulle à l'égard de l'allié américain. Avant la crise, la France joue un rôle dans l'information des services américains concernant l'implantation des missiles soviétiques à Cuba. Pendant la crise, de Gaulle apporte son soutien immédiat et inconditionnel, à la différence des Britanniques. Après la crise, la France prend ses distances à l'égard d'une Amérique qui, sans consulter ses alliés, règle les affaires de la planète directement avec l'Union Soviétique.
11 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1994
Nombre de lectures 29
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

Maurice Vaisse
La France et la crise de Cuba
In: Histoire, économie et société. 1994, 13e année, n°1. pp. 185-195.
Résumé La crise de Cuba constitue dans les relations franco-américaine s une espèce d'alibi. Alors que toute l'orientation
générale en 1962 et 1963 est aux malentendus, brouilles et coups d'épingle en tout genre, cette crise fournit le contre-exemple,
la preuve de la solidarité du Général de Gaulle à l'égard de l'allié américain. Avant la crise, la France joue un rôle dans
l'information des services américains concernant l'implantation des missiles soviétiques à Cuba. Pendant la crise, de Gaulle
apporte son soutien immédiat et inconditionnel, à la différence des Britanniques. Après la crise, la France prend ses distances à
l'égard d'une Amérique qui, sans consulter ses alliés, règle les affaires de la planète directement avec l'Union Soviétique.
Abstract The Cuban crisis was a kind of alibi in Franco-American relations. While the main stream in 1962 and 1963 was made of
misunderstandings, estrangements, pinpricks, the missile crisis supplied a counter-example, the proof of General de Gaulle's
solidarity whith his American ally. Before the crisis, France contributed to supply the United States with information about the
installation of Soviet missiles in Cuba. During the crisis, de Gaulle, unlike the British, gave his immediate and unconditional
support. After the crisis, France distanced herself from America, who was settling the world's affairs with the U.S.S.R., without
consulting her allies.
Citer ce document / Cite this document :
Vaisse Maurice. La France et la crise de Cuba. In: Histoire, économie et société. 1994, 13e année, n°1. pp. 185-195.
doi : 10.3406/hes.1994.1740
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/hes_0752-5702_1994_num_13_1_1740LA FRANCE ET LA CRISE DE CUBA 2.
par Maurice VAISSE*
Résumé
La crise de Cuba constitue dans les relations franco- américaine s une espèce d'alibi. Alors que
toute l'orientation générale en 1962 et 1963 est aux malentendus, brouilles et coups d'épingle en tout
genre, cette crise fournit le contre-exemple, la preuve de la solidarité du Général de Gaulle à l'égard de
l'allié américain. Avant la crise, la France joue un rôle dans l'information des services américains
concernant l'implantation des missiles soviétiques à Cuba. Pendant la crise, de Gaulle apporte son
soutien immédiat et inconditionnel, à la différence des Britanniques. Après la crise, la France prend ses
distances à l'égard d'une Amérique qui, sans consulter ses alliés, règle les affaires de la planète
directement avec l'Union Soviétique.
Abstract
The Cuban crisis was a kind of alibi in Franco-American relations. While the main stream in
1962 and 1963 was made of misunderstandings, estrangements, pinpricks, the missile crisis supplied
a counter-example, the proof of General de Gaulle's solidarity whith his American ally. Before the
crisis, France contributed to supply the United States with information about the installation of
Soviet missiles in Cuba. During the crisis, de Gaulle, unlike the British, gave his immediate and
unconditional support. After the crisis, France distanced herself from America, who was settling the
world's affairs with the U.S.S.R., without consulting her allies.
La crise de Cuba a, du point de vue français, deux caractéristiques. La première
est que c'est une crise à laquelle la France n'est pas directement mêlée. C'est une crise
américano-soviétique. Les autres pays, y compris les pays européens, n'y ont pas
joué de rôle propre : «Ils ont un peu joué le rôle du chœur antique»1. Alors que la
Crise de Cuba a suscité et continue de susciter aux Etats-Unis une énorme production
bibliographique2, c'est tout le contraire en France, où la littérature est bien maigre, à la
nuance près d'ouvrages traduits de l'américain, de la thèse d'Alain Joxe3, du livre de
Manuela Semidei et de celui de Gabriel Robin4. Il est très frappant de constater le si
llage imperceptible laissé par cette affaire en France. Les auteurs de mémoires, en
particulier, ne s'attardent guère sur le phénomène. Le général de Gaulle est mort trop
tôt pour en parler dans ses Mémoires d'Espoir. Mais il avait bien l'intention d'y
consacrer quelques pages dans Les drames (cf. Mémoires, t. XVI, p. 224). Maurice
* Professeur à l'université de Reims Champagne- Ardennes. A dirigé l'ouvrage L'Europe et la Crise de Cuba ,
Paris, Armand Colin, 1993. 186 HISTOIRE ECONOMIE ET SOCIETE
Couve de Murville ne lui accorde pas plus d'une demi page. Etienne Burin des
Roziers, alors secrétaire général à l'Elysée, constate que le drame a été vite oublié5.
Or paradoxalement — et c'est la seconde caractéristique — , le rôle que la France
aurait joué dans cette crise est souvent considéré comme significatif.
La crise de Cuba constitue dans les relations franco-américaines une espèce
d'alibi. Alors que l'orientation générale est aux malentendus, brouilles et coups
d'épingle en tous genres, c'est le contre-exemple, la preuve de la solidarité du général
de Gaulle à l'égard de l'Alliance atlantique.
Depuis septembre 1958, de Gaulle a hissé les couleurs. Certes la guerre d'Algérie
l'empêche de passer à l'exécution, bien qu'il ait déjà ordonné la sortie de l'escadre de
Méditerranée du commandement de l'OTAN. Ses revendications sur le partage at
omique et la concertation à trois n'ont guère été suivies d'effet. Avec ténacité, Charles
de Gaulle bâtit la force de dissuasion, instrument privilégié de l'indépendance natio
nale. A tous égards, il fait entendre sa différence, à propos du Laos et du Congo, mais
surtout dans les deux principales affaires du moment, la crise de Berlin et les négocia
tions de désarmement. Dans un cas comme dans l'autre, à la différence de Macmillan,
de Gaulle se présente comme un partisan de la fermeté. En 1962, enfin libéré du boul
et algérien, ayant échappé à l'attentat du Petit-Clamart, il est en passe de renforcer
l'institution présidentielle avec l'instauration par référendum (qui doit précisément
avoir lieu le 28 octobre) de l'élection du président de la République au suffrage uni
versel.
L'appui donné par de Gaulle est particulièrement monté en épingle dans les sou
venirs d'Etienne Burin des Roziers6. Remarquant que de Gaulle avait pris sur lui
d'apporter le concours total de la France à l'Amérique, alors que l'affaire ne se situait
pas clairement dans le champ ďapplication du pacte atlantique , Etienne Burin des
Roziers poursuit :
«Le concours immédiat et résolu de la France fit, sur le champ, grande impression à Washington.
Elle avait été l'allié exemplaire. Son comportement, en cette circonstance, demeure encore
aujourd'hui la référence la plus éloquente en réponse à ceux qui mettent en question l'attachement
ferme du général de Gaulle au respect loyal des obligations découlant pour la France de sa
participation à l'Alliance atlantique et des liens qui l'unissent aux Etats-Unis».
Qu'est-ce qui explique cette attitude paradoxale du général de Gaulle, qui
contraste d'ailleurs avec celle d'autres alliés, et en particulier avec celle de la Grande-
Bretagne ? Selon Bernard Ledwidge, à la différence de Macmillan, de Gaulle n'avait
rien à craindre, car aucune installation nucléaire en France n'aurait pu présenter un
objectif pour une attaque des Russes7. Cette explication est-elle satisfaisante ? Quel
est le rôle de la France dans la crise de Cuba ?
Pour la clarté de l'exposé, il faut distinguer trois moments : l'information et les
débuts ; l'apogée de la crise ; enfin les suites et enseignements. Le premier moment FRANCE ET LA CRISE DE CUBA 187 LA
correspond à l'information. D'abord, c'est le service de renseignements français qui
fournit aux Américains les premiers indices sur l'arrivée des missiles nucléaires à
Cuba8. Selon le général de Rancourt, le colonel Houel, de l'ambassade à Washington,
à la suite de contacts avec la résistance cubaine, avait eu vent de l'installation de miss
iles à Cuba. Le général de Rancourt en informe aussitôt les

  • Univers Univers
  • Ebooks Ebooks
  • Livres audio Livres audio
  • Presse Presse
  • Podcasts Podcasts
  • BD BD
  • Documents Documents