La girafe dans la faune de l art indien - article ; n°1 ; vol.71, pg 47-62
16 pages
Français

Découvre YouScribe en t'inscrivant gratuitement

Je m'inscris

La girafe dans la faune de l'art indien - article ; n°1 ; vol.71, pg 47-62

Découvre YouScribe en t'inscrivant gratuitement

Je m'inscris
Obtenez un accès à la bibliothèque pour le consulter en ligne
En savoir plus
16 pages
Français
Obtenez un accès à la bibliothèque pour le consulter en ligne
En savoir plus

Description

Bulletin de l'Ecole française d'Extrême-Orient - Année 1982 - Volume 71 - Numéro 1 - Pages 47-62
The paper gives an inventory as complete as possible of the representations of giraffes in sculpture (Konarak, Sríšailam, Mudbidri) as well as in rock painting (Hoshangabad) and miniature paintings of the Western Indian and Mughal schools. Dated from the 12th to the 19th century, the Indian representations of giraffes bear witness to the maritime and commercial relationships of the subcontinent with West Asia and East Africa. These relationships were facilitated by the Arab maritime activity in the Indian Ocean up to the 16th century. The giraffe, a rare animal, much appreciated in the princely zoos in the West as in the East, was introduced by the Arabs into Europe as well as into Persia, India and China.
16 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1982
Nombre de lectures 16
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

Arion Rosu
La girafe dans la faune de l'art indien
In: Bulletin de l'Ecole française d'Extrême-Orient. Tome 71, 1982. pp. 47-62.
Abstract
The paper gives an inventory as complete as possible of the representations of giraffes in sculpture (Konarak, Sríšailam,
Mudbidri) as well as in rock painting (Hoshangabad) and miniature paintings of the Western Indian and Mughal schools. Dated
from the 12th to the 19th century, the Indian representations of giraffes bear witness to the maritime and commercial relationships
of the subcontinent with West Asia and East Africa. These relationships were facilitated by the Arab maritime activity in the Indian
Ocean up to the 16th century. The giraffe, a rare animal, much appreciated in the princely zoos in the West as in the East, was
introduced by the Arabs into Europe as well as into Persia, India and China.
Citer ce document / Cite this document :
Rosu Arion. La girafe dans la faune de l'art indien. In: Bulletin de l'Ecole française d'Extrême-Orient. Tome 71, 1982. pp. 47-62.
doi : 10.3406/befeo.1982.1467
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/befeo_0336-1519_1982_num_71_1_1467LA GIRAFE
DANS LA FAUNE DE L'ART INDIEN
PAR
Arion RO§U
In memoriam Dr Sergiu Al-George 1922-1981
Dans un article sur orïsailam, nous avons signalé, voici environ douze
ans, la présence de la girafe dans les bas reliefs décorant le mur d'enceinte
de ce célèbre lieu de pèlerinage sivaïte 1. En attendant une documentation
plus ample, nous avions exprimé notre intention de revenir sur cette appar
ition animale inattendue dans les documents plastiques indiens. Si d'autres
travaux ne nous ont pas donné la possibilité de publier plus tôt les résultats
de notre recherche, la rareté du sujet et la précarité des informations en sont
aussi responsables. Une récente mission en Inde nous a enfin permis de clore
le dossier, à la faveur d'une enquête complémentaire et des précisions reçues
de plusieurs savants indiens 2.
Le mur d'enceinte (prâkâra) de Srïsailam représente l'élément archéolo
gique le plus important de ce centre hindou situé en Andhra Prades, dans
la région des monts Nallamalai, au sud de la Krsnà 3. Le mur qui entoure
les bâtiments du site est couvert, à l'extérieur, de bas reliefs traitant, pour la
(1) A la recherche d'un tïrtha énigmatique du Dekkan médiéval, BEFEO LV (1969),
p. 33-36. Pour compléter les données littéraires sur Srïsailam (p. 39, n. 12), nous précisons
que le texte médiéval Rasaratnâkara (IV, 8) par Nityanàtha, dont une autre version est
attribuée à Nâgârjuna, y mentionne un laboratoire où l'on exécute diverses expériences
alchimiques. Cf. P. C. Ray, History of the chemistry in ancient and medieval India, Calcutta
1956, p. 132.
2.) Nous remercions plus particulièrement MM. M. N. Deshpande et С. Sivaramamurti
(New Delhi) ainsi que M. R. Nagaswami (Madras). Nos remerciements vont également à
tous ceux qui, à Paris ou ailleurs, ont prêté leur concours à cette étude, dont Mlle J. Auboyer
a été la première à nous signaler l'intérêt (1966). Nous mentionnons plus spécialement
Mmes I. Armelin, V. Filliozat, M. Monié-Bénisti, F. Tissot, B. Tyers (Victoria and Albert
Museum, Londres), Ch. Vaudeville, O. Viennot et MM. D. E. Barrett (British Museum,
Londres), J. Filliozat, P. Filliozat, H. Goetz f (Sudasien-Institut, Heidelberg), A. F. P. Hul-
sewé (Sinologisch Instituut, Leyde), J. F. Jarrige, J. Katz (Bodleian Library, Oxford),
A. S. Melikian-Chirvani, P. H. Pott (Rijksmuseum voor Volkenkunde, Leyde),
R. W. Skelton (Victoria and Albert Museum, Londres). Nous avons pu travailler dans ce
dernier musée lors d'une mission du C.N.R.S. dans la capitale britannique, en décembre
1972.
(3) Voir la description du site par A. H. Longhurst, The Mallikarjuna temple at
Srisailam, Kurnool district, Annual report of the Archaeological department, Southern
circle (Madras) 1917-1918, p. 20-33. 48 ARION ROSU
plupart, de thèmes profanes, inspirés de la vie sociale de l'époque. Les pan
neaux sont disposés en plusieurs registres, qui représentent des scènes équestres
et cynégétiques, des guerriers, des danseuses, des musiciens et d'autres
personnages, auxquels s'ajoutent divers sujets appartenant au répertoire
sivaïte. La décoration présente dans la partie inférieure du pràkâra un cor
tège d'éléphants ainsi que d'autres représentants de la faune indienne, notam
ment des chameaux. Or parmi eux figurent deux animaux que nous reconnais
sons comme des girafes africaines (fig. 1), bien que cette identification ne soit
pas certaine 1.
Tout près de l'entrée orientale de l'enceinte se déploie un ample panneau
qui représente un prince assis sur son trône, dans le style caractéristique
de l'art de Vijayanagar du xvie siècle. Certains archéologues ont voulu y
voir un portrait du roi qui a fait décorer, voire construire le mur extérieur
de Srïsailam, dont le temple principal de Mallikârjuna, plus ancien, date
du xnie ou du xive siècle. A. H. Longhurst a même avancé le nom du roi
Krsnadeva Raya (1509-1529), qui est pour lui et pour d'autres également
le bâtisseur du temple de Hazàra Ràma à Vijayanagar, aujourd'hui Hampi
(Karnàtaka). A. H. Longhurst souligne en effet la ressemblance frappante
entre les bas-reliefs ornant les prdkdra de Srïsailam et de Hazàra Ràma 2.
L'iconographie de ce dernier temple rappelle à son tour le répertoire sculpté
de la plate-forme du trône, édifiée par Krsnadeva Raya 3 : frises d'animaux
(chevaux, éléphants, chameaux), cortèges de guerriers, de danseuses et de
musiciens, accompagnés de scènes de chasse ou de combats entre lutteurs,
appréciés à la cour 4.
A. H. Longhurst donne comme probable la présence d'imagiers de la
cité impériale sur les bords de la Krsnâ, venus décorer le mur extérieur à
Srïsailam. Les témoignages épigraphiques révèlent les souverains de Vijaya
nagar parmi les donateurs de cette fondation sivaïte, qui a même reçu la
visite du grand roi Krsnadeva Raya 5. L'archéologue anglais reconnaît
cependant quelques points de différence entre les murs de Hazâra Ràma
et de Srïsailam, notamment dans l'exécution des bas-reliefs, meilleure à
Vijayanagar. Mais, pour le prof. J. Boisselier, « les reliefs des murs d'enceinte
de Hazâra Ràma et de Srïsailam ne sont pas l'œuvre d'un même atelier,
car la facture est très différente... Les thèmes utilisés, la succession des registres
reflètent seulement une inspiration puisée aux mêmes sources » 6. L'absence
de la girafe sur les monuments de Vijayanagar pourrait rendre encore plus
douteuse l'hypothèse que les mêmes imagiers ont travaillé tant aux édi
fices qu'à ceux de la capitale impériale que de Srïsailam.
Dans le temple de Vitthalasvàmin à Vijayanagar, la base du mur ouest
(1) Voir D. B. Spooner, Annual report of the Archaeological survey of India 1917-1918,
part I, p. 25.
(2) A. H. Longhurst, op. cit., p. 29-30 et pi. XI. Sur le rapprochement entre les reliefs
de Srïsailam et de Hazàra Râma, cf. J. Fergusson et J. Burgess, History of Indian and
Eastern architecture I, London 1910, p. 409.
(3) A. H. Longhurst, Hampi ruins described and illustrated, Madras 1917, p. 58,
61-62, 65, 71 et fig. 21-23, 29.
(4) Sur la tradition des jeux de force au Karnâtaka, voir notre étude sur Les marman
et les arts martiaux indiens, JA 1981, 3-4, p. 437-442.
(5) Voir notre article précité, BEFEO LV (1969), p. 47, n. 10.
(6) Lettre du 30 janvier 1969. GIRAFE DANS LA FAUNE DE l'aRT INDIEN 49 LA
du péristyle montre dans une frise de chevaux, d'éléphants et de chameaux,
un animal étrange, dans lequel on ne peut pas plus reconnaître un chameau
qu'une girafe. Quant à la représentation de la girafe à Šrišailam, elle est
vraisemblablement le témoin plastique d'un exemplaire africain vivant,
arrivé au Dekkan par voie maritime. En effet, selon les voyageurs européens,
les ports indiens de la côte occidentale étaient très actifs à l'époque de Vijaya-
nagar (xiv-xive siècles). Ce royaume entretenait des rapports commerciaux
non seulement avec l'Extrême-Orient mais aussi et surtout avec l'Asie
occidentale et même avec l'Afrique orientale 1. Les liaisons dans l'océan Indien
étaient assurées depui

  • Univers Univers
  • Ebooks Ebooks
  • Livres audio Livres audio
  • Presse Presse
  • Podcasts Podcasts
  • BD BD
  • Documents Documents