La royauté sacrée et sa christianisation : réflexions sur le lien du politique et du religieux - article ; n°4 ; vol.15, pg 525-569
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Description

Histoire, économie et société - Année 1996 - Volume 15 - Numéro 4 - Pages 525-569
Abstract Sacred kingship, firstly defined by Frazer as a specific institution, is indicative of a strong and old link between political and religious orders. Hence it can be affected by a christianization process. Two examples of such a situation are compared here, one in 19th century Equatorial Africa (a Catholic missionary's coronation against the rules of traditional kingship) and the other among the 8th century Franks (anoinment of king Pepin by the pope, ending an era of reges criniti). Some remarks on French monarchy are tending to demonstrate, however, a keeping of its former pace and style by the sacred kingship, even after christianization. Similarly, Imperial power in Rome has been an archaic sacred kingship revival with new instruments and views. This late type of political sacrality is not exactly in line with the former one, for sacred or divine kingship has been firstly a major expression of the surging of a real political order from purely clanic societies, as indicated by its association with the so-called « synoecism » of ancient Mediterranean cities. Sacred kingship should not be defined by a collection of external rites and practices. Its core is to be found in the actual king's genealogical descent from a primal god. The surging of political order is more precisely a two faced paradigm constructed on rivalty between a king and a chief initiate. Both are showing, in two actual options (sacred kingship as in France or sacred republics such as Moses' Israel or Lycurgus' Sparta) a deliberate tendency to capture for their benefits the necessary connection between human society and the ancestral god. Modern or ancient politics, indeed, are ever keeping a religious aspect and sacred republics, equally, may during their history get sometimes christianized (as in Venice).
Résumé La royauté sacrée, institution mêlant le politique et le religieux et définie par Frazer à l'origine, est susceptible de christianisation. Deux exemples en sont ici mis en parallèle, l'un en Afrique équatoriale au XIXe siècle (un missionnaire catholique se substituant au roi sacré traditionnel) et l'autre chez les Francs du VHP siècle (passage des Mérovingiens aux Pépinides avec l'appui du pape). Mais l'exemple de la France montre qu'ultérieurement cette royauté christianisée a tendance à se régler à nouveau sur le modèle de la royauté sacrée antérieure, tandis que le passage à l'ère impériale à Rome, effectué par Auguste, révèle que la royauté sacrée originelle peut provoquer des imitations ultérieures avec des moyens et des buts nouveaux. La force du modèle de la royauté sacrée, reliée dans cet article au « synécisme » des cités antiques, tient à ce qu'elle manifeste l'apparition d'un stade propement politique par rapport à une organisation sociale purement lignagère. Le roi « divin » ou « sacré » tire sa puissance et son caractère propre de sa descendance exclusive d'un dieu primordial, et non de la force des rites entourant sa personne. Cette naissance du politique correspond d'ailleurs à un double paradigme culturel, car il a existé aussi des « républiques sacrées » fondées par des initiés rivalisant avec les rois (Israël avec Moïse, Sparte après Lycurgue) et insuffisamment étudiées jusqu'à présent, alors qu'elles aussi peuvent se christianiser (Venise).
45 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1996
Nombre de lectures 52
Langue Français
Poids de l'ouvrage 3 Mo

Extrait

François Gaulme
La royauté sacrée et sa christianisation : réflexions sur le lien du
politique et du religieux
In: Histoire, économie et société. 1996, 15e année, n°4. pp. 525-569.
Citer ce document / Cite this document :
Gaulme François. La royauté sacrée et sa christianisation : réflexions sur le lien du politique et du religieux. In: Histoire,
économie et société. 1996, 15e année, n°4. pp. 525-569.
doi : 10.3406/hes.1996.1887
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/hes_0752-5702_1996_num_15_4_1887Résumé
Résumé La royauté sacrée, institution mêlant le politique et le religieux et définie par Frazer à l'origine,
est susceptible de christianisation. Deux exemples en sont ici mis en parallèle, l'un en Afrique
équatoriale au XIXe siècle (un missionnaire catholique se substituant au roi sacré traditionnel) et l'autre
chez les Francs du VHP siècle (passage des Mérovingiens aux Pépinides avec l'appui du pape). Mais
l'exemple de la France montre qu'ultérieurement cette royauté christianisée a tendance à se régler à
nouveau sur le modèle de la royauté sacrée antérieure, tandis que le passage à l'ère impériale à Rome,
effectué par Auguste, révèle que la royauté sacrée originelle peut provoquer des imitations ultérieures
avec des moyens et des buts nouveaux. La force du modèle de la royauté sacrée, reliée dans cet article
au « synécisme » des cités antiques, tient à ce qu'elle manifeste l'apparition d'un stade propement
politique par rapport à une organisation sociale purement lignagère. Le roi « divin » ou « sacré » tire sa
puissance et son caractère propre de sa descendance exclusive d'un dieu primordial, et non de la force
des rites entourant sa personne. Cette naissance du politique correspond d'ailleurs à un double
paradigme culturel, car il a existé aussi des « républiques sacrées » fondées par des initiés rivalisant
avec les rois (Israël avec Moïse, Sparte après Lycurgue) et insuffisamment étudiées jusqu'à présent,
alors qu'elles aussi peuvent se christianiser (Venise).
Abstract Sacred kingship, firstly defined by Frazer as a specific institution, is indicative of a strong and
old link between political and religious orders. Hence it can be affected by a christianization process.
Two examples of such a situation are compared here, one in 19th century Equatorial Africa (a Catholic
missionary's coronation against the rules of traditional kingship) and the other among the 8th century
Franks (anoinment of king Pepin by the pope, ending an era of reges criniti). Some remarks on French
monarchy are tending to demonstrate, however, a keeping of its former pace and style by the sacred
kingship, even after christianization. Similarly, Imperial power in Rome has been an archaic
kingship revival with new instruments and views. This late type of political sacrality is not exactly in line
with the former one, for "sacred" or "divine" kingship has been firstly a major expression of the surging
of a real political order from purely clanic societies, as indicated by its association with the so-called «
synoecism » of ancient Mediterranean cities. Sacred kingship should not be defined by a collection of
external rites and practices. Its core is to be found in the actual king's genealogical descent from a
primal god. The surging of political order is more precisely a two faced paradigm constructed on rivalty
between a king and a chief initiate. Both are showing, in two actual options ("sacred kingship" as in
France or "sacred republics" such as Moses' Israel or Lycurgus' Sparta) a deliberate tendency to
capture for their benefits the necessary connection between human society and the ancestral god.
Modern or ancient politics, indeed, are ever keeping a religious aspect and "sacred republics", equally,
may during their history get sometimes christianized (as in Venice).LA ROYAUTE SACREE ET SA CHRISTIANISATION :
RÉFLEXIONS SUR LE LIEN DU POLITIQUE ET DU RELIGIEUX
par François GAULME
« Les enfants des Dieux (en note : fils,
petits fils, issus de rois) pour ainsi dire, tirent
des règles de la nature et en sont comme
l'exception ».
La Bruyère, Caractères, « du mérite per
sonnel », 33.
« te, Saturne, refert, tu sanguinis ultimus
auctor ».
Virgile, Enéide, VII, 49.
Résumé
La royauté sacrée, institution mêlant le politique et le religieux et définie par Frazer à l'ori
gine, est susceptible de christianisation. Deux exemples en sont ici mis en parallèle, l'un en
Afrique équatoriale au XIXe siècle (un missionnaire catholique se substituant au roi sacré tradi
tionnel) et l'autre chez les Francs du VHP siècle (passage des Mérovingiens aux Pépinides avec
l'appui du pape).
Mais l'exemple de la France montre qu'ultérieurement cette royauté christianisée a tendance
à se régler à nouveau sur le modèle de la royauté sacrée antérieure, tandis que le passage à l'ère
impériale à Rome, effectué par Auguste, révèle que la royauté sacrée originelle peut provoquer
des imitations ultérieures avec des moyens et des buts nouveaux.
La force du modèle de la royauté sacrée, reliée dans cet article au « synécisme » des cités
antiques, tient à ce qu'elle manifeste l'apparition d'un stade propement politique par rapport à
une organisation sociale purement lignagère. Le roi « divin » ou « sacré » tire sa puissance et
son caractère propre de sa descendance exclusive d'un dieu primordial, et non de la force des
rites entourant sa personne. Cette naissance du politique correspond d'ailleurs à un double para
digme culturel, car il a existé aussi des « républiques sacrées » fondées par des initiés rivalisant
avec les rois (Israël avec Moïse, Sparte après Lycurgue) et insuffisamment étudiées jusqu'à pré
sent, alors qu'elles aussi peuvent se christianiser (Venise).
Abstract
Sacred kingship, firstly defined by Frazer as a specific institution, is indicative of a strong
and old link between political and religious orders. Hence it can be affected by a christianization
N.B. Les références d'éditions sont celles des plus accessibles à l'auteur; il n'y en a pas cependant
pour les textes classiques ou bibliques (pour ces derniers, la Traduction œcuménique de la Bible, Cerf-
Société biblique française, Paris, 1988, a été utilisée dans les citations en français).
HES 1996 (15e année, n° 4) 526 Histoire Economie et Société
process. Two examples of such a situation are compared here, one in 19th century Equatorial
Africa (a Catholic missionary's coronation against the rules of traditional kingship) and the
other among the 8th century Franks (anoinment of king Pepin by the pope, ending an era of
reges criniti).
Some remarks on French monarchy are tending to demonstrate, however, a keeping of its
former pace and style by the sacred kingship, even after christianization. Similarly, Imperial
power in Rome has been an archaic sacred kingship revival with new instruments and views.
This late type of political sacrality is not exactly in line with the former one, for "sacred" or "divine" kingship has been firstly a major expression of the surging of a real political order
from purely clanic societies, as indicated by its association with the so called « synoecism » of
ancient Mediterranean cities.
Sacred kingship should not be defined by a collection of external rites and practices. Its
core is to be found in the actual king's genealogical descent from a primal god. The surging of
political order is more precisely a two faced paradigm constructed on rivalty between a king
and a chief initiate. Both are showing, in two actual options ("sacred kingship" as in France or
"sacred republics" such as Moses' Israel or Lycurgus' Sparta) a deliberate tendency to capture
for their benefits the necessary connection between human society and the ancestral god.
Modern or ancient politics, indeed, are ever keeping a religious aspect and "sacred republics",
equally, may during their history get sometimes christianized (as in Venice).
Le 26 juillet 1897, un missionnaire catholique français, le P. Georges
Bichet, fut couronné roi par les Nkomi, petit peuple de la côte gabonaise qui
l'avait appelé, quelques années plus tôt, à évangéliser son territoire. Ce règne
demeura court. Le nouveau monarque, toujours pasteur de son peuple, mouru

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