La Grande Prêtresse - article ; n°1 ; vol.40, pg 64-97
37 pages
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Description

Annales de Bretagne - Année 1932 - Volume 40 - Numéro 1 - Pages 64-97
34 pages

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Publié par
Publié le 01 janvier 1932
Nombre de lectures 53
Langue Français
Poids de l'ouvrage 2 Mo

Extrait

A. Le Moy
La Grande Prêtresse
In: Annales de Bretagne. Tome 40, numéro 1, 1932. pp. 64-97.
Citer ce document / Cite this document :
Le Moy A. La Grande Prêtresse. In: Annales de Bretagne. Tome 40, numéro 1, 1932. pp. 64-97.
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/abpo_0003-391X_1932_num_40_1_1689Arthur LE MOV
LA GRANDE PRÊTRESSE
si Pauvre « bonne et », chère surtout « Grande ! Hâtons-nous Prêtresse de dire », si qu'elle délicate, ne si fut douce, dans
cette seconde moitié du xvme siècle, la Grande. Prêtresse
d'aucun culte archaïque. Son mari, l'avocat général du Parle
ment de Bretagne, s'appelait Le Prestre de Ghâteaugiron, le
« Grand Prestre » selon l'habitude familière dans l'intimité
de la famille, d'où l'aimable surnom que l'on donne à « sa
petite moitié » et qui varie selon les circonstances : « la
Grande Prêtresse », « la Bonne Prêtresse », et mieux encore
« la Bonne des Bonnes ».
Elle avait vingt-quatre ans quand, le 21 septembre 1761, elle
épousa Auguste-Félicité Le Prestre, comte de Ghâteaugiron
qui en avait lui-même trente-trois, et elle s'appelait de son
nom de jeune fille : Jeanne-Charlotte Ployd de Tréguïbé. Son
père, Guillaume-François- Jean-Gabriel Floyd, écuyer, sieur
de Tréguibé, de descendance irlandaise, né à Pont-Melvez,
le 20 janvier 1711, avait épousé, le 3 septembre 1736, à Notre-
Dame de Guingamp, sa parente au second degré, Marie-Marg
uerite Hamon.
A peine Jeanne-Charlotte connut-elle sa mère qui mourut
en 1737, sans doute en lui donnant le jour. Elle avait six ans
quand son père se remaria, le 22 avril 1743, avec Marie-Jeanne-
Perrine Le Goff, dame du Rest, dont il devait avoir huit
enfants. A en juger par l'affection que Mme Le Prestre devait
conserver à la sœur de sa mère, il semble bien que ce fut Jeaxne-Chaklotte FLOYD DE TREGUIBÉ
Epouse de l'Avocat Général
ArGUSTK-FÉuciTK LE PRESTRE DE CHATEAUGIROX
de lie Ciirv i, GRANDE PRÊTRESSE 65 LA
celle-ci, sa chère tante, Rose-Augustine Hamon, demoiselle
de Kerlivio, qui lui prodigua les premiers soins.
Rose-Augustine Hamon, seconde fille de noble homme
Charles-Jacques sieur de Kernisan, épousa en
secondes noces, le 31 janvier 1741, Messire Etienne-Joseph
de Lesquen, seigneur de Kerohan, garde des Monnaies à
Guingamp, dont elle eut sept enfants nés à Guingamp entre
le 25 décembre 1741 et le 3 octobre 1753, si bien que la jeune
nièce Jeanne-Charlotte de Tréguibé, âgée de quatre ans, fut
un peu comme la sœur aînée de ses petites cousines.
L'affection et l'intimité furent, en effet, plus grandes avec
les cousines de Kerohan qu'avec les demi-frères et- demi-
sœurs Ployd de Tréguibé. Non que le moindre désaccord se
soit produit, puisque dans leurs lettres réciproques, nous
avons la preuve des relations les plus aimables entre les
Tréguibé et les Kerohan. Une fois marié, le Grand Prestre
écrit lui-même à son beau-père en termes corrects et sympat
hiques. 11 réserve toutefois, comme la Bonne Prêtresse, ses
appellations les plus tendres pour « la chère tantine » et le
« cher tonton ».
Quand la chère tante mourra, le 21 septembre 1774, l'émo
tion du Grand Prestre esi à son comble. Quant à la chère
Prêtresse, elle inonde de larmes sa lettre, au point de la rendre
presqu'illisible 1.
Où et comment l'avocat général du Parlement de Bretagne
connut-il Jeanne-Charlotte de Tréguibé ? Mystère ! La jeune
fille demeura-t-elle à Guingamp jusqu'à l'âge de vingt-quatre
ans, à l'époque de son mariage, en septembre 1761, ou fut-elle
élevée à Rennes, comme le seront ses jeunes cousines, Victoire
et Jeannette de Kerohan ? Nouveau mystère ! Nous sommes
mieux renseignés sur l'état de sa fortune.
1. La correspondance Le Prestre-de Kerohan qui compte plus de six cents
lettres, de 1761 à 1788, a été retrouvée dans les combles du château de Lehen,
près de Lamballe (Côtes-diu-Nord). Elle appartient aujourd'hui à M. Guillet,
ancien président de la Chambre de Commerce de Rennes. — La correspondance
Le Prestre-de Tréguibé (21 lettres) est la propriété de M. le vicomte d'Herbais
de Thun, au château de Kervasdoué, par Lanvollon (Côtes-du-Nord). 66 LÀ GRANDE PRÊTRESSE
Emancipée d'âge, la Prêtresse reçut sans doute la dot de
sa mère, et, certainement aussi, une partie de l'héritage de
ses deux oncles maternels : Jacques-Hyacinthe-Jos,eph
Hamon, sieur de Porville, avocat en Parlement et- subdélégué
de l'Intendance de Bretagne au département de Guingamp,
né le 19 octobre 1705, mort à Guingamp le 11 février 1758,
« sans hoirs de corps », et maître Pierre Hamon, sieur de
Kernisan, conseiller au Conseil souverain; de Saint-Domingue.
Son contrat de mariage qui nous a été très gracieusement
communiqué par M. le vicomte d'Herbais de Thun porte les
indications suivantes : « La demoiselle, outre ses héritages
qui. lui sont échus des successions de noble Maître Pierre
Hamon, sieur de Kernisan, conseiller au Conseil souverain de
Saint-Domingue, et de noble Maître Jacques-Hyacinthe-Joseph
Hamon de Porville, ses oncles maternels, elle a, et il lui appart
ient la somme de cent cinquante mille livres, tant en billets,
crédits, obligations, y compris aussi la partie de meubles
meublants, vaisselle d'argent, argent comptant et restes des
meubles entre les mains de ses fermiers, colons ». Les
deux oncles maternels laissaient diverses propriétés à Saint-
Domingue. La correspondance Le Prestre contient, en effet,
une lettre du 14 août 1767, où il est question de « l'habitation,
nègres et ustenciles » (sic) que possèdent « aux Colonies »
les Le Prestre et les Kerohan, et la lettre est signée du grand
négociant nantais Montaudoin.
Tout aussi brillante, en apparence du moins, paraît avoir
été la situation du Grand Prestre. L'avocat général Auguste-
Félicité Le Prestre, comte de Châteaugiron, était né en Saint-
Germain de Rennes, le 5 octobre 1728, de Jacques-René
Le Prestre, marquis de Châteaugiron 2, président à mortier
2. La baronnie de Châteaugiron avait été achetée par contrat du 8 mars 1701
de Arthur-Timoléon de Gossé, duc de Brissac, par René Le Prestre, seigneur de
Lezonnet, président à mortier du Parlement de Bretagne, qui avait épousé, en
168,3, Françoise Michau de Montaran. C'est le second fils du précédent, Jacques-
René (le père de notre avocat général) .qui. lui succéda comme baron de Châ-,
teaugiron et qui épousa en 1717, Louise-Jeanne de Robien, dont • il eut dix
enfants. L Avocat Général Augitste-Fki.icitÉ LE PRE8TRE DE CHATEAUGIRON
(Galerie de Laugk de Carv). GRANDE PRÊTRESSE 67 LA
au Parlement de Bretagne et de Louise- Jeanne de Robien.
Le contrat de mariage du 13 août 1761 porte en ce qui le
concerne « le don et avantage de quatre-vingt mille livres,
pour avoir lieu à la mort de son père, outre l'avancement
successif qui lui est fait de sa charge d'avocat général ». Or,
et de l'aveu même de l'avocat général, sa charge était estimée
à cent dix mille livres qui lui rapportaient quatre mille livres
de rentes.
« Je n'ai que cent quatre-vingt mille livres de capital,
écrira-t-il le 29 juin 1766 au contrôleur général de Laverdy3,
j'ai payé ma charge cent dix mille livres. Elle me rapporte
quatre mille livres de rentes ». Il dira encore le 1er mai 1765 4
au même contrôleur général : « Cette charge me revient à
près de cent vingt mille livres, et je perds depuis treize ans
environ deux mille livres de rentes sur ce que devait me
produire ce fonds ». Aussi réclame-t-il une charge de premier
président, au Parlement de Toulouse.
De telles plaintes semblent bien justifiées de la part de
l'avocat général; et cependant son père était mort le 13 juillet
1762, lui laissant une succession qui aurait pu être enviable
s'il n'avait été le second enfant de la famille, et réduit à
partager avec six autres frères et sœurs le tiers de la fortune
paternelle 5. Néanmoins, le titre d'avocat

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