La stèle du Práh Khằn d Ankor - article ; n°1 ; vol.41, pg 255-302
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Description

Bulletin de l'Ecole française d'Extrême-Orient - Année 1941 - Volume 41 - Numéro 1 - Pages 255-302
48 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1941
Nombre de lectures 18
Langue Français
Poids de l'ouvrage 8 Mo

Extrait

Georges Cœdès
IV. La stèle du Práh Khằn d'Ankor
In: Bulletin de l'Ecole française d'Extrême-Orient. Tome 41, 1941. pp. 255-302.
Citer ce document / Cite this document :
Cœdès Georges. IV. La stèle du Práh Khằn d'Ankor. In: Bulletin de l'Ecole française d'Extrême-Orient. Tome 41, 1941. pp. 255-
302.
doi : 10.3406/befeo.1941.5711
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/befeo_0336-1519_1941_num_41_1_5711LA STELE DU PRAH KHAN D'ANKOR
par G. CŒDÈS
La stèle sur laquelle est gravée l'inscription étudiée ici a été découverte
au Práh Khan d'Ankor le 13 novembre 1939 par M. M. G laize, Conservateur
d'Ankor, sous les éboulis qui emplissaient la galerie formant bas-côté Nord dans
l'avant- corps Ouest du gopura I Est. Elle gisait sur le sol, intacte, mais sans
doute déposée là après avoir été enlevée de son emplacement primitif. Celui-ci a
pu être déterminé grâce à la mortaise retrouvée dans le dallage de l'avant-corps
Ouest du gopura, un peu au Sud de l'axe principal Est- Ouest.
C'est une grande stèle de section carrée, moulurée à la base et décorée d'une
fleur de lotus stylisée sur ^a face supérieure. Elle est identique à la stèle de
Ta Prohm dont elle a à peu près les dimensions (1 m85 de hauteur et om58
de côté) ; son inscription comporte le même nombre de lignes, soit 72 sur cha
que face (1), de la même écriture anguleuse caractéristique du règne de Jayavar-
man VIL L'état de conservation est bon, sauf sur la troisième face qui présente
quelques lacunes.
Le texte de l'inscription, entièrement en sanskrit, comprend 179 stances qui
au point de vue métrique se répartissent de la façon suivante :
XXXV-CLXVI;"
çlokai
indravajrà : VII, XX, XXIII, XXXIII, CLXIX ;
upajàti : V, VIII, XI-XII, XIV-XVL XXI-XXII, XXV-XXVI, XXX-
XXXI, CLXX;
vasantatilakà : I-IV, VI, IX-X, XIII, XVII, XIX, XXIV, XXVII-
XXIX, XXXII, CLXXI-CLXXVI ;
mulini: CLXVIII;
çàrdulavikrïdità : XVIII, CLXVII, CLXXVII-CLXXIX ;
àryâi XXXIV.
Les dix-huit premières stances sont identiques à celles de Ta Prohm : c'est
d'abord une invocation au Triratna (I-III), suivie d'une invocation à Lokeçvara
(IV) et à la Prajnâpâramità", considérée comme la mère mystique desBuddhas(V).
(1) La stèle de Ta Prohm compte 3 lignes en plus, soit 74, sur la quatrième face.
Sur la stèle de Práh Khan, l'uniformité du nombre des lignes sur chaque face a été obte
nue grâce à un artifice : de la stance XCVII (face C, 1. 49) à la stance CLXVI (face D, 1. 46),
le texte est resserré, chaque çloka occupant une seule ligne au lieu de deux. G. Cœdès 256
Vient ensuite la généalogie du roi Jayavarman VII, qui, sauf une légère va
riante (i), reproduit mot pour mot le texte de Ta Prohm (VI-XVIII).
Avec la stance XIX, les deux inscriptions divergent. Toutes deux continuent
par l'éloge du roi, mais la stèle de Práh Khan s'offre le luxe d'un texte entièr
ement différent de celui de Ta Prohm,
De cette praçasti qui occupe treize stances (XIX-XXXI), on retiendra d'abord
une allusion à la science grammaticale du roi (XXI), puis une indication sur ce
qu'on pourrait appeler sa « politique de mariages » : « A ceux qu'il avait déjà
comblés de richesses, dit le texte, il donnait en mariage ses filles séduisantes par
leur beauté» (XXVIII). Cette politique fut continuée par les successeurs de
Jayavarman VII, puisqu'au siècle suivant l'on voit un roi du Cambodge donner
le titre de Çrï Indrapatïndrâditya, l'épée sacrée Jayaçrî et sa fille Çikharamahâ-
devl au prince t'ai de Mircrng Rât (2). On sait par ailleurs qu'au XIVe siècle,
le roi Fa Ngom, fondateur du royaume de Luang P'rà Bang, avait épousé la
princesse khmère Nang Yot Kèv.
La praçasti, anticipant sur les développements suivants, fait ensuite allusion
aux fondations du roi (XXIX) : deux Nàtyeçvara (Çiva dansant) en or (XXX)
dont il ne sera plus question par la suite, la statue du père du souverain (XXXI)
sur laquelle nous reviendrons, et enfin une donation de 13.500 villages à Dhar-
marâja (XXII).
Ce chiffre de 13.500 représente d'après la stance CLXXVII, le nombre total
des villages (grâma) affectés par le roi à l'entretien de fondations qui, selon la
stance CXXVII, comportaient entre autres « 20.400 divinités, y compris Yama et
Kâla» (devâs sayamakàlakuh). On sait que Kâh «le Temps» est considéré, soit
comme un autre nom de Yama, soit comme celui d'un de ses assistants. D'autre
part, Dharmarâja est un des titres les plus fréquents de Yama, en sa qualité de
Juge des actions des hommes.
Les deux stances XXII et CLXXVII de la stèle de Práh Khan s'accordent
donc pour mettre l'accent sur le caractère funéraire du culte auquel étaient
vouées les images fondées ou entretenues par Jayavarman VII et, par voie de
conséquence, les édifices qui les abritaient (3).
- De qui Práh Khan était-il le temple funéraire et quelle en était l'idole prin
cipale, c'est ce que nous apprennent les stances XXXII- XXXIV.
(1) St. XV. Ta Prohm dit que Râjapatïndralaksmï, grand'mère paternelle de Jayavarman VII,
était venue résider à Râjapatïçvaragràma. Práh Khàn nous apprend que la famille maternelle
de cette princesse habitait Suvïravatï. Comme aucune de ces deux villes n'est actuellement
identifiée, il est difficile d'apprécier l'intérêt de cette variante et d'en discerner la raison.
(2) G. Cœdès, Les origines de la dynastie de Sukhodaya, JA., 1920 (I), p. 240-241 ;
The origins of the Sukhodaya dynasty, JSS., XIV, 1921, pp. 8-9; — Recveil des inscriptions
du Siam, I, pp. 7 et 63.
(3) Cf. G. Cœdès, La destination funéraire des grands monuments khmèrs, BEFEO., XL,
p. 315. La stèle du Práh KhÀn d'Ankor 257
La première relate que, sur le lieu où il avait remporté sur l'ennemi à la
faveur cTun combat sanglant la Victoire, personnifiée sous le nom de Jayaçrï,
le roi fonda une ville portant le même nom, c'est-à-dire appelée Nagara Jayaçrï.
Mais, ajoute la stance XXXIII, tandis que dans l'Inde le pèlerinage de Prayâga
(Allahabad) n'est sanctifié que par le voisinage de deux tïrtha (la Gangâ et la
Yamunâ), la ville de Jayaçrï l'est par la proximité de trois, consacrés respective
ment au Buddha, à Çiva et à Visnu.
Par sa place dans le texte, juste après l'éloge du roi, la fondation de la ville
de Jayaçrï et la consécration des statues dont il sera question dans un instant
sont manifestement l'objet même de l'inscription. On peut en conclure que le
site de cette ville correspond à celui d'où provient la stèle, c'est-à-dire à Práh
Khan. Deux autres faits viennent confirmer cette identification.
D'abord le nom de Jayaçrï explique le nom moderne de Práh Khan. Ce
terme signifie « épée sacrée », et c'est lui qui sert à désigner l'arme, réputée mi
raculeuse, qui est précieusement conservée au Palais Royal de Phnom Pén par
les brahmanes de la Cour; Mais à l'époque ancienne l'épée royale portait le
nom de Jayaçrï, qu'elle porte encore à la Cour de Bangkok.
• Práh Khan et Jayaçrï sont donc deux mots qui désignent en réalité un seul
et même objet, et l'ancienne cité de Nagara Jayaçrï dont le nom signifiait « la
ville de la Fortune royale victorieuse» est devenue dans l'usage populaire «la
ville de l'épée sacrée», en cambodgien Práh Khan.
Quels sont maintenant les trois tïrtha ou eaux saintes, consacrés respectiv
ement à Çiva, à Visnu et au Buddha, dont le voisinage sanctifiait la cité ? Je crois
ou" qu'on peut y reconnaître sans crainte d'erreur les trois grands bassins bàrày
qui entourent Aňkor et qui correspondent exactement à ce que dit l'inscription.
Le bassin consacré à Çiva, c'est le Bàrày Oriental au centre duquel s'élève le
temple de Mébon dédié au culte du liňga de Çiva. Le second, consa

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