La marine au siège de Calais. - article ; n°1 ; vol.58, pg 554-578
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Description

Bibliothèque de l'école des chartes - Année 1897 - Volume 58 - Numéro 1 - Pages 554-578
25 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1897
Nombre de lectures 19
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

Charles de La Roncière
La marine au siège de Calais.
In: Bibliothèque de l'école des chartes. 1897, tome 58. pp. 554-578.
Citer ce document / Cite this document :
de La Roncière Charles. La marine au siège de Calais. In: Bibliothèque de l'école des chartes. 1897, tome 58. pp. 554-578.
doi : 10.3406/bec.1897.447904
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/bec_0373-6237_1897_num_58_1_447904LA MARINE
AD
SIÈGE DE CALAIS
trêve L'envoi conclue des en troupes 1343 du entre comte Anglais dé Derby et Français1. en Guyenne Avant rompit d'en la
gager à fond les hostilités, les deux partis cherchèrent à gagner
l'appoint des Espagnols. Le plénipotentiaire anglais, Henri au
Gou tors, comte de Lancastre, crut y arriver en mettant à profit
la vénalité du grand amiral Gilles Boccanera2, qui promit en
effet ses services et ses galères3. Mais l'outrecuidance de ce
Génois, en blessant la fierté castillane, servit la cause de la
France ; le 1er juillet 1345, Alphonse XI et Philippe VI se pro
mettaient un mutuel appui contre l'Angleterre ou contre les
Maures 4.
Malgré son origine espagnole, l'ancien amiral de France,
Louis d'Espagne, n'avait point contribué au succès des négociat
ions. Préoccupé de ces îles mystérieuses de l'Afrique qu'on
venait de découvrir et qu'on appelait les îles Fortunées, il allait
recevoir du pape, avec le sceptre et le diadème, le titre vain de
Prince de la Fortune b.
1. Derby atterrit à Bayonne le 5 juin 1344. Thomas Dagworth passait en
môme temps en Bretagne avec 600 hommes. (Rotuli Parlament., II, 148. —
Robert d'Avesbury, Historia Edwardi III, 352. — Nicolas, A History of the
Royal Navy, II, 83.)
2. Que le roi de Castille avait incomplètement soldé. (Cronica del rey
D. Alonso el Onceno, éd. D. Francesco Cerda y Rico. Madrid, 1787, in-4°, I,
594. — Illustraciones de la casa de Niebla, par P.-B. Maldonado, apud.Wemo1
rial histórico espaňol, IX, 383.)
3. Edouard III députa près de lui Nicolino Fieschi. Lettres du lor septembre
1344. (Rymer, II, 4° part., 167.)
4. Arch, nat., JJ 81, p. 497.
5. Avignon, 28 novembre 1344. (Raynaldi, Annales ecclesiastici, VI, 361. —
Faucon, Librairie des papes d'Avignon, I, p. ix.) MARINE AU SIEGE DE CALAIS. 555 LA
Pierre Flotte, dit Floton de Revel, lui succéda comme amiral
de la mer le 28 mars 13451. Rien ne désignait le nouvel officier
au choix du roi, sinon une petite croisière en Flandre où il ser
vait en sous-ordre2, et surtout la protection du chancelier Guil
laume Flotte, son père ; sa santé délicate aurait même dû l'écarter
d'un poste qui demande autant de vigueur physique que d'énerg
ie. Au cours d'une mission que lai avait confiée l'année précé
dente le duc de Normandie, il était tombé malade à Avignon et
s'était traîné avec peine à Toulouse et Carcassonne3. Il pouvait
être bon administrateur, bon ministre de la marine , pour
employer une expression moderne, et nous verrons en effet qu'il
contribua à l'extension de l'amirauté; mais ce n'était pas un
marin audacieux comme nous en avions huit ans auparavant et
comme il en fallait. L'épreuve fut bientôt faite. Le 17 mai, Flo
ton avait convoqué à Harfleur les baillis du littoral à certaines
fins « lesquelles nous ne voulons pas escripre, disait-il, et pour
cause4. » Ces fins, on les devine quand on voit trois semaines
plus tard partir une escadre5. Mais l'amiral n'en était pas le chef :
on avait eu recours à un vieux loup de mer, Jean Marant, qui
était venu prendre к Saint -Mandé les instructions verbales
du roi :
Pierre Des Essars, chiers amis, — écrivait à la dale du 6 juin le
chancelier, — le Roy m'a enchargié que je vous mande de par lui
que à Maran vous délivrez encor cent livres parisis oullre les trois
cenz que vous li baillastes avant hyer. Si les délivrés de l'argent
que vous savez, tost et hastivement. Gar il est besoing que il se parte
de ci pour aler sur mer6.
A cette époque, une foule d'escadres britanniques infestaient
la mer et donnaient de chaudes alertes aux deux capitaines des
côtes normandes7. Edouard III passait le 5 juillet à L'Ecluse,
1. P. Anselme, Histoire généalogique, VII, 752.
2. En 1339. (Clairambault, vol. 48, p. 3585.)
3. Quittance du 9 août 1344. (Pièces orig., vol. 2467, doss. Revel, p. 2.)
4. Convocation du bailli de Caen. (Pièces orig., vol. 2467, doss. Revel, p. 3.)
5. Nicolas, A History of the Royal Navy, II, 85.
6. Saint-Mandé, 6 juin. (Franc. 20437, fol. 58; publiée dans la Bibliothèque
de l'École des chartes, LIV (1893), p. 208.) La date d'année n'y est pas; mais
il est clair qu'il s'agit de cette expédition secrète de 1345.
7. Le maréchal Bertrand, de Honfleur jusqu'en Bretagne. Acte du 26 août 1345. LA MARINE AU SIEGE DE CALAIS. 556
Northampton débarquait en Bretagne, Glocester et Arundel
revenaient de Guyenne. Ce furent ces derniers que Marant
étrilla. « Tant fist-il, » à la tête de trois cents corsaires, qu'il
enleva une nef chargée de richesses en massacrant soixante
hommes du comte ď Arundel. Une autre escadre anglaise, chas
sée par la tempête dans les parages de Guernesey, laissa six nefs
entre les mains de Marant, qui en égorgea, selon son habitude,
les équipages1.
Nos corsaires défendaient les abords de Guernesey, que le
vice-amiral Hélie occupait avec cinq cents hommes2. Mais leur
guerre d'extermination, loin de conjurer la foudre, en provoqua
les éclats. L'armée anglaise du maréchal Reginald Cobham, une
dizaine de mille hommes environ, conduite par le traître Gode-
froid deHarcourt, débarqua dans l'île. Le Château-Cornet résista
trois jours : la belle défense du vice-amiral Hélie, qui justifia sa
réputation de « moult bons chevaliers et preudons, » n'empêcha
pas le massacre de la garnison et la prise de la forteresse3. Le
28 août, Edouard III mandait à plusieurs patrons de nefs bayon-
naises, qui avaient secondé l'attaque du Château-Cornet, de
remettre la place au gardien des îles4.
Par la perte de ce poste avancé, du garde-corps de la France,
préludait l'invasion. La convocation à Portsmouth de tous les
navires britanniques, pour le 15 février 1346 5, ne laissait aucun
doute sur les intentions d'Edouard III.
Philippe VI avait engagé, au cours de l'année 1345, toute sa
(Pièces orig., vol. 521, doss. Briquebec, p. 2.) — Le capitaine Jean d'Harcourt
en pays de Caux et de Rouen. Acte du 23 juillet 1345. (Franc. 21406, p. 583.)
1. Les Chroniques de Flandres, éd. de Smet, III, 168, qui relatent le fait,
prétendent à tort qu'Edouard III était à bord de la flotte. — Le 16 janvier 1346,
Philippe VI donne cent livres tournois de rente à Pierre Grespin, de Leure,
« pris et navré en moult de lieus, en son corps... en la derraine armée de la
mer. » (Franc. 25698, p. 138.)
2. Le 18 juillet 1343, Philippe VI fait donner trente livres à Adam Charles,
sergent royal au château de Cornet, qui a perdu sa nef en venant chercher des
vivres et des munitions en Cotentin. (Delisle, Actes normands, n° 164, p. 286.)
3. Chroniques de Flandres, éd. de Smet, III, 168. — Dupont, Histoire du
Cotentin, II, 312.
4. Rymer, III, lre part., 256 : Mandement à Bernard de Toulouse, Pierre
Farges et autres patrons de la Kateřině, la Dieu-garde, la Nave-Dieu, la
Sainte-Marie, le Saint-Pierre.
5. Nicolas, A History of the Royal Navy, II, 86. LA MARINE AU SIEGE DE CALAIS. 557
petite marine de guerre, la division des galères, commandée par
Antoine D'Oria1, et quelques barges; il tenait en réserve la coque
le Jour-de-Pâques et une grande nef encore en construction à
Harfleur, « de laquelle on disoit que onques mais si belle n'avoit
esté armée ne mise en mer2. » C'était insuffisant pour couvrir
nos côtes. Résolu d'organiser une bonne et grande armée en
la mer, le roi adressa au seigneur de Monaco, Charles Grimaldi,
une dépêche confidentielle que celui-ci promit « d'acomplir à
l'aide de Dieu de tout son pouvoir3. » Au reçu de cette réponse,
l'amiral Floton de Revel partait pour Monaco et Nice4. Grimaldi
lui confirma par acte notarié la promesse que contenait, à mots
couverts, sa lettre, d'amener au service de la France 32 galères,
une galiote et sept mille hommes environ5.
Le 23 mars 1346, Philippe de Valois annonça

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