La guirlande de Thalie au 18e siècle. Préf. et notices par Jules Truffier

Truffier Jules Charles 1856-

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• 18th century

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Extrait

"iLA £)
GUIRLANOS DE THALIE
M XVlir Sièck
PRÉFACE ET NOTICES
PAR
Jules TRUFFIER, Jg U Comédie^Framçaùê,
UNIVERSITÉ DES ANNALES
51 Rue Saint-Oeopsee, PARIS
MCMIXPRÉFACE
En arborant^ aujourd'hui, ce titre : La Guirlande de
parodier celuiThalie, nous n'avons pas eu dessein de
duc de Montausierdu recueil de madrigaux que le
dix-septième siècle, en Vhonneur defit composer, au
Lucine d'Angennes, de la marquise de Ram-Julie- fille
bouillet, sous cette galante rubrique : La Guirlande de
Julie.
littéraires de cetteAprès avoir assemblé les fleurs
du dix-huitième siècle, ce titreguirlande dramatique
devaitfatalement nous venir à l'esprit et, si nous avons;
recours au règne végétal pour en rédiger la formule^ c'est
théâtrales de ce dix-hui-parce que la plupart des figures
matérialiste sous son élégance, sem-tième siècle, assez
de risquer cette image, d'étrangesblent, s'il est permis
et capiteusesfleurs de chair.
Nos auteurs, choisis dans la période de 1700 à 1799,
chanter survont, ainsi que les bergers virgiliens, diffé-
bouquets aux pieds de larents modes et tresser leurs
- -nymphe Tlialia qui chacun le sait aime, comme ses
sœurs, les chants alternés...
:Thomas Diafoirus ne manquerait pas d'ajouter
...Amant alterna Camenae!
travail, en in-Nous avons donc entrepris ce fervent
terprète de cette société spirituelle, qu'on ne reverra
iamais plus,,. Ahl le beau temps, plein de loisirs pliilo-LA OUTRLANDE DE THALIC
sopiliqucs, que ce swcle où. quelques réalistes ne deman-
daient qu'un loup bergeries de Florian. On leurdans les
afait large mesure, en notre vingtième siècle, en ajou-y
tant toute la ménagerie.
Nous espérons, chères lectrices, cliers lecteurs, que ce
livre
Aura toujours, pour vous, du goût, comme un bon fruit,
Et de l'esprit comme une rose !...
Parmi les noms glorieux dans ce vo-qui figurent
-lume, ilen est un celui du jardinier de la sensitive :
-Marivaux qui nous semble particulièrement mériter
votre admiration plus tendre; car Marivaux, si mal
connu, si calomnié; Marivaux, un novateur, sans le
-savoir, dans le naturel; un réaliste du réalisme des
—bonnesgens dans la bonté, la beauté, lajoie etVharmo-
nie; Marivaux fut le discret, le sincère, le noble purifica-
teurdu Théâtre de ce siècle complexe, qui commença dans
le cynisme étlncelant de Regnard et dans la corrup-finit
tion éblouissante de Beaumarchais.
Voici donc notreguirlande. Faites votre choix.
Cueillez,parmi ces symboles et ces emblèmes : le myrte
d'amour, l'achillée de guerre ou la citronnelle de dou-
leur; Vég\2inX\nQ depoésie et le galéga de raison;Vos-
monde de rêverie ou le nénufar blanc d'éloquence...
Puissiez-vous toutcueilliravecplaisir!hormis la boule-
de-îieige de l'ennui..., et puissiez-vous, chères lectrices,
entre les murs de vos chambres d'étude, parfois mélanco-
liques, être indulgentes pour votre serviteur, comme
l'était aijnablejeune Parisiennemodeste, à quicette fille,PRÉFACE 7_^
poétiquenousfaisions dire, jadis, dans certaine féerie
écrite avecmon cherLéon Valade :
fenêtre,Gaîment, quand je voyais v^nir, de ma
noir qu'une brume pénètre,Au faubourg triste et
La marchande de fleurs qui, sur le pavé gras,
bras.Roulait tout le printemps dans sa charrette à
mon cinquième étageJ'avais beau dévaler de
Quatre quatre, un voisin se hâtait davantageà
Et déjà remontait, tout rouge, m'apportant
l'on en a tantUne botte de fleurs, comme
sous : lilas, muguets ou girofléesPour quelques
Dans l'eau fraîche avivant leurs tiges regonflées,
horizonEt dont l'odeur magique ouvrait un
murs de ma prison!De verdure et de ciel aux
part, je serais en Voccurrence, d'avoirPour ma fier,
voisinne qu'une heure, le rôle du simplejoué, fut-ce
interprètes ne sontrespectueux et dévoué; car, auteurs ou
doivent, quel que soit leurquegens de bonne volonté qui
parce quefragiles, devant la rapi-talent, rester modestes,
saluéesvie... Les œuvres mêmes, celles quifurentditéde la
disantleur première apparition de bravos soi défini-à
leurs créateurs! Cespassent..., passent ainsi quetifs,
-Et ces hommes ô Féne-créateurs sont des hommes!...
- « comme les fleurs, qui s'épa-bn! passent..., passent
qui, le soir, sont flétries et fouléesnouissent le matin, et
pieds »...aux
JULES TRUFFJER,
Socictairc de \a Comcdic-Fr^nçAise,