La juridiction de l eau en Arabie du Sud antique d après les inscriptions - article ; n°1 ; vol.3, pg 81-102
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La juridiction de l'eau en Arabie du Sud antique d'après les inscriptions - article ; n°1 ; vol.3, pg 81-102

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Description

Travaux de la Maison de l'Orient - Année 1982 - Volume 3 - Numéro 1 - Pages 81-102
22 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1982
Nombre de lectures 28
Langue Français
Poids de l'ouvrage 2 Mo

Extrait

Jacqueline Pirenne
La juridiction de l'eau en Arabie du Sud antique d'après les
inscriptions
In: L'Homme et l'eau en Méditerranée et au Proche Orient. II. Aménagements hydrauliques, État et législation.
Séminaire de recherche 1980-1981. Lyon : Maison de l'Orient et de la Méditerranée Jean Pouilloux, 1982. pp. 81-
102. (Travaux de la Maison de l'Orient)
Citer ce document / Cite this document :
Pirenne Jacqueline. La juridiction de l'eau en Arabie du Sud antique d'après les inscriptions. In: L'Homme et l'eau en
Méditerranée et au Proche Orient. II. Aménagements hydrauliques, État et législation. Séminaire de recherche 1980-1981. Lyon
: Maison de l'Orient et de la Méditerranée Jean Pouilloux, 1982. pp. 81-102. (Travaux de la Maison de l'Orient)
http://www.persee.fr/web/ouvrages/home/prescript/article/mom_0766-0510_1982_sem_3_1_2020LA JURIDICTION DE L'EAU EN ARABIE DU SUD ANTIQUE
D'APRÈS LES INSCRIPTIONS
Jacqueline PIRENNE
Comme j'ai proposé de le reconnaître (1), la maîtrise de l'eau devait être la
base de la civilisation sud-arabe monumentale, née à la lisière du désert (fig. 1).
Cependant nos documents étant uniquement des inscriptions monumentales,
gravées artistiquement sur des rochers ou sur de grandes pierres parées (dont
l'existence n'a été reconnue que depuis un siècle et dont la découverte ne s'accélè
re que de nos jours), notre matériel d'étude est encore pauvre. Nous ne pourrons
mettre en œuvre ici que dix textes (dont un inédit).
Cependant, ce matériel est de qualité : il est hautement technique. Mais, de
ce fait, la traduction en est extrêmement difficile. Les premiers interprètes ne di
sposaient pas du contexte archéologique, et les termes-clés de ces textes n'apparais
saient pas dans d'autres contextes qui puissent les éclairer. C'est ainsi que l'un de
nos textes (Gl 1210) a donné lieu à trois traductions et nous aurons l'audace d'en
proposer une quatrième. Le professeur A.F.L. Beeston, en 1937 (2), a bien amél
ioré les traductions de deux autres textes (CIH 37 et 611) données dans le Corpus
(3). La thèse de A.K. Irvine, en 1962, sur les termes d'irrigation, a établi le sens de
CBR : canal, entre autres (4). Dans mon volume sur «La maîtrise de l'eau» j'ai pro
posé des interprétations (reposant sur l'étude archéologique et celle des lexicogra
phes arabes) de MRBD, TRCT, etc. Ma découverte au Wadi Beyhân d'un grand
texte rupestre, que j'ai publié en 1971 (5), m'a permis, grâce à la connaissance des
lieux, d'éclairer le sens des termes RHBT et HRWHT.
Un autre volume est prêt à faire suite à «La maîtrise de l'eau», groupant les
études sur ces dix textes concernant la législation de l'eau dont vous m'avez
demandé de traiter. Mes traductions des textes y sont inhabituelles et la plus gran
de partie de ce volume sera consacrée à les justifier en détail. Il est très dommage
1- PIRENNE (J.), 1977, La maîtrise de l'eau en Arabie du Sud antique. Six types de monuments techni
ques, Mémoires de l'Académie des Inscriptions et Belles Lettres, nouv. série tome II, Paris, p. 11-13.
2. BEESTON (A.F.L.), Sabaean Inscriptions, 1937, Oxford.
3. Corpus Inscriptionum Semiticarum, Pars VI; inscriptions kimyariticas continens, 1889-1929, Acadé
mie des Inscriptions et Belles Lettres, Paris (sigle : CIH).
4. IRVINE (A.K.), 1962, A Survey of Old South Arabian Lexicographic Material, Oxford (thèse).
5. , PIRENNE (J.), 1971, «Une législation hydrologique en Arabie du Sud antique ; l'inscription inédite du
Djebel Khalbas et le texte CIH 610», dans Hommages à A. Dupont-Sommer, Paris, p. 117-135, pi. I-IH. J. PIRENNE 82
Fig. 1. Carte de l'Arabie du Sud antique (avec les lieux cités ici).
que les échéances imposées à d'autres publications ne m'aient pas permis de four
nir le volume justificatif avant de livrer ici l'aperçu de mes conclusions. J'espère
aussi pouvoir retourner sur le site de Riyâm pour confronter ma traduction avec la
réalité des lieux, ce qui ne m'a pas été permis ces dernières années. Si cela peut se
faire cet hiver 1981, la publication du volume pourrait peut-être suivre de près cel
le de cette communication, qui ne peut vous en livrer que les vues (neuves) qui en
résultent.
Les textes.
Je prendrai les textes dans l'ordre chronologique, tel qu'il m'apparaît, à en
juger par la graphie (6), afin de suivre le mouvement historique de la législation.
6. Cf. PIRENNE (J.), 1956, Paléographie des inscriptions sud-arabes. Contribution à la chronologie et à
l'histoire de l'Arabie du Sud antique, I .· Des origines à l'époque hintyarite, Verhandelingen van de Ko-
ninkl. Vlaamse Acad.v.Wetenschappen, Lett, en Schone Künsten van België, Kl. der Letteren n. 26,
Bruxelles. Pour les deux derniers textes : PIRENNE (J·). «A palaeographical Chronology of the
Sabaean-dated inscriptions, with reference to several eras», dans Proceedings of the Seminar for
Arabian Studies, vol. 4, 1974, London, p. 118-130. LA JURIDICTION DE L'EAU 83
Je vous demanderai de bien noter leur provenance, car il convient de distin
guer la zone qui borde le désert et le Haut Plateau (sur la carte, la bande de Hamer,
Riyâm, Sanca, Zafar, Muheiras d'où les oued descendent des deux côtés).
Les textes anciens appartiennent à la zone subdésertique, berceau de la civil
isation monumentale, sur la route des caravanes. A partir du Ille siècle avant notre
ère, on verra s'affirmer, sur le Haut Plateau, des tribus reliées religieusement à Mâ-
rib (Gl 1210) ou qui sont féales des Sabéens (CIH 37). Puis on verra la propriété
privée s'instaurer, contre l'organisation communautaire, jusque dans la zone sub
désertique.
Ce qui touche le mieux notre problème de la «société hydraulique» et du
«despotisme oriental» se situe à la période ancienne et dans la zone subdésertique.
Après avoir résumé les dix textes, nous analyserons leur apport à propos de
l'évolution de la société sud-arabe, et nous tenterons d'apercevoir les raisons qui
en ont fait une hydraulique apparemment sans despotisme.
Les textes, en ordre chronologique, seront les suivants :
CIH 610 : HRWHT de la ville de Nasq 5e s. a.C.
Djebel Halbas : décret sur une RHBT (Beyhân) Hudra (Ja 405) : décret rupestre (Beyhân) 3e s. a.C.
Gl 1210 : décret de Riyâm
CIH 37 de Hadaqan 2e s. a.C.
CIH 611 : juridiction sur un canal mitoyen (Mârib) 2e - 1er s. a.C.
Inscription de Hamer (inédite) 1er s. a.C.
Wadi Dura I (RÊS 3856) 1er s. A.D.
Gl 1 1*42 (Höfner) fin 3e - début 4e s. A.D.
Wadi Dura II (RÊS 4069) fin 4e ou début 5e s. A.D.
CIH 610. La première mesure hydrologique (aujoud'hui connue) faisant l'ob
jet d'un décret est une sorte de borne écrite sur ses quatre faces (7). Après d'au
tres interprètes, j'en ai finalement proposé cette traduction (grâce à la découverte
du texte du Djebel Halbas que nous verrons plus loin) :
«Damarcalay Watar, fils de KaribDil, a décidé et fixé, pour Saba3 et les colons,
le dégagement du mur collecteur d'eau de la ville de Nasq, qu'avait fait dégager
son père Karib3 il selon l'inscription de délimitation où son père l'a délimitée par
écrit. Et qu'on n'y mette en valeur ni terrain arrosé ni terrain aride, et qu'on n'y
récolte aucun produit de culture qui soit irrigué» (8).
La borne de délimitation posée par le père est connue : il doit s'agir de l'in
scription CIH 637 : «Karib3 il Bayyin... a dégagé (pour l'afflux d'eau) autour de la
ville de Nasq jusqu'à ces bornes : 60 sawahit» .
Ce dynaste, de la fin du 5e siècle avant J.-C., édicté donc une mesure visant à
garantir le libre ruissellement de l'eau jusqu'au canal collecteur, probablement de
construction assez récente, car nous sommes à l'aurore de la civilisation monum
entale sabéenne, née de la maîtrise de l'eau.
7. - Photographie dans RATHJENS (C), 1955, Sabaeica, II, Mitteilungen aus dem Museum für
de in Hamburg, XXIV, Hambourg, phot. 540-543. Bibliographie et trad, dans PIRENNE (J.), «Une
législation hydrologique» (note 5), p. 133-135.
8. PIRENNE (J.), «Une législation hydrologique» (note 5). 84 J. PIRENNE
Djebel Halb as. Un long edit rupestre, qu

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