La notion de « monde possible » et le système temporel et aspectuel du français - article ; n°64 ; vol.15, pg 109-124
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La notion de « monde possible » et le système temporel et aspectuel du français - article ; n°64 ; vol.15, pg 109-124

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Description

Langages - Année 1981 - Volume 15 - Numéro 64 - Pages 109-124
16 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

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Publié par
Publié le 01 janvier 1981
Nombre de lectures 31
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

Co Vet
La notion de « monde possible » et le système temporel et
aspectuel du français
In: Langages, 15e année, n°64, 1981. pp. 109-124.
Citer ce document / Cite this document :
Vet Co. La notion de « monde possible » et le système temporel et aspectuel du français. In: Langages, 15e année, n°64, 1981.
pp. 109-124.
doi : 10.3406/lgge.1981.1888
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/lgge_0458-726X_1981_num_15_64_1888Co Vet
Université de Groningen
La notion de « monde possible »
et le système temporel et aspectuel
du français
0. Introduction *
Dans cet article, je me propose de traiter de la sémantique des temps verbaux du français.
J'utiliserai, d'une façon plus élaborée que dans Vet (1980), la notion de « monde possible »
pour expliquer la différence entre certains temps ou entre les emplois différents d'un même
temps. Comme point de départ, je prendrai les descriptions proposées par Jespersen (1924) et
par Reichenbach (1947). Je montrerai que les systèmes temporels qu'ils proposent ne rendent
pas correctement compte des relations sémantiques qui existent entre les temps du français ; ceci
tient surtout à la tripartition (répétée) que Jespersen et Reichenbach utilisent pour construire
leurs systèmes. Je montrerai que, si l'on part d'une bipartition (répétée), on arrive à un résultat
plus satisfaisant. Le système temporel tel que je le conçois se compose de quatre sous-systèmes,
qui possèdent chacun deux temps, un temps simple et un temps composé. L'emploi des temps
d'un sous-système donné sert à indiquer que la situation à laquelle se réfère la phrase appartient
à un certain type de monde (actuel, non actuel, probable, etc.).
Au paragraphe 2, je parlerai du mode d'action ; celui-ci se définit comme l'ensemble des
caractéristiques sémantico-syntaxiques que possède la phrase, dans la mesure où ces caractéristi
ques proviennent de la nature de la situation à laquelle la phrase se réfère. La notion de mode
d'action est indispensable pour expliquer l'ambiguïté du passé composé.
Je traiterai, au paragraphe 3, de l'influence de l'aspect sur la valeur de vérité des phrases.
L'aspect sera défini comme une relation entre le point référentiel et l'intervalle qu'occupe la
situation à laquelle se réfère la phrase. Il y a lieu d'admettre deux aspects : l'aspect imperfectif
et l'aspect perfectif ; la phrase a l'aspect perfectif si le point référentiel et de la situa
tion coïncident entièrement ; la phrase a l'aspect imperfectif si le point référentiel ne coïncide
qu'avec l'un des moments de l'intervalle, moment qui doit se trouver avant la fin de cet inter
valle. Je propose aussi une analyse du passé simple et je terminerai ce paragraphe par un bref
examen de quelques combinaisons de temps, d'aspects, de modes d'action et d'adverbes de
temps.
Au paragraphe 4, j'utilise la notion de monde possible pour décrire et expliquer le sens modal
du futur et du futur du passé. Je proposerai de traiter ces temps comme des présents, qui impli
quent une référence non pas à un monde réel, mais à un monde que le locuteur croit probable
(dans le cas du futur) ou improbable (futur du passé). Je montrerai que les phrases hypothétiques
introduites par si se réfèrent aux mêmes types de mondes, mais au moyen d'autres temps. Le
paragraphe se termine par un examen de quelques autres emplois « non temporels» des temps.
1. Relations déictiques
Dans ce paragraphe, je me propose d'étudier le sens des temps verbaux du français. Ce sens
est de nature déictique ; tous les temps expriment une relation, directe ou indirecte, avec le
moment de la parole ; je commencerai par examiner les systèmes temporels proposés par Jesper-
SEN (1924) et par Reichenbach (1947). Certaines de mes observations rendent, cependant,
nécessaire une modification de leurs systèmes. À mon avis, c'est surtout la description du passé
composé, chez JESPERSEN, et la tripartition du temps qu'on trouve chez les deux auteurs qui
empêchent une bonne compréhension des relations déictiques qu'expriment les temps du fran
çais. Dans le système temporel que je propose moi-même, la notion de « monde possible » jouera
un rôle explicatif important.
* Je tiens à remercier ici Mme A.-M. DE BOTH-DlEZ, MM. R. DE DARDEL et A. MOLENDIJK ; cette
étude a beaucoup bénéficié de leurs critiques et de leurs conseils.
109 En français, toute phrase non elliptique contient nécessairement un temps verbal. C'est pour
quoi j'estime que, si l'on entreprend l'étude des notions temporelles d'une langue comme le fran
çais, il faut commencer par les temps verbaux. Or, si on prononce une phrase en français, on a
le choix parmi les temps suivants (je mentionne en même temps les abréviations que j'utiliserai
dans cet article) 1 :
(1) a. le présent (PR) : je chante
b. le passé composé (PC) : j'ai chanté
с le futur (FUT) : je chanterai
d. le antérieur (FA) : j'aurai chanté
e. l'imparfait (IMP) : je chantais
e'. le passé simple (PS) : je chantai
f. le plus-que-parfait (PQP) : j'avais chanté
f '. le passé antérieur (PA) : j'eus chanté
g. le futur du passé (FUTP) : je chanterais
h. le du passé (FAP) : j'aurais chanté
II faut préciser que je considère provisoirement les temps de (e, e ' ) et ceux de (f , f ' ) comme
des variantes d'un même temps. J'y reviendrai plus loin (voir § 3). Quant aux temps surcompos
és (j'ai eu chanté, etc.), j'en parlerai au § 2.
Comment décrire les temps de (1) ? Presque tout le monde est d'accord que, d'une façon ou
d'une autre, les temps verbaux servent à indiquer une relation temporelle (simultanéité, postérior
ité, antériorité) entre la situation dont on parle et le présent ou, plus précisément, le moment de
la parole. Dans sa Philosophy of Grammar, (1924), Jespersen admet que le temps, qu'il repré
sente comme une droite, est divisé par le Present en trois parties : Past, Present lui-même, et
Future :
A В С
Past ~+ ► Present -+ ► Future
Comme le Present, le Past et le Future opèrent à leur tour une tripartition dans leurs parties
respectives ; ceci a pour résultat le schéma de (3), qui contient ainsi sept périodes ; chacune de
ces périodes est désignée (ou peut être désignée) par un temps verbal 2 :
PQP
(PA)
Comme le montre le schéma de (3), tous les temps expriment, directement ou indirectement,
une relation avec le Present (B). Ce qui frappe dans (3), c'est l'absence du passé composé (ou du
Present Perfect de l'anglais). Selon Jespersen, ceci ne tient pas à son système, mais plutôt au
caractère hybride de ce temps. Il parle à ce sujet d'un « présent rétrospectif ». Je suis d'avis,
cependant, que l'absence du PC dans (3) empêche une bonne compréhension des relations entre
les temps composés et les temps simples, puisque la relation qui existe entre le PC et le PR est la
même que celle qui existe entre le PQP et l'IMP, le FA et le FUT, le FAP et le FUTP. Le PQP,
le FA, etc. sont des temps aussi « hybrides » que le PC. On ne peut donc pas exclure le PC et
admettre dans le système les autres temps composés. Je parlerai plus loin du Ce de (3).
Je crois que Reichenbach, dans Elements of Symbolic Logic, donne une solution plus
acceptable pour la description de PC. Selon lui, il faut admettre dans le système temporel (de
l'anglais), outre le moment de la parole, un point référentiel R, qui peut être antérieur, simul
tané ou postérieur au de la parole S. L'endroit où se trouve la situation dont il est ques
tion dans la phrase est indiqué par le symbole E, qui peut se trouver dans une relation d'antério-
1. La liste de (1) n'est pas complète. Dans le système temporel que je proposerai ci-dessous, je fais abstrac
tion du « passé récent » (je viens de chanter) et du « futur proche » (je vais chanter) {cf. cependant (8) et (9)).
J'ai montré ailleurs (VET, 1978, 1980) que ceux-ci doivent être considérés comme de véritables temps. Leur
absence n'influence pas cependant la structure du système temporel tel que je le conçois ici.
2. Pour des raisons terminologiques, j'ai mentionné dans (3) les noms des temps fran&#

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