La télédistribution en Europe - article ; n°1 ; vol.21, pg 184-195
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Description

Communications - Année 1974 - Volume 21 - Numéro 1 - Pages 184-195
12 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1974
Nombre de lectures 17
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

Robert Stéphane
La télédistribution en Europe
In: Communications, 21, 1974. pp. 184-195.
Citer ce document / Cite this document :
Stéphane Robert. La télédistribution en Europe. In: Communications, 21, 1974. pp. 184-195.
doi : 10.3406/comm.1974.1330
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/comm_0588-8018_1974_num_21_1_1330Robert Stéphane
La télédistribution en Europe
Dans son étude pour la Communauté économique européenne, Gérard Métayer
a dégagé quatre générations de télédistribution :
1. La télédistribution assurant la réception, dans de meilleures conditions, des
programmes hertziens traditionnels.
2. La avec régie et programmes locaux exclusivement diffusés
sur le câble.
3. La télédistribution avec voie de retour.
4. La de retour et gestion automatisée des échanges
et du message.
En Europe, le problème actuel est le passage laborieux de la première à la
deuxième génération. Ce n'est pas un hasard si on n'envisage pas jusqu'à présent de
manière systématique d'aller au-delà. Les voies de retour constitueront en effet
une innovation politique et sociale majeure. Mais l'unilatéralité des media implique
un tel pouvoir sur l'opinion qu'elle n'est pas près d'être mise en cause. La tech
nologie vient là au secours de l'idéologie dominante. On n'est pas près de célébrer
le requiem des media appelé de ses vœux par Jean Baudrillard 1. La télévision par
câble deviendra « télévision proxime 2 ». Mais sera-t-elle « télévision en partage » 3 ?
Et partagée entre qui ? Si les monopoles s'ouvrent ou s'assouplissent, ce sera au
profit de qui? La câblodiffusion peut être un nouveau mode d'expression des
individus et des groupes ; elle peut resserrer la vie des collectivités enfin rendues
conscientes d'elles-mêmes et capables de se changer. Mais la câblodiffusion peut
être aussi un mégasystème orwellien venant traquer l'individu là où les appareils
idéologiques traditionnels lui laissaient encore des zones d'autonomie, de réaction
et d'action ; elle peut être hyper-contrôlée politiquement et/ou commercialement.
C'est entre ces deux pôles que se situe le choix européen. Pour l'instant, en Europe,
la câblodiffusion est en suspens. Il serait trop facile de prévoir que bientôt les
câblodiffusions correspondront à la situation politique de chaque pays. Néanmoins
Jacques Thibau a raison de dire que les options prises seront finalement un choix
1. Pour une critique de l'économie politique du signe, Gallimard, 1972, p. 200-228.
2. Projet de recherche, Jean Deveze, Jacques Thibau (CNRS).
3. Dossier n° 3, Institut d'étude et de recherche en information visuelle, Jacques
Monnier, Lausanne, 1973.
184 ' La télédistribution en Europe
de société l. Les premières expériences de vidéo-animation et de câblodiffusion
créent des courants d'opinion nouveaux face aux problèmes de la culture. Ces
nouvelles techniques utilisent au profit de la créativité de groupe la force de son
adversaire le plus redoutable : la télévision. C'est un phénomène de judo culturel.
Le passage par l'écran TV permet de mobiliser dans des activités d'expression des
gens que l'animation culturelle traditionnelle rebute. Des exigences nouvelles se
créent : demande d'accès public aux divers media. Ces peuvent être
reprises en charge par des forces politiques ou sociales organisées. A contre-
courant les potentialités de la télédistribution, menaçantes pour certaines hiérar
chies, déclenchent d'assez fortes attitudes de réserve, voire d'hostilité. La câblo
diffusion et son organisation seront conditionnées par l'issue des débats et luttes
politiques sur le rôle et le statut de l'information dans la société européenne de
demain.
Le sens de cet article est de faire le point sur les expériences de câblodiffusion
en cours ou en projet en Europe occidentale, et cela de manière très descriptive
et de pays à pays, avant de dégager quelques perspectives.
ITALIE
Le développement du câble a eu lieu dans des perspectives particulières : l'e
xpansion de programmes distincts de ceux issus du monopole de la RAI. Il y a,
d'une part, le souhait d'une information politique différente, moins contrôlée par
l'appareil de la Démocratie chrétienne. Certaines régions comme l'Émilie-
Romagne, ayant une majorité d'opposition, veulent développer leurs propres
réseaux d'informations. Il y a les groupes vidéos d'extrême-gauche que l'hebdo
madaire Espresso appelle les Tupamaros de la vidéo s. Il y a les intérêts commerc
iaux et privés.
Au début de 1973, une vingtaine de stations fonctionnent sur le territoire italien :
Rimini, Pescara, Piombino, Rapallo, San Remo, Udine, Vérone, Pavie, Milan,
Côme, Bergame, Rome, Biella, etc.
Dans chaque cas, il s'agissait d'opérations limitées. La plus célèbre des stations
est celle de Biella Telebiella A 21. Le A 21 fait référence à l'article 21 de la Cons
titution qui garantit la liberté d'expression et d'information. C'est un ancien de la
RAI, Peppo Sacchi, qui a lancé l'opération. Tout, à Biella, a démarré lors des
récentes élections italiennes où des débats et des interviews de candidats locaux
ont été diffusés dans des cafés et les sièges de partis. Du succès de la première
opération est sortie la station de câble, dont le financement était assuré par des
contrats publicitaires. Contenu des programmes : un téléjournal très suivi, des
débats contradictoires sur la région, des jeux, des chroniques locales. En tout,
cinquante minutes par jour.
Le 16 mai 1973, un congrès a regroupé les stations de câble d'Italie. Quelques
jours auparavant était publié un décret présidentiel interdisant explicitement la
câblodiffusion. Un précédent procès, intenté à l'animateur de Télébiella, s'était
terminé par un acquittement, les juges ayant estimé que le code postal n'avait pas
prévu la diffusion par câble, et donc sa prohibition. Cette mise à jour du code
postal italien par la présidence, sans véritable débat, a suscité des réactions hostiles
1. « La Télévision et le choix de société », par Jacques Thibau in le Monde, 7 mars 1973.
2. « I Tupamaros del video », Yalério Riva in V Espresso, 25 mars 1973.
185 Robert Stéphane
très vives à la fois chez les républicains, défenseurs d'une télévision privée, et chez
les socialistes, partisans d'expériences de télévision régionale. Une véritable crise
gouvernementale s'est finalement développée à partir de ce problème.
Depuis le 1er juin, Télébiella a substitué à ses activités câbles, interdites, de la
diffusion par vidéobus, installant des réceptions sur les places publiques. Le débat
fondamental sur l'aménagement du monopole au profit de diverses instances
(régions, universités, villes ou quartiers) n'a pas eu lieu.
SUISSE
Le problème fait, là aussi, l'objet de discussions et d'expériences. Il y eut, fin
1972, une expérience sauvage très brève à Yverdon. Puis, deux essais légalement
autorisés, brefs eux aussi, à Fribourg et à Renens. Dès juin 1972, le Conseil national
a soulevé le problème dans une décision, dite motion Teuscher 1. Cette décision
prenait en compte le développement du câble (plus de 400 000 abonnés, à l'époque,
en Suisse).
Elle proposait d'autoriser les communes à émettre et distribuer sous leur res
ponsabilité, à l'intérieur de leurs limites politiques, des programmes locaux.
La formule de concessions aux n'a pas été admise comme telle. Un
débat parlementaire s'est instauré sur les aspects juridico-politiques du problème
sans encore aboutir. Des groupes de travail se sont réunis (commissions extra-par
lementaires groupant les P. et T., la Société suisse de Radiotélévision, l'Association
suisse des éditeurs de journaux et l'Association suisse des exploitations d'antennes
collectives). De ces trav

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