La genèse de l’atlas historique en France (1630-1800) : pouvoirs et limites de la carte comme  œil de l’histoire  - article ; n°1 ; vol.158, pg 97-128
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La genèse de l’atlas historique en France (1630-1800) : pouvoirs et limites de la carte comme  œil de l’histoire  - article ; n°1 ; vol.158, pg 97-128

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Description

Bibliothèque de l'école des chartes - Année 2000 - Volume 158 - Numéro 1 - Pages 97-128
32 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 2000
Nombre de lectures 14
Langue Français
Poids de l'ouvrage 2 Mo

Extrait

Catherine Hofmann
La genèse de l’atlas historique en France (1630-1800) :
pouvoirs et limites de la carte comme " œil de l’histoire "
In: Bibliothèque de l'école des chartes. 2000, tome 158, livraison 1. pp. 97-128.
Citer ce document / Cite this document :
Hofmann Catherine. La genèse de l’atlas historique en France (1630-1800) : pouvoirs et limites de la carte comme " œil de
l’histoire ". In: Bibliothèque de l'école des chartes. 2000, tome 158, livraison 1. pp. 97-128.
doi : 10.3406/bec.2000.451018
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/bec_0373-6237_2000_num_158_1_451018Résumé
Nombre de géographes, de Nicolas Sanson à Jean-Baptiste Bourguignon d'Anville, furent soucieux de
dresser des cartes pour servir à l'intelligence de l'histoire, mais des obstacles d'ordre conceptuel et
technique empêchèrent l'atlas historique de prendre son essor décisif avant le XIXe siècle. La vingtaine
d'atlas historiques édités en France aux XVIIe et XVIIIe siècles se répartit en deux grandes catégories.
Les premiers, qui s'inspirent du Parergon d'Abraham Ortelius (1579), se proposent de servir à
l'intelligence des auteurs anciens, sacrés ou profanes, en permettant d'établir une comparaison entre le
monde ancien et le monde moderne. Apparus assez tardivement, après 1750, les seconds ont pour
objectif de faciliter la compréhension des changements politiques qui ont affecté le monde. La carte est
vantée pour son pouvoir synoptique, mais elle s'avère impuissante à exprimer seule le temps de
l'histoire dans toute sa complexité, en dépit de l'ingéniosité de certaines dispositions : les conceptions
historiques autant que des conditions défavorables d'édition expliquent les faiblesses du dialogue entre
la carte et le texte.
Zusammenfassung
Zahlreiche Geographen bemühten sich in der frühen Neuzeit Karten zum besseren Verständnis der
Geschichte zu zeichnen, beginnend mit Nicolas Sanson bis hin zu Jean-Baptiste Bourguignon d'Anville.
Doch angesichts konzeptioneller wie technischer Schwächen erlebte der historische Atlas keinen
Durchbruch vor dem 19. Jh. Die etwa 20 im 17. und im 18. Jh. in Frankreich edierten historischen
Atlanten scheiden sich in zwei Typen : Zunächst jene, die beginnend mit dem Parergon von Abraham
Ortelius (1579) als Lesehilfe der antiken, christlichen oder profanen Autoren angelegt wurden und eine
Vergleichbarkeit von alter und moderner Welt anstrebten. Nach 1750 kamen dann die jüngeren Atlanten
auf, die auf eine bessere Einsicht in die politischen Veränderungen der Welt abzielten. Trotz aller
Beschwörungen der Überblicksqualitäten solcher Karten stoßen sich diese an der Schwierigkeit, die
Komplexität der historischen Zeit in nur zwei Dimensionen darstellen zu müssen ; dies vor dem
Hintergrund einer noch unausgereiften historischen Konzeptbildung und unzureichender
Editionstechniken. Auch verschiedene sinnreiche Hilfskonstruktionen änderten nichts an der
grundsätzlichen Insuffizienz des Zusammenspiels von Karten und umgebendem Text.
Abstract
Many geographers, from Nicolas Sanson to Jean-Baptiste Bourguignon d'Anville, endeavoured to draw
maps for a better understanding of history, yet various obstacles both conceptual and technical
hindered the effectual development of the historical atlas until the 19th century. The twenty or so
historical atlases published in France in the 17th and 18th centuries fall into two categories. Inspired
from Abraham Ortelius' 1579 Parergon, the first type was intended to assist the reader of ancient
authors sacred and profane, by drawing a parallel between the ancient and the modern world. The
second type, which developed at a fairly late stage, after 1750, sought to make the political changes in
world history easier to grasp. Maps were praised for their synoptic value ; but, despite various ingenious
devices, they were, by themselves, unequal to expressing historical time in its complexity :
contemporary concepts of history and difficult editorial conditions both account for the imperfect
matching of maps and text.Bibliothèque de l'École des chartes, t. 158, 2000, p. 97-128.
LA GENÈSE DE L'ATLAS HISTORIQUE
EN FRANCE (1630-1800)
POUVOIRS ET LIMITES DE LA CARTE
COMME « ŒIL DE L'HISTOIRE »
par
Catherine HOFMANN
« Cette partie de la géographie [la géographie histori
que] est nécessaire pour lire, avec fruit, l'histoire des
anciens peuples et l'étudier ; car on ne saurait croire
combien la position des lieux sur les cartes est propre à
diriger l'esprit, à faire sur lui une impression durable par
l'image du local, laquelle aide infiniment la mémoire. On
peut dire enfin, que dans cette circonstance comme dans
beaucoup d'autres, les yeux du corps aident très-
puissamment ceux de l'esprit » l.
Les historiens de la cartographie ont longtemps négligé une catégorie de
cartes anciennes, classées généralement à part dans les collections des xvne et
xvine sous les rubriques « Geographia sacra » ou « Geographia vêtus », siècles,
selon qu'elles concernent l'histoire sainte ou profane 2. Reconstitution de phéno
mènes qui appartiennent au passé au moment de leur élaboration, elles témoi
gnent moins des connaissances positives de leurs auteurs que de leur perception de
l'histoire et de leurs efforts acharnés pour en résoudre les énigmes géographiques.
1. Thomas-François de Grace, « Tableaux historiques et chronologiques des principales révolutions
arrivées dans quelques pays de l'Asie, de l'Afrique et de l'Europe, depuis les premiers empires connus
jusqu'au Moyen Age », conclusion de l'avertissement à T. -F. de Grace et Rigobert Bonne, Recueil de
cartes sur la géographie ancienne, Paris, 1783 (voir fig. 1). Les citations ici reproduites conservent
la ponctuation d'origine, mais suivent pour les majuscules et l'accentuation les usages contempor
ains.
2. Mireille Pastoureau, Collections et collectionneurs de cartes en France, sous l'Ancien Régime,
dans Revue de la Bibliothèque nationale de France, n° 12, été 1984, p. 5-15.
Catherine Hofmann, conservateur à la Bibliothèque nationale de France, département des cartes et
plans, 58 rue de Richelieu, F-75002 Paris. CATHERINE HOFMANN B.E.C. 2000 98
Illustration non autorisée à la diffusion
Fig. 1. — Frontispice dessiné par Clément-Pierre Marillier et gravé par Louis-Claude Legrand,
dans T. -F. de Grace et R. Bonne, Recueil de cartes sur la géographie ancienne, 1783.
La Géographie, prenant appui sur un trident, le compas pointé vers un globe terrestre,
fait face à l'Histoire, livre ouvert à la main, un autre volume intitulé Histoire ancienne à ses pieds.
A l'arrière-plan, d'un côté, une proue de navire avec voile déployée au vent,
de l'autre un obélisque orné de hiéroglyphes.
(Bibl. nat. de Fr., Cartes et plans, Ge DD 1278, 2e partie : cliché Bibl. nat. de Fr.) B.É.C. 2000 L'ATLAS HISTORIQUE 99
En dépit de quelques publications récentes 3, la cartographie historique reste
encore en grande partie à explorer.
Si l'on compare la production antérieure à 1800 à la production contemporaine,
force est de constater que l'atlas historique tel qu'il est conçu de nos jours n'existe
pas encore. C'est au xixe siècle seulement que la géographie historique reçoit son
visage actuel grâce à un double élargissement : intégration, d'une part, du Moyen
Age et des temps modernes ; extension, d'autre part, de son champ d'application
à l'ensemble des manifestations de la vie sociale (culture, économie, transports,
langues, etc.) 4.
L'utilité de cartes et d'atlas spécialement conçus pour éclairer l'histoire ne s'est
pas imposée avec la force de l'évidence, les cartes géographiques modernes étant
elles-mêmes dédiées à l'intelligence de l'histoire. Depuis l'Antiquité, la géographie
est considérée, avec la chronologie, comme l'un des deux yeux de l'histoire 5.
D'Abraham Ortelius (1525-1598) à Jean-Baptiste Bourguignon d'Anville (1697-
1782), voire au-delà, la géographie tout entière, non seulement celle qui s'occupe
des temps anciens, est ainsi mise au service de l'histoire. Il suffit pour s'en
convaincre de consulter l'introduction au Theatrum orbis terrarum de l'éditeur
anversois A. Ortelius en 1570. Celui-ci invite à la lecture de son Théâtre en arguant
de l'intérêt de « toutes sortes de gens » non pour la géographie, comme l'on s'y
attendrait, mais pour

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