La mauve ou l asphodèle ou comment manger pour s élever au-dessus de la condition humaine - article ; n°2 ; vol.29, pg 97-108
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La mauve ou l'asphodèle ou comment manger pour s'élever au-dessus de la condition humaine - article ; n°2 ; vol.29, pg 97-108

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Dialogues d'histoire ancienne - Année 2003 - Volume 29 - Numéro 2 - Pages 97-108
Hésiode mentionne la mauve et l'asphodèle au v. 41 des 'Travaux'. Les interprètes considèrent généralement que le poète s'y réfère en tant que nourriture du pauvre. Cependant l'analyse du contexte qui est sous-tendu par une thématique alimentaire et l'examen du rôle dévolu à ces deux plantes dans le cadre des pratiques religieuses ou philosophico-religieuses révèlent qu'elles sont en relation avec l'âge d'or et permettent à des hommes d'exception de dépasser la condition humaine pour se rapprocher du divin.
Hesiod mentions the mallow and the asphodel in v. 41 of the 'Works'. Generally interprets think that the poet considers them as food for poor people. Nevertheless the contextual analysis of food topic and the examination of the part assigned to the two plants in religious or philosophical-religious practices reveal that they are connected with the Golden age and allow exceptional men to get beyond human condition and close to the divine.
12 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 2003
Nombre de lectures 34
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

Nicolette Brout
La mauve ou l'asphodèle ou comment manger pour s'élever au-
dessus de la condition humaine
In: Dialogues d'histoire ancienne. Vol. 29 N°2, 2003. pp. 97-108.
Résumé
Hésiode mentionne la mauve et l'asphodèle au v. 41 des 'Travaux'. Les interprètes considèrent généralement que le poète s'y
réfère en tant que nourriture du pauvre. Cependant l'analyse du contexte qui est sous-tendu par une thématique alimentaire et
l'examen du rôle dévolu à ces deux plantes dans le cadre des pratiques religieuses ou philosophico-religieuses révèlent qu'elles
sont en relation avec l'âge d'or et permettent à des hommes d'exception de dépasser la condition humaine pour se rapprocher du
divin.
Abstract
Hesiod mentions the mallow and the asphodel in v. 41 of the 'Works'. Generally interprets think that the poet considers them as
food for poor people. Nevertheless the contextual analysis of food topic and the examination of the part assigned to the two
plants in religious or philosophical-religious practices reveal that they are connected with the Golden age and allow exceptional
men to get beyond human condition and close to the divine.
Citer ce document / Cite this document :
Brout Nicolette. La mauve ou l'asphodèle ou comment manger pour s'élever au-dessus de la condition humaine. In: Dialogues
d'histoire ancienne. Vol. 29 N°2, 2003. pp. 97-108.
doi : 10.3406/dha.2003.1565
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/dha_0755-7256_2003_num_29_2_1565Dialogues d'Histoire Ancienne 29/2, 2003, 97-108
La mauve ou l'asphodèle ou comment manger pour s'élever
au-dessus de la condition humaine
Résumés
• Hésiode mentionne la mauve et l'asphodèle au v. 41 des Travaux. Les interprètes
considèrent généralement que le poète s'y réfère en tant que nourriture du pauvre. Cependant
l'analyse du contexte qui est sous-tendu par une thématique alimentaire et l'examen du rôle dévolu
à ces deux plantes dans le cadre des pratiques religieuses ou philosophico-religieuses révèlent
qu'elles sont en relation avec l'âge d'or et permettent à des hommes d'exception de dépasser
la condition humaine pour se rapprocher du divin.
• Hesiod mentions the mallow and the asphodel in v. 41 of the Works. Generally interprets
think that the poet considers them as food for poor people. Nevertheless the contextual
analysis of food topic and the examination of the part assigned to the two plants in religious or
philosophical-religious practices reveal that they are connected with the Golden age and allow
exceptional men to get beyond human condition and close to the divine.
Il est deux plantes, la mauve et l'asphodèle, qu'Hésiode tient en grande
estime et dont il accuse les rois "dévoreurs de dons" et son frère de méconnaître
la qualité. On lit en effet au v. 40-41 des Travaux :
VTJmoi, oùôè Xoaoiv oato ттХеоу Т)|аши ттаутбс,
oùô1 ooov €v цаХахл T£ коЛ аофооеХа) цеу1 oveiap.
Sots, ils ne savent pas combien la moitié vaut plus que le tout
ni quel avantage réside dans la mauve et l'asphodèle.
Les interprètes d'Hésiode considèrent généralement que les plantes ment
ionnées désignent l'alimentation du pauvre qui sait se contenter de peu et
mentionnent comme parallèle le v. 544 du Ploutos d'Aristophane où la mauve
remplace le pain pour le miséreux. La référence à ces végétaux serait
entièrement redondante avec le vers précédent, les deux vers prêchant la frugal
ité, ou plutôt le renoncement à la quête de la richesse par des voies
déshonnêtes1. Cette interprétation repose en grande partie sur la conception
Nicolette Brout. Doctorante boursière à l'Université Libre de Bruxelles.
1. Par exemple, P. Mazon, Hésiode. La Théogonie. Les travaux et les jours. Le bouclier, CUF, Paris, 1928,
p. 71 ; T.A. Sinclair, Hesiod. Works and Days, ed. by T.A.S, Londres, 1932, p. 7 ; M.L. West, Hesiod,
Works and days, ed. with prologomena and commentary by M.L. W., Oxford, 1978, p. 152-153 ;
WJ. Verdenius, A Commentary on Hesiod Works and Days, vv. 1-382, Mnemosyne suppl. 86, Leyde,
DHA 29/2, 2003 98 Nicolette Brout
d'un Hésiode valorisant la vie modeste mais honnête du petit paysan. C'est là,
pensons-nous, réduire considérablement la portée de son œuvre. Sans vouloir
nier que la mauve et l'asphodèle étaient effectivement consommées par les
pauvres2, nous pensons que le choix de ces plantes par le poète d'Ascra ne peut
être indépendant des valeurs symboliques qu'elles véhiculaient en tant qu'al
iments3 en Grèce et ne peut être séparé du contexte du poème où l'alimentation
est un critère essentiel de définition des catégories d'êtres.
Pour éclairer le sens de la référence à la mauve et à l'asphodèle de la part
d'Hésiode, il convient donc d'adopter une double approche : 1) une analyse
du contexte, sous-tendu par une thématique alimentaire, 2) un examen du rôle
dévolu en Grèce à la mauve et l'asphodèle dans le cadre de pratiques rel
igieuses, ou philosophico-religieuses où elles sont associées, en particulier leur
consommation en tant qu'alima, c'est-à-dire de substitut de nourriture permett
ant de ne pas manger et leur offrande à Délos à Apollon Génétôr.
Le v. 41 des Travaux suit immédiatement le passage relatif aux querelles
et aux procès de l'agora (v. 27-39) qui nous montre un Perses avide du bien
1985, p. 41 ; Esiodo. Le opere e i giorni. Lo scudo di Eracle e Omero e Esiodo, la low stirpe, la loro gara
di anonîmo, introd. di W. Jaeger, trad, di L. Magugliani, premessa la testo e note di S. Rizzo,
Biblioteca Universale Rizzoli, Milan, 1991 (lere éd. 1958), p. 93, n. 11 qui signale seulement des vertus
médicinales. Selon J. Murr, Die Pflanzenwelt in der Griechischen Mythologie, Groningen, 1969, p. 243
le vers hésiodique ne se réfère qu'à une nourriture de pauvres, de même que pour Ph. Rousseau,
"Instruire Perses. Notes sur l'ouverture des Travaux d'Hésiode, p. 93-167 dans F. Biaise, P. Judet
de la Combe et al., Le métier du mythe. Lectures Lille, 1996, p. 155-156 qui voit dans
le caractère spontané de ces plantes le pendant négatif de celui des céréales de l'âge d'or.
En revanche, I. Chirassi, Elementi di culture precereali nei i miti e riti greci, Rome, 1968, p. 13 voit dans
Travaux 41 un sens plus profond, le poète regrettant le monde précédent, antérieur à la culture
céréalière.
2. La mauve et l'asphodèle étaient effectivement consommées. Pour l'asphodèle, voir Pline, 21, 108
et Théophraste, Histoire des plantes 7, 12, 1 et 7, 13, 3. Pour la mauve, voir Théophraste, Histoire des
plantes 7, 7, 2. Au 18ème siècle encore, le bulbe d'asphodèle était considéré comme un substitut
du pain, ainsi que l'indique l'article de De Vandenesse dans l'Encyclopédie de Diderot et d'Alembert,
s.v. "asphodèle". Le Grand dictionnaire encyclopédique Larousse, Paris, 1982, s.v. "asphodèle" indique
que le tubercule contient de l'amidon. Les feuilles de mauve sont actuellement encore consommées
en soupe dans le Magreb. L' Encyclopédie dans l'article s.v. de M. le Chevalier de Jaucourt mentionne
l'usage alimentaire de la mauve mais comme un fait ancien, l'usage de l'époque est médical.
3. Nous nous limitons dans cette étude aux valeurs attribuées à la mauve et à l'asphodèle en tant
qu'aliments sans envisager leur rôle funéraire, médical, ou magique. Sur ceux-ci, voir J. Murr,
op. cit., p. 241 et 243 ; H. Baumann, Die griechische Pflanzenwelt in Mythos, Kunst und Literatur,
Munich, 1986, p. 68; J.-M. Verpoorten, "Les noms grecs et latins de l'asphodèle", L'Antiquité
Classique 31, 1962, p. 111-129 et M. Biraud, "Usages de l'asphodèle et etymologie d'àocjxDÔeÀoç.",
dans Les Phytonymes grecs et latins, Actes du Colloque International tenu à Nice les 14, 15 et 16 mai,
Université de Nice - Sophia Antipolis, 1993, pp. 35-46.
DHA 29/2, 2003 La mauve ou l'asphodèle ... 99
d'autrui et peu enclin à travailler la terre et des rois corrompus, "dévoreurs de
dons" (v. 39)4. Après l'apostrophe des v. 40-41 qui nous occupe, vient la justif
ication de la nécessité du travail : les dieux ont caché le bios, la nourriture
céréalière, aux homme

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