La répartition des aires dans la Rosé des vents bretonne et l ancienne conception du monde habité en longitude - article ; n°1 ; vol.50, pg 118-176
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La répartition des aires dans la Rosé des vents bretonne et l'ancienne conception du monde habité en longitude - article ; n°1 ; vol.50, pg 118-176

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Annales de Bretagne - Année 1943 - Volume 50 - Numéro 1 - Pages 118-176
59 pages

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Publié par
Publié le 01 janvier 1943
Nombre de lectures 21
Langue Français
Poids de l'ouvrage 3 Mo

Extrait

Joseph Cuillandre
La répartition des aires dans la Rosé des vents bretonne et
l'ancienne conception du monde habité en longitude
In: Annales de Bretagne. Tome 50, numéro 1, 1943. pp. 118-176.
Citer ce document / Cite this document :
Cuillandre Joseph. La répartition des aires dans la Rosé des vents bretonne et l'ancienne conception du monde habité en
longitude. In: Annales de Bretagne. Tome 50, numéro 1, 1943. pp. 118-176.
doi : 10.3406/abpo.1943.1819
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/abpo_0003-391X_1943_num_50_1_1819.

.
* * , (--. ,•■ . \
DANS LA
YMTS BÉETÔNNB
EN LONGITUDE
s, ciàiis la répartition
et le groupement des aires principales qui la composent, une
anomalie assez singulière à première vue et déconcertante pour
nos idées modernes. Par une curieuse coïncidence, cette anomalie
se retrouve, à peu près identique, dans un procédé employé par
Homère et, bien des siècles encore après Homère, par les géo
graphes grecs et latins pour situer, au moyen de l'orientation,
les diverses régions de la terre habitée.
Pour ce qu'elle peut projeter de lumière sur la conception
ancienne de l'espace, du fait de la remarquable concordance
des traditions celtique, grecque et latine, une telle particularité,
fondée sans doute sur quelque apparence, sinon sur quelque
réalité, mérite qu'on' l'examiné pour tâcher d'en découvrir, la
raison d'être. En passant, nous aurons par surcroît l'occasion
de soulever un problème proprement celtique, un peu troublant,
concernant l'origine de la Rosé des Vents bretonne, qui s'avère
décidément comme le legs vénérable d'un passé très lointain.
\
(1) Sur la dénomination de» aires. dans la Rosé des Vents bretonne, voir
E. Ernault, Les noms bretons des points de Fespace, dans la Revue celtique, XII
(1891), pp. 413 et suiv.; Bleimor (Calloc'h), La boussole bretonne, dans les Annales
de Bretagne, XXVII (1911-1912), pp. 14-16.
Je crois mutile, dans la présente étude dont le sujet est strictement limité à la
question de la répartition des aires, de donner les diverses variantes dialectales du
nom de chacune de ces aires. La forme que je présente au cours de la discussion,
ainsi que dans les figures, est, sauf avis, la forme léonaise. .■-■ v.-r
LA DES AIRES
Certaines remarques s'imposent tout d'abord, élémentaires
mais importantes pour notre propos. Une Rosé des Vents ne
constitue essentiellement pas autre chose qu'une division- systé
matique, de l'espace, destinée à fournir des repères fixes sur le
plan de l'horizon. Il est évident qu'un système de divisions de
l'espace, quel qu'il soit, est purement conventionnel. Mais préc
isément parce qu'il est conventionnel, et donc généralement
admis dans une région et à une époque données, on ne saurait
déduire de son examen aucune conclusion réellement fondée,
sans avoir au préalable dégagé le principe qui en conditionne
l'économie. Comme ce principe peut varier d'un peuple à un
autre, sous des latitudes diverses, on ne saurait non plus, sans
légèreté, ne pas tenir compte des variations qui peuvent être
décelées comme intruses dans un système déterminé et il convient
de distinguer nettement, sans les confondre, deux systèmes dont
les éléments seraient venus à se superposer, mais dont le principe
est différent.
Le principe régulateur de chaque système est dénoncé par le
point choisi comme repère primordial. Ce repère est le Nord dans
la Boussole moderne; celle-ci est, en effet, réglée sur la propriété
qu'a l'aiguille aimantée de se tourner vers le Nord; c'était le
Nord aussi, en tant que point d'origine du cardo, dans la consti
tution du temple augurai, chez les Etrusques et les Latins, mais
ce repère ne pouvait être, chez les Anciens, que l'étoile polaire,
ce qui suppose, à la base du système, une observation nocturne
du ciel; c'était le Levant dans l'orientation indo-européenne :
le système indo-européen était donc réglé sur le cours du soleil
évoluant au-dessus de l'horizon.
Du seul fait que le repère fondamental est fixé, le système
se trouve déterminé dans son ensemble. Car ce point primordial
en détermine un autre diamétralement opposé sur l'horizon et
la ligne droite qui les joint tous deux est l'axe même ou le cardo.
du système; perpendiculaire à cette ligne et passant comme elle
par le centre du plan horizontal, aussitôt une autre ligne droite
détermine sur l'horizon deux nouveaux points opposés l'un à
l'autre : les quatre directions ainsi définies constituent les aires.
■ \ LÀ RÉPARTITION DÉS AIRES * 120
principales, mais il importe d'observer qu'il y a parmi elles un
ordre d'importance et que, des quatre, seules sont vraiment
essentielles les directions proprement cardinales. Puis quatre
directions secondaires viennent tout naturellement s'intercaler
entre les quatre directions principales, ensuite huit autres de
3e ordre entre les huit ainsi obtenues, et encore, si besoin est,
seize autres de 4e ordre entre les seize précédentes : ce qui donne
— si l'on en reste là — 32 aires distinctes marquant sur l'horizon
des repères de plus en plus précis. Telle est l'économie *de la
boussole moderne, dans laquelle la circonférence de 360° figurée
par la ligne d'horizon est successivement divisée, d'abord en deux
grands arcs de 180°, /par l'axe du système, c'est-à-dire par les
deux directions essentiellement cardinales, puis en quatre arcs
de 90° par les directions principales, en huit arcs 'de 45° par les
directions secondaires, en seize arcs de 22° 30' par les directions
de 3e ordre, enfin en trente-deux arcs de 11° 15' par les
de 4e ordre.
Il saute aux yeux que, dans ce processus, les aires sont définies
dans l'ordre même de leur importance, les premières étant abso
lument essentielles, les dernières n'étant que tout à fait acces
soires. La gradation décroissante de leur importance s'exprime
par la complexité croissante du vocable qui les désigne et l'on
a par exemple Est, terme simple pour une direction principale;
Nord-Est, terme double pour une direction secondaire; Nord- triple pour une de troisième ordre;
Nord-Nord-Est-l/é Nord, terme quadruple pour une direction
de quatrième ordre. Cette complexité plus ou moins grande des
vocables s'explique par le fait que les diverses directions, excepté
les directions principales (Nord, Sud, Est et Ouest), sont dési
gnées en fonction des aires d'ordre supérieur immédiatement
voisines, entre lesquelles elles se trouvent intercalées et leur
nom est composé, des noms réunis de chacune de ces deux aires
voisines. Par leur forme simple ou complexe, les noms qui dés
ignent les diverses aires se présentent donc comme de vrais
témoins de l'importance respective qu'on leur a attribuée dès
l'origine du système et ce témoignage des vocables n'est pas moins
fo^' ■•■TE/- DANS LÀ ROSE DÉS VENTS
irrécusable dans la Rosé des V.ents bretonne que dans la boussole
moderne, car dans l'une comme dans l'autre le procédé est ana
logue pour la désignation des aires.
Ces remarques préliminaires1 faites, passons à l'examen de la
Rosé des Vents, bretonne, telle qu'elle est en usage aujourd'hui
surtout parmi nos marins bretons, car les marins, comme on sait,
sont les grands usagers de la boussole.
Par les expressions ar mor dehou, « la mer de 4roite », ar mor
klei, « la mer de gauche » (2), employées couramment à l'île de
Sein pour indiquer la mer qui s'étend d'une part au Sud, d'autrej
part au Nord de la Chaussée/ ainsi que par les expressions
an tu dehou, « le côté droit », an tu kleiz, « le côté gauche », appli
quées dans l'archipel d'Ouessant, à Molènes notamment, à la
région méridionale et à la région septentrionale, nous pouvons
tenir pour assuré que le principe régulateur du système est
l'orientation face au Levant et que par conséquent le système
breton est conforme, en sa base, à la vieille tradition celtique
et, d'une

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