La physis sociale : de la bio-énergétique à l'éco-énergétique - article ; n°1 ; vol.22, pg 33-43

Joël Derosnay

Description

Communications - Année 1974 - Volume 22 - Numéro 1 - Pages 33-43
11 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

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• Publié par: COMMUNICATIONS
• Publié le: 01 janvier 1974
• Nombre de lectures: 15
• Langue: Français
• Poids de l'ouvrage: 1 Mo

Extrait

Joël de Rosnay
La "physis" sociale : de la bio-énergétique à l'éco-énergétique
In: Communications, 22, 1974. pp. 33-43.
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de Rosnay Joël. La "physis" sociale : de la bio-énergétique à l'éco-énergétique. In: Communications, 22, 1974. pp. 33-43.
doi : 10.3406/comm.1974.1336
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/comm_0588-8018_1974_num_22_1_1336Joël de Rosnay
La « physis » sociale :
de la bio-énergétique à l'éco-énergétique
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ion, simulation) est un gage de leur succès. Au niveau des processus de contrôle
enfin, la découverte de la généralité de la rétroaction négative et positive dans
un grand nombre de phénomènes naturels a souligné la prépondérance d'inva
riants structurels et fonctionnels dans toute la hiérarchie des systèmes qu'il
nous est donné d'observer dans la nature.
Pourtant il me semble difficile de considérer la « théorie des systèmes » comme
une théorie, une science ou une discipline scientifique. Je préfère la concevoir
comme une attitude nouvelle devant la complexité organisée, une attitude
d'interrogation multidisciplinaire s'appuyant sur une méthodologie générale
et débouchant sur une action à l'efficacité accrue. C'est dans cette optique que
je voudrais tenter quelques rapprochements entre l'organisation biologique
nécessaire au métabolisme de l'énergie, l'organisation de l'écosphère et les pro
blèmes de régulation qui se posent à nous.
1. La dynamique des systèmes et la transformation de V énergie.
Grâce notamment aux progrès de l'analyse de système, de la modélisation
et de la simulation sur ordinateur, on a pu commencer à se pencher sur le compor-
tement dynamique des systèmes complexes. Avec des études théoriques sur la
thermodynamique des irréversibles placés hors de l'état d'équilibre,
on aborde les mécanismes d'évolution individuelle de systèmes ouverts placés
dans un environnement subissant lui-même des modifications irréversibles.
C'est à ce niveau que se situe à mon avis un des grands apports de la théorie
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des systèmes à la biologie et aux sciences sociales : en dépassement de la seule
approche descriptive utilisée jusqu'alors, on s'attaque avec des outils nouveaux
au comportement dynamique des systèmes ouverts en intégrant la dimension
temporelle à la complexité des organisations. Nous avons besoin d'une dyna
mique des systèmes pour compléter une « systématique » des systèmes en cours
d'établissement dans de nombreuses disciplines, mais trop statique et descrip
tive. Une des applications de cette méthodologie me paraît être le métabolisme
de l'énergie dans les systèmes complexes. L'étude de la dynamique des systèmes
ouverts ouvre un domaine très fécond des relations entre biologie et société en
resituant les comportements individuels dans le cadre d'une évolution général
isée des populations, des espèces et de l'écosystème. Elle permet de focaliser
l'attention sur des problèmes de genèse, de mécanisme systémique d'évolution
et de contrôle (ou de régulation) à l'état stationnaire et non plus seulement sur
des problèmes de structure ou de fonction.
Le problème des mécanismes systémiques d'évolution et des homomorphismes
entre systèmes biologiques et systèmes sociaux a été décrit par E. Morin et
les auteurs de « l'Événement x » en relation avec l'événement et la notion d'inva
riance dans des structures complexes (DNA, structure sociale, etc.). Il me
semble intéressant de se pencher ici sur les problèmes de genèse de systèmes
biologiques et de systèmes sociaux et sur les de contrôle en « temps
réel » de systèmes complexes évolutifs parvenus à l'état stationnaire. Pour ce
faire, on dispose d'un côté des résultats des travaux accomplis dans un domaine
très nouveau, celui de l'étude de l'évolution pré-biologique, et de l'autre, d'une
meilleure connaissance de l'éco-système, de son métabolisme et des moyens de
contrôle de « l'économie » énergétique de l'écosphère.
Grâce à cette approche, le parallélisme entre biologie et société me paraît
prendre une orientation plus féconde. Le fil directeur, c'est Y auto-organisation
eet le métabolisme de l'énergie, les deux étant d'ailleurs reliés dans ce que Prigogin
appelle les structures dissipatives. La pré-biologie décrit les processus d'auto-
organisation de molécules organiques en systèmes ouverts évolutifs, parvenant
peu à peu à l'autonomie de la cellule et permet d'éclairer certains aspects du
passage évolutif de l'individu isolé à la société animale organisée.
L'éco-énergétique et sa régulation, c'est le problème du métabolisme de
l'énergie dans la société et de son contrôle pour éviter l'interférence des cycles
résultant de l'activité industrielle de l'homme avec les cycles géo-biologiques de
l'éco-système. L'éco-énergétique, sa relation avec l'économique et sa régulation,
c'est l'apprentissage d'une « diététique » appliquée non plus à l'organisme seul
mais à l'écosphère.
Les progrès de la cybernétique moléculaire, de , la thermodynamique des
systèmes évoluant loin de l'état d'équilibre, et de la biologie moléculaire, ont
fait de la chimie prébiotique une discipline carrefour qui permet d'apporter les
premiers éléments de réponses à des questions intéressant la genèse et l'évolu
tion de systèmes complexes en général. Par exemple, dans le cas des premières
cellules on est amené à tenter de répondre à des questions de ce type : dans un
contexte énergétique donné, dans un environnement qu'ils modifient sans cesse
et qui réagit sur eux, comment des systèmes auto-catalytiques individualisés
— molécules organiques simples d'abord, puis systèmes poly-macro-moléculaires —
ont pu s'auto-organiser en structures capables de transformer l'énergie solaire,
1. « L'événement », Communications 18, 1972.
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de s'auto-conserver, de coder puis de transmettre héréditairement leur propre
plan de fabrication et enfin d'évoluer?
Auto-organisation, auto-catalyse, auto-conservation : la réponse apportée
à de tels processus permet d'éclairer l'ensemble des phénomènes évolutifs condui
sant à l'apparition de structures et de fonctions hiérarchisées et synchronisées
analogues à celles que nous rencontrons dans les sociétés organisées.
2. U auto-organisation : de V énergie à la structure.
L'apparition d'une structure organisée dans un système isolé avait fait parler
de scandale thermodynamique. En fait, comme l'a montr&