La notion de « phrase » dans la grammaire - article ; n°1 ; vol.41, pg 35-48
15 pages
Français

Découvre YouScribe en t'inscrivant gratuitement

Je m'inscris

La notion de « phrase » dans la grammaire - article ; n°1 ; vol.41, pg 35-48

-

Découvre YouScribe en t'inscrivant gratuitement

Je m'inscris
Obtenez un accès à la bibliothèque pour le consulter en ligne
En savoir plus
15 pages
Français
Obtenez un accès à la bibliothèque pour le consulter en ligne
En savoir plus

Description

Langue française - Année 1979 - Volume 41 - Numéro 1 - Pages 35-48
14 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1979
Nombre de lectures 104
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

Mme Christiane Marchello-Nizia
La notion de « phrase » dans la grammaire
In: Langue française. N°41, 1979. pp. 35-48.
Citer ce document / Cite this document :
Marchello-Nizia Christiane. La notion de « phrase » dans la grammaire. In: Langue française. N°41, 1979. pp. 35-48.
doi : 10.3406/lfr.1979.6144
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/lfr_0023-8368_1979_num_41_1_6144Christiane Mabchello-Nizia
E.N.S. Fontenay-aux-Roses
D.R.L. Paris-VII
LA NOTION DE « PHRASE »
DANS LA GRAMMAIRE
II fallait bien que l'on en vienne à s'interroger sur le statut de la
notion de phrase dans la grammaire, sur l'histoire de ce terme et les réper
cussions qu'a eues son apparition, sur son enjeu dans la constitution du
métalangage grammatical. Notion fort commode quand on l'évoque de loin,
fort suspecte dès qu'on l'examine de près. En effet, si l'on étudie l'usage que
les grammairiens font de ce terme, on est frappé par deux faits : par le statut
hautement privilégié de cette unité nommée phrase, point d'aboutissement
ou point de départ de l'analyse grammaticale, et, en même temps, par les
hésitations et les confusions que suscite sa définition.
1 . La phrase est donnée pour l'unité supérieure
de l'analyse grammaticale
Dans les grammaires, la phrase apparaît comme une unité privi
légiée, définissant le terminus ad quem (dans les grammaires traditionnelles)
ou le terminus a quo (dans les grammaires plus novatrices) de l'analyse
grammaticale .
A son apparition dans les ouvrages de grammaire, le mot phrase
appartient à la syntaxe, « art d'arranger les mots », et, comme le souligne A.
Chehvel, il s'agit toujours alors d'un « mouvement qui va du simple vers le
complexe» {et il fallut, p. 11). La même démarche se retrouve dans les
manuels les plus célèbres des quinze dernières années : ils sont organisés
suivant une progression « de bon sens » allant du simple (la lettre, plus
rarement le son) au complexe (la phrase) en passant par l'étude des formes
morphologiques, puis par celle des fonctions. C'est, entre autres, le cas de
Hamon 6°-5°, dont les paragraphes du chapitre introductif s'intitulent succes
sivement : « De la lettre au mot », « Du mot à la phrase » (p. 8-9); des Souché-
Grunenwald, de Galliot, de la GFCM. Et même des ouvrages tout récents et
quelque peu novateurs, tels Obadia 6° (paru en 1973) et Itinéraire 5° (paru
en 1974) conservent ce plan; soulignons cependant que le Nouvel itiné
raire 6° est organisé suivant un mouvement inverse!
En effet, la progression inverse est relativement récente. L'exemple
le plus ancien en est offert, à ma connaissance, par la Grammaire des lycées
et collèges d'H. Bonnard (parue en 1950), dont le découpage et l'enchaîne
ment des notions « permettent une progression logique satisfaisante pour
l'intelligence » (préface de la 10e édition) : les sept parties successives de
l'ouvrage s'intitulent La phrase, Nom et verbe, les deux dimensions de la
phrase, Modalités de la Étude particulière des fonctions, Les sons
et les signes, Les mots et leurs sens, Tableaux des formes du nom, de V adject
if et du verbe.
Par la suite, toutes les grammaires s'inspirant de la linguistique
35 distributionnelle ou transformationnelle, adopteront une prégenerative,
sentation de ce type : Genouvrier-Gruwez CM 1 (p. 18 : « L'unité fonda
mentale de toute communication linguistique est la phrase »), Nouvel itiné
raire 6° (La communication, Types et structures de la phrase simple, Le
groupe nominal, Le verbe, quelques fonctions dans la Ver
sification), Niquet 6°, etc. Cela ne va pas d'ailleurs sans une certaine ambig
uïté, dont seuls Genouvrier et Gruwez semblent avoir conscience :
« Le mot phrase est à saisir dans deux sens : — suite écrite ou prononcée,
isolée à l'oral par deux pauses fortes, à l'écrit par une majuscule et un point;
— suite grammaticale formée de l'accrochage SN + SV ou phrase de base.
Par définition, la phrase de base est une suite abstraite » (p. 43).
La GLFC (1964) présente successivement une première partie, Les éléments
constituants du discours, dans laquelle paradoxalement sont étudiées les
unités les plus petites et les plus grandes (Les sons et les signes d'une part,
La phrase complexe d'autre part), une seconde consacrée aux Parties du
discours, une troisième à la Versification. Cette présentation, à première
vue, peut sembler fort proche de celle du Bon usage : Première partie : Élé
ments de la langue (les sons, les signes écrits, l'accentuation, les mots et
leur liaison); Deuxième partie : La Proposition; Troisième partie : Les Part
ies du Discours; Quatrième partie : Les Propositions subordonnées. Mais
il y a entre les deux ouvrages une différence fondamentale : la GLFC traite
de la phrase et inclut dans la première partie l'étude de la subordination,
alors que le Bon usage distingue l'étude de la. proposition en général de celle
des propositions subordonnées!
On le voit donc, la place et le rôle dévolus à cette notion de phrase,
qui est donnée dans presque toutes les grammaires comme l'unité supérieure
de l'analyse linguistique, sont l'un des critères permettant de classer les
différents types d'ouvrages; il y a une différence essentielle dans la démarche,
et dans la théorie (explicite ou implicite) soustendant cette démarche, entre
les grammaires qui donnent d'emblée la phrase comme l'unité fondamentale
à partir de laquelle seules les unités plus petites se définissent, et celles qui à
l'inverse présentent la phrase comme le point d'aboutissement d'un pro
cessus d'agrégations successives d'unités de plus en plus grandes.
2. La phrase, une notion fort mal définie
Mais cette notion, indispensable à l'élaboration de toute grammaire
apparemment, est l'une des plus mal définies qui soit.
a) La phrase est définie par rapport à la proposition
Dans beaucoup de grammaires encore, la phrase se définit surtout
par rapport à la proposition : phrase simple si elle comporte une seule pro
position, complexe lorsqu'elle en comporte plusieurs, coordonnées, juxtapo
sées ou subordonnées, pour l'auteur du Bon usage (p. 4); de même, pour
Galliot :
« Une phrase est dite simple quand elle est constituée par une seule propos
ition » (p. 209),
et il est précisé plus loin :
« Par opposition à la proposition simple [?], qui contient un énoncé simple
et ne comporte qu'un seul verbe [y a-t-il des propositions comportant plu-
36 sieurs verbes?], on appelle phrase complexe un énoncé plus élaboré (et géné
ralement plus long) qui s'exprime en deux ou plusieurs propositions diver
sement agencées et comporte deux ou plusieurs verbes exerçant la fonction
verbale » (p. 236).
Le terme « énoncé » n'est pas défini, et l'identification de la proposition est
liée à l'existence d'un verbe.
Pour Souché-Grunenwald 6°, le terme phrase est employé sans défi
nition préalable, et les différentes sortes de propositions sont définies par rap
port à la phrase :
« Lorsque la phrase ne comprend qu'une seule proposition, c'est une pro
position indépendante. La proposition indépendante exprime idée
complète; elle ne dépend d'aucune autre proposition [du point de vue de
Г « idée », ou du point de vue grammatical?] et aucune autre proposition ne
dépend d'elle... Une même phrase peut comprendre plusieurs propositions
indépendantes. Il est convenu de les appeler indépendantes même lorsqu'elles
ont un ou plusieurs termes communs » (p. 9).
Si l'on commence par définir une proposition indépendante par le
fait qu'elle exprime une idée complète et qu'elle est seule dans la phrase,
comment définir ainsi les deux propositions : Les sangliers piétinèrent et
dévastèrent le champ de maïs? N'importe : « il est convenu » de les nommer
ainsi. Et les paragraphes précédents, dans lesquels les auteurs tentent de
définir la proposition, sont tout aussi scandaleux du point de vue de la
logique :
« La c'est un verbe et les mots qui se groupent autour de ce
verbe » (p. 8).
Mais tout aussitôt,

  • Univers Univers
  • Ebooks Ebooks
  • Livres audio Livres audio
  • Presse Presse
  • Podcasts Podcasts
  • BD BD
  • Documents Documents