La romanité catholique au XIXe siècle : un itinéraire romain dans la littérature française - article ; n°1 ; vol.21, pg 59-70
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Histoire, économie et société - Année 2002 - Volume 21 - Numéro 1 - Pages 59-70
Abstract During the nineteenth century, what we usually call ultramontanism was linked with a rediscovery of the catholic romanity, which had a symbiotic relationship with a town, Rome, a symbol ofuni- versalism, and with the person of the Pope. It stressed the need of a centralized power in the Church and led to a romanisation of the Catholicism. The French literature is a good spot to observe these thoughts about romanity from Chateaubriand to Stendhal and from the Goncourts to Maurras.
Résumé Ce qu'on appelle couramment Fultramontanisme se nourrit au XIXe siècle d'une redécouverte de la romanité catholique, qui se traduit par un attachement à une ville, symbole universaliste, à la personne du pape, à un pouvoir central dans l'Église, et conduit à une romanisation du catholicisme. La littérature française est un bon observatoire de la réflexion menée au cours du siècle sur la romanité, de Chateaubriand à Stendhal puis des Goncourt à Maurras.
12 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

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Publié par
Publié le 01 janvier 2002
Nombre de lectures 11
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

Yves Bruley
La romanité catholique au XIXe siècle : un itinéraire romain dans
la littérature française
In: Histoire, économie et société. 2002, 21e année, n°1. pp. 59-70.
Résumé Ce qu'on appelle couramment Fultramontanisme se nourrit au XIXe siècle d'une redécouverte de la romanité catholique,
qui se traduit par un attachement à une ville, symbole universaliste, à la personne du pape, à un pouvoir central dans l'Église, et
conduit à une romanisation du catholicisme. La littérature française est un bon observatoire de la réflexion menée au cours du
siècle sur la romanité, de Chateaubriand à Stendhal puis des Goncourt à Maurras.
Abstract During the nineteenth century, what we usually call ultramontanism was linked with a rediscovery of the catholic
romanity, which had a symbiotic relationship with a town, Rome, a symbol ofuni- versalism, and with the person of the Pope. It
stressed the need of a centralized power in the Church and led to a romanisation of the Catholicism. The French literature is a
good spot to observe these thoughts about romanity from Chateaubriand to Stendhal and from the Goncourts to Maurras.
Citer ce document / Cite this document :
Bruley Yves. La romanité catholique au XIXe siècle : un itinéraire romain dans la littérature française. In: Histoire, économie et
société. 2002, 21e année, n°1. pp. 59-70.
doi : 10.3406/hes.2002.2264
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/hes_0752-5702_2002_num_21_1_2264ROMANITÉ CATHOLIQUE AU XIXe SIÈCLE: LA
UN ITINÉRAIRE ROMAIN DANS LA LITTÉRATURE FRANÇAISE
par Yves BRULEY
Résumé
Ce qu'on appelle couramment Fultramontanisme se nourrit au XIXe siècle d'une redécouverte
de la romanité catholique, qui se traduit par un attachement à une ville, symbole universaliste, à la
personne du pape, à un pouvoir central dans l'Église, et conduit à une romanisation du catholicisme.
La littérature française est un bon observatoire de la réflexion menée au cours du siècle sur la roman
ité, de Chateaubriand à Stendhal puis des Goncourt à Maurras.
Abstract
During the nineteenth century, what we usually call ultramontanism was linked with a rediscove
ry of the catholic romanity, which had a symbiotic relationship with a town, Rome, a symbol ofuni-
versalism, and with the person of the Pope. It stressed the need of a centralized power in the Church
and led to a romanisation of the Catholicism. The French literature is a good spot to observe these
thoughts about romanity from Chateaubriand to Stendhal and from the Goncourts to Maurras.
De Fultramontanisme à la romanité
Les Lettres de mon moulin d'Alphonse Daudet sont rarement citées dans les livres
d'histoire religieuse, sauf peut-être le curé de Cucugnan grâce à son sermon, ou le
Révérend Père Gaucher à cause de son élixir. Il s'est pourtant joué, dans la diligence
de Beaucaire qui emmène l'auteur vers son moulin, une scène qu'on aimerait dire
cruciale (à la croisée des chemins) de l'histoire du catholicisme au XIXe siècle. Deux
voyageurs de cette diligence, deux Beaucairois, sont sur le point de «s'égorger à pro
pos de la Sainte Vierge». L'objet du différend: «le boulanger était d'une paroisse
depuis longtemps vouée à la madone, celle que les Provençaux appellent la bonne
mère et qui porte le petit Jésus dans ses bras ; le gindre, au contraire, chantait au lutrin
d'une église toute neuve qui s'était consacrée à l'Immaculée Conception, cette belle
image souriante qu'on représente les bras pendants» 1. La Sainte Vierge doit-elle porter
l'Enfant Jésus? A une attitude traditionnelle en France s'oppose une attitude romaine,
celle de la «nouvelle» madone, l'Immaculée Conception proclamée par le pape en
1854 et répandue rapidement dans les années qui ont suivi. Tradition nationale contre
romanisation: chaque dévotion a ses partisans, jusque dans la boulangerie de Beaucair
e entre le patron et l'employé.
1. «La diligence de Beaucaire», dans les Lettres de mon moulin parues en 1869.
HES 2002 (21e année, n° 1) Histoire Économie et Société 60
II faut dire que non loin de là se trouve l'abbaye Saint-Michel de Frigolet, ressus-
citée avec l'ordre des Prémontrés par le Père Boulbon, avec l'accord et le soutien
direct du pape Pie IX, de la même manière que le Père Lacordaire avait restauré les
Dominicains et Dom Guéranger les Bénédictins. Or, de 1863 à 1866, on a construit à
Frigolet une basilique dédiée à l'Immaculée Conception, où triomphent la dévotion et
la liturgie romaines et où les foules ne tardent pas à venir par milliers en pèlerinage.
La maîtrise créée à Frigolet ne se contente pas de chanter du grégorien, elle introduit
l'usage de la musique de Palestrina, musique romaine et pontificale par excellence. La
maîtrise devient même une «tête de pont» de cette polyphonie a cappella en France,
au point d'être bientôt surnommée la «chapelle Sixtine de la Provence»2. Et pourtant,
le contraste est frappant entre cette liturgie toute romaine et l'architecture de la nou
velle église qui, elle, n'est pas du tout romaine. Elle est en pur néogothique, architec
ture française du XIIIe siècle, imitée de la Sainte-Chapelle de Paris. Pour le prêtre-
architecte qui l'a construite, c'est le style qui a paru le plus à même de favoriser la
splendeur du culte, la pompe des cérémonies, l'adhésion de nombreux fidèles émus et
éblouis. Le choix du gothique renvoie à la chrétienté médiévale dont on suppose
qu'elle a connu son âge d'or au XIIIe siècle. La romanisation, si visible dans l'essor de
Frigolet, dans sa liturgie et sa dévotion, dans l'ultramontanisme affiché et militant du
fondateur, n'a pas franchi les limites du parti architectural. C'est un paradoxe: en
France, l'ultramontanisme a souvent été néo-gothique, jamais néo-baroque.
Derrière ces choix artistiques ou dévotionnels apparaît un enjeu religieux et cul
turel majeur: le rapport à la romanité. L'usage veut qu'on désigne sous le nom
d'«ultramontains» les catholiques, de çlus en plus nombreux au XIXe siècle, qui sou
haitent les liens les plus étroits avec l'Eglise romaine, avec la papauté. Mais l'expres
sion d'«ultramontanisme» est aujourd'hui, à juste titre, contestée. Philippe Boutry la
qualifie de «concept fallacieux, à ranger selon le cas dans un magasin des accessoires
de polémique historique ou dans un dictionnaire des idées reçues» 3. Aux XVIIe et
XVIIIe siècles, l'accusation d'ultramontanisme vise ceux qui avaient une doctrine ou
une pratique religieuse non pas conforme aux traditions nationales mais inspirée par
Rome, l'outre-mont, c'est-à-dire par l'étranger. On ne croit plus alors à l'Italie «mère
de la civilisation» dont la Renaissance, entre Pétrarque et Raphaël, avait imposé le
mythe quelque peu forcé et patriotique. À la veille de la Révolution, l'Europe ne doit
plus être italienne, elle est française. Au XIXe siècle, le terme «ultramontain»
(«ultramontanismus» en allemand) est plus que jamais utilisé contre les partisans du
resserrement des liens autour de Rome et du Saint-Siège. Et pourtant, derrière ce
sobriquet péjoratif, «on serait bien en peine de donner une définition précise de ce que
recouvre la notion»4. Ce qui domine chez ses contempteurs, c'est l'hostilité à la cen
tralisation romaine, le rejet d'une romanité trop contraignante dans l'Église catholique.
Si l'on juge les ultramontains sur leur doctrine, on peut les regrouper sous l'étiquette
d'« intransigeants». Mais ce terme général ne rend pas compte de l'ancrage romain de
cette tendance, qui est pourtant le ressort, si spécifique au catholicisme, de l'intrans
igeance. Alors, pourquoi ne pas désigner, simplement, les «ultramontains» sous le nom
de «romains», qu'ils auraient certainement revendiqué? Faire de l'ultramontain du
2. Henri Ricard, «Le Père Edmond Boulbon et la maîtrise», dans Création et tradition à Saint-Michel
de Frigolet, Actes du colloque de 1983 publié sous la dir. de Bernard Ardura, Frigolet, 1984, p. 55-60.
3. «Ultramontanisme», dans Philippe Le

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